L’État aux abonnés absents

L’État aux abonnés absents

La gestion des collectivités locales et publiques n’a jamais été un long fleuve tranquille, notamment celle des communes. Ces dernières sont, par excellence, le lieu et le lien privilégiés entre le fait public et les citoyens ; elles sont le lieu naturel de la démocratie, comme la nation.

La vie municipale est pleine de surprises et d’inattendus. Chaque jour, le maire doit faire face à de nouveaux problèmes qu’il doit résoudre en mobilisant les élus qui oeuvrent avec lui et les agents territoriaux qui sont chargés de mettre en application la politique municipale.

Je tiens ici à souligner la qualité des agents municipaux qui, dans leur très grande majorité, ont la fibre et l’esprit du service public chevillés au corps. Mais, ces dernières années, les problèmes se multiplient et les difficultés de gestion s’amplifient. Nombre d’élus renoncent.

Il y a, tout d’abord, les difficultés financières avec la baisse continue de la Dotation Globale de Fonctionnement (DGF) – qui n’est pas une subvention de l’État, mais une substitution à un impôt local lors de l’introduction de la TVA –, les prélèvements en tout genre, comme le Fonds de Péréquation intercommunal et communal (FPIC) qui taxe les communes de la région parisienne ou de Rhône-Alpes et PACA au profit des régions moins riches, les pénalités croissantes pour carences en matière de logements sociaux, malgré les efforts réalisés.

Viennent bientôt les restrictions aux dépenses de fonctionnement, les collectivités devront limiter la croissance de leurs dépenses à 1,2 % par an, inflation comprise ! Aujourd’hui, l’inflation est de 2 %, c’est donc une réduction forte des services à nos concitoyens qui nous attend !

On y ajoute l’escroquerie de la suppression de la taxe d’habitation (TH) qui représente entre 25 et 30 % du budget des communes et qui devra être compensée par l’État, conformément à la décision du Conseil constitutionnel sur la loi de finances pour 2018.

Boucler les budgets communaux va relever de la quadrature du cercle, les arbitrages vont se transformer en utilisation d’une hache, réduire l’autofinancement s’il existe, et diminuer les investissements. Et ainsi provoquer la baisse des commandes aux entreprises : les collectivités font 70 % des investissements publics en France – plus pour très longtemps !

Mais, au-delà des questions financières désastreuses qui remettent en cause l’action des communes et autres collectivités, on assiste à un recul incroyable des services de l’État – du jamais vu de mémoire d’élu !

– C’est le recul de la police nationale qui, faute d’effectifs suffisants, doit se concentrer sur les défis de la criminalité importante et délaisse des zones entières où se développent moult « incivilités » qui deviennent lancinantes. Ce qui oblige les communes à recruter de plus en plus de policiers municipaux à la charge de la fiscalité locale.

– C’est le quasi-démantèlement de la Poste : il paraît que c’est encore une entreprise publique ; mais, obnubilée par sa Banque postale, elle sacrifie ses services de distribution de courrier. J’ai reçu plus d’une centaine de plaintes de mes concitoyens.

– C’est l’Office National des Forêts (ONF), établissement public de gestion des forêts, qui, faute de moyens, décide de ne plus ramasser les immondices de la forêt de Saint-Germain-en-Laye et attend que les communes limitrophes le fassent à sa place. La question est, dès lors, de savoir si lesdites communes vont percevoir les coupes des arbres !

– C’est le transfert du recouvrement de l’impôt (IR) aux employeurs, entraînant de nouvelles charges pour eux.

– C’est l’État encore qui demande aux communes d’assurer la gestion des demandes de passeports et cartes d’identité et, de plus, l’enregistrement des PACS, substitut des mariages, etc.

Mais où est l’État ? Existe-t-il encore ? Ou est-il – à l’image de ce gouvernement incapable de remplacer un ministre de l’Intérieur qui claque la porte et fait un pied de nez à Jupiter – un État en liquidation avant d’être en ébullition pour s’évaporer complètement ?

L’heure est très grave !

L’État avec ses services régaliens a assuré la cohésion politique de la France. L’État est l’incarnation juridique de la Nation : sans État fort, pas d’unité de la République et, sinon, c’est à coup sûr les dérives communautaires qui feront la loi.

L’heure n’est plus aux purges budgétaires de Bruxelles, à son idéologie ultra-libérale avec ses coups de rabot dévastateurs – ce qui ne saurait nous faire oublier de réaliser les réformes de structure qui s’imposent, les seules capables de réduire les dépenses publiques.

