Mars 1945: les Alliés mettent fin à la guerre menée contre la France

Mars 1945: les Alliés mettent fin à la guerre menée contre la France

C’est le sous-titre étonnant d’un livre qui vient d’être publié, non pas par un nostalgique du régime de Vichy, mais par un historien américain, spécialiste des armées, Stephen Alan Bourque, docteur en histoire, qui, après 20 ans passés au sein de l’US Army, enseigne aujourd’hui dans la prestigieuse US Army Command and General Staff College. L’ouvrage compte 412 pages.

Ce livre est intitulé «Au-delà des plages» et vient d’être traduit par l’éditeur «Passés composés».

En 1944, les Alliés ont écrasé une partie de l’Europe avec 13 000 bombardiers, dont 5 146 bombardiers lourds. Entre janvier et août 1944, en seulement 6 mois, ils ont largué sur la France 452 919 tonnes de bombes.

Les bombardiers américains moyens, appartenant à la 9e et 15e forces américaines aériennes, avaient déjà largué en 1943 148 032 tonnes de bombes sur le territoire français, des bombes de tout calibre, de 125 kg jusqu’à la bombe dite «Tall Boy», de 5,5 tonnes, capable de détruire tout un quartier d’une ville.

Ces bombardements de bombes explosives étaient presque toujours complétés par une pluie de bombes incendiaires (13kg) visant à détruire le maximum d’habitations. Le bilan de ces bombardements pour la France est de 60 000 à 70 000 civils tués, en majorité des femmes et des enfants, alors que les dommages causés à l’occupant allemand furent militairement très faibles, les bombardiers étant très imprécis, surtout lorsqu’ils volaient au-dessus d’une épaisse couche nuageuse. Ils manquaient généralement leur cible, en raison aussi de renseignements erronés.

L’historien américain écrit (p.30) qu’au soir du 8 juin 1944, en une seule journée, 4000 civils français avaient été tués, des milliers d’autres blessés, des villes avec leurs monuments historiques, leurs églises notamment, avaient été détruites, ainsi que de très nombreuses habitations incendiées.

Quand on ajoute à ces tragédies les 55 000 soldats français morts au combat, les 2 millions de prisonniers entre les mains des Allemands, la fuite éperdue sur les routes de millions de personnes ne sachant où aller, on a une idée de la situation où se trouvait la France qui avait déclaré la guerre à l’Allemagne sans avoir les moyens militaires, mais surtout moraux et psychologiques, de la gagner. La ligne Maginot nous protégeait et, de toute façon, l’armée française était, disait-on, invincible. C’est ainsi que, le 14 juin 1940, les armées d’Adolf Hitler entraient dans Paris.

L’historien, qui a eu accès aux archives secrètes, cite le cas de plusieurs villes très atteintes, dont Lisieux, sanctuaire religieux. Un témoin blessé par un bombardement américain raconte (p.313) qu’une petite fille, gravement blessée dans les bras de sa maman, elle aussi blessée, lui a dit: «Maman, je suis blessée, je vais mourir mais, comme je suis petite, je vais devenir un ange …»

Stephen A. Bourque cite aussi le cas du Creusot, ville des usines Schneider qui au cours de la première guerre mondiale fabriquait des canons, surtout celui de 75, mais pendant la deuxième guerre mondiale, les usines Schneider fabriquaient surtout des locomotives. Les Alliés pensaient à tort qu’y était toujours fabriqué de l’armement – des tanks et des camions. Sur quels renseignements? Qui les a donnés?

Ceci n’empêcha pas que la ville soit bombardée une première fois le 17 octobre 1942 par 81 Lancaster qui larguèrent 140 tonnes de bombes sur les zones d’habitation des ouvriers et frappèrent durement un hôpital. 62 civils furent tués et 500 familles perdirent leurs maisons (p.136). Le bilan militaire de ce bombardement fut nul. Les Alliés donc recommencèrent le 20 juin 1943 avec, cette fois-ci, 290 appareils, des Sterling et des Halifax, qui tuèrent 270 civils et détruisirent 800 maisons. Une bombe explosa à 5 km de la cible. Les dégâts causés aux usines furent insignifiants.

