Lu dans la presse : A droite toute… et vite !

Lu dans la presse : A droite toute… et vite !

La fracture politique passe-t-elle au sein de l’UMP ? Si le parti présidentiel ne pratique pas une politique de droite et ne conclue pas une alliance avec le FN, la gauche gagnera en 2012.
Le Parti socialiste à 36,2 %, l’UMP à 18,6 %, le Front national, qui ne s’était pas maintenu partout, à 11,1 % – et le « parti des abstentionnistes » largement majoritaire dans le pays. Tels étaient les scores annoncés du deuxième tour des cantonales, dimanche 26 mars à 22 heures. Pour le parti présidentiel, la claque est sonore ; mais pas surprenante.
Le 24 mars, Eric Branca, rédacteur en chef politique de Valeurs Actuelles, avait déjà annoncé « L’échec du parti unique ».

C’est une « exception française », écrivait-il : en 2002, Chirac avait inventé l’UMP, à partir des trois forces constituant la droite parlementaire – gaullistes, centristes et libéraux – dans le but de résumer la vie politique à l’alternance de deux grands partis de gouvernement. Dans son esprit, cette stratégie, poursuit Eric Branca, devait « barrer définitivement la route du second tour des élections locales au Front national qui, en se maintenant, dans 77 circonscriptions, avait provoqué le retour de la gauche après la dissolution de 1997. »

Après Chirac, Sarkozy se servit de l’UMP pour isoler et réduire le MoDem de Bayrou. « Double mission accomplie, provisoirement », observe Branca. Mais provisoirement seulement… « À force de s’identifier seule à celle de la majorité, il était inévitable qu’au premier choc d’envergure, l’UMP soit la principale victime de la crise de confiance qui secoue le pays depuis 2008, analyse le journaliste. Privé d’alliés puisque ayant absorbé ou éliminé tous ses partenaires, le parti du président a subi seul le désaveu des électeurs. De rouleau compresseur, il est devenu bouc émissaire. L’union au forceps s’est muée en peau de chagrin. »

Les chiffres le montrent : aux cantonales de 2001, les partis qui constituent aujourd’hui l’UMP avaient obtenu 37,9 % des voix. « Ils n’en pèsent plus que 17 %, dix ans plus tard. »

Fillon plus proche du PS que du FN

Cette évolution, estime Arnaud Folch, lui aussi journaliste à Valeurs Actuelles, place la droite « au bord de l’explosion » : « Jamais, depuis les régionales de 1998 qui l’avaient vue se déchirer au sujet – déjà ! – des accords avec le Front national dans les exécutifs régionaux, la droite n’avait paru aussi divisée. Mais à l’époque, la crise avait été de courte durée : Jacques Chirac, alors à l’Élysée, avait tapé du poing sur la table et imposé sa ligne – celle du fameux “front républicain” contre le FN. Rien de commun cette fois-ci au sujet des consignes de vote données aux électeurs UMP dans les cas de duels PS-FN au second tour (204 cantons). La situation est en effet exactement inverse : loin de ramener le calme dans sa majorité, c’est au contraire la parole présidentielle elle-même qui est à l’origine des turbulences au sein de l’UMP ! Édictée par Nicolas Sarkozy et défendue (mollement) par Jean-François Copé, la ligne du “ni-ni” – ni appel à voter pour le PS, ni appel à voter pour le FN – est aujourd’hui contestée… jusqu’à Matignon ! »

Au nom des « valeurs » qui sont les siennes, François Fillon a, comme on sait, appelé à voter contre le Front national, autrement dit pour la gauche, en cas de duel FN-PS. Au lendemain du deuxième tour, il n’en démord pas : le score du parti lepéniste, dit-il, « démontre que le vote protestataire ne doit pas être sous-estimé et banalisé. Ce parti doit être combattu et les causes de son audience doivent être lucidement évaluées et traitées ». Le premier ministre ferait bien de se demander si elles ne tiennent pas essentiellement à l’action – ou l’inaction – qu’il a conduite à la tête de son gouvernement.

En outre, on ne saurait mieux travailler à la division des droites. Il apparaît désormais clairement que Fillon et une partie de l’équipe gouvernementale sont plus proches du parti socialiste que du Front national… et par conséquent de la partie des électeurs UMP qui ont voté pour ce parti, par exaspération, dégoût et lassitude d’être trahie.

Le fossé qui se creuse au sein de la majorité présidentielle est profond. Comme dirait Fillon, il engage les valeurs. « Sur la même ligne que Fillon, écrit Arnaud Folch, nombreux étaient ceux, dans la majorité, à avoir déjà exprimé leur désaccord avec le “ni-ni” sarkozyste : le président du Sénat Gérard Larcher, les ministres Valérie Pécresse, Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez, le président du Nouveau Centre Hervé Morin, celui du Parti radical Jean-Louis Borloo. » Ceux-là appelaient, comme Fillon, à voter PS plutôt que FN.

