Les 35 heures et la misère du monde  

Les 35 heures et la misère du monde  

Les 35 heures de Mme Aubry furent une calamiteuse ineptie. C’est pourquoi beaucoup, convaincus de leur nocivité, réclament un retour au statu quo ante. Hélas, et en dehors de toute considération électoraliste, ce retour pur et simple aux 39 heures payées 35 est économiquement (je répète, économiquement) une erreur – à cause des coûts qui seront engendrés par les inévitables mouvements sociaux et l’impossibilité que rencontreront les TPE à faire accepter par leurs personnels une diminution sensible de leur salaire net. Ce qui sera apparemment gagné d’un côté sera perdu de l’autre.

Certes, il est clair que des efforts doivent être faits pour obtenir le redressement de l’économie du pays, mais il est non moins clair que ces efforts ne seront acceptés et accomplis que s’ils sont répartis sur tous, en proportion des forces de chacun.

Déjà, les nouveaux impôts socialistes, qui ont ciblé une seule catégorie sociale, celle des classes dites « moyennes », furent, à bien des égards, une injustice économique et sociale. Diminuer brutalement les ressources des salariés et, en particulier, de ceux, très nombreux, dont les salaires sont en bas de l’échelle, constituerait une autre injustice et les conséquences sociales, impossibles à chiffrer, mais faciles à imaginer, seraient lourdes, très lourdes.

Pour autant, il est impératif de délivrer les entreprises des surcharges que Mme Aubry a fait peser sur leurs comptes. Comment concilier ces deux éléments apparemment antagonistes : justice sociale et nécessaire compétitivité ?

Les voies sont peu nombreuses, mais toutes convergent en direction des prélèvements sociaux qui grèvent le coût du travail, produisent du chômage et découragent l’embauche. On peut penser qu’un allégement notable des prélèvements sociaux permettrait le maintien des fumeuses 35 heures et pourrait être mieux supporté.

D’où les regards qui sont portés sur une TVA sociale et vers une meilleure appréciation de la générosité nationale et extra-nationale telle qu’elle est mise en action par la Sécurité sociale.

C’est sur ce point, et peut-être seulement sur ce point, que ce qui pourrait être fait le serait avec le minimum de remous, car il existe sur le sujet un très large consensus dans le pays profond, même si les élites intellectuelles et médiatiques croient pouvoir exprimer des sentiments opposés.

C’est un homme de gauche qui, naguère, avait constaté que la France ne pouvait pas assumer seule toute la misère du monde. Qu’il soit donc entendu !

Paul Turbier

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Comments (19)

  • HOMERE Répondre

    Non il ne faut pas toucher aux 35 heures…d’ailleurs il ne faut toucher à rien…..ni non plus à la TVA sociale,ni aux licenciements,ni au Code du Travail,ni aux régimes spéciaux,ni aux fonctionnaires…tout va très bien ainsi…ne touchons à rien et tout ira aussi mal…..la preuve !!

    8 septembre 2014 à 11 h 55 min
    • Jaures Répondre

      L’idée n’est pas de “toucher” ou d’inventer quoi que ce soit mais de définir les objectifs.

      En 1986, la suppression de l’autorisation administrative de licenciement devait, selon le patronat de l’époque, créer des centaines de milliers d’emplois…qu’on attend toujours.

      Qui peut affirmer que la suppression des 35h créerait des emplois mécaniquement ? Par contre, les inconvénients que j’ai énoncés sont eux réels. Je pense que c’est surtout pour cela que personne n’a touché aux 35h: beaucoup de bruit autour de ce symbole pour des résultats incertains et limités en cas de suppression.

      8 septembre 2014 à 14 h 25 min
      • HOMERE Répondre

        Je suis probablement naïf mais pas au point de croire que les gouvernements,quels qu’ils soient,pourraient influer l’emploi…tout au mieux ils peuvent créer les conditions administratives,sociales et fiscales requises pour permettre aux entreprises d’évoluer dans des conditions concurrentielles harmonisées….ce n’est déjà pas si mal !!
        Les 35 heures,l’autorisation administrative de licenciement et en général,toutes les mesures de ce type n’ont,en effet que très peu d’impact sur l’emploi…pourquoi,dès lors,en proposer toujours plus ?
        Croyez vous que le désormais fameux “Pacte de compétitivité ” va créer des emplois ? non bien sûr,tout le monde le sait…..au contraire,il va regarnir les marges des entreprises qui sont censées rééquilibrer leurs fonds propres afin d’investir….mais d’investir dans quoi au fait ? ce n’est pas l’investissement qui crée de l’emploi…..c’est l’activité !!
        J’aimerai connaître ce que vous entendez,Jaurès par “définir des objectifs”…..