On pourrait citer de nombreux cas analogues. À Caen, ville entièrement détruite, l’auteur cite le bombardement par les 323e et 391e Bomb Groups qui, visant entre autres objectifs un blindé, frappèrent une ambulance de la Croix-Rouge qui fut précipitée dans le fleuve. Plusieurs semaines après, on y trouva le corps du chauffeur, une jeune femme de 27 ans du nom de Theresa Herilier (p.299).

De ces massacres incessants, pendant plusieurs années, l’historien américain tire la conclusion avec honnêteté et objectivité. Constatant qu’à la fin de la guerre, la France avait été frappée par 21% de toutes les bombes américaines, contre 41% pour l’Allemagne, il souligne d’abord, chez les Alliés, l’absence de toute considération pour les aspects culturels et historiques mis en jeu dans l’entreprise de destruction (p.298). Le monde anglo-saxon est demeuré indifférent à l’ampleur et à la portée de la guerre que les Alliés menèrent en fait contre la France. Il ajoute (p.319) que les bombardements des villes traduisaient de la part des Américains et des Britanniques un rejet et une violation des lois de la guerre. Ils ont également ignoré la convention de La Haye, dans son article 24 notamment: «Le bombardement aérien est légitime uniquement quand il est dirigé contre un objectif militaire.»

C’est un sujet, poursuit-il, dont personne au sein des gouvernements britannique, américain et même français, ne veut discuter (p.332). On se résout à admettre que l’histoire est écrite par les vainqueurs et il faut en rester là.

La guerre en 1939 a été déclarée pour sauver la Pologne et lui assurer un régime de liberté et de démocratie. Pratiquement, ce fut le partage de la Pologne entre les tyrannies hitlérienne et stalinienne. Puis, l’Allemagne hors-jeu, la Pologne tout entière fut abandonnée à Staline, comme toute l’Europe de l’Est.

Pourquoi? Pour garantir les droits de l’homme, qui se concrétisèrent notamment par le massacre de Katyn, Kalinine et Kharkov en 1940, où, sur ordre exprès de Staline, 21857 officiers et notables polonais reçurent une balle dans la nuque ? Les Alliés n’acceptèrent de reconnaître le massacre qu’après Gorbatchev, qui affirma en 1990 que c’était bien là l’œuvre du camarade Staline, pour lequel Roosevelt, le champion universel des droits de l’homme, nourrissait la plus grande considération. On peut toutefois se consoler en sachant que Karl A. Spaatz, le commandant de l’United States Air Force en Europe, considérait que les bombardements stratégiques massifs étaient en mesure de mettre un terme à la guerre sans avoir à débarquer de troupes (p.72). Selon lui, il suffisait de raser l’Europe et le problème était résolu.

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Comments (15)

  • Serge Fouqueau Répondre

    J’ai appréciè l’article de LAMBERT CHRISTIAN pour avoir vécu les deux bombardements americains de la gare de trillage des Aubrais près d”Orléans. J’avais 15 ans.
    Les vagues de forteresses volantes mal dirigées ont déversé leurs bombes sur des zones pavillonnaires faisant mille morts au premier, et deux mille au deuxième.
    C’étaient nos amis libérateurs !

