Les socialistes français ont déjà gagné

Les socialistes français ont déjà gagné

Le socialisme a mal commencé. Ses racines se trouvent dans les mysticismes divers qui naissent du christianisme au moment où la féodalité commence à s’effriter et où quelques illuminés en viennent à penser que l’élan de liberté qui conduit des serfs à s’émanciper et à devenir marchands est un signe de décadence annonciateur d’une apocalypse prochaine. Ses prolongements se trouvent chez d’autres mystiques, certains de disposer de la vérité absolue et voulant faire le bonheur des hommes contre eux-mêmes en créant des sociétés collectivistes par la coercition.

Il continue très mal, puisqu’à l’époque de la Révolution française, il est déjà tout entier dans la terreur robespierriste, et croise le communisme naissant au travers de la Conjuration des Égaux de Gracchus Babeuf. Après avoir traversé une phase utopique où des hurluberlus imaginent des phalanstères et des communes primitives qui verront parfois éphémèrement le jour, il se fait violent et putschiste chez des gens comme Auguste Blanqui ou, plus tard, les excités qui instaureront la Commune de Paris.

À peu près à la même époque, il fait l’objet des élucubrations de Karl Marx qui, aigri sans doute de devoir vivre aux crochets de l’entrepreneur Friedrich Engels, se défoulait en pestant contre l’exploitation des ouvriers et en rêvant maladivement du jour inéluctable où les autres entrepreneurs seraient supprimés tandis que verrait le jour la « dictature du prolétariat ».

Au XXe siècle, il verra se séparer de lui les léninistes dont certains se reconnaîtront dans Staline et d’autres dans Trotsky, sans que les uns et les autres ne voient quoi que ce soit à redire dans l’instauration d’une société totalitaire. Il connaîtra aussi quelques excroissances dans lesquelles il se refuse jusqu’à ce jour à voir ses enfants : le fascisme et le national-socialisme. Il survivra aux multiples crimes et traces de sang dont il est chargé et sa survie sera très explicable : on trouvera toujours des intellectuels nostalgiques du temps où leurs ancêtres étaient tout-puissants parce qu’ils siégeaient à la droite du seigneur…

Ses adeptes aujourd’hui se trouvent en Europe dans quasiment tous les partis politiques. Ils peuvent discerner en Barack Obama aux États-Unis un cousin par alliance. À peu près aucun gouvernement de la planète ne leur échappe à un degré ou à un autre. La plupart des entrepreneurs sont domestiqués ou tenus en laisse. Leur discours et ses variantes, de l’écologisme à ce qui reste de l’alter-mondialisme, sont en situation de quasi-hégémonie dans les médias où les derniers défenseurs de la liberté individuelle ont bien du mal à se faire entendre.

Cette quasi-hégémonie pourrait bien expliquer la déliquescence actuelle du Parti socialiste français : comment trouver un discours original quand ce qui est censé constituer la « droite » est composé, pour l’essentiel, d’étatistes, de dirigistes, d’adeptes de la « justice sociale » ? Comment se démarquer quand on est cerné par des représentants du marxisme le plus rigide et par des adeptes d’une social-démocratie douce qui, après avoir failli être PD (parti démocrate) sont devenus Modem ?

Restent des souvenirs : le Front populaire et François Mitterrand. Pour le reste ? On pourra compter sur le geste réflexe de gens qui voteraient pour une vache laitière si on collait l’estampille PS entre les cornes et des promesses de « faire payer les riches » et de « changer la vie » juste en dessous. On pourra répéter jusqu’à la nausée : « la gauche, la gauche », comme Obama a répété aux États-Unis : « le changement, le changement ».

