L’Iran et les incohérences de l’Occident

L’Iran et les incohérences de l’Occident

Les relations entre les États-Unis et l’Iran font craindre une escalade qui ne serait plus maîtrisable.

Mais ce qui me frappe le plus, dans cette ambiance, c’est l’incohérence de « l’Occident » depuis des décennies.

Je mets Occident entre guillemets car, autant je connais une civilisation occidentale (qui n’est autre que la civilisation européenne, enracinée dans la pensée gréco-latine et la révélation biblique, élargie à l’Amérique du Nord et à l’Australie), autant les intérêts stratégiques et politiques de l’Occident me semblent obscurs ‑ au moins depuis la fin de la guerre froide.

La réalité, c’est que cette communauté civilisationnelle n’entraîne pas nécessairement une communauté d’intérêt et donc d’action politique.

C’est la principale faiblesse de l’Union européenne : on a bien vu les récentes divergences d’intérêt entre la France et l’Allemagne, malgré tous les trémolos médiatiques sur le « couple franco-allemand ».

C’est aussi la principale faiblesse de l’OTAN : tant qu’elle était une organisation défensive contre le communisme, les divergences entre pays membres n’empêchaient nullement une vision stratégique commune ; mais, à partir du moment où il n’y a plus d’ennemi commun facilement identifiable, la stratégie de l’OTAN apparaît tantôt chaotique (comme en Libye), tantôt uniquement américaine.

Il n’y a en effet pas besoin d’être très observateur pour constater qu’entre les États-Unis, la Turquie, l’Allemagne, la France ou l’Espagne, les politiques sont pour le moins variées, sinon contradictoires.

Mais revenons au cas particulier de l’Iran.

Nous, Français, sommes sommés soit d’applaudir à l’élimination du « terroriste » iranien Soleimani, soit de dénoncer l’action « criminelle » de Trump. Est-il possible de dire – ce qui est, hélas, la réalité – que la stratégie américaine vis-à-vis de l’Iran est dangereuse et que l’Iran lui-même est dangereux ?

Que l’Iran soit dangereux, c’est bien connu et je n’y insiste pas. Une théocratie islamiste dotée de l’arme atomique serait catastrophique pour la paix mondiale (comme est déjà catastrophique le fait que le Pakistan, lui aussi théocratique, dispose de l’arme atomique).

Mais la stratégie américaine ne me semble pas beaucoup moins dangereuse. Tout d’abord, le choix que les Américains ont hérité des Anglais en faveur du wahhabisme est l’une des principales causes du réveil de l’islam politique.

Par ailleurs, je me demande dans quelle mesure l’assassinat de Soleimani n’offre pas un martyr et un sursis au régime des mollahs – qui fait pourtant face à une contestation populaire sans précédent. Ma question n’est pas rhétorique : franchement, j’ignore le résultat d’une telle opération. On peut supposer soit que le nationalisme iranien va s’en nourrir, soit, au contraire, que la fermeté de Donald Trump va calmer les velléités agressives du régime de Téhéran.

Mais, surtout, « l’Occident » fait de la politique à la petite semaine. J’ai ainsi récemment appris, en me rendant au Kosovo, que Soleimani avait personnellement armé et entraîné les Bosniaques musulmans contre les Serbes orthodoxes.

C’est-à-dire qu’il était, voici 20 ans, l’allié des Américains. Tout comme, dix ans plus tôt, Ben Laden avait été entraîné par la CIA contre les Soviétiques.

Ainsi créons-nous en permanence des golems qui se retournent contre nous.

Peut-être serait-il temps de revenir à la sagesse des anciens et de cesser d’intervenir à tort et à travers dans le monde pour répandre les Lumières et la démocratie – dont personne ne veut – et de nous contenter de défendre notre mode de vie menacé notamment par l’islam !

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Comments (4)

  • KAVULOMKAVULOS Répondre

    En effet, l’arme atomique aux mains des mollahs iraniens serait une catastrophe et n’importe qui de sensé comprend qu’ils y travaillent constamment en dépit de leur dénégations. Je parierais que si tel était le cas, la pérennité de l’état d’Israel serait vite règlée, entrainant inévitablement une réaction US et un embrasement de toute la région,, au minimum. C’est pourquoi je n’ai jamais compris que les US ne se soient pas arrangés pour préparer un beau traquenard contre les fous de dieu et en profiter pour balancer un bon lot de missiles ,destructeurs sur les sites de production d’uranium – même souterrains, ils savent faire- ou paralyser le pays par l’anéantissement des centrales électriques, barrages, etc…le renvoyant au moyen âge. Ceci sans envoyer un seul homme sur le terrain. La situation dramatique qui en résulterait pour les mollahs les obligeraient à lacher l’affaire fissa, ou ils se feraient dézinguer par leur peuple.

    25 janvier 2020 à 0 h 22 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      nous n’ en sommes plus à l’ époque de ” la guerre du feu ” Kavulos ( au travers de ses cheveux )

      25 janvier 2020 à 12 h 09 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    votre article a fait l’ objet de peu de commentaires et c’ est un euphémisme ; son ton n’ était pas assez cocorico pour vos lecteurs les plus engagés dans l’ impasse politique !

    21 janvier 2020 à 14 h 21 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    pour en apprendre davantage Monsieur De Thieulloy , qui êtes je crois me souvenir licencié en Histoire , je vous conseille la lecture du livre cosigné par

    Yves Bomati § Houchang Nahavandi

    IRAN une histoire de 4000 ans

    PERRIN éditeur

    je vous conseille en particulier la lecture du chapitre 12

    l’ invention du terrorisme politique

    Hassan Sabah et les ” Assassins ”

    l’ étonnante aventure d’ un homme à l’ intelligence [ politique ] stupéfiante qui inventa l’ Etat sans Etat ( comme Al Qaida ) et les Fédayounes

    pour le reste je suis assez d’ accord avec vous

    15 janvier 2020 à 11 h 33 min

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