Napoléon et le déclin français

Napoléon et le déclin français

Il est beaucoup question de Napoléon en ce moment, puisque le 5 mai était le jour du deux centième anniversaire de sa mort.

Et il est convenu, en France, de saluer le «génie» de l’homme, surtout à droite.

Napoléon Bonaparte a effectivement légué à la France le Code civil et de nombreux monuments parisiens, de l’Arc de Triomphe à l’église de la Madeleine, du palais Brongniart à la colonne Vendôme.

Il a créé les lycées, l’école de Saint-Cyr, les chambres de commerce, la Cour de Cassation, la Banque de France, le système préfectoral, la Légion d’honneur, le Sénat : des institutions qui continuent à structurer la France.

Des avenues parisiennes et la gare d’Austerlitz portent le nom de ses victoires et les boulevards extérieurs celui de ses maréchaux.

Il a, dit-on, évité le désastre au pays lorsque la Révolution a conduit celui-ci vers le chaos.

Il s’est donné les pleins pouvoirs par un coup d’État, a mis en place un régime autoritaire et s’est couronné lui-même empereur, et il est difficile de ne pas voir là, pour quiconque est attaché aux principes du droit et de la démocratie dans le cadre de l’état de droit, une dimension inacceptable et imprégnée de mégalomanie.

Il a mené des guerres offensives en Europe, et il sera vaincu par une coalition qui le conduira à abdiquer une première fois en 1814, puis une deuxième fois en 1815 et, si le nom de Waterloo est celui d’une défaite en France, il est celui d’une victoire au Royaume-Uni et dans d’autres pays d’Europe, où Napoléon n’est pas vraiment (voire pas du tout) considéré comme un héros.

Il est, chronologiquement, l’un des deux derniers personnages susceptibles d’incarner une forme de « grandeur de la France », et cette « grandeur », désormais conjuguée au temps passé, est la marque d’un déclin qui a en fait commencé bien plus tôt.

La France fut première puissance d’Europe sous Louis XIV, et, à ce moment, le déclin était déjà enclenché.

Le royaume de Grande-Bretagne était alors une monarchie parlementaire dans le cadre défini par la déclaration des droits de 1688, et connaissait un essor économique très net, basé sur le libre marché.

La France était, elle, une monarchie absolue et se trouvait économiquement dans le cadre rigide du colbertisme.

Au XVIIIe siècle le déclin s’est poursuivi, l’idée de règle du droit ne s’est pas implantée en France et, si les physiocrates, puis Turgot, ont tenté d’expliquer le libre marché, celui-ci ne s’est pas implanté non plus dans le pays.

La Grande-Bretagne avait connu une révolution en 1688.

D’où la monarchie parlementaire, la déclaration des droits et l’essor économique basé sur le libre marché. Et les principes inhérents à la révolution de 1688 seront au cœur de la révolution américaine, qui conduira à une république toujours en place aujourd’hui, à une déclaration des droits, et à un essor économique extraordinaire.

La France connaîtra sa révolution en 1789, cent un ans après la révolution britannique, treize ans après le déclenchement de la révolution américaine.

Et la Révolution française ne conduira ni à une monarchie parlementaire ni à une république stable. Elle verra rédiger une déclaration des droits légicentriste qui sera vite balayée par la Terreur et par une dérive sanglante.

Napoléon viendra au bout de la dérive.

Il n’aura que faire des principes du droit, et les institutions qu’il a léguées à la France ne sont pas les composants d’un état de droit.

Il mènera une fuite en avant qui le conduira vers l’échec. Il laissera une France exsangue, épuisée, appauvrie, dont le déclin se poursuivra, et qui ne cessera de changer de régime politique sans jamais être un état de droit, ni une société de libre marché.

Charles de Gaulle, arrivé au pouvoir par un coup d’État lui aussi, semblera incarner un redressement.

Il ne laissera lui-même ni un état de droit ni une économie de libre marché, mais une république bancale et une économie administrée.

Les Français sont tristes du déclin de la France.

Ce déclin est présent depuis plus de trois siècles et se poursuit.

Il a des causes profondes. Il n’est pas du tout certain qu’il s’interrompra, je le crains.

Je pense, avec tristesse, que ce déclin est inscrit dans la longue durée et que des engrenages difficiles à briser sont en marche.

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