Les Français sont-ils des idiots ?

Les Français sont-ils des idiots ?

Certes, lorsqu’on dit « les Français », il faut être prudent. Dans une démocratie bipolaire, c’est la partie la plus versatile et la plus influençable de la population qui finit par trancher « souverainement », en portant son poids très minoritaire de 5 à 10 % des suffrages vers l’un des deux côtés de la balançoire, qu’elle fait pencher soudain inexorablement.

Pourtant, cette partie fluctuante du corps électoral ne doit pas être méprisée. Car c’est elle qui permet à la nation d’évoluer et qui oblige les hommes politiques à se remettre en question. Je suis un homme de conviction. Mais je suis également conscient du fait que si tous les électeurs étaient des hommes de conviction inaltérable, rien ne changerait jamais et nous serions tous prisonniers des conservatismes. Nous le sommes d’ailleurs pour une large part. Il me paraît donc indispensable qu’une partie du corps électoral soit composée d’hésitants, de perplexes, de velléitaires et même de girouettes, parce que ce sont eux qui contraignent les politiciens à se creuser les méninges pour innover et pour convaincre. Et ce sont eux qui sont en fin de compte « représentatifs » des doutes et des irritations que ressentent les autres électeurs, ceux qui ne peuvent se résoudre à changer de camp pour autant. Si chagriné que je sois d’avoir à le dire, tant cela est contraire à ma propre nature, ces gens qui ne sont jamais sûrs de rien sont peut-être finalement les ultimes garants du fonctionnement de la démocratie. C’est peut-être là, dans ce « marais » de sceptiques perméables et de douteurs de tout que s’élabore au fil des âges la sagesse du peuple souverain. C’est dans cette « pâte molle » que se pétrit la nation future.

Des citoyens infantilisés

Qu’est-ce qui a pu pousser la masse des indécis à virer de bord le 28 mars ? S’agit-il d’un refus des réformes ? Les Français sont pourtant convaincus en majorité que les réformes sont indispensables. Tous les sondages le confirment. Mais il est vrai que Jean-Pierre Raffarin, fort soucieux de ménager la chèvre et le chou, n’a réformé qu’à demi. La réforme des retraites, que l’on prétend réalisée, ne l’est pas vraiment, puisque l’on n’a pas touché aux scandaleux privilèges des régimes spéciaux du service public. Et l’on annonce une réforme de la Sécurité Sociale qui fait peur à tout le monde, d’autant plus peur que nous sommes menacés de faillite si on ne la fait pas.

On nous dit que les autres pays européens ont eux aussi de la peine à réformer leurs systèmes. Sans doute, mais néanmoins ils le font, avec beaucoup plus de détermination et de courage que nous. Sommes-nous donc plus bêtes et plus lâches que les autres ?

J’en connais qui diront « oui » sans hésiter. J’ai à ce sujet une opinion quelque peu différente et qui ne date pas d’hier. Je crois que les Français sont plus intelligents et courageux qu’ils ne le paraissent, mais qu’ils ont été infantilisés depuis des siècles par les divers pouvoirs qui se sont succédés à leur tête, depuis les Romains jusqu’aux Jacobins en passant par l’Église catholique et les monarchies germaniques.

Nous nous gargarisons des « droits de l’homme », mais la part de pouvoir et de liberté du citoyen français n’atteint pas la moitié de celle d’un Américain, d’un Hollandais ou d’un Suisse. L’État français ne nous a jamais considérés comme des adultes et nous a, de ce fait, empêchés de le devenir. Aussi nos réactions sont-elles celles d’enfants instables et capricieux, incapables de choisir entre ce que Freud appelait fort justement le « principe de plaisir » et le « principe de réalité ». En politique, le « principe de plaisir » est incarné par la gauche (c’est la facilité) et le « principe de réalité » est incarné par la droite (c’est la rigueur). J’avais détaillé cela voici vingt ans dans un article intitulé « Papa la droite, Maman la gauche ». Le Français est un peu comme un enfant qui écoute sagement Papa-la-droite lui expliquer qu’il faut être raisonnable, qu’il faut faire des économies et qu’on ne peut pas se payer trop de friandises. Il opine et semble avoir compris. Après quoi, il court se réfugier en pleurnichant dans les jupes de Maman-la-gauche pour lui dire que Papa est trop sévère et que gentille Maman saura bien se débrouiller pour lui acheter des bonbons.