Mais, au-delà, ce sera un concours de beauté télégénique et, à ce jeu, Ségolène Royal finira sans doute par l’emporter. Son discours est nul et assez vide pour être compatible avec n’importe quoi pourvu que ce soit « de gauche ». Malheureusement, pour tenir un discours vide et « de gauche », il y a déjà Sarkozy qui, puisqu’il s’efforce de dire qu’il n’est pas vraiment de gauche, capte les votes de droite et, néanmoins, assez de voix de gauche pour que cela fasse une majorité. Les socialistes français vont rester encore longtemps, sans doute, dans l’opposition. Ils en seront frustrés. Ils devraient prendre du recul, et voir qu’au-delà de leurs propres personnes, leurs idées sont partout ou presque.

Et plutôt que de trépigner dans la frustration, ils devraient regarder : le naufrage de la France, les difficultés que connaît l’économie sur la planète, c’est leur œuvre ou celle de leurs semblables !

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Comments (14)

  • Aregundis Répondre

     

    A Emeric, bonjour

    Personnnellement, je pense que le droit du sol est une notion ambigüe qui fait la part belle à l’arbitraire du fait. N’importe qui peut arguer de ce droit sans rien justifier d’un attachement quelconque à sa patrie d’adoption. C’est ainsi que bien des gens se retrouvent un beau matin décrétés ‘français" sans l’avoir voulu, ni même souhaité. Mais c’est un sujet qui demanderait de plus amples développements.
    Si l’on ne peut parler d’une continuité biologique – qui reste effectivement indémontrable (et d’ailleurs impossible sur cette terre où se succédèrent tant d’envahisseurs), il reste néanmoins, en dépit des vicissitudes des temps, une continuité historique entre les juifs d’aujourd’hui et le peuple hébreu de Canaan. La Bible, pour les chrétiens héritiers du judaïsme; la Thora, le Talmud et autres écrits, sont le support de cette historicité. Il n’est nul besoin de chercher d’autres justifications. La création de l’Etat d’Israël en 1948, comme une conséquence directe de la Shoah peut être perçu comme un écho réparateur de la destruction du Temple par les légions de Titus en 70 et la dispersion du peuple juif en tant qu’entité nationale.
    Mais je  crois que nous sommes d’accords sur l’essentiel.  Mais n’oubliez pas, l’ami, que votre Hugo est le prince des romantiques qui virent la Révolution comme une épopée pleine de Majuscules, et non pour ce qu’elle fut: un despotisme, matrice de toutes les tyrannies à venir. Hugo eut la chance de naître en 1802, l’année où Bonaparte s’autoproclama consul à vie, à la façon dont Caligula nomma son cheval gouverneur. André Chénier, autre grand poète lyrique, n’eut pas cette chance, comme vous le savez. Sa tête roula au bas de l’échafaud en 1794, en ce mois de juillet/thermidor qui fut fatal à Robespierre et à ses comparses. A quelques jours près, le pauvre Chénier eut sauvé sa tête. Cordialement vôtre.

     

     

     

    16 décembre 2008 à 1 h 29 min
  • Anonyme Répondre

    Cher Aregundis,

    je regrette que mes remarques ironiques sur le libéralisme de Jésus aient fait l’objet d’une interprétation littérale. Mais j’en prends la responsabilité, le blagueur ayant toujours tort quand le message n’est pas reçu. Je pensais précisément à vos références bibliques en écrivant mon commentaire sarcastique. Je n’ai rien à redire de substantiel à votre réponse.

    J’ai aussi fait référence à Hugo pour interpréter les interactions ou les dettes du socialisme envers le Christianisme. Je n’y trouve pas d’opposition avec vos affirmations, qui correspondent à mes convictions profondes, sauf sur un point: vous parlez du Pape comme porte-parole du Christianisme, le limiter au Catholicisme serait plus exact et encore j’avoue en rougissant que je me situe dans le monde catholique mais ne me sens pas représenté fidèlement par le Pape (je ne suis pas le seul). L’encyclique a donc une valeur consultative, pas le poids d’un dogme.

