Pour Nicolas Sarkozy, la présidence de l’UMP serait un tremplin vers la présidence de la République

Pour Nicolas Sarkozy, la présidence de l’UMP serait un tremplin vers la présidence de la République

Jacques Chirac n’a jamais exclu de se représenter dans trois ans, une nouvelle fois, à l’élection présidentielle. Mais, selon un sondage BVA publié en décembre 2003, 66 % des Français ne le souhaitaient pas et encore 50 % (contre 47 % d’un avis contraire) parmi les seuls sympathisants de droite. Depuis lors, sa cote a dû sensiblement baisser…

Il avait deux fers au feu. Soit se représenter lui-même. Soit mettre en piste pour lui succéder son poulain Alain Juppé. Mais celui-ci est très mal en point à la suite du jugement accablant des juges du Tribunal correctionnel de Nanterre, dont il ne peut faire appel efficacement qu’en s’éloignant au moins partiellement, même si c’est aussi provisoirement, du devant de la scène politique.

Pour faire barrage aux ambitions du maire de Neuilly, qui n’aura que 52 ans en 2007, le Chef de l’État a évidemment pensé à son Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Mais ce dernier est également mal placé dans les sondages. Seule une nette embellie économique pourrait le remettre en selle. En attendant, une majorité d’électeurs dit ne pas lui faire confiance, notamment sur le sujet politiquement très sensible de l’emploi.

Seul Nicolas Sarkozy échappe, apparemment, à cette déconsidération générale dont les politiciens français semblent atteints, d’ailleurs aussi bien à droite qu’à gauche (les Français ne veulent plus voir revenir Lionel Jospin et les Lillois ne veulent plus réélire Martine Aubry, d’après les derniers sondages…).

Comme une candidature à l’élection présidentielle ne peut pas s’improviser, ni même être révélée quelques mois avant l’échéance – comme c’est le cas aux États-Unis où l’on pratique le système des « primaires » – on peut considérer d’ores et déjà que Nicolas Sarkozy est le meilleur espoir de la droite parlementaire. Et sans doute le seul.

C’est désormais une candidature virtuelle à l’élection présidentielle de 2007 que gère Nicolas Sarkozy, omniprésent ministre de l’Intérieur, mais surtout nettement détaché en tête de tous les sondages évoquant cette échéance majeure de la vie politique française.

Jacques Chirac et ses fidèles, pour l’instant, s’opposent bec et ongles à cette perspective. Ils ne s’en cachent pas. Ils le font même avec brutalité. Comme cela vient d’être révélé par la façon dont les amis du ministre de l’Intérieur, ou soi-disant tels, ont été systématiquement éliminés de la composition des listes des candidats aux élections régionales à Paris, où les places éligibles ont été réservées à des fidèles obéissants ou à des apparatchiks pur sucre.

Avec cette manœuvre, les responsables de l’UMP – et il est apparu à cette occasion qu’ils étaient deux, Alain Juppé et Jérôme Monod, lequel est très fier d’avoir la carte d’adhérent n° 1 au parti… – ont voulu clairement émettre un signal TSS (tout-sauf-Sarkozy) qui a été immédiatement reçu cinq sur cinq par les élus et les cadres du parti. Mais ils ont aussi, en même temps, pris le risque que ce signal soit également reçu par l’opinion, et probablement de façon négative.

La désignation des candidats des formations politiques aux différentes compétitions électorales auxquelles il est dans leur nature de concourir est d’ailleurs une question récurrente et fondamentale pour le bon fonctionnement d’un régime démocratique quel qu’il soit. D’une façon ou d’une autre, il faut qu’il y ait de la concurrence en interne, qu’un choix soit offert, et que la compétition entre tel et tel candidat soit tranchée, soit par les militants eux-mêmes, soit, comme aux États-Unis, pour certaines élections, par tout ou partie du corps électoral (ce sont les fameuses « primaires »). Bien sûr, il est inconcevable que l’appareil et les dirigeants des partis soient totalement exclus de ce processus. Mais, en tout cas, pour être « démocratique », la désignation des candidats ne peut pas résulter purement et simplement du bon vouloir du chef bien aimé.

