L’oracle et la Merveille: Jean d’Ormesson se relit-il ?

L’oracle et la Merveille: Jean d’Ormesson se relit-il ?

L’élection de Simone Veil à l’Académie Française ne me dérange en rien. Elle était inévitable, et ce vieux chandelier médiatique descendra au Panthéon de son vivant, contrairement à Rousseau, Voltaire, Jaurès et d’autres. On se doute qu’il en remontera, en pleine forme, comme toujours. Simone Veil est immortelle, je le sais depuis 1974, quand le prédécesseur de Sarkozy à ce poste (et non à son siège) avait déjà pratiqué l’ouverture et ridiculisé l’ électeur pourtant éprouvé de la Droite française…

En tant qu’écrivain, c’est plutôt à Jean d’Ormesson, increvable courtisan, Talleyrand usagé, que j’ai envie d’adresser ces brèves remontrances. De son œuvre, je n’ai rien retenu, sinon son Plaisir de Dieu, hommage à la France disparue, qu’il s’était empressé d’ailleurs de saluer (plus que le feuilleton télé éponyme…). Il n’y a donc rien de personnel : j’ai simplement éprouvé de la difficulté à le lire, et l’assimiler.

Ormesson est censé écrire à notre mère Veil un hommage mirobolant ; mais que lui dit-il ? D’abord qu’elle est numéro 13. Numéro treize, le bougre ! Ensuite il nous rappelle les plaintes de Bérénice, la princesse juive aimée par Titus, l’empereur romain qui détruisit le Temple…

Dans ce discours peau de vache, sans doute involontaire, le précieux ridicule s’oublie, parle de « la passion malheureuse » et rappelle à la future déité, après une longue liste, combien de médiocres ont succédé à Racine au siège treize, précisément. On se croirait vraiment à Notre Cour, celle du Roy, mais sans Molière, ou Saint-Simon…Il enfonce le clou, involontairement j’espère : « Ils constituent ce que Jules Renard appelle "le commun des immortels" »

Tout le monde a sa place à l’Académie

Le commun des immortels? Incorrigible courtisan ! Décidément, dit Cyrano, nous sommes au plaisir des vieux… Si la dame éternelle, dont je ne doute pas de la mémoire, avait lu son Saint-Simon, elle saurait ce que ce genre de vacherie signifie… Encore une fois, est-ce bien volontaire (le vieux docteur a 86 ans tout de même, entre lui, l’Eternelle et Messmer récemment « mouru », comme on dit à l’école républicaine, cela fait 250 ans, ce qui ne nous rajeunit guère).

Après? On passe à la causticité. Je cite le vieux maître, dont j’ai tant aimé la prose du Fig-Mag : « Quand Molé reçoit Alfred de Vigny… il le traite avec tant de rudesse que l’auteur… en demeura meurtri… Plus près de nous, Albert de Mun, catholique rigoureux lance à Henri de Régnier : "Je vous ai lu, Monsieur, je vous ai lu jusqu’au bout. Car je suis capitaine des cuirassiers." »

Les vacheries ne s’arrêtent pas là : « Votre père avait quitté Paris pour Nice parce qu’il pensait que la Côte d’Azur allait connaître un développement spectaculaire ». Elle est bonne, l’allusion ! Il y a mieux : après les Camps, « Votre Libération est loin d’être la fin de vos malheurs sans nom ». Oui, parce qu’après il faut affronter les autres trains de la mort : « des trains entiers partaient régulièrement pour l’Angleterre ou pour les Pays-Bas afin de permettre à des femmes des classes aisées de se faire avorter »

Cerise sur le gâteau, l’Europe : «… Votre conception de l’Europe a fini à par évoluer. Vous croyez moins désormais à un édifice européen monolithique qu’à un agrégat de nations. »

Jean d’Ormesson avait naguère introduit Marguerite Yourcenar à l’Académie Française. Autres temps… Dans cette « société d’admiration mutuelle », comme dit le vieux ponte, tout le monde a sa place à l’Académie : le Présentateur télé, l’actrice porno, le fumeur repenti, l’abruti recyclé. Cette prose tartufe nous l’aura rappelé.

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Comments (9)

  • Quéribus Répondre

    …et ce vieux chandelier… Bien vu !

    14 avril 2010 à 13 h 12 min
  • SEMBOUR Répondre

    A Lajoie :

      Mes propos sont toujours faits pour lever les ambigüités. Il n’y avait d’ailleurs ambigüité que pour vous.

