Les accords du 21 juillet ne résoudront rien

Les accords du 21 juillet ne résoudront rien

Après des heures et des heures de difficiles discussions, les 17 pays de la zone euro, Allemagne et France en tête, sont arrivés à un accord.
Ils ont décidé de conserver l’euro
, leur monnaie commune.

Les pays d’Europe, la Banque centrale européenne (la BCE), les banques privées européennes vont, en pratique, prêter ou donner de l’argent à la Grèce. La France devra par exemple emprunter 15 milliards d’euros pour honorer ses engagements, alors qu’elle n’a pas un sou vaillant en caisse…

En échange, la Grèce doit avoir un budget presque en équilibre en 2014. Elle devra donc diminuer ses dépenses, et augmenter ses impôts. Elle devra réduire de façon très importante le pouvoir d’achat des Grecs.

Le chômage ne peut qu’augmenter dans ce pays et des troubles sociaux très graves sont prévisibles.
D’autres pays de la zone euro, comme l’Espagne, le Portugal, l’Italie ou la France, dépensent aussi bien plus qu’ils ne gagnent. Ils sont dans une situation comparable à celle de la Grèce. Ils devront aussi présenter des budgets pratiquement en équilibre dans les trois ans qui viennent. Il faudra donc qu’ils réduisent leurs dépenses et augmentent leurs impôts.

En supprimant les niches fiscales, le gouvernement français a, par exemple, décidé d’augmenter les impôts de tous ceux qui en profitent. Mais, en agissant ainsi, le gouvernement se prive d’une aide importante des Français. Par exemple dans la conservation de notre beau patrimoine.

Les banques du monde entier, qui disposent de sommes fabuleuses, bien supérieures aux sommes dont peuvent disposer tous les États européens réunis, prêtent de l’argent aux pays qui leur en demandent, à la Grèce comme à la France. Mais plus le risque d’être mal remboursé existe, plus les intérêts demandés par ces prêteurs sont élevés, ce qui est normal. (Un dicton populaire français dit qu’on ne prête qu’aux riches…)

Or, peu avant les accords du 21 juillet, les taux d’intérêts de­mandés à la France avaient plus que doublé en quelques jours. Puis, les accords de Bruxelles ont fait baisser ces taux d’intérêts pendant 3 jours. Mais, maintenant, ils grimpent à nouveau brutalement. Les financiers internationaux, les « spéculateurs », ont donc acquis la certitude en étudiant les textes signés que les accords du 21 juillet n’apportent pas de solution au problème de l’euro.

Ils pensent, en conséquence, que la zone euro va éclater et qu’un retour aux monnaies nationales va avoir lieu.
Et les spéculateurs ont malheureusement raison. Car le comportement économique des peuples allemand, français, italien ou grec est différent de ce que croient leurs dirigeants. Depuis qu’une inflation galopante a mis au pouvoir Hitler, les Allemands ont l’inflation en horreur. Et ils font collectivement l’effort de ne pas dépenser plus qu’ils ne gagnent. Par contre, les Français n’ont pas cette peur et certains partis politiques n’hésitent pas à proposer des réformes inflationnistes : on pourrait, par exemple, selon eux, travailler 35 heures payées comme 39, sans déclencher une inflation !

Depuis 1945, les Français ont ainsi eu collectivement un comportement plus inflationniste que les Allemands. Et les événements de mai 1968, suivis des accords de Grenelle, n’ont pas amélioré ce comportement, bien au contraire. Une dévaluation tous les trois ans rendait heureusement les entreprises françaises à nouveau compétitives.

Mais, depuis 1999 et la monnaie unique, la dévaluation est devenue impossible, tandis que les comportements des différents peuples ne se sont pas modifiés. Les entreprises françaises sont donc de moins en moins compétitives et le déficit de notre balance commerciale avec l’Allemagne s’aggrave chaque mois un peu plus.

Les accords du 21 juillet ont totalement ignoré cet aspect essentiel du problème posé par l’euro : l’obligatoire parité fixe liant toutes les anciennes monnaies à l’euro, donc entre elles. Tandis que les spéculateurs, de leur côté, ont parfaitement compris que l’euro ne pouvait plus durer et ils se sont remis à spéculer à nouveau contre la monnaie unique. Comme toujours, leurs interventions accélèrent la dé­gradation de notre économie. Et ils sont financièrement mille fois plus puissants que tous les pays européens réunis. Ils sont donc certains de gagner.
Le temps du retour aux monnaies nationales semble donc proche…

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Comments (3)

  • alain rabier Répondre

    J’apprécie beaucoup le mail de Florin, qui tente à la fois d’opérer un diagnostic et de proposer des solutions remédiant au mal. Par contre, je trouve dommage que Dan ramène à un régime politique une problématique essentiellement économique.