    Concernant les droits des Juifs actuels sur la terre d’Israël en raison de leurs très anciennes et indémontrables parentés avec les Hébreux (rares sont les gens qui sur cette terre peuvent se prévaleur d’une arbre généalogique dépassant les 500 ans…), je la récuse complètement et ne crois qu’au droit du sol, qui me semble la seule façon rationnelle (même si elle est insatisfaisante en termes d’attachement symbolique et de reconnaissance) de gérer les droits des peuples et des individus. Par conséquent, c’est à mes yeux le droit international qui légitime l’existence d’Israël.

    Bien à vous

     

    15 décembre 2008 à 20 h 53 min
  • chevalier teutonique Répondre 15 décembre 2008 à 12 h 33 min
  • chevalier teutonique Répondre

    Je mets cette chanson car c’est le jour d’anniversaire de mon petit frère ( il a 8 ans ! ).

    http://www.youtube.com/watch?v=pbm9KGwO2nM

    14 décembre 2008 à 6 h 31 min
  • Aregundis Répondre
    A Emeric,
    Ce qui vous semble « bien connu » indique au contraire que vous n’avez pas dû lire souvent les Évangiles.  
    1) Il est difficile de voir un « libéral » chez un homme qui n’a cessé de condamner les riches et l’accumulation de la richesse (paraboles de l’homme riche ; Du danger des richesses ; Le mauvais riche et Lazare ; Le riche notable ; et bien d’autres encore)
    2) Non seulement il n’a pas approuvé le petit commerce qui avait lieu vers l’entrée du Temple (le parvis des Gentils), mais il en a chassé les marchands et renversé leurs échoppes. C’est un épisode tellement célèbre qu’il semble vraiment impossible de le comprendre de travers.
    3)  Il y une dizaine de personnages du nom de Simon dans le Nouveau testament. Le seul identifiable avec ce que vous racontez est Simon le Pharisien. L’épisode est celui de la Pécheresse pardonnée. Il y est question d’une remise de deux dettes d’importances différentes. Il n’y est nullement question de taux d’intérêt.
    4) Jésus n’a pas « lutté contre l’extorsion fiscale romaine ». D’ailleurs, il n’y pas un traître mot dans les Évangiles faisant allusion à la fiscalité. Jésus se contente d’indiquer à ses détracteurs qu’il faut « rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » ; le respect dû aux autorités légales. C’est une constante des Écritures. L’Église s’y conformera toujours. Jésus est tout ce qu’il plaît d’imaginer sauf un libéral et un anarchiste.
    5) Y a-t-il eu « extorsion fiscale » ? En un sens, oui. N’est-ce pas ce que font tous les envahisseurs ? Mais il s’agit de Rome. Et Rome a souvent plus apporté (droit, urbanisme, techniques, arts…) aux peuples assujettis qu’elle n’en a retiré. Pour s’en faire une idée plus précise, il faut se référer à d’autres sources. Mais je ne veux pas alourdir ce texte plus que nécessaire. Cependant on peut regretter que les catholiques, au rebours des Réformés, aient pris trop au pied de la lettre la condamnation de la richesse pour dénoncer de façon excessive le libéralisme économique. Si Jésus était prophète en son temps, il n’était pas devin. Il ne pouvait imaginer ce que serait le monde deux mille ans plus tard.
     
    On imagine mal le sionisme sans la participation des juifs eux-mêmes. Le mot « Sion » désigne Jérusalem. Le sionisme est inséparable de l’Exil. L’exil est arrachement à la Terre promise mais aussi attente fiévreuse du retour. Déjà, l’exilé de Babylone, du VIe siècle avant J.-C., psalmodiait : « Près des fleuves de Babel, c’est là que nous étions assis et que nous pensions, en nous souvenant de Sion » (Psaume 137). Les juifs d’Israël sont aussi palestiniens que les Palestiniens et le sont même davantage et depuis plus longtemps. Trois mille ans, au moins.

