Oui, il y a bien « décivilisation », mais à qui la faute ?

Oui, il y a bien « décivilisation », mais à qui la faute ?

Voici quelques jours, Emmanuel Macron, évoquant une infirmière assassinée à Reims et trois policiers renversés par un chauffard sous l’emprise de stupéfiants à Roubaix, a parlé de « décivilisation ».

Aussitôt s’est déclenchée l’une de ces tempêtes dans un verre d’eau dont la caste jacassante a le secret.

Il paraît que le président aurait tendu la main à « l’extrême droite » pour avoir repris un titre de l’écrivain Renaud Camus (naguère encarté au PS !).

Naturellement, c’est totalement idiot. Ce terme a aussi été utilisé par Hannah Arendt, philosophe juive allemande, et par bon nombre d’intellectuels allemands majeurs au XXe siècle. L’utiliser ne dit a priori rien d’idéologique.

Mais, surtout, cette tempête empêche de réfléchir à la réalité que désigne le chef de l’État.

Personnellement, je parle plus volontiers, à la suite de Marcel De Corte, de « dissociété » mais, manifestement, cette décivilisation désigne quelque chose d’approchant : une société qui devient si violente qu’elle en perd les caractéristiques mêmes d’une société.

Or, je veux bien que l’on conteste cette réalité, mais il faut peut-être apporter quelques arguments un peu plus solides que l’interdiction d’utiliser un mot naguère utilisé par un auteur « d’extrême droite ».

Pour ma part, je suis pour une fois d’accord avec Emmanuel Macron et j’observe moi aussi que la violence verbale et physique se répand dans la société à une vitesse inquiétante.

Mais peut-être les statistiques sont-elles aussi « d’extrême droite » ? Comme disait jadis Rousseau, commençons par écarter les faits (c’est effectivement le moyen le plus sûr de tout détruire en politique !).

Ce qui frappe, en tout cas, c’est que les contradicteurs du président ne se sont pas précipités pour apporter la preuve que tout allait bien dans notre société, que cette dernière était merveilleusement pacifique, et que les rapports humains y étaient d’une exquise délicatesse.

Le simple fait qu’ils se précipitent sur cette polémique artificielle est un aveu : ils sont incapables d’affirmer publiquement que la société française est apaisée, mais ils veulent interdire de dire le contraire !

Le plus regrettable, c’est que cette polémique empêche aussi de rechercher les causes de cette situation délétère.

Puisque l’on interdit de poser le diagnostic, a fortiori les causes du mal nous restent-elles inaccessibles.

Or, il n’est pas difficile de remarquer qu’Emmanuel Macron et les siens sont très largement responsables de cette « décivilisation » que dénonce le chef de l’État, dans une énième tentative de prestidigitation.

La société se délite sous l’effet conjoint de multiples attaques qui toutes découlent de décisions de l’oligarchie actuellement au pouvoir.

Après la Révolution, et plus encore après 1968, on a refusé de reconnaître la moindre autorité, comment s’étonner que cela entraîne des causes ? On s’est interdit de transmettre la culture française (celui qui s’inquiète de la « décivilisation » prétendait encore récemment que la culture française n’existait pas : comment quelque chose qui n’existe pas pourrait-il disparaître ?). On a fait venir par millions des personnes ignorant tout de nos coutumes et de nos lois. On a détruit méthodiquement la famille (limite naturelle au totalitarisme comme à l’individualisme).

De quelque côté que l’on se tourne, on constate que tout ce qui garantit la survie d’une civilisation a été détruit.

Alors, oui, il y a bel et bien « décivilisation », mais à qui la faute ? Et comment espérer résoudre un problème dont on aggrave les causes chaque jour ?

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