      Je nage très bien (10 ans de compétition en 4 nages) mais pas dans la contradiction. Il existe en effet une démarche intellectuelle qui s’appelle la logique et qui a des règles draconiennes.

      Selon ces règles vous DEVREZ admettre que si l’on se livre par exemple à un avortement thérapeutique fait à l’intérieur (ou aussi bien un peu en dehors) des limites légales de la loi Veil, mais toujours sous couvert de la loi Veil, il est possible, et même probablement fréquent, que l’avortement y soit imposé plutôt que décidé librement.

      Or le professeur Charles E. Rice affirme que « il n’y a pas de situation où l’avortement soit médicalement nécessaire pour sauver la vie de la mère ».

      De plus, le père n’est pas libre non plus dans toutes les situations existantes d’accepter ou non l’avortement de sa femme, même si celle-ci le demande. Il n’est pas libre.

      DONC dans les faits, tout le monde n’est pas libre de recourir ou non à cette loi.CQFD.

       Par ailleurs le futur avorté n’est évidemment JAMAIS libre de recourir ou non à cette loi. CQFD bis.

       Je ne vois aucune attaque ad hominem envers vous dans mes propos.

       Je ne vois pas non plus où il pourrait y être décelé la moindre hypocrisie. Consultez un bon dictionnaire sur ce mot. Celui de l’Académie ne vaut rien.

       Pour ce qui est du mot racaille, je n’ai aucune raison de le désavouer. Je l’estime au contraire bien trop faible, vu les circonstances et le cas d’espèce.

    11 avril 2010 à 1 h 15 min
  • dupont lajoie Répondre

    A SEMBOUR 

    Votre réponse ci dessus lève toute ambiguité:

    sur le fond  vous nagez en pleine contradiction et ‘argumenterai sur le point central.                                    Je vous cite:

    Hymne à Lajoie,

      

       Il FAUDRAIT que tout le monde soit libre de recourir ou non à cette loi. Il y a cependant des cas limites ou cette liberté apparait bafouée, l’avortement étant pratiqué sous couvert de la loi Veil mais hors des limites légales.

      

     

     Si l’on se trouve hors des limites légales ce n’est plus l’application de la loi!

    et oui, tout le monde est libre de recourir ou non à cette loi.

    Quant au reste les attaques "ad hominem " ne font que confirmer la faiblesse de votre argumentation.

    Cerise sur le gâteau : SAS se déclare sur la mçeme longueur d’onde que vous  et lui au moins a le mérite de pas faire l’hypocrite.là encore je cite

    "Simone Weil…personnellement je n’arrive pas à imaginer pire racaille"

    désavouez-vous ce propos?


     

    9 avril 2010 à 10 h 04 min
  • Sembour Répondre

    A sas

      Nous sommes souvent sur la même longueur d’onde….Merci.

      J’ai remarqué que mes commentaires ne passent parfois pas sur 4V, alors que des débilités impubliables y fleurissent . Alors je ne leur en donne presque plus. Ils n’ont cas les faire eux-mêmes. Une grande partie du lectorat semblant être juifophile ou affilié, ils ont la terreur de l’ombre de ce qui pourrait être perçu comme pouvant sembler par extrapolation surfaite, avoir un ppm (partie pour million) d’antisémitisme. Les vrais juifs n’ont pas peur de la vérité et ne se privent pas de la dire: saine attitude. Seuls les ignoramus, en général goys, font de la surenchère sémitophile. Je ne donnerai donc pas l’adresse de mon marchand de kippa.

    Hymne à Lajoie,

       Il vous faut arrêter le café et passer à la chicorée ou mieux, à l’eau du robinet. Vous êtes SEUL à imaginer que quelqu’un ici a écrit que Mme Veil a imposé seule sa volonté à la loi sur l’ivg. Par contre il est évident que volontairement ou non, elle en recueille quasi-seule la « gloire » de la paternité (restons décent et n’accordons pas ici le mot de maternité).

       Je vous laisse responsable de révéler qu’elle est juive et agnostique. Ceci est plus que hors-sujet pour les enfants avortés.

       Il FAUDRAIT que tout le monde soit libre de recourir ou non à cette loi. Il y a cependant des cas limites ou cette liberté apparait bafouée, l’avortement étant pratiqué sous couvert de la loi Veil mais hors des limites légales. Votre « connaissance » est donc moins exhaustive que vous ne le pensez.