L’UMP coupée en deux

« À la droite de l’UMP, poursuit Arnaud Folch, le discours est exactement inverse : le collectif des députés de La Droite populaire et les parlementaires Réformateurs (pour la plupart anciens madelinistes) militent, pour l’essentiel, en faveur d’une “ligne dure” vis-à-vis du PS et de ses alliés ». Ce qui fait dire à un député de la Droite populaire, également cité par Folch : « Aujourd’hui, le parti est clairement coupé en deux et je ne vois pas très bien comment nous pourrons recoller les morceaux. » A un an de la présidentielle, c’est fâcheux.

Or, l’électorat UMP paraît moins partager les « valeurs » de la gauche que le premier ministre, comme semble en témoigner l’attitude des militants de la majorité présidentielle, lorsque Jean-François Copé a appelé au « ni-ni ». « Consacrée à son refus de toute " alliance avec le FN, car [ils n’ont] pas les mêmes valeurs ", la première partie de son discours a été accueillie par un silence poli, écrit Folch. Celle, en revanche, où il se prononçait contre un " front républicain, car il n’y a rien non plus de commun entre la droite et la gauche ", a été plébiscitée par des applaudissements nourris ! " Cette réaction vaut tous les sondages sur l’opinion de nos militants ", affirme un proche de Copé.

Comme l’écrivait Lionel Humbert dans Minute au lendemain du premier tour, « l’UMP a payé l’abandon par Nicola Sarkozy de ses promesses de campagne et la déception considérable qu’il a causée chez ceux qui avaient cru en lui. Soit par l’abstention de ses électeurs, soit par leur vote en faveur du FN. A l’Est comme à l’Ouest, au Sud comme au Nord. Jusque dans les départements les plus ruraux qui étaient jusqu’alors " épargnés" par un fort vote frontiste. "

On ne saurait mieux dire que l’Elysée se trouve devant une alternative incontournable : soit Nicolas Sarkozy et les patrons de l’UMP, s’avisant enfin que les Français sont majoritairement et franchement à droite, pratiquent enfin la politique qu’attendent leurs électeurs et passent des alliances décomplexées avec le Front national ; soit il n’ont pas cette audace et en 2012, la France sera une fois encore gouvernée par la gauche.

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Comments (7)

  • Pierre Répondre

    Le bilan des barons de l’UMP au pouvoir (comme d’ailleurs du PS) est catastrophique. Ces barons UMPS (UMP et PS) sont aussi largement corrompus.  Il n’est pas souhaitable de ‘repecher’ ces barons qui ont trahi nos compatriotes, cela depuis plus de trente ans. 

    Cela etant dit il doit y a voir ici et la quelques elus honnetes qui sont dans ces partis (et aussi divers droite/gauche) qui veulent sortir du politiquement correct et rejoindre la droite nationale. Ceux-la sont les bien-venus.

    29 mars 2011 à 19 h 45 min
  • glenarvan Répondre
    La machine anti-UMPS est en route. Rien ne dit qu’elle ne calera pas à la première côte venue.
     
    Toutefois, la seule issue politique possible et vraisemblable est l’explosion de l’UMP se traduisant – si MLP est présente au second tour de la présidentielle – par une vague de la vraie droite aux législatives de Juin 2012.
    Même en supposant que la droite de l’UMP passe des accords électoraux avec le FN aux législatives – ce qui est impensable dans le mol édredon de la bienpensance, et si MLP y consent (?) – quel type de gouvernement aurions-nous ? En aurions nous même un ?

     Il est à craindre que, dans cette hypothèse, nous nous retrouvions dans une situation semblable à celle que connaît la Belgique depuis plus d’un an.

    Evidemment, des évènements peuvent surgir qui modifient la donne : Par exemple, notre aventurisme en Libye peut avoir des conséquences catastrophiques qui renforceraient encore la ‘vague bleu Marine"… Ou encore une crise systémique de la finance mondiale….

    Bref, rien n’est joué et notre président a tant de tours dans son sac !!!

    En toute hypothèse, l’avenir me paraît bien sombre et Claude Reichman nous prédit une Révolution en bonne et due forme….

    29 mars 2011 à 11 h 41 min
  • Bainville Répondre

    Jean le Bon à la bataille de Bouvines….

    Quand on fait appel à l’Histoire il ne faut pas se tromper à ce point.

    Qui parle trop, pour ne rien dire…..