Il y a évidemment un lien entre le mode de désignation des candidats par les formations politiques et le mode de gouvernement de celles-ci quand elles sont au pouvoir. D’abord, parce qu’un candidat dont la désignation résulte uniquement, au départ, de l’appareil de son parti, devra toujours plus à celui-ci qu’à ses électeurs. Ensuite, parce que la même culture qui a présidé à la désignation des candidats présidera certainement à la façon de gouverner. Un démocrate obéit au peuple. Prétendre le gouverner est de l’ordre de la tyrannie…

Nicolas Sarkozy sait, mieux que personne, à quoi s’en tenir sur le fonctionnement démocratique de l’UMP. Mais, les rédacteurs des statuts de celle-ci, pour donner l’apparence de la démocratie, ont cru devoir inscrire la règle de l’élection du Président par l’ensemble des adhérents du mouvement. S’ils étaient consultés aujourd’hui, pour sauver les meubles, ils voteraient pour Sarko.

Que celui-ci arrache en novembre prochain la présidence de l’UMP à Alain Juppé serait évidemment un tournant majeur dans la vie politique française.

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Comments (7)

  • olac Répondre

    Réponse à tous, Finalement je pense qu’il faut que notre pauvre France éclate au plus vite,si nous attendons trop, nous serons tellement embourbé que seule une révolution (et ce n’est pas à souhaiter) nous permettra de sortir du gouffre et de rester Français!… Et pour un éclatement rapide, NS sera le meilleur. Elisons donc notre petit Nicolas et nous éviterons la révolution. Le jour de l’éclatement, un bon conseil, il ne faudra pas avoir peur de virer une bonne partie de nos Médias désinformateurs. DE GAULLE avait bien raison quand il a dit “les Français sont tous des veaux”

    5 mars 2004 à 0 h 57 min
  • Gino Répondre

    Réponse à Shannon. Mon intervention n’avait pas pour finalité de rendre M. Sarkozy plus sympathique (rire). Pour tenter d’être plus explicite, je reconnais à NS une réelle efficacité dans certains domaines. Par exemple dans le domaine de la sécurité routière, même si les mesures n’étaient pas forcément difficiles à prendre, je lui suis reconnaissant de les avoir prises et d’avoir agit vite et fort bien dans l’ensemble. Mais, à coté de celà, je trouve qu’il est affublé de défauts ou d’insuffisances majeurs que l’avenir révèlera de plus en plus. Ceci m’empeche de voir en lui un grand personnage politique et à fortiori le sauveur providentiel espéré par bien des français. Je ne suis absolument pas surpris des obstacles qu’il rencontre, à commencer dans son propre camp ainsi que le relate l’article de M. Dumait. Et je crois que la jalousie mordante de certains rivaux n’est pas seule en cause.

    3 mars 2004 à 7 h 00 min
  • shannon Répondre

    A Gino : apres lecture de votre intervention j’apprecie encore plus NS !… parce que personne n’est parfait et que c’est toujours tellement plus facile de critiquer ceux qui font quelquechose.