       Laissez au bijoutier et au dentiste la prérogative de faire des amalgames. Je n’en fais aucun, mais vous vous y vautrez : camps de la mort et gynécologie, tomber le masque et antisémitisme, régime totalitaire et nostalgie qui «  pointe » derrière… Suivons votre regard vide et atone.

       Laissez la bourgeoisie, les laïques et les métaphysiciens où ils sont et concentrez-vous sur le sujet: la bonne conscience satisfaite de S. Veil confrontée aux tragédies générées par trop d’avortements aujourd’hui.

       Vu depuis le ventre de sa mère l’enfant qui se débat dans les affres finaux de l’avortement ne sait pas que le nom de celui qui l’attaque est « un totalitaire » : totalement égoïste, totalement criminel, totalement impardonnable. Pour lui, VOUS Mr Lajoie, êtes le pire des totalitaires. Pour moi aussi.   

    9 avril 2010 à 1 h 29 min
  • sas Répondre

    gaffe,sembour , gaffe…

    …c est limite antisémite.! !! ! !!….decouvrir le côté cour de ces personages est interdit par la loi et ses collègues fonctionaires de la magistrature…

    …..elle n’a pas génocidé : mais régulé…..il n y a pas eu avortements ; mais des choix éclairés… et à ce jour et après ces lois scélérates , honteuses et létales : on a toujours le même nombre de grossesses non désirées ??? 30 ans après…..elle a tout régle sur le modèle de l agité de neuilly : probablement la même école ?

    Après avoir relu le petit texte de JEAN D ORMESSON effectivement…..il semblerait qu il ne soit pas trop neutre et peut être interprété au 2 eme degré….

    …..tant il est vrai que son CV impressionant…..dès le début accolé à ARON , ne pouvait que lui valoir une trajectoire de la sorte…quand au cursus politicard opportruniste : PS/RPR/UDF/UMP: elle est fidèle en cela au principe des ces gens , peut importe le flacon du moment que lon a l ivresse….bientot chez les vert ?

    …..la seule casaque qui prévaut et compte en terre des gAULLE étant celle du sinaÏ… 

    j ai dit…

    sas

    ….pour avoir fait tous les poste honorifiques et obtenues toutes les decorations possibles de notre ripoublik…..cela fait d elle forcément  une pièce maitresse de notre machine a crétins…donc douteuse.

    8 avril 2010 à 12 h 38 min
  • Patrice Répondre

    A tous les contempteurs de Mme Veil,

    Comparer les cliniques où l’on pratique l’IVG et les camps de la mort est véritablement ignoble. Faire une équivalence entre les millions de gazés, de fusillés, de morts de faim sous les coups de brutes épaisses et les milliers de foetus dont on arrête le développement n’honore pas son auteur.

    De plus, la plupart des femmes qui ont malheureusement eu à connaitre un avortement (je n’en connais aucune qui le fasse dans la joie et dans la répétitivité) ont tout de même des enfants mais lorsque qu’elles le souhaitent et dans les meilleures conditions possibles. D’un point de vue simplement comptable, le fait de comparer le nombre de victimes des deux systèmes est une profonde erreur. Je ne sache pas que les morts des camps nazis soient revenus sous une autre forme quelques mois ou quelques années plus tard. Par contre, les femmes qui ont subi un avortement deviennent des mères de famille un peu plus tard; il serait intéressant de savoir si elles eussent souhaitées avoir d’autres enfants dans le cas contraire. Je ne voudrais pas non plus tomber dans la "sensiblerie" en mentionnant ces avortements clandestins qui faisaient, dans des conditons véritablement déplorables, des dizaines de victimes partout en Europe. 

    Pourquoi, tant qu’à faire dans la démesure, ne pas comparer les vendeurs de tabac, de voitures ou de boissons alcoolisées à de sanguinaires bouchers puisque l’on sait que ces produits feront des milliers de victimes dès leur mise sur le marché. Ne mentionnons même pas les fabricants d’articles ménagers qui font plus de quinze mille morts par an en France dont beaucoup d’enfants. Tout cela n’apporte rien au débat et reste méprisable.

    Par ailleurs, je ne pense pas savoir que Mme Veil soit friande des médias et des pages people de tous les magazines spécialisés. Lui reprocher son manque de discrétion est assez amusant. Quant à la traiter de monstre ou de racaille… cela révèle simplement que le coeur de l’auteur est empli de ressentiment et de haine vis à vis de la grande majorité des gens qui l’entoure en ce bas monde. 

