Les graves problèmes de l’armée française (suite)

Les graves problèmes de l’armée française (suite)

Passons à l’hélicoptère Tigre. L’armée de terre a reçu une quarantaine de Tigre sur les 80 qui doivent lui être livrés d’ici 2020 au prix de 73 millions d’euros l’unité. Le programme a subi plusieurs augmentations du coût unitaire, c’est-à-dire plus de 78 % au total, et un étalement de ses livraisons entraînant 10 ans de retard. On retiendra en outre que l’heure de vol d’un Tigre s’élève à 25 000 euros et que, pour autant, cet hélicoptère n’est pas conforme à la configuration commandée par l’armée de terre.

Et les drones ? Il arrivera un jour, où les armées de l’air seront équipées d’avions sans pilote, appelés drones. Ces appareils ont montré leur efficacité dans la lutte contre le terrorisme islamiste. Jean-Yves Le Driant qui, bien que socialiste, est un bon ministre des armées, en lutte feutrée mais permanente contre le système marxiste, a eu le courage de faire acheter des drones américains Reaper, en complément de 4 drones Harfang livrés à l’armée de l’air, avec 5 ans de retard, un drone – le Harfang – qui se traîne à 180 km/h et qui est loin de répondre à ce que l’on en attend. Un seul Harfang a pu être engagé dans l’opération Harmattan en Libye. Un 2e était alors opérationnel en Afghanistan, un 3e restant immobilisé par une panne depuis plus de 18 mois et un 4e « cannibalisé » à la suite d’un accident près de Kaboul. Inspirés du drone israélien Heron, conçus au début des années 1990, les Harfang sont technologiquement dépassés, collectionnent les pannes et doivent être retirés du service fin 2014. Malgré le professionnalisme et l’endurance de leurs pilotes au sol, ces drones franco-israéliens volent quand ils le veulent bien, c’est-à-dire rarement, et à prix d’or : 12 600 euros de charges de maintenance pour une heure de vol, une addition à ajouter au prix d’achat global de 108 millions d’euros pour 4 Harfang.

Quant à la Marine, elle souffre avant tout de ne pas avoir un 2e porte-avions, le « De Gaulle » étant immobilisé à peu près 6 mois par an. Il faut reconnaître à l’actuel ministre des Armées, ainsi qu’à deux parlementaires socialistes, la députée de Brest Patricia Adams et le sénateur des Landes Jean-Louis Carrère, d’avoir milité pour un porte-avions complémentaire, mais sans succès, alors que des choix plus judicieux en matière d’armement auraient permis de dégager des crédits pour le construire. Pour l’instant, on en est à l’achat de 2 frégates furtives FREMM dont le coût est passé de 350 à près de 900 millions d’euros l’unité.

Ceci nous conduit à dire quelques mots de l’industrie d’armement, très surveillée notamment par ce que l’on appelle le « lobby breton », guidé par Jean-Yves Le Driant, agrégé d’histoire, maire de Lorient pendant 17 ans et ex-président du conseil régional de Bretagne. Cette importante industrie nous a permis de découvrir un phénomène extraordinaire, à savoir que l’armée française ne peut être financièrement dotée d’armement qu’en en vendant une bonne partie à l’étranger, amis et aussi ennemis ! Ainsi, depuis un demi-siècle, la France a exporté 65 % des Mirage F1, 70 % des hélicoptères Pumas et Super-Frelons, 80 % des missiles Exocet, 35 % des chars légers AMX-10 RC, 70 % des Mirage III, 60 % des blindés Sagaie ERC90, 85 % des hélicoptères Gazelle, 50 % des Mirage 2 000 et peut-être 40 % des Rafale avec la signature possible en 2014 du contrat de vente de 124 Rafale à l’Inde, 35 % des canons à longue portée Caesar, et 50 % des chars Leclerc. À ce jeu-là, les armes françaises tuent les militaires français. Les bras vous en tombent.

Soyons précis : en 1983, l’armée française chassait du Tchad les troupes libyennes équipées de Mirage F1 et des canons que nous venions de livrer à Kadhafi. Le 15 avril 1986, un chasseur bombardier F111 de l’US Air Force est détruit au-dessus de Tripoli par un missile sol-air français Crotale 2 livré à notre ami Mouammar. Le 17 mai 1987, au cours de la guerre Iran-Irak, un Falcon 20 irakien acheté à Dassault par Saddam Hussein tirait deux missiles Exocet français sur la vedette lance-missiles américaines USS Stark tuant 37 de ses marins. Lors de la guerre du Golfe, les soldats français ont essuyé les tirs des canons de 155 mm fabriqués à Bourges et à Roanne. En 2011, juste avant le déclenchement de l’opération Harmattan en Libye, plus de 2 milliards de contrats étaient en discussion entre la France et la Libye.

Un mot sur la gendarmerie qui fait partie de l’armée. Sachant qu’à terme, la guerre civile, ethnique et de religion est inévitable en France en raison des millions d’immigrés qui l’ont envahie, la majorité étant musulmane, la gendarmerie qui sera la première à intervenir, aurait intérêt à se préparer au combat de rue en améliorant ses équipements, ses blindés et ses hélicoptères.

Quant à la « défense européenne », elle ne pose aucun problème car elle n’existe pas.

Enfin, on ne saurait être complet sans évoquer la formidable pagaille dans le règlement des soldes de nos militaires grâce au fameux logiciel Louvois, « un désastre humain et budgétaire » a déclaré le ministre des Armées lui-même. L’affaire coûte 150 à 200 millions d’euros par an, l’équivalent des économies imposées par la réduction des effectifs ! En juillet 2012, par exemple, 11 000 militaires de l’armée de terre n’avaient pas reçu leur solde et d’autres en avaient reçu 3 au lieu d’une. Si toute l’armée s’équipe de logiciels de ce genre, un beau jour, le Mali sera situé en Argentine !

