Les rustines du « moi-président »

Les rustines du « moi-président »

Il est toujours difficile de trouver la bonne solution à un problème si on n’a pas, avant, un peu réfléchi à ses causes.

Considérons, par exemple, la question du chômage 2,5 fois plus élevé en France qu’en Allemagne, sans qu’il y ait de grande différence entre les systèmes économiques et politiques, mais seulement des fonctionnements plus ou moins efficaces de ceux-ci.

Les avantages relatifs des entreprises allemandes sont bien connus : dialogue social, flexibilité, moindres charges, apprentissage piloté par les entreprises, pas d’ISF, fiscalité favorable des transmissions d’où pérennité des entreprises, d’où émergence d’entreprises privées conquérantes, moyennes et grandes, consensus politique réaliste… Rien de miraculeux, mais un avantage comparatif qui fait toute la différence en matière de compétitivité et donc d’emplois. La comparaison avec la Suisse donnerait les mêmes indications, en plus net : le taux de chômage y est trois fois moindre. Avec une monnaie encore plus forte que l’euro…

La France a donc besoin, non pas d’une Révolution, mais de réformes simples, évidentes, toutes à portée de la main et presque toutes acceptées d’avance par l’opinion, mais refusées par les lobbies dominants, arc-boutés sur les leviers des blocages…

Le 31 décembre, François Hollande a annoncé que, pour inverser la courbe du chômage (dont il a fait le baromètre qui lui dira s’il peut ou non se représenter en 2017), il allait demander à son gouvernement de mener une « grande politique » de l’apprentissage.

À noter : son visiteur du soir, Jacques Attali, qui s’était fait inviter par Jean-Jacques Bourdin le matin même sur BFM-TV, n’avait pas pu s’empêcher de vendre la mèche quelques heures plus tôt. En se reportant à cet entretien, manifestement commandé, on comprend mieux le propos présidentiel. Il s’agit avant tout de « sortir » les chômeurs de longue durée des statistiques du chômage, car, pour le conseiller des princes (quels qu’ils soient…), « un chômeur de longue durée en formation n’est plus un chômeur, il est en formation, il sort des statistiques… ». Le magicien a dé­voilé son tour de passe-passe.

Encore faut-il c’est le principe même de l’apprentissage qu’une entreprise veuille bien accueillir l’apprenti. Pour l’y inciter, on la subventionnera donc…

La France croule sous les subventions, et les réglementations qu’elles impliquent. On va donc les augmenter… Le défaut de formation d’une partie im­portante de la jeunesse française résulte de l’impéritie de l’Éducation nationale, on ne va donc pas y toucher… Les entreprises françaises sont as­phyxiées par les charges et les con­traintes, on va donc en rajouter…

Encore qu’il ne faille rien exagérer : 500 000 apprentis en 2016, ce ne serait jamais que 20 % de plus que ceux ayant bénéficié d’un tel contrat en 2015, mais qui n’ont pas tous toujours trouvé leur employeur. D’où la menace présidentielle : « Pas d’apprenti sans entreprise ». À bon entendeur…
L’alternative, jamais essayée depuis 40 ans, est pourtant simple : mener une politique économique vraiment favorable à la croissance, seul vrai booster de l’emploi, c’est-à-dire une politique de simple bon sens : moins de dépenses publiques, sans déficits, avec réduction progressive des prélèvements sur les richesses créées par les Français.

Le chef de l’État a aussi évoqué une autre vieille recette : une « politique de grands travaux ». Qui serait développée en France, faute d’avoir été adoptée, à une échelle suffisante, aux yeux de nos socialistes en tout cas, par tous les pays de l’Union européenne.

Un grand nombre d’économistes officiels (stipendiés), en effet, sont très favorables à une telle mesure. Ils di­sent : « Les taux d’intérêt sont bas, c’est le moment d’emprunter. Et comme les entreprises y renâclent, l’État doit se substituer à elles. » Et ils ajoutent : « Les bons projets ne manquent pas !… »

Toujours, les technocrates s’imaginent savoir mieux que les entrepreneurs ce que ceux-ci doivent faire… Quant aux taux d’intérêt bas, ils ne le sont que du fait des manipulations des banques centrales et de leurs po­litiques monétaires officiellement toujours « laxistes », qui aboutissent à inonder dangereusement les marchés, tout en décourageant l’épargne à s’investir, faute de rendements naturels.

Tout se passe comme si on émettait de la fausse monnaie et qu’on voulait maintenant, avec elle, construire des routes et des infrastructures. C’est-à-dire franchir un pas de plus dans le dérèglement des mécanismes naturels de l’économie, principale cause, finalement, du chômage structurel français.

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Comments (9)

  • DESOYER Répondre

    D’accord à 90% avec vous, Monsieur Dumait. Un défaut dans la cuirasse allemande: un taux de natalité désastreux. Ils devraient au moins revoir leur politique familiale.
    Quant à la France, en supprimant le regroupement familial, en expulsant les clandestins, cela devrait faciliter aussi la réduction des charges des entreprises et du chômage.