    Le christianisme n’a rien à voir avec le socialisme qui a été vigoureusement dénoncé par le pape Pie IX dans son encyclique Quanta cura, assortie du Syllabus, en 1864. Le christianisme se suffit à lui-même. A l’inverse, le socialisme (le socialisme philosophique), découlant lui-même de la pensée libérale avec l’avènement des Lumières, doit beaucoup à l’humanisme chrétien qui puise sa richesse dans le message évangélique. Même les athées en conviennent, comme Philippe Val (intéressante émission Arte du vendredi 12 au soir sur les racines chrétiennes de l’Europe).
     

    L’État d’Israël à sa fondation en 1948 se désignait comme socialiste. D’ailleurs les kibboutz fonctionnaient comme les kolkhozes soviétiques, la liberté en plus.  L’expression « judéo-bolchevique » est une injure à caractère raciste. C’est aussi une contradiction dans les termes. En face les staliniens parlaient de judéo-fascistes en désignant Trotski et les trotskistes.  Cela dit, vous avez raison de faire observer le nombre élevé de juifs (de juifs athées), dans les partis de gauche, et surtout d’extrême et même d’ultragauche. Un grand nombre de nos philosophes contemporains, beaucoup de nos intellos de gauche (ou de droite) sont juifs : A. Adler, J. Daniel, Bernard Henri Lévy, Benny Lévy, A. Finkielkraut, A. Glucksmann… les citer tous prendrait des pages. Il y aussi des juifs antisionistes. On trouve même des juifs antisémites. Oui, ça existe aussi !  Il faut de tout pour faire un monde. Le bonjour à tous.

    12 décembre 2008 à 18 h 02 min
  • Jaures Répondre

    "Les excités qui proclamèrent la commune de Paris".

    C’est vrai. Beaucoup plus calme, A.Thiers se fit un plaisir discret en massacrant ces illuminés lors des "semaines sanglantes". Plein de sang-froid, il se fit rembourser par l’état Français ruiné la coquette résidence privée que la racaille de l’époque lui avait brûlée. Réalisant au passage, en bon libéral, une solide plus-value. Il a dû longtemps en rire avec ses amis teutons ! 

    12 décembre 2008 à 17 h 55 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    <<Mais tout cela n’est finalement qu’un problème de conscience>>

    Les socialistes ont-ils jamais eu une conscience, si ce n’est celle de voir leurs idées saugrenues prévaloir même par la force s’il le fallait.

     

    <<Le socialisme est une réalité politique et un non-sens économique>>

    Une réalité politique qui anime les conversations du café du commerce et qui attire tous les frustrés du monde.

    12 décembre 2008 à 9 h 02 min
  • Emeric Répondre

    Tiens, tiens, tiens… Christianisme et socialisme… intéressant, mais je préfère Hugo à Millière, qu’on m’excuse! Tout interlocuteur rationnel croulerait sous les doutes et suspicions devant tant de manichéisme voire de contrevérités. Quant à Jésus libéral, c’est bien connu depuis son approbation des pratiques des marchands du temple (changeurs notamment) et son encouragement au taux d’intérêt à Simon, sans parler, cela va sans dire, de sa lutte contre l’extorsion fiscale romaine de "César". Déjà à l’époque l’Etat parasitait le libre marché! D’ailleurs, s’il revenait, nul ne doute qu’il serait trader à la City.

    Je me contente de mendier à Millière, qui connaît et aime les Juifs, un article nous expliquant pourquoi aux origines du sionisme qu’il révère on trouve tant de socialistes et pourquoi dans la communauté juive on trouve tant de fervents socialistes et/ou communistes (que ceux qui feindraient de l’ignorer se renseignent)… si le socialisme est fondamentalement une hérésie chrétienne. Autrefois, on disait d’ailleurs judéo-bolchévique pour disqualifier l’adversaire, il faut croire que les temps ont changé… mais combien d’exemples faudra-t-il pour admettre que la vérité est partagée, que les propositions socialistes, libérales ou autres ont trop d’enjeux, posent trop de questions à chaque homme honnête pour être clivées en bien et mal si ontologiques???