    Sans mythomanie, je crois que nous autres petits blogueurs sommes largement capables de proposer des alternatives aux problèmes économiques qui nous touchent de plein fouet.
    En premier lieu, réduire les dépenses revient effectivement à imposer une cure d’amaigrissement drastique à la classe politique, pour éviter les embauches clientélistes de chargé(e) de mission, de membre de la commission blablabla…
    Je renvoie à ce sujet au livre de Jean Arthuis : SOS Finances Publiques.
    Petite anecdote concernant l’Espagne. De passage en Andalousie, le premier ministre finlandais fut si surpris par la pompe du Parlement Andalou situé à Séville qu’il demanda s’il s’agissait du Parlement National !!! Multipliez ces Parlements régionaux par 17 et vous aurez compris les dégâts…

    A présent, ce que Florin résume par ‘le serpent qui se mord la queue’ : financement complexe sur les marchés de capitaux, au lieu de se rapprocher du mieux-disant étatique… Sur ce point, je marche sur des oeufs, ne connaissant pas cette bourde giscardienne mentionnée par Florin. D’ailleurs, un développement sur ce point m’éclairerait ! Merci d’avance Florin !
    Toutefois, on cerne bien une double logique pernicieuse. En faisant appel à des professionnels de l’argent avides de taux d’intérêt juteux (et enregistrés fiscalement offshore, d’où un accroissement de l’hyper-concentration de la richesse en de moins en moins de mains et une moindre contribution à la réduction des déficits publics des états saignés à blanc), on creuse des déficits déjà abyssaux et on s’englue davantage dans une culture du déficit.
    Cela commence à l’échelon municipal, lorsqu’un budget est considéré équilibré même si les dépenses ne sont pas compensées par les recettes. Dès lors que les emprunts comblent le déficit dépenses-recettes dans une marge acceptable, le budget est validé par le préfet !
    Idem pour les départements et les régions !
    Culture du déficit, culture du déficit que l’on creuse jour après jour… en toute connaissance de cause.

    Forcer les médias, je n’y crois pas : on peut se passer de la médiocrité journalistique ambiante.

    Sortir de l’euro : les dangers inflationnistes de toute conversion ou reconversion monétaire me paraissent trop risqués. Nous autres Français avons une mentalité de petits calculateurs mesquins et en profiterions pour arrondir les prix.

    Reste un facteur exogène difficilement quantifiable : le chiffrage exact du coût financier de l’action destructrice des fonds de pension sur les finances publiques, tout en quantifiant les dommages collatéraux occasionnés, non plus seulement au plan financier, mais aussi au plan social.
    Là encore, si quelqu’un a une idée…

    7 août 2011 à 12 h 46 min
  • Dan Répondre

    La dictature, quoi !

    6 août 2011 à 16 h 44 min
  • Florin Répondre

    M.Trémeau se garde bien de dire l’essentiel de l’histoire de la dette :

    Giscard, par une loi imbécile, interdit à la Banque de France de prêter au Trésor Public. Dès lors, pour emprunter, l’Etat doit faire appel aux banques privées, aux taux du marché monétaire (qui ont monté jusqu’à 9% au début des années ’90).

    Banques MAL GEREES, qu’il faudra sauver … L’Etat se fait saigner aux quatre veines par les banquiers privés, et ensuite se voit obliger de leur porter secours, avec l’aide des contribuables … et celui des emprunts !!!!

    Le serpent se mord la queue : les banques prêtent à l’Etat … qui leur réinjecte les fonds … plus les intérêts, plus les commissions, plus les "frais de dossier" …. Une poignée de personnes se remplissent les poches, le peuple trinque, et surtout, nous laissons la dette en héritage !!!!

    Ce qui est clair : il faut sortir de tout ça. Et vite ! Comment ?

    1. Rapatrier la production (avec un protectionnisme intelligent).

    2. Sortir de l’euro

    3. Récupérer les manettes (lorsque votre voiture se dirige vers le mur, reprendre le contrôle à bord est la première chose à faire) : en clair, couper la mainmise de Bruxelles, sortir au besoin de l’UE. La France doit être dirigée depuis Paris (et par des patriotes, si ce n’est trop demander).

    4. Constituer un pôle financier public – et nationaliser les banques qui ne jouent pas le jeu, qui financent les gouvernements exotiques tout en refusant de prêter à l’économie réelle de leur propre pays (la PME du coin).

    5. Forcer les médias de présenter in extenso l’expérience des pays qui "tournent" (Allemagne, Suisse, Canada, Finlande) , mais aussi celle des escrocs du Sud, rentrés dans l’euro par la porte de service (lisez : par ruse, mensonge et tricherie). Abroger les lois qui limitent (jusqu’à suppression !!!) la liberté de la presse et de la parole.

    6. Abroger les lois scélérates de la décentralisation, afin d’empêcher les innombrables abus des roitelets locaux (permis de construire délivrés les yeux fermés, embauches en folie dans l’administration locale, subventions en sous-main aux copains et assoces mafieuses).

    7. Rendre le vote obligatoire

    8. Adopter la démocratie semi-directe, sur le modèle suisse.

    9. Réduire de moitié le nombre des députés et sénateurs. Les USA en ont le même nombre que nous, pour une population cinq fois plus nombreuse.

    3 août 2011 à 23 h 04 min

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