    3 juillet 2019 à 10 h 54 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      c’ est la technique américaine aussi lourde que du Millière ou que du Joslain … certains adorent

      8 juillet 2019 à 16 h 47 min
  • BRENUS Répondre

    Qui a dit “les états n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts” ? Je crois que c’était un américain et à ce titre il n’avait pas tord. A cette époque – et avec macrote actuellement c’est encore pire – ils nous méprisaient en quelque sorte.
    Ce que la France avait pu faire pour aider les “insurgents” a obtenir leur indépendance, c’est pinuts a leurs yeux : il suffit de voir un de leurs films “historiques” sur le sujet où l’on voit dans l’histoire un SEUL français avec les troupes américaines et un commentaire méprisants du genre “vers la fin , les français arrivent ENFIN” . Comprenez qu’ils ne font que courir au devant de la victoire acquise par les seules troupes insurgées, sans mettre un seul homme (horsmis le zozo décrit) ni un kopek dans l’affaire.
    Pourtant, comme je l’ai entendu de la part d’un aristocrate de vieille famille de Touraine (un autentique marquis s’il vous plait): ” les américains devraient éléver un monument à Louis XVI qui a ruiné le pays en leur faveur par les dépenses énormes sans contre-partie et a fini par le payer de sa tête d’une certaine façon”. Quelle aurait été la conclusion de la bataille décisive de Yortown, sans l’appui massif de “la Royale” qui a réduit la défense anglaise?. Les navires étaient en grande partie de chênes de Tronçais plantés sous Louis XIV par Colbert pour la future marine et ils ont assuré , alors qu’ un autre chêne de France offert par macrouille a été viré à la poubelle par trumpette récemment, comme une merde.
    Mais tout ce que ces cow-boys ont retenu c’est que les françaises sont des putes et l’ensemble de nos compatriotes des lâches et des crades. Aussi, je ne remercierai jamais assez la recommandation d’une monitrice qui nous surveillait, gamins, en 1944 dans une maison de de gosses à Nemours – où j’avais été évacué quelques mois grace aux bombardements anglais qui ont détruit même mon école, de nuit- juste après l’arrivée des GIs et avant que nous sortions des batiments : “ces gens viennent se battre chez nous et nous n’avons rien a leur offrir” Des quelques rangs de tomates que nous cultivions et dont nous prenions soin comme du caviar, elle nous recommanda de prendre les meilleures pour que nous puissions au moins les présenter. Ce fut fait et les GIs qui ne bouffaient que des conserves ont eu l’air d’apprécier cette maigre offrande, certains sortant même un orange en retour : pour des gamins de cette époque, c’était le graal. Au moins cette femme – fille d’un combattant de 14/18 – nous a appris à ne pas tendre seulement la main et à garder une estime de soit. Celle là, au moins, n’était pas une de ces filles françaises faciles hantant l’imaginaire yankee.
    Même si l’histoire dit “malheur aux vaincus”, ce n’est pas une raison pour se laisser insulter.
    (et c’est Brenus – un seul “n” qui vous le dit). Comme on dit au “27” : si vous avez des couilles, il faudra le montrer !

    27 juin 2019 à 17 h 50 min
    • Gérard Pierre Répondre

      Beau témoignage que celui de l’enfant que vous fûtes à cette époque.

      28 juin 2019 à 11 h 29 min
    • Bidtouille Répondre

      C’est ce que nous disions également au “13”

      1 juillet 2019 à 8 h 19 min
  • Alain de Chantérac Répondre

    Par contre , les usines Ford , en Allemagne, furent particulièrement bien épargnées par les bombardements…

    27 juin 2019 à 12 h 21 min
  • De Sorne Répondre

    Voila un ouvrage à offrir à mes amis américains fanas de leur histoire et admirateurs sans limite de Roosevelt !
    Toutefois il faut noter une publication remarquable et déjà ancienne des opérations de l’USAAF (l’ US Army Air Forces) qui, sans prendre parti et sans tirer conclusions, fait le compte de toutes les opération aériennes en Europe. “Combat Chrolology 1941-1945”. De K Carter et R Muller; Center for AirForce History 1974 et 1991.
    Le général Spaatz, avait bien lu l’Italien Douhet : il dératisait l’Europe.