    11 décembre 2008 à 23 h 51 min
  • Aregundis Répondre
    Bonjour,
    Barthélémy, merci pour cette intervention. Ne confondons pas l’Église du Christ et celle des cathos de gauche. Trois siècles plus tôt, Mgr Gaillot (évêque in partibus de je ne sais quoi) eût fait partie des hérésiarques combustibles dont je parlerai ci-après. Avec Jean-Paul II et Benoît XVI ont remis les pendules à l’heure, et la théologie marxoïde est vraiment passée de mode. Nous autres humains ne faisons que passer. L’Église est indestructible. Merci, pour tout.
    Jaurès, vous avez le mot juste. Tout n’est effectivement que problème de conscience.
    Guy Millière, vous semblez vous complaire dans le rôle de Cassandre à propos d’Obama. Et vous voulez voir les prémisses du socialisme dans les divers mouvements religieux erratiques du haut Moyen Âge. C’est une thèse fréquente, en effet.  C’est aussi un sujet qui m’est familier. Je vais me permettre de développer un peu. Il y peut-être des gens que cela intéresse. Les autres voudront bien m’honorer de leur bienveillante patience. Les « illuminés » auxquels vous faites allusion sont des déviants de l’ordre des Frères mineurs initié par Françoise d’Assise, le « Poverello », vers 1210 (les franciscains). Lui-même, en rupture de ban avec son milieu, entendait revenir à la pureté de la pauvreté évangélique. Il ne fut pas le premier à prendre la parole du Christ au pied de la lettre. Il ne sera pas le dernier. Cette obsession traversera les siècles. Certains suspecteront l’Église d’aimer la pauvreté plus que les pauvres. On le dira aussi à propos de sœur Emmanuelle. La démarche de saint François, faite d’humilité et de charité, n’a rien de socialiste, pur contresens historique. Les « illuminés » : fraticelles, spirituels, vaudois, béguines et bégards, etc… qui viendront à sa suite vers la fin du siècle et début du suivant, ainsi que leurs continuateurs : apostoliques, lollards, Libre-Esprits, hussites… seront surtout des trublions asociaux, hérétiques, souvent violents, ne se souciant nullement de « progrès social ». Ils ne se différencient des innombrables jacqueries de la misère du Moyen Âge que par leur idéal, aujourd’hui incompréhensible, d’être plus pauvre que les pauvres, et avec des idées millénaristes qui sont de toutes les époques. C’étaient les anars de ce temps. Certains finiront sur le bûcher. On est loin du socialisme. Sauf évidemment si l’on considère que l’hostilité à la hiérarchie ecclésiale relève du socialisme. Aussi loin qu’on remonte dans l’Histoire, il y a toujours eu, et il y aura toujours des gens pour contester l’ordre établi.
    Les guildes marchandes, parfois appelées hanses, se sont multipliées dès les 10ème et 11ème siècles, aux Pays-Bas, en Rhénanie, en Angleterre et dans la France du Nord. Ces associations de marchands, ancêtres du capitalisme privé, sont sans lien avec les soubresauts mystico-religieux décrits ci-dessus. Le commerce hanséatique, préfiguration européenne de la mondialisation marchande, parviendra à l’apogée de sa puissance au XVe siècle.
    Je saute la Terreur des Sans-culotte (Empire de la déraison au nom de la déité Raison). L’épopée napoléonienne et la Restauration s’accompagnèrent de la montée en puissance d’une bourgeoisie héréditaire cultivée, agnostique, irréligieuse, dure et cynique, qui s’enrichira dans les manufactures, les mines, la sidérurgie et l’outre-mer. La dureté du capitalisme à l’état brut dénoncée par Zola et Dickens. Ce patronat héréditaire de droit divin, celui des soyeux, des maîtres de forges et des lainiers perdurera de façon héréditaire jusqu’à son déclin, vers le milieu du 20ème siècle, à l’orée des Trente Glorieuses. Il laissera la place aux cadres sup’ : executives-managers et DRH, poussant vers la retraite chefs et chefaillons à l’ancienne. En parallèle, ce 18ème siècle verra aussi la montée des socialismes utopiques à qui il manquait la pièce conceptuelle essentielle, débarrassée des romantismes. Ce sera Le Capital.
     
