médécalisation par voix de justice : un risque pour les libertés

médécalisation par voix de justice : un risque pour les libertés


Le gouvernement a choisi d’assumer les conséquences de son discours sur les crimes sexuels dans le projet de
loi présenté par Michel Alliot Marie, Ministre de la justice. Les criminels sexuels se verront notifiés, avant leur remise en liberté, l’obligation de suivre un traitement
inhibant de la libido (ou “castration chimique”).

Le médecin traitant sera engagé à vérifier que le patient, ex-criminel sexuel, suit bien le traitement prescrit. En cas de refus de suivi du traitement, la personne sera passible de la rétention
de sûreté.

On ne peut que se féliciter d’un durcissement des sanctions prévues pour les criminels sexuels. Néanmoins, on peut s’interroger sur la légitimité de  la voie suivie…

Ces mesures confirment donc une nouvelle vision du crime sexuel, lui conférant un statut médical avec une obligation de traitement. On assiste ainsi à un tournant majeur de la conception de la
justice dans lequel le traitement médical (à vie ?) succède à la peine en elle-même.

Il y a déjà un certain temps que la justice ne juge plus en termes stricts de punition par rapport aux crimes et délits commis, d’où les remises de peine et le scandale des victimes qui n’ont
plus impression que “justice est rendue”.

Mais cette médicalisation de la justice, au-delà de la psychiatrie, sur des comportements criminels, ouvre donc la voix à des “obligations de traitement” qui pourraient demain prendre une
tournure véritablement libertice : pour les fumeurs bien sûr, pour ceux qui boivent un peu trop d’alcool, pour les conducteurs qui roulent trop vite.
Ces sujets connaissent déjà une forte médiatisation, notamment les accidents de la route.
Les conséquences que l’on veut combattre sont bien réelles et dramatiques : cancers, longues maladies, accidents de la route, et les victimes sont aussi collatérales.

Il n’empêche que la criminalisation des conduites individuelles, “les délinquants de la route” dénoncés par le Président de la République et la médicalisation obligatoire par
voix de justice qui pourrait voir le jour dans les années qui viennent, sont hautement liberticides… et ne feront rien contre les vrais criminels endurcis (trafiquants de
drogues, proxénètes, maffieux…) qui poursuivront leurs activités.

PS : Parce que nous avons mauvais esprit, nous nous posons la question de savoir si les pédophiles avérés seront soumis aux mêmes obligations que les criminels sexuels, et ce, même si leurs actes
reconnus sont anciens… un sujet chaud en haut lieu !

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