Mariton, un libéral pro-famille

Mariton, un libéral pro-famille

Minute consacre son portrait de la semaine à Hervé Mariton :

M“Son livre Transmettre pour construire (éd. Pygmalion, 2010) ne lui a pas fait que des amis et c’est peu dire. Les uns lui reprochent ses professions de foi libérales tandis que d’autres voient en lui un horrible partisan de l’ordre moral qui ne veut connaître que la famille biologique à l’exclusion des nouvelles formes de « parentalité » ou des mères porteuses. Chez ses propres amis politiques, ses positions parfois au rebours de la ligne du parti font grincer bien des dents, y compris présidentielles. Car Hervé Mariton cultive le paradoxe comme d’autres cultivent les bons mots. Ce libéral se déclare volontiers partisan d’une régulation économique. Pire encore, ce partisan de Dominique de Villepin n’a pas hésité à soutenir l’absurde guerre américaine en Irak. Dans un autre domaine, il rend hommage à la doctrine de l’Eglise catholique en matière familiale tout en s’affirmant athée. Bref, voilà un homme qui sait fort bien se trouver là où on ne l’attend pas, un de ces électrons libres qui font le désespoir des états-majors. […]

Hervé Mariton est mathématicien et cela s’entend, tout comme s’entend cette sorte d’humour un peu froid qui caractérise souvent les matheux. Car Hervé Mariton est un vrai matheux. Alors que ses confrères en politique ont généralement commencé par une formation juridique, lui s’est offert Polytechnique avant de regarder vers Sciences Po. C’est un ingénieur avant d’être un gestionnaire. De l’ingénieur il a conservé une certaine rigueur, mais aussi une profonde réticence devant tout ce qui lui semble dévier de la ligne droite. Il n’aime pas les lignes sinueuses, et encore moins le hasard. […]

Né à Alger en 1958, il gardera longtemps la blessure de cette terre natale qu’il a dû quitter tout enfant. Bien plus tard, alors que ses parents se sont installés en région parisienne, le garçon fréquentera le lycée Louis-le-Grand, haut lieu de l’excellence républicaine. C’est là que l’enfant de rapatriés affûtera sa volonté de réussir et d’intégrer l’élite. La suite du cursus académique, on la connaît. Mais s’il a réussi, le jeune ingénieur des Mines, diplômé de la rue Saint Guillaume (sans oublier un DEA de gestion), n’a pas totalement vaincu son complexe. Instinctivement, il va vers le plus brillant, mais aussi le plus séducteur, celui qui montrera les flamboyances dont il est incapable. Cela commencera par François Léotard, alors figure montante de l’UDF avec sa «bande à Léo». Il s’en séparera en 1995 lorsqu’il choisira Chirac contre Balladur. Pour Hervé Mariton, c’est aussi le temps des premiers mandats locaux. Toujours en 1995, il devient maire de Crest (Drôme), un mandat qu’il détient toujours. […] Lorsque Charles Millon décide d’accepter les voix du Front national pour devenir président du conseil régional de Rhône-Alpes, Hervé Mariton, alors un de ses proches, le soutient sans examiner le rapport de forces, ni évaluer les risques. Il est vrai que les convergences sont bien réelles entre ces deux hommes qui représentent une sorte de néo-conservatisme à la française, à la fois libéral et d’inspiration chrétienne (au moins prétendue telle). […] Pour autant, c’est avec Villepin que les choses commencent sérieusement. […] Le polytechnicien est hypnotisé par le poète qui en fera, pour moins de trois mois, son ministre de l’Outre-Mer. On oublie difficilement ce genre de cadeau. Lorsque Sarkozy, l’ennemi juré, s’installera à l’Elysée, Hervé Mariton adoptera une étrange position: celle du villepiniste de service au sein de l’UMP. Il refusera ainsi de rejoindre République solidaire, le nouveau parti fondé par son idole, dont certaines idées heurtent tout de même ses convictions libérales. Car il s’affirme plus que jamais libéral, un « libéral pragmatique » selon sa propre formule, et bien à son aise au sein de l’UMP – c’est en tout cas ce qu’il prétend. S’il reste dans le parti de la majorité présidentielle, Hervé Mariton ne cache pas sa répugnance devant les ruptures trop brutales et les réformes trop précipitées.”

Dans  le bilan des députés du Salon Beige, Hervé Mariton fait partie des rares ayant la mention Bien.

 

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