    Jeune homme, j’ai lu Le Manifeste et Le Capital sans y réfléchir, œuvre majeure sans doute, que j’ai trouvé ennuyeuse, décalée. J’ose dire : obsolète. Quand à lire Lénine… je n’ai jamais songé à m’infliger ce pensum. « A la droite du Seigneur » ? Je trouve assez déplacée cette formule gratuite, et illogique, qui associe le matérialisme athée du communisme à un verset de l’Évangile. Je ne vois pas non plus le rapport entre le naufrage socialiste (au congrès de Reims) et les avatars gaucho-écolos de l’altermondialisme. Le socialisme est une réalité politique et un non-sens économique. L’altermondialisme, n’est rien. Un syncrétisme nébuleux. Une sorte de communisme informel, holistique. Un rêve de vieux baba cool trop fatigué pour faire la révolution.
    Je trouve remarquable que la crise actuelle du capitalisme ne profite en rien à ceux qui souhaitent le voir disparaître. Hallucinant ! Voilà des gens qui attendaient cela depuis 150 ans (Marx, les « contradictions » du capitalisme, le paupérisme, le prolétariat, etc…) et quand ça arrive ils restent comme hébétés, incapables de saisir cette occasion unique de célébrer des lendemains qui chantent enfin arrivés à échéance. Au lieu de cela, une guerre des dames qui n’est qu’un épisode ridicule dans la lente mais irréversible marche du socialisme à la française vers son prévisible éclatement en chapelles ennemies. En attendant, personne ne souhaite voir la chienlit grecque faire des émules dans notre pays. Comme leurs lointains ancêtres s’affrontaient entre Sparte et Athènes, entre dictature et démocratie, les Grecs d’aujourd’hui balancent constamment entre colonels et socialisme, entre gauchisme et libéralisme. L’Histoire bégaie parfois. Mais quel brise-cœur que de voir le beau pays ensoleillé des dieux et de Périclès, berceau de la démocratie, saccagé par des voyous. Le régime crétois est bon pour le cholestérol mais mauvais pour le foie, semble t-il.
    Mauvaise nouvelle. Le Sénat (Le Figaro du 9) vient d’adopter l’amendement Marini visant à supprimer progressivement la demi-part supplémentaire accordée aux parents isolés ayant élevés seuls leurs enfants. Voilà qui est plus important que les récriminations anti-Obama. Cette ½ part exonère d’impôt pas mal de gens. Ça va râler dans les chaumières. Le serrage de vis va se faire sentir en contrepartie de l’ouverture des vannes de la dette publique. On se demande où va s’arrêter cette cavalerie, quand l’État avance de l’argent qu’il n’a pas en hypothéquant l’avenir. Un énorme chèque en bois ! Une chance, on a l’euro, facteur de stabilité de la monnaie. Sans l’euro, le franc aura déjà plongé dans l’abîme. Et nos maigres économies avec. Bonsoir à tous.
     
    PS. Je viens de lire Le temps de Franco. Michel del Castillo. Fayard 2008. 22 €. En vente partout. Un très bon livre qui analyse sans parti pris le parcours du dictateur, avec une objectivité d’historien, et sans les œillères marxistes habituelles. Je conseille ce livre.
    11 décembre 2008 à 19 h 45 min
  • Jean-Pierre Répondre

    du national socialisme au socialisme soviétique en passant par notre modèle social(iste)  tous les socialismes sont des horreurs et les affreux jojo qui veulent nous l’imposer ne sont que des abrutis ou des salauds…

    11 décembre 2008 à 17 h 03 min
  • Anonyme Répondre

    je suis d’accord sur l’acte d’accusation catho-socialo-communiste pour le déclin de la France. Je ne cesse de le dire. J’avais réclamé des Etats Généraux des Cityens pour la France et même pour l’Europe mais sans illusion. Etats Généraux cela évoque un tel dérapage!

