Pour une vraie démocratie

Pour une vraie démocratie

Les politiciens pensent pouvoir changer le monde, ou plutôt, veulent le faire croire. Sous le regard désabusé des citoyens, ils s’agitent, lancent des annonces péremptoires, votent des lois (souvent jamais appliquées), se réunissent des nuits entières pour « arracher » un accord, se rendent en grande pompe sur les lieux du moindre incident… Bref, ils occupent l’espace médiatique.

Les Français ne voient qu’une chose : leur sort a tendance à se détériorer. Ils écoutent les promesses, mais n’y croient plus et constatent que, finalement, droite et gauche mènent, derrière un langage différencié, la mê­me politique, à quelques mesures symboliques près.

Ils observent un train de vie de l’État, largement décalé par rapport au leur, sont abreuvés de faits de corruption et finissent par juger les responsables comme « tous pourris ».

La dégradation de notre démocratie provient-elle de la mauvaise qualité de la classe politique ? A priori non, puisqu’elle est globalement composée de gens intelligents, en général dévoués au bien public, et conscients de leurs responsabilités, mais les conditions actuelles de l’exercice du pouvoir précipitent une telle évolution.

Le vice originel réside dans la notion de classe : les politiciens sont devenus des professionnels qui espèrent faire carrière, ce qui les entraîne dans les compromissions des appareils partisans.

Ils recherchent la popularité, ce qui les conduit à l’électoralisme et à la démagogie. Et le rythme effréné des élections, quasiment annuel, renforce cette paralysie.

L’omniprésence des médias incite les responsables à travestir la réalité derrière des propos lénifiants. L’emprise des idéologies et le système majoritaire à deux tours favorisent la coupure du paysage électoral en deux blocs principaux assez équilibrés, encourageant ainsi les candidats à écouter les minorités pour gagner les quelques voix marginales nécessaires à la victoire, au détriment de l’intérêt de la masse des citoyens.

La formation des futurs dirigeants, leur cursus dans l’administration ou les grandes entreprises, l’organisation de l’État en strates verticales, façonnent une vision hiérarchique et pyramidale de l’exercice du pouvoir, alors que la société fonctionne en multiples réseaux et cultive l’autonomie individuelle.

Le logiciel des politiques est périmé. Ils sont déconnectés du peuple et de ses aspirations. L’action politique est, en outre, bridée par les organisations supranationales.

La démocratie est-elle condamnée ? Le système représentatif de la Grèce antique, qui fonctionnait au profit d’un nombre limité de citoyens, ne répond plus au besoin participatif des millions d’électeurs d’une société ouverte.

Mais la démocratie étant le moins mauvais des systèmes, il convient de la conserver en adaptant nos institutions pour corriger les dérives.

La politique n’est pas un métier, mais un engagement pour le bien commun fondé sur des convictions et de la détermination. Il n’est pas nécessaire, et de toute façon impossible, d’être un spécialiste de tous les sujets pour décider.

Il n’est pas question de refaire ici une nouvelle constitution, mais seulement de présenter des pistes de réflexion.

Lutter contre la professionnalisation par des mandats non renouvelables, mais plus longs, à chaque niveau. Modifier le mode de scrutin, d’une part pour que toutes les opinions soient représentées, d’autre part pour créer une dynamique du compromis de gouvernement et donc apaiser le débat politique.

Réformer l’État en concentrant l’échelon central sur les grandes missions régaliennes et en rapprochant l’administration du citoyen par une vraie décentralisation vers deux autres échelons au maximum, dont la commune.

Rechercher la participation des citoyens par de vrais référendums d’initiative populaire au lieu de la mascarade actuelle.

Restaurer la con­fiance populaire en réduisant drastiquement le train de vie de l’État avec moins d’élus, une stricte sobriété dans le fonctionnement des instances gouvernementales et représentatives, ainsi que des partis, une sévérité absolue contre les faits de corruption.

Il ne faut pas attendre que la classe politique réforme un système dont elle profite. À part la révolution, qui pourrait venir si rien n’est fait, seule une intense action de lobbying populaire menaçant les élus de boycott pourrait conduire à mettre en œuvre l’article 11 de la constitution sur le référendum d’initiative partagée pour refonder notre démocratie.