À ce problème récurrent, je ne vois qu’une solution : donner enfin au citoyen français un pouvoir d’adulte responsable maître de ses décisions (et peu importe qu’elles soient bonnes ou mauvaises ; il apprendra) et ce par la pratique systématique du référendum, trimestriel au besoin, sur toutes les questions d’importance. Faute de quoi nous resterons des immatures capricieux et ronchonneurs, incapables de construire notre avenir.

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Comments (9)

  • Franck697 Répondre

    Je suis heureux de voir qu’il existe des gens de droite capables d’émettre un avis critique sur leur pays et concitoyens : depuis quelques années, impossible de critiquer quoi que ce soit en France (Y compris à droite) (sauf sur le domaine des droits sociaux où les polémiques font rage) sans entendre : "va vivre ailleurs si t’es pas content".

    Le problème est la : le Français a une mentalité d’assisté. Pas d’ambition ! Il a un mal fou à comprendre que son principe de plaisir est conditionné par le principe de réalité ! Sa connaissance du monde et du fonctionnement de la société est nul : ça frôle l’indigence pour beaucoup.

    Il existe en effet  "une caste bourgeoise" qui détient les pouvoirs économiques et politiques.Bien plus cohérente que dans des pays anglo-saxons. Les français en ont ils vraiment conscience ? Ont-il lutté (par des moyens légaux et libéraux) contre cette oligarchie afin de "gagner" leur part de liberté et d’autonomie, signe du bon fonctionnement d’une démocratie occidentale ? Non ! ils se complaisent dans ce paternalisme d’un autre age. Souhaiter le contraire c’est être fou ou réactionnaire !

    Ce qui se passe dans les DOM actuellement n’est que la reproduction du schéma français métropolitain en un peu plus "poussé". Les Français se plaignent des Antillais mais ils sont comme eux. Des assistés, incultes et capricieux !

    1 mars 2009 à 10 h 35 min
  • lili Répondre

    les fran‡ais sont vraiment des idiots je le confirme et ils ne sont pas tr‚s aim‚s dans le monde

    8 février 2006 à 17 h 53 min
    • Olivier. Répondre

      S’ils ne sont pas aimés, c’est bien qu’il y a des raisons. Ils ont collaboré en 40, juste retour de manivelle.

      19 mars 2018 à 21 h 09 min
  • bandedetares Répondre

    Les francais sont une bande de tarés qui se prennent pour le nombril du monde.

    21 novembre 2004 à 22 h 13 min
    • Olivier. Répondre

      Je suis entièrement d’accord. Qu’ils crèvent. Ils veulent se soumettre, qu’ils le fassent. Fini le patriotisme, je me contente de lire les faits divers.

      19 mars 2018 à 21 h 05 min
  • NABUCHODONOSOR Répondre

    Au point où nous en sommes, un moratoire en matière électorale semble indispensable : il faudrait au moins 5 ou 6 ans sans aucune élection afin que le gouvernement, quel qu’il soit, puisse avoir une chance de mener à terme un paquet de réformes indispensables : comptes sociaux, éducation, défense, immigration, logement, etc. Je sens que ce genre de propositions n’est pas très … électoraliste. Mais il faut bien l’admettre : trop de démocratie (des élections à tout bout de champ) tue la démocratie. Surtout que les vrais questions (immigration, islamisation, entrée de la Turquie en Europe, nucléaire ou pas, garder les DOM TOM ou pas, privatisation des l’Ecole, etc.) ne sont jamais posées. Par ailleurs, quand on voit les milliards dépensés en propagande épaisse pour convaincre les derniers des idiots de “bien” voter (c’est à dire répondre à des questions stériles sur lesquels ils n’ont aucun point de vue, si ce n’est celui dont on leur bourre le crâne), on se dit qu’il y a quelque chose de perverti dans le système (la mediacratie) qui nous gouverne. Un dernier mot pour aggraver mon cas : je suis pour un retour au vote censitaire : seul ceux qui ont du boulot (un VRAI travail, productif, pas un “poste”) auraient le droit de vote, lequel serait retiré aux chômeurs, assistés, fonctionnaires et agents des services publics (on ne peut être à la fois juge et partie, électeur et profiteur).