        9 septembre 2014 à 10 h 49 min
        • Jaures Répondre

          Les décisions législatives sur l’Economie ont surtout un but politique.
          L’autorisation administrative de licenciement en 1975 a vu le jour quand le chômage commençait à monter. C’était un signe destiné à montrer que l’Etat agissait pour freiner la vague de licenciements d’alors.
          Ce ne fut pas plus efficace que sa suppression 11 ans plus tard.

          Les 35h étaient un signe politique. L’Etat organisait le partage du travail et remettait les partenaires sociaux autour de la table de négociation.
          Son impact sur les 1,5 millions d’emplois créés en 5 ans est très controversé. Les 35h n’ont en rien empêché la croissance française (supérieure à la moyenne européenne) mais les pays qui n’ont pas adopté la même mesure ont également connu une croissance similaire.

          Je ne sais pas si la France aurait créé plus d’emplois sans les 35h (qui peut le dire ?) mais son assouplissement en 2003 n’a pas entrainé de baisse du chômage.

          Il importe donc d’être humble en matière économique. Il faut se donner des objectifs et des échéances pour évaluer l’impact de telle ou telle mesure. Le problème est que les politique arrivent avec des certitudes (que leur demandent les électeurs) alors que le contexte économique est aussi incertain que la météo.

          9 septembre 2014 à 11 h 29 min
  • jacquesgoguy Répondre

    Madame Aubry est impliquée dans mon affaire de détournement de fonds quand elle était ministre, elle est responsable de la fermeture de l’usine Cellatex, Adelshofen et bien d’autres, elle devrait être mise en examen pour la destruction de l’industrie de la France.

    Je prends la responsabilité de mes écrits : voir sur Internet juge cormery de bressuire– suire ancien contrôleur général de la police –eric goguy– facebook jacques goguy etc

    7 septembre 2014 à 19 h 01 min
  • pi31416 Répondre

    La cuisine française se fait à la sauce “sociale”. La TVA sociale? Retour des droits de douane, en catimini. Mais c’est les plans “sociaux” qui me laissent admiratif. Plan social = licenciements par myriades. Y’a bon “social”.

    5 septembre 2014 à 16 h 38 min
    • Jaures Répondre

      Le plan social n’est pas les licenciements. C’est l’ensemble des mesures qui permet de les accompagner: reclassements, indemnités, retraite anticipée, plan de formation,…
      Il existe des licenciements sans plan social.

      5 septembre 2014 à 16 h 44 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        les plans sociaux sont le plus souvent de véritables usines à gaz en particulier pour ce qui concerne la formation-reconversion ( qui ne profite le plus souvent qu’ à des officines ” d’ arnaqueurs ” ou bien à celles qui ne sont que les faux-nez des syndicats, ce qui revient au même ) , aux quelles s’ ajoutent un manque de mobilité ( attachement à sa région pour les plus âgés et le marasme de l’ immobilier locatif ou non pour les plus jeunes … ) ainsi que le manque de formation générale initiale du ” débauché ( sans jeu de mot méprisant à la Hollande ) … à part cela tout est sur rail, pour un déraillement ou le butoir !

        6 septembre 2014 à 10 h 31 min
        • Jaures Répondre

          Les plans sociaux sont il est vrai complexes mais c’est compréhensible tant les situations des salariés concernés sont différentes selon leur métier, leur qualification, leur ancienneté,…
          Il faut tenir compte de la nature de l’entreprise, de sa localisation, de son appartenance à un groupe,…

          Bref, la masse d’informations à traiter demande du temps mais les quelques semaines nécessaires ne sont rien comparées à la détresse des salariés qui voient partir leur emploi, leurs revenus, leurs projets…

          6 septembre 2014 à 10 h 49 min
          • Toni

            Lionel Jospin a dit en septembre 99, l’état ne peut pas tout … Il ne faut pas tout attendre de l’état.

            Et franchement je préfère ne pas l’avoir dans ma vie l’état français actuel, ce n’est qu’une source d’emmerdements.

            6 septembre 2014 à 17 h 29 min
  • Kircher Répondre

    Oui il faut repasser à 39H …… mais payées 39 et non pas 35!
    Le problème n’est pas le coût direct mais les conséquences de la réduction du temps de travail: RTT, manque de temps physique au quotidien pour accomplir les tâches. Toutes ces réductions ont inversé le rapport Travail/Temps libre au détriment du travail. Conséquence: le travail est devenu un accessoire et non plus une priorité. Et le salarié est plus occupé à gérer ses weekend, ses ponts, ses mercredis etc…
    Voilà le vrai handicap que les entreprises n’arrivent plus à gérer. D’autant plus que le droit du travail et les nuisibles (syndicats, fédérations, chambres de commerce etc…) se sont précipités dans la brèche.