On a bien le droit de rêver !

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Comments (21)

  • BRENUS Répondre

    Vas y JOJO, achetes le. Le parti te le remboursera. As usual!

    9 octobre 2015 à 7 h 21 min
  • Jaures Répondre

    On pourrait discuter de certains points mais il faut tordre le cou au fantasme du référendum.
    Un référendum n’est qu’un sondage à un moment donné. Si on veut qu’il soit l’expression ultime du peuple, il faut donner au référendum un caractère définitif. On a vu avec l’Irlande où un référendum a rejeté la constitution européenne pour qu’un autre l’adopte finalement quelques mois plus tard.
    Si on peut faire un référendum tous les 6 mois, on arrivera toujours à ses fins.
    Par contre, peut-on admettre qu’une loi adoptée par référendum soit définitive ? Ce serait envisageable si le peuple était figé dans le même contexte mais la somme des référendums finirait par lier les générations futures aux décisions d’un autre temps.
    Imagine-t-on si un référendum avait interdit le vote des femmes ou le divorce ?
    Donc, une loi votée par référendum et qui peut être abrogée par un autre n’a pas plus d’intérêt qu’une loi votée par voie parlementaire et est en outre lourde à organiser et surtout privée du débat autour d’amendements.
    Mais une loi adoptée par référendum à laquelle on donnerait un caractère définitif serait absurde.
    Donc, le référendum, peut-être mais uniquement sur des points constitutionnels touchant l’ensemble du peuple.

    8 octobre 2015 à 18 h 15 min
  • vozuti Répondre

    Un troupeau de moutons choisit toujours d’aller là où le chien lui demande d’aller.
    Dans une démocratie le chien aboie moins fort que dans une dictature mais il est encore plus persuasif.
    Nos dirigeants umps sont complétement pourris,c’est une évidence pour tout le monde,mais le peuple choisira toujours de voter pour eux parce que c’est la télé (le chien) qui décide.

    8 octobre 2015 à 14 h 03 min
    • Rosenberg Répondre

      Oui la Télé choisissait le gagnant, mais Chazal l’auto-censureuse NOUS a quitté ! Reste Paul Amar – d’ailleurs n’est-il pas du cirque du même nom ?

      10 octobre 2015 à 21 h 23 min
  • Blumkovitch Répondre

    Démocrassie ? mieux vaut un despote éclairé !

    8 octobre 2015 à 3 h 26 min
    • Jaures Répondre

      Un despote s’estime toujours éclairé.
      Et si vous vous rendez compte qu’il ne l’est pas, vous ne pouvez pas simplement attendre la fin du mandat: c’est trop tard et, généralement, ça finit mal.

      8 octobre 2015 à 18 h 17 min
      • Seppidalsace Répondre

        JoJo Mais non si le despote est mal éclairé, et qu’il nous refuse une lampe de poche, on lefusillera à l’eau chaude – basta

        8 octobre 2015 à 19 h 22 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    Du fichage, façon STASI , en Démocratie, façon République … Hollandaise :

    Madame Najat Vallaud-Belkacem a demandé aux principaux des collèges de bien vouloir ” cataloguer ” leurs professeurs pour ce qui concerne leur prise de position sur la réforme du collège :

    – premier groupe : ” opposants, rebelles *, hostiles, irréductibles ”

    * rebelles ? on envoie l’ OTAN ?

    – deuxième groupe : ” attentistes, passifs, indifférents, indécis ”

    façon 40/44

    – troisième groupe : ” progressistes *, proactifs **, avocats, relais ”

    * il faut évidemment être ” progressif ” à la @ Jaurès pour aimer une pareille tambouille intellectuelle

    ** proactifs , comme les … yaourts ?

    7 octobre 2015 à 15 h 17 min
    • Rosenberg Répondre

      Cincinnatus ” mais Jaurès est un guignol, un farceur !

      10 octobre 2015 à 21 h 26 min
  • Rosenberg Répondre

    Wie kommt Kuhscheisse auf’s Dach ? Aus den Schwantz geschissen, auf das geschmissen, Guiguiridä

    7 octobre 2015 à 12 h 45 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    qu’ est ce que la ” démocratie ” ? Une manipulation douce et habile !