Attention, il y a danger ! Macron-Jupiter joue les apprentis sorciers : il désespère les élus locaux, derniers hussards de la République, qui, en armée de quasi-bénévoles font face au service de leurs concitoyens, en ne ménageant pas leur peine et il ruine l’unité nationale acquise par le travail incessant des rois depuis Philippe Auguste, Philippe le Bel et de leurs grands légistes, travail poursuivi par les républiques au nom de la « Res Publica », c’est-à-dire l’intérêt général !

Prends garde, Jupiter, souviens-toi de ce qu’un noble dit à Louis XVI : « Sire, ce peuple est terrible » – et aujourd’hui, il gronde !

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Comments (9)

  • BRENUS Répondre

    Messieur GUEZET et QUINCTIUS MOHAMED : les “PETITS CONS FRANCAIS” vous saluent bien !
    Pour ma part, je préfère avoir affaire à un représentant de l’Etat qu’a un corrompu local que personne n’a obligé a se présenter mais qui sait, lorsqu’il est en place se servir plutot que servir. Vous n’avez pas répondu pour les morts de la Faute sur Mer. Votre “collègue” maire qui a magouillé sur des terrains dangereux était innocent , peut être? L’esprit de corps c’est bien, mais pas dans la crapulerie.
    Je reste Jacobin, ce qui est le moindre mal dans un pays comme le notre avec ses coutumes et son histoire.
    Si Mr Guezet est dépité, c’est bien dommage mais personne ne l’a obligé et prendre ce qu’il tend à présenter comme un sacerdoce.

    25 octobre 2018 à 16 h 48 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      vous devriez, Monsieur le Parigot qui a raison sur tout , prendre un peu de repos en … Suisse; vous y verriez comment fonctionne la démocratie de ” proximité “

      25 octobre 2018 à 18 h 22 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        vous devriez, Monsieur le Parigot qui a raison sur tout *** , prendre un peu de repos en … Suisse; vous y verriez comment fonctionne la démocratie de ” proximité ”

        *** et qui est seul apte à tout régenter

        25 octobre 2018 à 18 h 24 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    tous les libéraux se plaignent qu’ il y ait trop d’ Etat et dans le même temps ils se plaignent qu’ il soit aux abonnés absents ; peut être que l’ Etat est là où il ne devrait pas être

    22 octobre 2018 à 12 h 48 min
    • HansImSchnoggeLoch Répondre

      // il soit aux abonnés absents //

      Pourquoi ne pas l’envoyer en vacances.
      Cerise sur le gâteau, nous y serions “en même temps”.
      Enfin un consensus!

      22 octobre 2018 à 15 h 13 min
  • GUEZET Répondre

    Le commentaire de Brenus n’apporte rien. C’est aussi aux administrés de veiller au bon fonctionnement des équipes élues par eux.

    Mais qui s’intéresse vraiment de près à la gestion municipale ?.
    Qui prend le temps de rassembler des infos , de questionner, pour ne pas s’en tenir aux propos de comptoir , à l’emporte-pièce , le plus souvent pour épater les copains ou tout simplement suivre le mouvement ?.
    Pour ne pas parler des oppositions de principe et du négativisme bien-pensant.
    Un maire profondément déçu par le comportement de nombre de citoyens.

    18 octobre 2018 à 22 h 00 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      en la matière,vous avez l’ expérience du vécu , d’ autres, comme le dénommé Brenus, n’ ont que l’ acrimonie à la bouche pour n’ être pas assez bien ” servis ” sans avoir pris ne serait ce qu’ une toute petite part de responsabilités … n’ en tenez pas compte ce ne sont que des petits cons de Français

      19 octobre 2018 à 11 h 55 min
    • HANSIMSCHNOGGELOCH Répondre

      L’Argus des communes de “Contribuables Associés” évalue chacune des communes de France sur le critère de la dépense publique par habitant.
      Allez sur le site de Contribuables Associés et controlez l’évaluation de votre commune.
      Si vous êtes bien noté ne manquez pas de le communiquer à vos administrés.

      20 octobre 2018 à 15 h 08 min
  • BRENUS Répondre

    Les “collectivités locales”, c’est aussi le lieu du copinage, du népotisme et du clientèlisme à outrance, dans bien des cas, lorsqu’elles ont acquis trop de pouvoir. Un exemple : La Faute sur Mer en Vendée et ses 40 ou 50 morts. Ce sont parfois des mairies dont le maire veut se faire mousser et engage des dépenses invraisemblables.

    18 octobre 2018 à 0 h 31 min

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