Ras-le-bol fiscal et baisse des recettes

Ras-le-bol fiscal et baisse des recettes

Le ministre du Budget, Ber­nard Cazeneuve, a admis récemment que les recettes fiscales pour l’année 2013 seraient inférieures de 5,5 milliards aux prévisions : 4 milliards de moins pour l’impôt sur les sociétés, 1 milliard pour la TVA, et 0,5 milliard pour l’impôt sur le revenu.

En réalité, il y a de fortes « chances » que la situation soit pire encore.

Gilles Carrez, président UMP de la commission des finances de l’Assem­blée, estime, quant à lui, cette « moins-value fiscale » (comme disent presque tous les spécialistes du Budget, pour qui tout appartient à l’État et pour qui une moindre rentrée fiscale est donc une « moins-value »…) s’élèverait à 11 milliards d’euros pour 2013, dont 3 milliards pour le seul IR.

Même si, à l’échelle démesurée du budget de l’État, ces chiffres peuvent apparaître faibles, la nouvelle est particulièrement importante. Surtout dans le contexte actuel de « ras-le-bol fiscal », comme disait – pour une fois, à juste titre – Pierre Moscovici.

Pour donner un ordre de grandeur, le projet de loi de finances 2013 (dont on sait que Bercy peut faire à peu près ce qu’il veut !), prévoyait 298,5 milliards d’euros de recettes fiscales nettes, dont 72,6 milliards pour l’IR, 52,3 milliards pour l’IS et 141,4 milliards pour la TVA.

La diminution de recettes sur la TVA était parfaitement prévisible : les Français, perdant du pouvoir d’achat et prévoyant des années prochaines pires encore, consomment moins.

Ce qui est plus intéressant, c’est le montant des pertes pour l’IS : 4 mil­liards (chiffres officiels de Bernard Cazeneuve…) sur 52,3 milliards, cela représente une perte de 7,6 %. Ce qui est considérable et ne peut être intégralement porté au « crédit » de la propagande d’État, qui « em­bellit » chaque année le budget présenté aux parlementaires.

Pour l’IR, proportionnellement, la chose est moins frappante, mais une « moins-value fiscale » sur cet impôt est un événement exceptionnel.

Pour le moment, les oligarques qui nous gouvernent si mal mettent ces pertes de recettes fiscales sur le compte de la « conjoncture ».

Il est certain que la croissance, toujours annoncée pour demain matin, tarde à se présenter et que cela n’arrange pas les affaires du gouvernement. Mais je crois, moi, que ces problèmes rencontrés par Bercy sont structurels et non conjoncturels. Et je crois, corollairement, qu’il est absurde et même moralement scandaleux (si tant est que des socialistes puissent comprendre de quoi je parle en parlant de morale publique !) d’attendre la croissance pour assainir les finances publiques.

Les problèmes sont structurels, car, selon toute vraisemblance, nous sommes arrivés au sommet de la fameuse courbe de Laffer. Désormais, toute hausse des prélèvements obligatoires entraînera mécaniquement une baisse des recettes fiscales.

C’est-à-dire que, plus les charges vont augmenter, plus les Français paieront au noir ou s’expatrieront.

La seule alternative à cette baisse des recettes fiscales réside dans la confiscation pure et simple des biens des Français – à laquelle le FMI comme le gouvernement socialiste réfléchissent ardemment (je renvoie là-dessus à ma chronique du n° 913).

J’en profite pour attirer votre attention, amis lecteurs, sur le fait que, de plus en plus, des dirigeants politiques parlent de gouverner sans même passer par le parlement. Officiel­lement, pour aller plus vite pour réformer, mais « accessoirement » aussi pour dégager l’oligarchie de la pénible contrainte de s’expliquer devant le peuple…

Quant aux dirigeants qui attendent la croissance, sans le moindre espoir de la voir un jour revenir, ils nous mentent ou sont incompétents.

Il ne faut pas attendre la croissance pour baisser les impôts, il faut, au contraire, baisser les impôts pour revoir la croissance. Il est d’ailleurs malsain de prévoir des budgets avec des hypothèses de croissance aussi fantaisistes que celles utilisées (je rappelle que, pour le budget 2013, le PIB était censé progresser de 2,6 % !). Il vaut mieux une heureuse surprise qu’un dérapage !

