Présidentielles : le trop-plein de candidats

Présidentielles : le trop-plein de candidats

Alors qu’il venait de quitter la tête de l’État, le général De Gaulle avait été interrogé par un journaliste qui craignait qu’un vide politique ne s’installe après son départ. « Un vide ? avait-il répondu. Ce sera plutôt le trop-plein ! »

Cette réponse, à la fois lucide et amère, s’est non seulement appliquée à la présidentielle de 1969, mais elle est constamment actualisée à chaque nouveau scrutin présidentiel. Celui qui se déroulera l’année prochaine ne dérogera pas à la règle.

L’« Est républicain » en donne une liste. On en tire le tableau que voici :

Chez les républicains, qui organisent une primaire, pas moins de quatre candidats majeurs, déclarés ou à l’affût, sont sur les rangs, à savoir Sarkozy, Juppé, Fillon, Le Maire, flanqués de jeunes (ou moins jeunes) loups comme Copé, Kosciuko-Morizet, Morano, Mariton, Myard ou Lefèvre…

Dernière en date des candidatures annoncées, celle de Rama Yadé. Dans le camp de la droite souverainiste, on aperçoit Nicolas Dupont-Aignan, bien seul.

À gauche, rien n’est fait. On imagine mal que le néfaste Hollande ne se représente pas, malgré une primaire à laquelle il tente d’échapper. On trouve sur ses talons Martine Aubry, malgré les 35 heures, Ségolène Ro­yal, Arnaud Montebourg, Jean-Michel Baylet et Manuel (Bru­tus ?) Valls.

La gauche de la gauche est présente avec Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou (NPA), Nathalie Arthaud (LO) et Bastien Faudot (MRC chevènementiste).

Ce n’est pas le mépris qui m’interdit de citer les autres candidats qui tentent de rassembler les précieux parrainages, c’est l’improbabilité de leur succès, même si l’un d’entre eux, Jac­ques Cheminade, qui avait franchi l’obstacle des 500 signatures en 2012, parviendra peut-être à rééditer l’exploit.

Marine Le Pen, quasiment assurée d’être finaliste, constitue une exception notable à ce grouillement d’ambitions, car, au FN, les choses sont claires : c’est elle, et elle seule !
Faisons le total : 22 ou 23 candidats. Bigre !

Que penser de cette pléthore ? D’abord que nous autres, électeurs de base, devrons évaluer l’ensemble et nous garder de confondre passion et raison.

Pas facile et, une fois de plus, nous serons peut-être amenés à éliminer plutôt qu’à choisir.
Pour guider nos choix, il nous faudra examiner trois critères qui semblent émerger : la compétence, l’argent, et les arrangements du second tour.

Gouverner un pays comme la France n’a jamais été une chose aisée, mais les perspectives qui s’ouvriront en 2017 à l’élu final sont peut-être plus redoutables que jamais. Il lui faudra affronter trois problèmes majeurs : l’invasion islamique, la dette et le chômage, auxquels viendront s’ajouter plusieurs nécessaires et difficiles réformes : celle de l’administration, de l’école, des retraites, celle aussi du fonctionnement de l’UE, avec, en prime, l’épine dans le talon qu’est le syndicalisme politisé qui bloquera toutes les tentatives de réforme.

Bon courage, Monsieur le nouveau Président !

L’argent est une question très délicate, mais très importante, sur laquelle la discrétion de tous nos champions est totale.

Les frais de campagne sont très élevés : il faut prévoir beaucoup de déplacements, imprimer for­ce tracts et affiches, louer des salles, rétribuer des collaborateurs pour les tâches que les militants bénévoles ne remplissent pas. Ceux qui obtiendront 5 % des suffrages seront un peu défrayés par le contribuable, mais la facture finale restera bien lourde. Or, aucun de ceux qui briguent le fauteuil présidentiel ne dispose, comme Do­nald Trump aux USA, d’une fortune personnelle. Le recours à des emprunts bancaires ou l’appel à des soutiens financiers privés est indispensable.

Les sponsors généreux existent, mais rares sont ceux qui se montrent désintéressés. Ils attendent un retour d’investissement, sous une forme ou une autre. Hollan­de aurait-il légalisé le mariage pour tous, si M. Bergé n’avait pas fait de lui son obligé ?

Pour l’homme qui sera face à qui vous savez au second tour, avec l’ambition de rééditer le coup que Chirac avait si bien réussi en 2002, la situation sera délicate. Pour réaliser « l’union sacrée », il lui faudra négocier et, qui dit négociations, doit ad­mettre compromissions.

La virginité de son programme en prendra un sérieux coup et son équipe ministérielle s’alourdira de quelques portefeuilles de « courtoisie ». Il en résultera qu’à peine élu, il sera déjà le débiteur de beaucoup et non l’homme libre qu’il faudrait à la France. C’est terrible !

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Comments (2)

  • DESOYER Répondre

    Sur la pléthore de candidats à l’ex-UMP, je vous renvoie à mon livre “Economie ou socialisme: il faut choisir”. 20 candidats mauvais ou médiocres ne font pas un bon candidat.
    Quant à MLP, je vous renvoie aussi à mon livre: c’est une candidate très insuffisante!

    3 mai 2016 à 14 h 06 min
    • Michel ANDRE Répondre

      Ce n’est pas après avoir quitté l’Elysée que le Général de Gaulle a eu cette formule (que vous reproduisez d’ailleurs de manière erronée).
      C’est lors d’une conférence de presse en 1962 (il est encore resté 7 ans au pouvoir) alors qu’on l’interrogeait sur l’élection du Président de la République au suffrage universel.
      La phrase exacte est ” ce qui est à redouter, à mon sens, après l’événement dont je parle*, ce n’est pas le vide politique; c’est plutôt le trop-plein”.
      * L’événement en question auquel il venait de faire allusion était “après que de Gaulle aura disparu”.

      Votre imprécision n’a d’égale que votre mauvaise estimation des choses quand vous parlez d’invasion islamique.
      Cela fait 40 ans que j’entends que “d’ici 10 ans, nous serons envahis”.

      11 février 2017 à 13 h 13 min

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