    Aujourd’hui il est évident que nous assistons à l’éradication par la technologie de ces visions institutionnelles, systématiques et idéologiques. Ces pyramides. Le micro et le nanno ont déboulonné le macro d’où les troubles dans nos sociétés gérontocratiques en gésine de quelque chaos mondial faute justement d’avoir simplement compris , accepté et mis en oeuvre l’impulsion technologique, sa vitesse. Les jeunes le disent enfin. Ils sont cocus. C’est évident. mais sont ils prêts à se remettre en cause comme il le faudrait…j’ai quelque doute! parce qu’ils ne sont pas vraiment jeunes mais vieux jeunes. Les vrais jeunes jeunes sont pour bcp déjà partis ailleurs!

    11 décembre 2008 à 16 h 26 min
  • Jaures Répondre

    Quel commentaire ajouter à ce ramassis de shématisme écrit par un intellectuel qui voit s’effondrer tout ses discours assénés ici depuis des années . Les socialistes seraient donc responsables de la crise économique mondiale ? G.Bush dont Millière fut durant 8 ans le thuriféraire aurait donc été à la solde des étatistes mystiques ?

    Le socialisme n’a pas gagné: alors qu’on licencie par milliers, les actionnaires continuent à se partager des profits, certes en baisse, mais toujours conséquents. Chez Renault, un milliard d’euros se verront ainsi attribués aux actionnaires. Le cynisme pour les capitalistes est de toujours arriver à tirer quelques profits même dans le pire des naufrages. Le cynisme pour les intellectuels qui les servent est d’attribuer aux socialistes les carnages économiques qui adviennent lors même qu’ils n’étaient pas au pouvoir.

    Mais tout cela n’est finalement qu’un problème de conscience.

    11 décembre 2008 à 12 h 00 min
  • Luc SEMBOUR Répondre

     

    A Barthélémy,

    excellents commentaires !

    Et avez-vous lu le livre de l’économiste et chef d’entreprise Charles Gave "Un libéral nommé Jésus" où il s’efforce de démontrer (de façon très convaincante) l’antinomie totale entre tout ce qui fait la gauche et tout ce qui fait l’essence du christianisme ?

    Selon lui, il n’est tout simplement pas possible d’être un bon chrétien et d’être de gauche. Un chrétien de gauche n’a pas compris le message du Christ ou pas assimilé les conséquences de celui de la gauche. Si les idées de gauche ont des racines (pas toutes) dans le christianisme ce n’en sont pas moins des hérésies radicales.

    LS

    11 décembre 2008 à 1 h 30 min
  • Barthélémy Répondre

    « les idées révolutionnaires sont des corruptions d’idées chrétiennes » et « un ferment divin corrompu ne peut être qu’un agent de subversion d’une puissance incalculable." ( J. Maritain )
     
    Mais oui, Monsieur Millière, n’ayons pas peur des mots, le socialisme, le communisme mais aussi l’Islam ne sont rien d’ autres que des hérésies chrétiennes. 
     
