Les ambiguïtés du droit au blasphème

Les ambiguïtés du droit au blasphème

Certes, le droit au blasphème est induit dans la loi de 1881 sur la liberté d’expression.

Il n’empêche que l’expression me chagrine. Bien des propos, voire attitudes blâmables (haine et phobies diverses) vous expédient devant les tribunaux, mais pas le blasphème.

Peut-être la notion de blasphème a-t-elle changé au fil des ans. Je vérifie donc dans les dictionnaires :
– Paroles qui outragent la divinité, la religion ou quelque chose de sacré.
– Parole qui insulte violemment la divinité, les religions ou ce qui est considéré comme respectable et sacré.

Il y a donc violence.

Mais ce traitement particulier n’est pas une nouveauté.

Le siècle des Lumières a donné le coup d’envoi. Depuis, l’approche a évolué pour tendre à présenter la religion comme extraterrestre et la sortir de la sphère politique et juridique. Or, le blasphème n’est certes scandaleux que pour les fidèles de la religion, mais leur souffrance est bel et bien terrestre.

Et cette souffrance est d’autant plus profonde que l’injure est violente.

Ainsi nos institutions, par le «droit au blasphèm», donnent droit de faire souffrir certains de nos propres concitoyens sous prétexte qu’ils seraient seuls à encaisser le choc.

Peut-être est-ce la notion de laïcité qui pose problème?

Quant à moi, je ne connais pas d’approche plus claire et plus ancienne que la parole du Christ: «Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.» Là, il est clair que les deux domaines, spirituel et temporel, vivent ensemble et doivent être complémentaires et non point en opposition.

Évidence que les ultras du laïcisme récusent tout à fait. Pour eux, il y a étanchéité entre les deux domaines. Pourtant, force est de reconnaître que, dans le monde, toute civilisation a pour fondement des manifestations de la vie spirituelle. Pour notre civilisation, le fondement est le christianisme.

Force est également de reconnaître que le temporel se passe mal du spirituel (voir le culte de la déesse Raison de nos grands révolutionnaires et même, actuellement, la suggestion de Peillon de faire de la laïcité la religion de la République).

La liberté d’expression implique forcément que l’on puisse parler des religions, voire les critiquer – ce qui peut d’ailleurs se faire dans des dialogues utiles. Mais pourquoi donc y introduire haine, grossièreté et agressivité? Quel résultat, sinon l’impossibilité de coexistence?

Mettons fin à l’auto-aveuglement de considérer en France toutes les religions égales vis-à-vis de l’État. Comment oublier que le christianisme a constitué le ciment spirituel qui a fait la France au fil de treize siècles?

Alain Billières

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Comments (1)

  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.»

    Cela se terminera comme pour la crise des gilets jaunes.
    Le refus des 80 km/h avait fini en apothéose par une recommandation de limitation de vitesse sur les autoroutes.

    Une nouvelle convention de citoyen(ne)s sélectionné(e)s d’après les bons critères recommandera sans doute l’interdiction du port de la croix ou de la kippa dans les lieux publics.
    On peut même craindre que les églises devront enlever la croix sur le clocher et que les rares établissements scolaires chrétiens encore tolérés devront mettre la clé sous le paillasson.

    La “ripoublique” super laïque recevra donc ce qui est à Dieu en plus de ce qui appartient déjà à César.
    Vive Elle, honni soit qui blasphèmera!

    19 janvier 2021 à 16 h 05 min

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