    Pour finir, Mme Veil n’a pas été élue à l’Académie parce qu’elle avait été à l’origine de la loi sur l’avortement. Son élection n’est pas une récompense pour ce fait mais pour ses écrits, sa vie et ses combats. Je crois même savoir qu’elle a obtenu le prix Charlemagne à Aix la Chapelle en 1981. Si l’année ne nous rappelle rien de bon, les deux autres noms flattent les oreilles de bon nombre de lecteurs de ce site dont je fais partie.

    8 avril 2010 à 10 h 06 min
  • dupont lajoie Répondre

    ii est  tout de même un peu fort de café d’attribuer à la seule volonré de Mme S. Veil (née juive )mais agnostique) la loi sur l’ivg.

    l’auteur du commentaire ci dessus est libre de ne pas  recourir à la loi Veil  celle ci, n’ayant pas encore à ma connaisssance de caractère obligatoire.

    mais il ne peut faire l’amalgame  entre les camps de la mort  et les services de gynécologie ou se pratiquent les interruptions de grossesse sans  tomber le masque et la haine qui l’animent.

    il peut encore moins imposer aux laiques sa conception métaphysique du monde,à moins d’instaurer un régime totalitaire dont la nostalgie pointe derrière ses propos.

    et l’on sait aussi que qu’avant la loi de nombreux opposants farouches  àl ‘avortement changeaient subitement d’avis en constatant les formes arrondies de leurs filles de la bonne ou moins bonne bourgeoisie……. 

    7 avril 2010 à 19 h 10 min
  • delvaux Répondre

    Veil (et non Weil) pour l’"actuelle"

    6 avril 2010 à 18 h 33 min
  • SEMBOUR Répondre

       Il y a Simone Weil (1927- nos jours), et Simone Weil (1909-1943).

       Il ne faut surtout pas confondre. Cette dernière était une brillante philosophe juive, qui restera dans l’histoire comme une intellectuelle française de tout premier rang. Agrégée de l’Ecole Normale Supérieure, son œuvre consiste en la définition d’une éthique de vie rigoureuse, mystique et sans concession. Elle mourut jeune en 1943 après avoir volontairement quitté le confort et la sécurité de sa nouvelle résidence américaine, afin de combattre les nazis, en tentant de s’insérer dans le combat du Général de Gaulle à Londres.  Son parcours spirituel l’amena  toujours plus près du christianisme, ce qui sans aucun doute a considérablement joué en sa défaveur pour la glorification médiatique de sa mémoire.

       L’autre Simone Weil (1927- nos jours) est un « monstre » (le terme est approprié) sacré de la Nomenklatura française. Ce personnage présente en effet tous les éléments permettant de la classer parmi l’ « élite » française selon les critères en vigueur depuis Valéry Giscard d’Estaing.  Les médias français l’ont bombardée au firmament de leur star-système comme « femme préférée » du peuple.  

       Je ne suis pas du tout impressionné par son CV de vieille Sainte Nitouche, ni par son auréole de prisonnière déportée, trop de fois rapportée. Je me surprends à penser que notre pays serait beaucoup plus beau, plus puissant, plus riche, et ne serait pas prêt à disparaître dans tant de marécages sociaux, politiques, économiques,  de tous ordres, si les 7 Millions d’enfants français disparus du fait des avortements « Weil », étaient nés.

       Selon l’excellent Raul Hilberg, et les études du meilleur niveau, environ 5,5 millions de juifs, toutes nationalités confondues,  ont disparu dans les camps de concentration entre 1940 et 1945, par génocide « de race ». Un nombre supérieur de très jeunes français ont disparu dans les avortoirs créés entre 1975 et 2010, par génocide « d’âge », à cause de l’action volontariste de Mme Weil. Sans une once d’inconfort ou de doute, avec une bonne conscience désarmante, le visage ultra-serein exprimant la satisfaction apaisée du devoir accompli, cette dernière revendique sans honte ce catastrophique exploit.

       Quelle horreur ! Si au moins elle avait la décence et l’humilité véritable de se cacher, si elle avait la pudeur de ne pas se complaire à capitaliser sur ce passé de ministre plus que sulfureux, si elle refusait de parfaire sa reconnaissance médiatique sur la base d’une puissante industrie de mort, si, soudain clairvoyante, elle clamait partout son désespoir d’avoir eu à mener à terme cette épouvantable basse besogne…

       Simone Weil…personnellement je n’arrive pas à imaginer pire racaille.

    5 avril 2010 à 14 h 10 min

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