    29 mars 2011 à 11 h 19 min
  • Blaise Massicot Répondre

    Vous avez entièrement raison dans votre analyse et votre prospective. Le seul problème de l’UMP et de ses dirigeants depuis plus d’une trentaine d’années est tantôt une absence de colonne vertébrale en ce qui concerne les idées politiques et, pour une grande partie d’entre eux, un manque total du plus élémentaire courage politique, l’un n’excluant pas l’autre d’ailleurs.

    Dans le premier cas il agissent sous le haut patronage d’un Chirac, véritable rad’soc. sans la moindre envergure et dont l’essentiel de la carrière a consisté à se faire élire, réelire, et profiter 40 année durant des ors de la République. Les seules actions que l’on veut bien mettre à son actif sont le discours du vél d’hiv de 1995 et la non-intervention lors de la deuxième guerre en Irak. En 12 ans de présidence cela ne fait pas lourd. Ses héritiers sont les Baroin, Fillon, Borloo and co.,  dont l’unique profession de foi politique consiste à revendiquer un humanisme bon teint totalement déconnecté des réalités dans lesquelles nous vivons. Rien à attendre de toute cette clique.

    La deuxième catégorie concerne une droite attachée aux valeurs traditionnelles (en privé surtout, ou sur les marchés avant des élections)  qui tremble essentiellement pour des raisons électoralistes (surtout, surtout, garder qui son siège de député, qui sa mairie ou son mandat quelconque…) de s’afficher pour une ouverture décomplexée à droite. Ceux-là pourraient bouger si le dernier verrou (médiatique) saute…

    Pour l’instant, seules les couilles leur font défaut !

     

    28 mars 2011 à 17 h 25 min
  • sas Répondre

    Tout va bien grace a MARINE et au systeme maffieux electoral de l axe du bien qui donne des leçons et deroullées au tiers monde…LE FN REVIENT DANS LE JEU POLITIQUE et va enfin rentrer aux regions et conseils generaux…. 2 cette fois ci

    A ce rythme…marine …… soit sure que vous investir comme legalement et moralement du L ASSEMBLEE NATIONALE ET LE SENNAT………il nous faudra 12 00 a 14 00 ans…..et encore….

     

    La france devra être patiente avant d être enfin sauvée…

    …..aucune raison de jouer les règles du jeu..dès lors qu elles sont faussée et non aplicables à tous…sans exceptions

    Vive la contre révolution

    sas

    28 mars 2011 à 16 h 34 min
  • HOMERE Répondre

    Pour résumer l’apocalyptique scénario de 2012 : on vote à droite et la gauche est élue, on vote avec le centre et la gauche est élue, on vote avec le FN et la gauche est élue…alors votons à gauche pour que la droite soit élue !!

    Vous dites que la droite est désintégrée, ce que l’on disait du PS au sortir de 2007 alors qu’ils triompherait aujourd’hui,donc la droite va triompher en 2012 !!  extra lucide je vous dis !!

    Les français ont ceci de désagréable c’est qu’ils ne sont pas là ou on ne les attends pas,ce qui les rends prévisibles sauf que parfois, ils hésitent à être là où on les attends…..

    Une fois encore, nos français vont faire preuve de leur talent de politologues avertis pour élire un fantoche de gauche pour éviter un guignol de droite….ce qui rends Sarkozy acceptable pour un second mandat dans la médiocrité ambiante.

    Que MLP se rassure, elle n’aura pas la redoutable responsabilité de conduire les affaires de la France…ce qui devrait lui permettre de sabrer tel Jean le Bon à la bataille de Bouvines  "Père gardez vous à droite, père gardez vous à gauche" et d’envisager une victoire pour l’an de la saint glin glin…..

    A la Saint Glin Glin mon Dieu qu’elle a plu, au coin du boulevard et de la pt’ite crue….

    28 mars 2011 à 15 h 08 min
  • Anonyme Répondre

    * La victoire possible de Marine Le Pen à la présidentielle * Cantonales 1er Tour : près de 20 % sur les 1400 cantons où les FN était présent, avec souvent des candidats inconnus. 2ème tour : près de 40 % sur les 400 cantons avec duels. Moralité: présidentielle : 20 % à 25 % au premier tour. 40 % à 50 % au deuxième tour. L’élection de Marine Le Pen n’est plus impossible compte tenu de l’aggravation permanente de la crise générée par les mondialistes. Idem pour les législatives où le Front ou le rassemblement national aura des députés quel que soit le mode de scrutin, et des finances renflouées ce qui ne gâte rien, puisqu’avec 20 à 25 % des voix, le financement public sera énorme. Il suffit donc de patienter et de laisser Le front compléter son programme économique. La victoire devient inéluctable. Bravo aux patriotes. Troubadour

    28 mars 2011 à 14 h 27 min

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