    7 janvier 2016 à 17 h 50 min
  • Jaures Répondre

    Ce qui fait la différence entre l’Allemagne et la France tient en deux mots:démographie et mini jobs.
    L’Allemagne perd 100 à 150 000 travailleurs chaque année quand la France en accueille autant en plus sur son marché de l’emploi. Les mini jobs (plus de 3 millions) reçoivent un “salaire” de 400€ et ne cotisent ni pour leur retraite, ni pour les autres assurances sociales.
    Voilà pour les statistiques. Pas besoin de réformes: supprimons les écoles maternelles (20 milliards d’économie budgétaires) et toutes les aides à la famille pour faire baisser la natalité, instaurons les mini jobs et notre taux de chômage reviendra à 5%.
    Les Français vivront-ils mieux pour autant ?

    6 janvier 2016 à 12 h 57 min
  • Bistouille Poirot Répondre

    Quelques bons voeux ont pu circuler sur notre blog et en profite pur y associer les miens en direction de tous les commentateurs.
    Quoi ! du désordre dans les rangs ? Calmez-vous… j’ai pu apprendre que Monsieur Jaures rendrait son tablier aux 4V HEBDO pour un différend sur une augmentation de salaire.Quoi ! Des regrets à présent ? Guillaume m’a bien proposé une formation pour assurer la relève mais j’ai été mis à la porte du cours dès la première séance pour inadaptation majeure à l’esprit du programme enseigné.La direction m’a alors demandé de choisir parmi vous un heureux successeur au catalyseur du blog mais là aussi j’ai eu de la peine à trouver une tête de turc parmi mes gaulois. Guillaume, fais un effort….

    6 janvier 2016 à 0 h 20 min
    • Raspoutine Répondre

      Poirot@ Jaurès franc-maçon ne peut rendre son tablier !

      9 janvier 2016 à 23 h 11 min
  • Oeildevraicon Répondre

    “Moi président” n’a que des rustines sans colle, par contre il impose à la France le rythme d’une jig, c’est à dire: un pas en avant, un pas en arrière, un pas à droite, puis un pas à gauche et il recommence; Un pas en avant un pas en arrière, etc… .

    La France va mal! Les politiques qui se penchent à sont chevet, ne sont que capables de pratiquer des saignées.
    C’est à l’ENA que les grands professeurs des sciences politiques leurs ont inoculé ce vaccin, comme seul remède.

    La France va mal! Les dirigeants n’en ont cure et persistent dans la politique confiscatoire qui ne profite qu’aux acteurs du 1000 feuilles à la française et au capitalisme international.

    La France va mal! Mais nos élus vont très bien.
    Le monde politique et son administration s’accordent des retraites en or.
    Les technocrates de Bruxelles ne sont pas en reste, ils viennent de s’attribuer des retraites à l’age de 50 ans avec 9000 euros/mois.

    La France va mal! L’incompétence, la schizophrénie, l’autisme et la surdité sont les maladies chroniques de la classe politique.

    Sans doute faudra t-il un véritable séisme sociétal ( selon moi, il est en marche) pour que s’arrête cette politique folle et injuste.
    En 6 ans, la France à créé plus de 50 TAXES.

    5 janvier 2016 à 23 h 57 min
    • Raspoutine Répondre

      Moi Président, je me fais embaucher chez un fabricant de rustines

      9 janvier 2016 à 23 h 08 min
  • Bistouille Poirot Répondre

    De toute façon l’énergumène se contente de bénéficier de deux variables exogènes sur lesquelles la nation n’a aucune prise: le faible cours du pétrole et celui des taux d’intérêt.
    Si cette situation se prolonge en l’état, une faible reprise n’est envisageable qu’au cours du 2ème semestre 2016. Pourquoi se risquer dans une manoeuvre délicate quand on se trouve à la porte de la Présidentielle de 2017 ? (Crédit coopératif d’Aix en Provence: Etude comparative de la situation économique de la France par rapport aux USA, le RU, l’Allemagne et le le Japon – nov.2016) .
    Un simple retournement de ces deux avantages et on plonge…

    5 janvier 2016 à 15 h 24 min
  • Janvier Répondre

    Il n’a jamais été question de réduire ni chômage réel ni endettement. C’est une opération de com. Les grosses entreprises ont besoin du chômage et Hollande ne bosse que pour la Finance contre le peuple français. La consommation intérieure ne l’intéresse pas. Les grosses entreprises ne veulent pas faire leur révolution : cesser le moyen de gamme et passer au haut de gamme. Hollande détruit les TPE qui permettent de mailler le territoire. Si nous mettions la tête hors de l’eau comme la Hongrie, par ex , lui et ses financiers ne pourraient plus brader notre pays. Depuis 2011, Poutine applique le bon programme , agriculture, maillage du territoire en industries locales jusqu’au but , au moins auto-suffisance. Hollande prend évidemment toutes les mesures inverses, il suit sa feuille de route.

    5 janvier 2016 à 11 h 42 min
    • Kalachnikof Répondre

      Janvier@ la feuille de route de Hollande a été rédigée par Bruxelles, bras armé des USA. et autres mondialistes !

      18 janvier 2016 à 18 h 50 min

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