    5 septembre 2014 à 10 h 24 min
    • Jaures Répondre

      Si vous repassez aux 39h, les salariés qui sont payés en heures supplémentaires dés la 36ème heure perdront leur valorisation de 10%. Vous risquez d’avoir des problèmes sociaux dans ces entreprises.
      Par ailleurs, quid des subventions accordées par l’Etat pour les 35h (22 milliards) ? L’augmentation de la production permettra-t-elle aux entreprises de compenser la perte de ces allègements de charges ?
      Enfin, le temps de travail réel hebdomadaire des Français (41h) diffère peu des Allemands (41,7) ou des Italiens (41,3).
      En Grèce on travaille 44,1h et en Espagne 42,2. Pour de meilleures performances ? (chiffres eurostat 2012)

      7 septembre 2014 à 22 h 53 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        l’ Etat n’ a pas à subventionner les 35 heures ; économiquement c’est une hérésie pour … l’ embauche

        8 septembre 2014 à 19 h 31 min
        • Jaures Répondre

          L’Etat intervient à tous les niveaux pour stimuler l’embauche.
          Et ce n’est pas une exception française.
          Chaque Etat adopte une stratégie visant à favoriser l’emploi avec des mesures différentes (protectionnisme, commandes directes, subventions aux exportations, formation, cours de la monnaie,…).

          L’hérésie n’existe pas en économie. Sauf à avoir adopté une religion qui sera vite battue en brèche par la réalité. L’Economie est un mouvement permanent: ce qui fonctionne un jour dans tel contexte sera délétère ailleurs. On peut estimer que les 35h ne sont pas opportunes. Mais il ne faut pas faire croire que leur suppression aura un impact positif mécanique sur l’Economie car rien n’est moins sûr.

          8 septembre 2014 à 21 h 28 min
  • Jaures Répondre

    Les 35h sont devenus un fantasme.
    Si leur abrogation entrainait une reprise de l’Econmoie, une baisse même infime du chômage, la mesure aurait été prise en début de mandat, les prétendus effets positifs endiguant les éventuels conflits sociaux.

    Sarkozy a préféré fustiger les 35h sans y toucher. Pas par peur du conflit, il n’a pas hésité à repousser à l’âge de départ en retraite, mais parce que les salariés auraient vite constaté que cet effort n’aurait créé aucun emploi et grevé leur pouvoir d’achat.

    Incriminer les 35h n’a pas de sens. De nombreux pays qui ne les ont pas instaurés sont en bien pire état que la France.

    La TVA sociale relève d’une conception de l’entreprise. En lui retirant les cotisations sociales on en fait une simple entité génératrice de profits, on lui retire son rôle social.
    La seule question qui importe est celle du niveau de protection sociale auquel nous aspirons.
    La seule réelle possibilité d’économie n’est pas un transfert des cotisations, mais une baisse des prestations.

    Le Royaume-Uni a entrepris cette baisse par dizaines de milliards. Il faut dés lors accepter une indemnisation modique et limitée du chômage, la fermeture d’hôpitaux, la précarité des retraites, un taux de pauvreté élevé…
    Bref, il ne s’agit pas là de simples mesures techniques mais d’un choix de société.

    Malheureusement, ceux qui affirment la nécessité de revenir sur la protection sociale ne posent pas clairement la question de ce choix.

    4 septembre 2014 à 16 h 41 min
    • Toni Répondre

      Jaures a écrit : “En lui retirant les cotisations sociales on en fait une simple entité génératrice de profits, on lui retire son rôle social.”

      A la suite de notre dèrnier entretien, je ne suis pas mère Thérésa. J’évite soigneusement certaines évolutions de carrière souhaitant limiter mes cotisations.

      En manoeuvrant bien mr jaures il y a plein de gens en France moi compris qui ne paient aucun impôt sur le revenu.

      Au pire allez je suis généreux pour moi je serais d’accord pour payer 1 euro symbolique.

      Si les autres 50% de contribuables acceptent de payer pour vous entendre radoter à longueur de journée ici, c’est leur problème.

      5 septembre 2014 à 16 h 20 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        croyez vous que @ Jaurès paie des impôts et qu’ il ait même un travail ? je pense plutôt qu’ il est ” à la charge de la Société “, peut être pour des raisons médicales … D’autre part, et ceci vous concerne directement, l’ Anarchisme même si il est ” DeDroite ” est mortifère pour la Société … alors ne vous plaigniez pas, même de ce gouvernement

        6 septembre 2014 à 21 h 32 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    pour info :

    les 35 heures sont nées dans le cerveau fécond de Mister Sofitel of New-York !

    4 septembre 2014 à 14 h 34 min
  • DESOYER Répondre

    Non à la TVA sociale, oui à l’arrêt de l’immigration qui nous pompe tous les ans des milliards d’euros.
    Quand on aime les Français, c’est la première chose qu’on peut faire pour eux.

    4 septembre 2014 à 11 h 29 min

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