    26 juin 2019 à 19 h 13 min
    • perrier Répondre

      vos amis americains sont des gauchistes. Les miens,du middle west, haïssent Roosevelt

      1 juillet 2019 à 9 h 21 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        ” vos amis américains sont des gauchistes ”

        vous devriez … relire ” votre ” De Sorne !

        8 juillet 2019 à 16 h 50 min
  • Gérard Pierre Répondre

    N’oublions pas, en lisant cet article, la vision rooseveltienne qu’avaient de la France les Américains, comme d’ailleurs les Britanniques, en 1944 !

    Pour eux, la France collaborait avec l’ennemi nazi. Pour eux, … qui lui avaient préféré Giraud, … de Gaulle n’avait aucune espèce de légitimité ! … Pour eux, le gouvernement légal de la France c’était celui de Pétain, ce qui, au regard du droit international d’alors, n’était pas dénué de fondement !

    Au fur et à mesure de leur avancée sur le sol français, les Américains et les Britanniques s’apprêtaient à installer l’AMGOT … (Allied Military Government of Occupied Territories) … c’est-à-dire un gouvernement militaire d’occupation constitué par des officiers américano-britanniques chargés d’administrer les territoires libérés.

    On comprend mieux, dès lors, leur manque de considération pour la population civile française, et plus encore pour son patrimoine culturel et architectural.

    Ils ne libéraient pas : …… ils « dératisaient, désinfectaient et enterraient. » ! …… ce qui préparait, sans le dire explicitement, une colonisation de peuplement à venir !

    Manifestement, avec son « caractère de cochon » proverbial, … et grâce à la popularité du général Leclerc au sein de l’État-major allié, … de Gaulle a fini par faire infléchir le projet !

    Il aura tout de même fallu attendre deux mois et demi après le débarquement !

    26 juin 2019 à 14 h 23 min
  • Jean Lebol (nom de plume) Répondre

    Cet article est très intéressant, mais ne fait que confirmer ce que nous savons tous. Les français n’étaient que des fourmis et le DDT ne sélectionne pas les gentils des méchants. Le bouclier humain n’était pas à la mode. Soyons heureux que la bombe nucléaire ne fut pas utilisée. L’être humain ne sera toujours qu’un dégât collatéral face aux Chefs de Guerre. Ne rendront compte, après guerre que les vaincus, responsables de tout. Ils seront exécutés pour faire diversion, dans un esprit de vengeance, et faire bonne figure en qualifiant cela de justice. Pour en revenir à cette guerre, heureusement le Général Charles de Gaulle a eu la vraie bravoure de mettre dehors de nos frontières, ces américains, nouveaux envahisseurs.

    26 juin 2019 à 10 h 50 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      sortis physiquement par la grand’porte, ils sont revenus par les fenêtres … économiques et ” culturelles ” !

      et Millière et Joslain n’ ont qu’ un rêve leur redonner les clefs

      à votre avis comment peut on appeler ces gens là, je veux parle des deux que je nomme ?

      29 juin 2019 à 10 h 26 min
      • Saint Ure Répondre

        Reconnaissons à Guy Millière ses analyses pertinentes sur l’état de la France et de l’Union Européenne.Quant à Évelyne Joslain il y a un parti pris certain,je crois qu’elle ne s’en cache pas.Il n’y a rien de condamnable à cela.Et puis personne n’est indispensable!

        Quoiqu’il en soit il faut garder son esprit critique.

        4 juillet 2019 à 14 h 10 min
        • quinctius cincinnatus Répondre

          pouvez vous me dire en quoi les analyses de Guy Millière sont pertinentes ?

          mais stipendiées certainement !

          8 juillet 2019 à 16 h 52 min
          • Saint Ure

            Je retourne votre question,stipendié par qui? ont peut être stipendié cela n’empêche en rien une justesse d’analyse.

            9 juillet 2019 à 11 h 37 min

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