    7 octobre 2015 à 9 h 30 min
  • betsynette Répondre

    Il serait temps de redonner la parole aux peuples, quand certaines lois doivent passer, le référendum empêcherait ces politiciens malsains d’aller trop loin et de vivre comme des princes et comme certains de parler de pauvreté avec des trémolos dans la voix alors qu’il n’en a rien à ….foutre….d’ailleurs c’est la première fois qu’un gouvernement en plus socialiste???? de nom,,,,se permet de voler les vieux et les enfants et prépare le grand remplacement après avoir prêté allégeance aux musulmants.

    7 octobre 2015 à 8 h 35 min
    • Rosenberg Répondre

      Alors une démocraties comme celle sous De Gaulle qui a fait fusiller des Officiers et sous-officiers fièles à “Je vous ai compris”
      Et le massacre de la Rue d’Isly, et celui des Harkis!

      7 octobre 2015 à 15 h 15 min
  • DESOYER Répondre

    Dire que la dégradation de la situation (depuis 40 ans, tout de même, ndlr) ne vient pas de la mauvaise qualité des politiciens, c’est vraiment regarder la politique par le petit bout de la lorgnette et, pour tout dire, ne rien y connaître. Propser des “remèdes” qui infestent les programmes des partis politiques depuis 40 ans, c’est ce fiche de la g… des gens.
    Moi qui les ai vus de près, je peux vous le dire: ils sont de mauvaise qualité. Et je ne trancherai pas le problème de la poule et de l’oeuf: est-ce de mauvais politiques qui engendrent de mauvaises institutions et de mauvaises politiques ou l’inverse, peu importe. Encore que je penche de loin pour la première solution.
    C’est même la base de mon livre “Economie ou socialisme: il faut choisir”.
    Quand les hommes et femmes de qualité se réuniront, ils donneront à coup sûr à leur pays les bonnes institutions et mèneront les bonnes politiques.

    6 octobre 2015 à 18 h 30 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      je vais finir par acheter votre livre , car comme le prêtre le dit d’ une voix forte dans les églises catholiques lors de la Sainte Messe :

      ” maintenant levez vous pour écouter la parole de Dieu ”

      quel est l’ éditeur ? mais auparavant je vais racheter *** ” Les décombres ” de Lucien Rebatet qui vient d’ être réédité essentiellement pour faire bisquer mon libraire ” adepte ” de la sociologie soixantehuitarde !

      *** on ne m’ a jamais rendu mon édition Denoël

      7 octobre 2015 à 9 h 37 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        la Parole avec un grand ” P ” !

        7 octobre 2015 à 9 h 38 min
      • Jaures Répondre

        Je propose qu’on l’achète tous à condition qu’il cesse de nous en parler.

        8 octobre 2015 à 18 h 19 min
        • quinctius cincinnatus Répondre

          parlez nous du recueil de poésies de votre cousin édité à compte d’ auteur ; combien d’ exemplaires vendus ?

          11 octobre 2015 à 18 h 28 min
      • DE SOYER Répondre

        Merci Quinctius de vous lever pour “écouter la parole de Dieu”, encore que, ne vous en faites pas, je ne sois pas Dieu, mais seulement quelqu’un qui cogite et agit depuis plus de 30 ans. Le génie, vous savez, c’est 1% d’inspiration et 99% de transpiration.
        Enfin, je salue votre “conversion”. Vous verrez, quand on découvre un monde nouveau, on peut éprouver des sensations fortes, ,mais se laisser porter par moments, même transporter, cela peut faire du bien.
        L’éditeur c’est Godefroy de Bouillon,, un éditeur bien à droite, il est vrai.
        Quant à Jojo, il aura le service après vente, qu’il le lise ou non.
        Salutation au valeureux Romain (de la part d’un ancien latiniste)!

        10 octobre 2015 à 20 h 15 min
      • DE SOYER Répondre

        J’oubliais: j’ai un petit point en commun avec vous: j’ai chez moi un livre de Lucien Rebatet, mais d

        10 octobre 2015 à 20 h 23 min
      • DE SOYER Répondre

        je termine: mais dans le domaine culturel “Une histoire de la musique”. Fabuleux!

        10 octobre 2015 à 20 h 25 min

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