PS : la gauche revient… aux vieilles lunes !

PS : la gauche revient… aux vieilles lunes !

Le nouveau virage à gauche du PS n’échappe à
personne, cela promet encore une belle régression économique s’il gagne en 2012 !

« Voracité et tyrannie » de la finance, « explosion des inégalités » et
« déficit de régulation »... Les conclusions de la convention nationale du PS sur un « nouveau modèle économique, social et écologique », que présente Pierre Moscovici, mardi 20 avril, marquent un retour aux « fondamentaux » du PS. Ce texte, qui sera présenté aux militants
à la fin mai, doit servir de socle aux négociations avec les Verts et les autres alliés du PS.

   Selon le document de 23 pages qui résume les travaux de cette convention, et dont des
exemplaires circulent depuis lundi
sur la Toile
, les socialistes semblent vouloir refermer la parenthèse sociale-libérale ouverte depuis les années 1990 et retrouver un discours plus régulationniste. Le document évoque
d’ailleurs « la fin d’une époque » et celle « d’un modèle ».

« Nous avons une nouvelle civilisation à inventer« , qui « passe par le retour du politique », assure
le PS, pour qui la gauche est la seule à même de faire face en proposant « une vision alternative ». Le PS reconnaît d’ailleurs
au passage que « par le passé » elle n’a pas toujours su « engager le
changement profond de modèle de société qui était nécessaire ».
Aujourd’hui, lit-on dans ce texte, les socialistes doivent incarner des valeurs nouvelles : « Egalité, justice, progrès social, écologie, régulation… »

Ce « nouveau modèle » doit s’incarner dans plusieurs changements, listés dans le résumé. D’abord
« la priorité au long terme », déjà mise en avant par Martine Aubry dans sa tribune au Monde la semaine dernière. Elle consiste à « consacrer davantage de ressources aux activités qui préparent l’avenir » (éducation, recherche…), à « encourager la mutation écologique » et à « ne pas laisser le financement de
l’économie au seul marché ».

Ensuite le PS propose de revenir sur « la captation
des richesses par une minorité »
à l’aide de la fiscalité et de la régulation, pour « répartir autrement les richesses entre
capital et travail »
. Deux termes absents des discours socialistes depuis quelques années. Autre notion nouvelle, celle du « bien-être plutôt que le tout avoir », qui veut rompre avec une logique productiviste.

Le document consacre également un long chapitre à la notion anglo-saxonne de « care » portée par Martine Aubry à travers la « société du bien-être »,
grâce à une confiance retrouvée « dans l’Etat-providence ». Il veut aussi mettre en place de « nouveaux droits » pour lutter contre « l’aliénation sociale [qui]
est de retour ». Enfin, le projet réfute la « société de la
pseudo-performance »
et de la « mise sous pression des individus ».

Plus concrètement, la convention a proposé quelques idées, comme un pôle public d’investissement industriel
destiné à un « rôle d’orientation et de pilotage » des investissements en la matière. Il serait financé par un redéploiement
d’une partie des sommes du crédit d’impôt recherche et ferait la part belle aux PME. Le PS souhaite aussi développer une « stratégie
européenne »
, grâce à une « agence européenne de l’innovation industrielle », et met l’accent sur la
« relocalisation ».

L’écologie tient aussi une grande place dans le projet, avec « un modèle de production plus sobre en ressources« , et surtout un « nouveau modèle
énergétique »
, qui pourrait passer par une « coopération européenne renforcée » en la matière. Ecologie toujours
dans la partie consacrée à l’agriculture, avec la volonté de « privilégier le ‘manger mieux' ». Le PS propose également un
vaste plan « d’écoconditionnalité », qui touche les taxes des entreprises comme la TVA, en fonction de l’impact
environnemental.

Le qualitatif est aussi mis en avant dans la vie professionnelle. Le PS promet une « sécurité sociale professionnelle » avec un compte formation tout au long de la vie financé par « une majoration des cotisations » d’entreprises employant trop de précaires. Une large place est faite à la « qualité de travail » : les socialistes veulent plus de « dialogue » entre
salariés et directions. Le PS souhaite également reposer la « question du partage des richesses au sein de l’entreprise », avec
un système de bonus/malus en termes de cotisations en fonction de la politique salariale pratiquée, mais aussi une volonté de lutter contre les écarts trop grands de salaires. Un « bouclier
logement », permettant de limiter les dépenses des ménages modestes sur ce poste, est également proposé.

Après la crise, les socialistes proposent également une « réforme d’ensemble du système financier », classée « priorité essentielle ». Elle passerait par plus de régulation, de contrôles et l’instauration d’une taxe type « Tobin » sur les
flux financiers. Cette réforme toucherait aussi les entreprises, en modulant l’impôt sur les sociétés en fonction du mode de redistribution des dividendes. Les socialistes proposent aussi une
refonte de la fiscalité, une « révolution fiscale », avec la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG en « un seul impôt
progressif prélevé à la source »
. La somme des économies réalisées et des produits nouveaux résultant des taxes sur les entreprises devrait suffire, selon le PS, à redresser les
comptes publics.Samuel Laurent, Le Monde

 

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