    19 avril 2004 à 20 h 01 min
  • Luquet Michel Répondre

    Très bonne analyse de la mentalité des Français par Pierre Lance et je souscris à sa solution. Malheureusement, ils seront maintenus dans cette infantilisation par un pouvoir jaloux de ses prérogatives, à moins qu’une catastrophe vienne, comme d’habitude, modifier une situation bien assise. Hélas, l’heure des Révolutions est passée.

    14 avril 2004 à 17 h 24 min
  • Lea Répondre

    Je pense qu’au moins une partie de la “partie fluctuante du corps électoral” est constituée maintenant des Français issus de l’immigration, qui votent en fonction de ce que le parti au pouvoir leur apporte ou leur prend. Dans ma ville, des milliers de personnes ont voté “à l’appel” du parti au pouvoir à la mairie (le maire est devenu président du CR). Quand je dis “à l’appel”, je veux dire l’appel téléphonique et je mentionne donc une forme de corruption (l’appel ayant été donné entre les deux tours, après vérification illégale des registres où les électeurs avaient apposé ou non leur signature) Donc, Monsieur Lance, cette partie de l’électorat est loin d’être méprisée. Bien content d’avoir obtenu leurs suffrages, on les récompense en leur attribuant des logements HLM (parfois en en chassant au préalable les locataires précédents). Ces “girouettes” obligent en effet les politiques à se creuser les méninges, pour savoir comment les satisfaire et donc trouver quoi leur offrir. Les réformes sont nécessaires mais elles ont été très mal entreprises. On a commencé par pénaliser les gens qui bossent (retraites)……. Il aurait fallu ramener le moins durement possible la France au travail. Quoi que l’on en dise il y a bien des postes qui ne sont pas pourvus. Mais je vois autour de moi des gens gagner moins en travaillant qu’ils ne gagnaient en étant au chômage. Pas normal du tout mais une dérive difficile à corriger dans la mesure où les gens s’accrochent à leurs petits ou grands avantages. Parmi d’autres avantages exorbitants, que dire de ceux accordés encore aux enfants et petits-enfants de Harkis. Les préfectures sont chargées de leur distribuer des sommes assez pharaoniques (30 000 euros au début de la construction d’une maison et la même somme à la fin). Ces gens sont français comme vous et moi. Alors pourquoi des petits-enfants de harkis devraient-ils encore bénéficier d’avantages accordés aux grands-parents?????? Comment peut-on être intelligent et courageux et être en même temps infantilisé???? A mon avis, je pense que ce sont les électeurs qui “manipulent” les politiques en les obligeant à prendre ou à retirer certaines mesures…. Et que faites-vous donc des abstentionnistes?????

    12 avril 2004 à 9 h 02 min
  • Martel Répondre

    Les Français sont en effet trés probablement des idiots, car voter massivement et régulièrement pour des partis qui mènent tous une même politique antifrançaise de gauche ne saurait s’expliquer autrement. L’obstination à préferer les marxistes aux patriotes, et à tout faire pour refuser de sauver la France, confine même à un masochisme douteux. Que les Français ne viennent surtout pas ensuite pleurer sur leur sort, ils auront tout fait pour accélerer la chute de la France.

    11 avril 2004 à 8 h 54 min

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