    27 février 2004 à 18 h 37 min
  • Gino Répondre

    M. Dumait, une fois n’est pas coutûme, je ne suis pas de votre avis. Je suis meme en total désaccord avec votre point de vue. Au contraire, je souscrit à ceux qui disent : “tout mais pas Sarkozy”. Certes NS est dynamique, efficace et il peut se targuer d’une très bonne répartie. Mais il faut savoir juger suivant les circonstances. Je vous trouve profondément injuste à l’égard de ses collègues. Sarkozy dispose du ministère le plus facile du moment. Par exemple, installer 400 radars et sauver ainsi 20 vies chaque jour, c’est à la portée de n’importe qui; … sauf des ministres de gauche qui l’ont précédé parce que pour eux tout était rendu impossible par Jospin et Guigou ! Après tout ce que la gauche jospinienne n’a pas su ou n’a pas voulu faire, le ministre de l’Intérieur suivant n’a aucune difficulté à etre efficace et populaire. Dans ces conditions, il est normal que ses collègues ainsi que Rafarin qui héritent de postes ministériels épineux ne veuillent pas le considérer comme le plus doué de sa classe. Là où il est indiscutablement le premier c’est pour bruler la politesse à ses confrères. Combien de fois n’a-t’il pris position en lieu et place des autres, notamment du garde des sceaux ? Quand il a nommé le préfet issu de l’immigration, il a donné son avis en court-circuitant le Président de la République auquel il revient de nommer les préfets. NS est en fait excellent sur le court terme et sur les situations faciles. Mais j’ai l’impression qu’il se ramassera sur n’importe quelle situation difficile ou de société. Je ne le juge pas sur ses plantages à propos de la Corse, le dossier étant ingérable. Par contre, son annonce de discrimination positive fait désordre; ça rappelle la parité de Jospin. Sa comptabilisation puérile des résultats policiers, la mise-à-pied avant toute réflexion des responsables du commissariat de Bayonne après une évasion, la non sanctionnée d’un responsable régional de la Police qui a exigé un cota de gardes-à-vues, tout cela montre que sur les grandes décisions cet homme est peu fiable, et peu garant de la paie sociale. Sur le plan politique, il est favorable à l’accentuation de la politique d’intégration. Or, les français ont donné plus qu’assez et sont irrités qu’on leur ait reproché exactement le contraire. L’heure n’est plus à ce genre d’initiatives, mais au contraire à se préoccuper des VRAIS français, quitte à inverser les flux migratoires. Celà mettra la paix sociale en danger mais elle le sera de toutes façons aussi dans le cas contraire. Sur le plan de sa personnalité, NS ne résiste pas non plus à un examen tant soit peu approfondi. On ne peut oublier la desastreuse histoire de l’école de Neuilly où il a joué les héros du jour en ne faisant pas la différence entre un assassin d’enfants et un malheureux atteint de dépression. (Evidemment, il faut s’y trouver et j’approuve que l’on donne une priorité absolue au sauvetage des otages. Mais je m’insurge contre un triomphalisme à postériori de mauvais aloi, dont a fait preuve NS). En dernier lieu, je suis frappé par un détail à chaque débat télévisé où NS se produit : chaque fois qu’il donne un peu de la voix face à un interlocuteur, il se tourne vers l’inévitable Cécilia comme un mome de 5 ans vers sa mère, pour voir l’effet produit. Dynamique et séduisant certes mais pulsatile, immature, arriviste, partageant le complexe de l’immigré revanchard, traitant ou baclant tout dans l’urgence en se disant que l’heure de son grand destin a sonné, tel est à mes yeux Nicolas Sarkozy.

    25 février 2004 à 15 h 50 min
  • Pierre Répondre

    Alain, Il y surement une lutte des places a L’UMP mais sur le fonds des idees, Monsieur Sarkosy est sur la meme longeur d’ondes que Messieurs Chirac, Raffarin, Juppe, Cope, Muselier, etc. Ceux-ci ne s’activent’ils pas tous, par exemple, pour la poursuite de l’immigration invasion, de la contruction de mosquees dans de nombreuses villes, de la discrimination “positive” en faveur des immigres, etc. Amities

    22 février 2004 à 1 h 59 min
  • Catherine Répondre

    Le cas Le Pen!!!!!!!!!! Je ne sais pas pourquoi mais on n’a pas le droit de prononcer ce nom! Si vous en parlez vous en etes!!!!!!! Je suis d’accord avec l’article de Guy Milliere il y a des fois ou l’on souhaite la victoire “virtuelle” de Le Pen juste pour ruer dans les branquarts…….mais chut!!! Ca ne se dit pas ca se pense tres fort…..Nous risquons de passer pour des fashistes que nous ne sommes ABSOLUMENT PAS! A quand les memes principes pour l’extreme gauche! Quand raseront ils les murs, quand fermeront ils leur grand clapier??? Bref vu d’ici (l’Amerique!) j’attends ces elections avec une certaine impatience pour savoir ce qui va sortir de la la pochette surprise politique. Bon courage pour l’apres election a vous francais qui resistez.

    21 février 2004 à 21 h 30 min
  • eric dugas Répondre

    et alors, est ce que ca changerait quelque chose a la vie politique francaise, sachant que sarkosy fait quand meme partie du gouvernement et qu’il cautionne tout ce qui est fait. Sarkosy n’est interesse que par une chose, comme tous les autres d’ailleurs, c’est le fauteuil de president. Mais pour en faire quoi ????

    21 février 2004 à 21 h 20 min

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