Mettre en concurrence nos systèmes publics

Mettre en concurrence nos systèmes publics

D’Alain Dumait dans notre journal, Les 4 Vérités :

“Le «bouclier fiscal», contrairement à ce que son appellation donne à penser, n’est pas tant une arme mise à la disposition des riches pour se défendre des excès du fisc, mais le simple remboursement d’un trop-perçu, en application du fait qu’au-delà de 50% de prélèvements sur les revenus, il y a lieu de parler de spoliation fiscale. Car on sait bien que les très riches ont depuis longtemps quitté l’hexagone. Et l’on n’ignore pas qu’en Allemagne, ce plafond de 50% est d’ordre constitutionnel ! […]

On objectera qu’il est question, après l’amendement Piron signé par 117 députés UMP, de supprimer à la fois le bouclier et l’ISF. Mais à quoi cela rime-t-il si c’est pour remplacer ce sinistre attelage par un autre, comportant quatre mesures susceptibles, par la création d’une nouvelle tranche de l’impôt sur le revenu et la majoration de trois autres prélèvements, de faire en sorte que la confiscation soit strictement identique ? Car ce n’est pas tant l’ISF qui est absurde, que l’addition d’un impôt sur le revenu très progressif, de cotisations sociales décourageantes, d’impôts sur les plus-values décourageantes, avec en plus une taxation du capital, quand bien même celui-ci, pour se constituer, a déjà payé l’impôt!… […]

On répondra peut-être que l’ISF fait quand même rentrer 3 milliards d’euros dans les caisses de l’État. C’est ce qu’on voit. Mais il faut tenir compte aussi de ce que l’on ne voit pas : l’argent qui fuit, les entreprises découragées, les emplois et les richesses non créées… Il ne peut pas y avoir de réforme fiscale sans réformes profondes de la sphère publique. Le choix n’est pas entre l’augmentation des prélèvements ou la réduction des prestations de l’État-providence. Car il y a une troisième solution : la mise en concurrence de tout ou partie de nos systèmes publics qui, ainsi, en sortant du champ de la dépense publique, par l’application des règles de concurrence du marché, deviendraient les acteurs de leur propre transformation/modernisation. Il eût été possible d’introduire un peu de liberté et de concurrence dans le système de financement des retraites. En favorisant l’épargne individuelle et les fonds de pension. Il est possible de faire jouer la concurrence pour la gestion des hôpitaux. Pour les universités, les écoles… Il est parfaitement possible de laisser l’initiative privée gérer les ports. Comment tolérer que 40 grutiers paralysent à eux seuls le port pétrolier de Marseille et menacent d’asphyxier tout un pays ? […]”

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