L’euro, l’Europe et les peuples

L’euro, l’Europe et les peuples

La question que pose l’euro est simple : la monnaie est-elle un outil au service de la politique ; ou est-ce la politique qui est un jouet entre les mains de la finance ?

Le choix d’une monnaie placée entre les mains d’une banque centrale européenne indépendante remet en cause la place du politique et la notion même de démocratie.

Ce constat premier nous amène à une réalité : la construction politique que l’on appelle « Eu­rope de Bruxelles » représente un véritable déni de démocratie. Tout simplement parce que qui dit démocratie, dit peuple. Or il n’existe pas UN peuple européen, mais DES peuples européens.

De l’aveu de tous, la surévaluation de l’euro représente un boulet terrible pour notre économie. Selon Arnaud Monte­bourg, une dévaluation progressive de l’euro de 20 % permettrait tout à la fois la création de 300 000 emplois, la réduction d’un tiers de notre déficit et l’équilibre de la balance commerciale.

Pourtant, l’euro n’est pas surévalué, il est évalué pour une « économie moyenne » de la zone Euro. Or, le pays moyen n’existe pas : l’euro est une monnaie sous-évaluée pour l’économie allemande et surévaluée pour notre économie.

L’euro, qui, hier, nous a été ven­du au nom de la croissance, du plein-emploi et du jeu égal avec les États-Unis, n’a tenu aucune de ses promesses.

L’argument des jusqu’au-boutistes est double : 1) En dehors de l’euro, point de salut ; 2) Peu importe de savoir si l’euro est bénéfique ou non, puisque l’on ne peut en sortir.

Le premier argument est évidemment faux. Il suffit de citer l’Angleterre et ses 7 % de chômeurs.

Quant à l’idée selon laquelle on ne peut sortir de l’euro, c’est une rhétorique fataliste et antidémocratique qui cache mal ses relents de totalitarisme.

Techniquement, la partition mo­nétaire est un exercice des plus aisés à mettre en œuvre, comme l’a prouvé l’exemple de la Tché­coslovaquie en 1992. L’impact d’une telle mesure sur la dette de l’État et sur celle des ménages serait quasi-nul. En effet, en France, 97 % de la dette publique et 98,5 % de la dette privée sont basés sur des contrats de droits français. Ceux-ci devront donc être réglés en monnaie ayant cours légal en France, selon les dispositions du droit international connues sous le nom de Lex Monetæ.

L’euro tel que nous le connaissons a vécu. La seule question est de savoir si nous attendons la prochaine crise, ou, si nous prenons dès aujourd’hui une initiative concertée avec nos partenaires afin d’envisager sereinement le retour à notre souveraineté monétaire.

Pour autant, la question de l’euro n’est pas la seule problématique. Il convient d’entamer les réformes nécessaires au rééquilibrage des finances publiques : l’immigration, l’échec des politiques de la ville successives, le régime des intermittents du spectacle qui plombe le régime général de l’assurance chômage, le poids de certaines charges de personnel dans les collectivités territoriales ou dans certains ministères tel Bercy, le rôle de contributeur net de la France au budget de l’UE…

Plus que jamais, en tout cas, je crois en l’état-Nation. C’est pour cela que, contrairement au PS, et à l’UMP ralliée au mondialisme, je ne crois pas au marché intégré et aux peuples désintégrés. Je ne suis pas socialiste, contrairement au collaborationniste Marcel Déat qui écrivait en juin 1943 :

« Il n’est plus possible à aucune nation de tenter isolément sa chance… Les États devront perdre une partie de leur souveraineté nationale… On aimera l’Europe si elle est synonyme de justice et d’ordre nouveau, si elle a la figure du socialisme, si elle est une grande communauté… Il y aura un Conseil fédéral avec un Exécutif européen, une monnaie, une police, une ar­mée… L’ordre européen sera socialiste ou ne sera pas… ».

Gaël Nofri

 

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Comments (2)

  • MINUX75 Répondre

    Milton friedman 5 ans avant la venue de l’euro disait qu’il y avait deux causes de chômage: l’euro et le socialisme. Bien avant, sur la même ligne Il avait repéré que tous les mécanismes d’indexation monétaire comme “le serpent monétaire” de GISCARD ainsi que “le franc fort”de BEREGOVOY étaient mauvais pour l’emploi. Il a même pourfendu la politique de PINOCHET qui avait indexé le peso argentin au dollar américain.

    9 avril 2014 à 17 h 07 min
  • Agathe Répondre

    L’économique a pris le pas sur le politique, et nous sommes pris dans une spirale plus qu’inquiétante.
    Les grecs, les romains, les papes, ont voulu faire l’Europe. Et aussi la mondialisation. Cela dure depuis 2500 ans.

    En attendant, je signale que les candidates à la mairie de Paris n’envisagent que des travaux pharaoniques et des dépenses…

    12 mars 2014 à 10 h 31 min

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