    La laïcité devrait " soulager " l’Eglise de son rôle social puisque l’Etat s’en occupe désormais. Grâce à la laïcité, l’Eglise ne devrait s’occuper que du spirituel. Pourtant, encore aujourd’hui, le socialisme marxiste continue à exercer sa fascination chez la plupart des chrétiens catholiques.  A première vue, il y a là un mystère. -Voici des hommes qui se posent en adversaires du marxisme et qui accordent cependant à sa doctrine ou à ceux qui la professent la position privilégiée d’un axe de référence. Ils n’écrivent pas une phrase, ils ne font pas un geste, ils n’entreprennent rien tel Monseigneur Gaillot sans se demander au préalable où se situent leurs pensées ou leurs actes par rapport au socialisme et aux adeptes de son orthodoxie. Leur souci dominant semble être de souligner les ressemblances d’attitude en face des questions sociales et politiques.

     
    Qui n’a pas remarqué les postures et le langage christique de Ségolène Royal et le mysticisme du peuple chez les gauchistes comme O. Besancenot ou A. Laguiller ? Et l’horrible loi Gayssot ( député communiste, un comble ) n’est – elle pas la forme cachée et terriblement perverse des anciens tribunaux inquisitoriaux dont tout le monde s’accommode si bien à droite comme à gauche et y compris dans la magistrature?
     
    Souvenons – nous des affaires Michel Houellebecq et Robert Redeker en France. En Belgique, Monseigneur Léonard et le Père Samuël sont assignés régulièrement devant les nouveaux tribunaux inquisitoriaux ,l’un pour homophobie et l’autre pour islamophobie, et sont devenus les cibles privilègiées de la presse et des médias télévisés.
     
    Le chrétien catholique est inéluctablement défavorisé vis-à-vis de ses concurrents athées. D’ abord. une religion, il en a une, elle est bien différente étant SURNATURELLE. Ensuite, et en dépit des nombreuses tentatives effectuées en ce sens, il scrutera en vain l’ Evangile pour y découvrir une doctrine sociale ou politique quelconque. La Bonne Nouvelle est absolument transcendante à de telles préoccupations.

    Le Christianisme est d’abord personnel, Il s’adresse à la fine pointe de l’âme. Ce n’est que dans la mesure où il est personnel, où il imprègne l’âme, qu’il devient social, qu’il édifie une société chrétienne et qu’il introduit dans les rapports de l’homme avec autrui le lubrifiant de la charité. Le Christ n’est pas le premier "socialiste"ou " le premier démocrate "ni même le premier " anarchiste "… comme l’affirme parfois une exégèse décervelée et dévitalisée, il est tout simplement le premier chrétien.

    Il est à peu près inévitable que l’homme politique chrétien subisse, s’il n’y prend garde, l’attraction du système socialiste. Le marxisme est un système breveté pour solidifier l’opinion instable et dévitalisée. Il lui suffit de promettre aux citoyens non point ceci ou cela, mais tout, mais la félicité totale et saturante du bonheur collectif. "  La poursuite du bonheur collectif s’avère la plus vaste opération d’escroquerie que le monde ait jamais connue et qui dissimule son mobile véritable : la résurrection de l’esclavage."

    Chaque fois que nous tentons d’aller au fond des choses en matière historique, nous touchons du doigt la présence irréductible et ubiquitaire du christianisme sous sa forme orthodoxe ou sous sa forme HERETIQUE

    Sur le plan social en particulier, tout désordre, tout détraquement s’est toujours traduit depuis le Christ sous forme d’hérésie. Au moyen àge, il n’est point d’attaque contre l’ordre social qui ne soit en même temps une hérésie chrétienne. Le cas des Albigeois est typique à cet égard. Celui du protestantisme à l’aube des temps modernes ne l’est pas moins. Quant à la Révolution française, nul n’a mieux aperçu que Michelet son caractère hérétique. Il l’a exprimé dans une phrase lapidaire « La Révolution continue le christianisme, elle le contredit. Elle en est à la fois l’héritière et l’adversaire »

    Ou Jacques Maritain, l’illustre filleul de Léon Bloy: « Les idées révolutionnaires sont des corruptions d’idées chrétiennes » et « un ferment divin corrompu ne peut être qu’un agent de subversion d’une puissance incalculable."

     
    10 décembre 2008 à 18 h 49 min

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