Comment expliquer ce ruineux et désastreux bilan ? La réponse est simple. Il est dû à l‘extrême médiocrité de la plupart des politiciens au pouvoir en France. C’étaient, et ce sont, des gens essentiellement préoccupés par leurs intérêts personnels et ceux de leur parti, n’ayant d’autre vision que de durer dans le plus grand confort et avec démagogie.

Aujourd’hui, l’armée française diminuée, ayant déjà subi la suppression de 78 000 postes et la baisse de 60 milliards d’euros de crédits sur 10 ans, est indignée. Les 4 plus hauts officiers de l’armée, les chefs d’état-major, ont fait savoir que, si le budget de l’armée était encore amputé, ils donneraient leur démission. C’est un geste d’une grande gravité qui, en d’autres temps, aurait donné lieu à un coup de balais sur les politiciens devenus poussières. Il reste à espérer que le chef de l’État actuel, chef des armées, malgré son incompétence reconnue, son indécision constante, sa conduite parfois scandaleuse et ridicule, prendra peur et acceptera le bon sens, le pragmatisme, le patriotisme et l’honnêteté des militaires, permettant à notre armée de se maintenir et, pour commencer, de régler les factures qui lui sont adressées.

Pour terminer, je me permettrai de livrer un souvenir personnel. Il se trouve que ma carrière m’a conduit à être un observateur civil de la plupart des guerres qui ont eu lieu de 1950 à aujourd’hui et toutes auraient pu être évitées avec un peu de bon sens, de jugement et d’honnêteté. Arrivé au Vietnam, frais émoulu des universités, rempli d’illusions et d’un peu de sens commun, j’ai naïvement exprimé à ma hiérarchie quelques doutes sur l’issue de la guerre, étant donné que Mao Tsé Toung avait envoyé un million de ses soldats sur la frontière du Tonkin aidant puissamment le Vietminh. Il m’a été répondu – je m’en souviens au mot près : « Vous avez l’esprit faux. Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts. D’ailleurs les Américains nous apportent leur concours. » Et ce fut Dien Bien Phu, idée stupide d’état-major, ayant pour but entre autres de protéger le très francophile roi du Laos. C’était alors le temps où les trains de militaires français blessés, rapatriés en France, étaient attaqués de Marseille à Paris par des communistes français qui, sans doute, voulaient les achever.

Plus tard, étant chef de mission diplomatique au Laos – chargé d’affaires –, j’ai été amené à rendre compte à Paris que le roi, notre grand ami, avait été déporté dans un camp de concentration communiste où il mourut dans des conditions totalement inhumaines. Alors qu’ai-je entendu, non pas chez les Viets, mais à Paris ? « Il est regrettable que ce diplomate ne comprenne rien aux bienfaits du communisme. » Je serais en mesure d’en dire davantage, mais je pense qu’il est plus sage que je m’arrête là…

Christian Lambert 

Ancien Ambassadeur de France

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Comments (6)

  • prine Répondre

    l’ avion sans pilote est déjà fabriqué c’ est DASSAULT AVIATION qui l’ a fabriqué il faut pas raconté n’importe quoi là on parle de la France la France c’ est un puissant pays le tigre je connais très bien cette machine elle est polyvalente très puissante et très stable les équipements français sont un gage de fiabilités la politique de la FRANCE c est de faire la guerre à moindre coup en respectant leurs budget donc moi je me permet pas de critiqué la France quand la France décide de faire mal elle fait très mal sur un champ de bataille je prend l’exemple du Rafal un seul Rafal vaut 7 avions de chasse sur un champ de bataille

    9 juin 2017 à 8 h 50 min
  • watercatmilk Répondre

    “Un mot sur la gendarmerie qui fait partie de l’armée. Sachant qu’à terme, la guerre civile, ethnique et de religion est inévitable en France en raison des millions d’immigrés qui l’ont envahie, la majorité étant musulmane, la gendarmerie qui sera la première à intervenir, aurait intérêt à se préparer au combat de rue en améliorant ses équipements, ses blindés et ses hélicoptères.”

    Citation d’un racisme ordinaire, qu’elle est belle la France…

    13 juin 2014 à 19 h 14 min
    • Euréka Répondre

      Quel racisme ? Seulement une question de prospective .
      La guerre civile algérienne qui avait pour enjeu l’islamisation
      de toute la société algérienne va fatalement se reproduire en FrAnce. Puisque les musulmans où qu’ils soient sur la planète ne recherchent qu’un seul but : la suprématie de l’islam.. Selon vous, pourquoi notre territoire y échapperait ?
      Oui la France serait belle. Sans vous.

      17 juin 2014 à 15 h 18 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    vous oubliez de dire que le Harfang c’est aussi ( un peu ) Dassault ( comme on s’appelle D’Estaing ) et qu’il existe plusieurs déclinaisons opérationnelles de drones (d’ observation, d’attaque etc … ) et qu’ enfin la chasse française et la force atomique d’intervention aérienne n’étaient pas très … favorables, ce qui est tout au moins un … euphémisme, à ce genre … d’ustensiles volants …

    12 juin 2014 à 17 h 08 min
  • zézé Répondre

    Votre témoignage dit vrai, hélas…mais que voulez-vous les “têtes pensantes” ont celles-ci en-dessous de la ceinture et ne voient rien de ce qui est au-dessus.

    12 juin 2014 à 13 h 54 min

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