Les hommes politiques européens sont curieux.

Les hommes politiques européens sont curieux.

Ils décident un jour de passer d’un Marché commun à une monnaie commune. Les contraintes politiques qu’imposait un marché commun sont très faibles. Il ne faut pas créer de nouvelles lois, il faut au contraire en supprimer. Il faut supprimer par exemple les droits de douane ou les subventions aux entreprises. Mais quand on supprime une protection douanière ou une subvention, l’entreprise subit la concurrence étrangère. Les contraintes imposées par le politique sont remplacées par les contraintes imposées par le Marché. Le patron qui doit faire du bénéfice pour ne pas disparaître doit rendre son entreprise compétitive. Il doit mobiliser du haut en bas toutes les énergies. Le salarié des postes françaises doit faire autant d’effort de productivité que le salarié des postes hollandaises ou allemandes. Il doit livrer le courrier aussi rapidement que le font les autres, en n’utilisant pas plus de facteurs. Sinon les postes françaises vont disparaître. Quand on a pris l’habitude de compter sur la protection ou l’aide de l’État, il est difficile, il est douloureux de tomber sous la contrainte du Marché. Mais la suppression des contraintes politiques sur l’économie permet d’atteindre la meilleure productivité possible : on s’enrichit tous beaucoup plus.

Puis les hommes politiques européens ont décidé de faire une monnaie commune. Ils se sont alors imposés des contraintes de toutes sortes. Nous n’en retiendrons que deux.

– Ils ont d’abord décidé d’abandonner la gestion de la monnaie commune et de la confier à des spécialistes avec une seule mission : pas d’inflation au-dessus de 2 %. Et ils se sont engagés à ne pas émettre la moindre critique sur la façon de travailler des responsables de la monnaie. Très vite, ils n’ont pas pu résister et ils ont exercé des pressions, pressions qui sont devenues de plus en plus fortes avec le chômage. Quand on a le pouvoir politique, on n’abandonne pas facilement le pouvoir monétaire. Ils remettent même en cause aujourd’hui les 2 %…

– Ils se sont ensuite engagés à ne pas créer un déficit budgétaire supérieur à 3 %, ce qui est parfaitement logique. Il ne faut pas en effet que les politiques budgétaires de l’ensemble des pays compromettent la valeur de la monnaie commune. Trop de déficit budgétaire expose à l’inflation, contraint le banquier central à réduire la progression de la masse monétaire, donc expose l’économie à la stagnation, voire à la régression : le chômage s’envole.

Pour lutter contre le chômage, les hommes politiques français avaient un choix. Ils pouvaient réduire les dépenses de l’État, pour pouvoir réduire les impôts et les charges qui écrasent leurs

entreprises. Ils relançaient ainsi l’économie. Cette mesure est économiquement logique et quand on l’applique, elle montre qu’elle est efficace. Mais actuellement, dans la démocratie française totalement socialisée, réduire les dépenses de l’État, c’est réduire l’argent que l’on distribue pour avoir des électeurs. C’est politiquement suicidaire.

Les hommes politiques français ont choisi une autre solution : réduire les impôts sans réduire les dépenses. Un tel comportement aboutit automatiquement à creuser le déficit budgétaire, donc à ne pas respecter une fois de plus sa signature et à dire que les contraintes imposées sont pour les autres. Notre Trichet national va être contraint de maintenir ses taux courts au double de ceux des USA. La valeur de l’euro va encore augmenter. Nous paierons moins cher notre essence, mais nous aurons plus de chômeurs…

La vie politique européenne montre que les hommes politiques européens sont incapables d’adopter une discipline budgétaire, fiscale ou sociale commune. Ils sont totalement incapables d’avoir une politique étrangère commune. Arrêtons le rêve fou d’une superpuissance politique européenne imposant des contraintes insupportables et s’opposant dangereusement à d’autres superpuissances. Revenons à un Marché commun libéré de toutes les entraves politiques, Marché qui donnera une superpuissance économique à tous ceux qui s’y trouvent, Marché dans lequel l’entrée des pays de l’Est, de la Turquie ou du Maghreb, pose peu de problèmes politiques.

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Comments (3)

  • Valérie Répondre

    Je voulais juste féliciter l’auteur de ce récit économique très explicite. Le style est disons… Surprenant et très agréable à lire… Je recherchais des informations sur les politiques budgétaires et monétaires pour mon partiel de Samedi… J’en prendrai de la graine… Bon courage étudiants!!!

    10 mars 2004 à 14 h 39 min
  • Dominique DUTILLOY Répondre

    Je ne puis, n’ayant aucune compétence en la matière, discuter de la politique monétaire européenne… Quoiqu’il en soit, je pense qu’il faudrait, devant le “ratage” de l’adoption de la nouvelle constitution européenne, organiser un referendum d’initiative populaire dans la nouvelle Europe élargie à 25, afin de demander “si, oui ou non, cette constitution telle qu’elle a été mise en place, doit être adoptée”… Ce serait faire preuve de démocratie réelle… De toutes les manières, je pense qu’il faudrait organiser, pour ce qui concerne l’U.E., des referendum d’inititive populaire…

    17 décembre 2003 à 12 h 03 min
  • lola Répondre

    Bonsoir Monsieur Rouxel, je crois que beaucoup de français qui travaillent sont derrière vous pour dénoncer les méfaits de cette absurde politique monnétaire européenne, et de cette absurde construction européenne, verouillée par des “puissances” qui prétendent s’enrichir en s’appauvrissant. Malheureusement, une fois de plus, nous ne disposons d’aucun moyen d’expression et personne ne nous demande notre avis. A quand le prochain referundum?

    16 décembre 2003 à 8 h 55 min

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