Je suis navré d’annoncer à M. Cazeneuve cette triste nouvelle, mais il est évident que ses problèmes ne font que commencer. Et qu’il n’a que deux solutions pour s’en sortir : soit utiliser la force militaire pour confisquer les biens des Français, soit réduire drastiquement la voilure de la dépense publique et baisser les impôts. Et j’ajoute que si, d’aventure, il pensait la première solution plus facile, il serait sage d’imaginer ce que serait une France avec des manifestations de bonnets rouges, tous les jours et partout… En tout cas, qu’il ne compte pas sur nous pour nous laisser dépouiller sans rien faire !

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Comments (10)

  • BRENUS Répondre

    Nous afon les moyens te vous faire cracher d’avantage si les recettes baissent trop.

    27 novembre 2013 à 19 h 18 min
  • Paul Chérel Répondre

    Les budgets, à tous niveaux, sont de vastes plaisanteries à coups d’hypothèses, de pronostics, d’incompétences. Rien que le fait de voter des dépenses avant de savoir comment elles seront couvertes relève de l’eecroquerie. Au niveau d’un Etat qui centralise tout, c’est même de la pantalonnade. Le vote par un parlement, constitué de gens qui n’ont jamais dirigé d’entreprise n’est qu’une fumisterie. Une fois voté, le budget devrait être suivi ligne par ligne tout au long de l’année. Même la Cour des comptes est incompétente ou débordée. Raison principale d’ailleurs, pas de comptabilité analytique. Paul Chérel

    22 novembre 2013 à 16 h 42 min
  • 0094917 Répondre

    Karl Marx a écrit :”La solution pour tuer le capitalisme, c’est l’impôt, encore l’impôt et toujours l’impôt”. Le problème dans notre pays est le manque de culture sinon nous n’aurions plus de politicards depuis longtemps. Sans oublier que l’impôt nourrit toute cette caste qui depuis 40 ans nous a mis dans cette situation et qu’elle prétend encore nous en sortir. Pierre Déproges avait dit:”Les Français ne croient pas au Père Noël,…, ils votent” Et bien “dansez maintenant”.

    22 novembre 2013 à 8 h 58 min
  • lavandin Répondre

    le misnistre CAZENEUVE ne connait pas la courbe de LAFFERT qui veut que les prélèvements et impots passent par un maximum et décroissent ensuite

    21 novembre 2013 à 15 h 55 min
  • MEROU Gérard Répondre

    Philippe Bartelet disait dans Valeurs Actuelles en reprenant les paroles de François Mauriac de 1957 : “le gouvernement socialiste actuel, ivre d’échecs jusqu’à l’euphorie…”. Il rajoutait : “Quand les choses se passent mal, c’est la faute des choses ; on ne se reprend pas, on en rajoute. Le remède au socialisme, c’est davantage de socialisme.” Il appelait cela “une logique d’alcoolique”. Excellent esprit de synthèse ce monsieur BARTELET.

    20 novembre 2013 à 16 h 46 min
  • mariedefrance Répondre

    Il faut qu’ils aient le nez dans le caca pour réaliser qu’ils ont tout faux.

    Taxer, taxer, taxer…..
    il faut être fou pour travailler plus pour payer plus !

    * davantage de travail au noir
    * diminution du travail des profs. libérales
    * faillites, moins de consommation ….

    Bref, tout faux !!

    Ils seront bientôt obligés de faire comme on leur dit de faire, écartant d’une main leur dogme destructeur !

    20 novembre 2013 à 15 h 47 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    les ” syndicats ” vont être ” consultés ” * lors de la concertation ( un véritable Conseil de Famille in little Italia ) en vue de la remise à plat ( dénommée réforme globale * * ) de la fiscalité !

    mes questions sont les suivantes : à quel titre ? ont ils été élus par le peuple ? ont ils les compétences pour cela ?

    * nous espérons qu’ils ne seront écoutés que d’une oreille distraite et que leurs desiderata ne seront pas seront retenus

    ** connaissant les facultés conceptuelles hors du commun ( des mortels ) de J.-M. Ayrault c’est une nouvelle usine à gaz qui est dans les … tuyaux !

    20 novembre 2013 à 15 h 04 min
    • lavandin Répondre

      les syndicats ne sont ni élus par le peuple , ni représentatifs. Ils subsistent uniquement par l’argent du contribuable . Il me semble bien que leur financement a été institué par le célèbre Chirac

      22 novembre 2013 à 9 h 45 min
    • HansImSchnoggeLoch Répondre

      À défaut de gaz de schistes,on aura au moins l’usine à gaz. Les “tuyaus” eux serviront à mettre les sous en sécurité, quitte à réutilser des méthodes éprouvées comme le bas de laine et le dessous du matelas..

      22 novembre 2013 à 12 h 25 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Le bonnet rouge tout seul ne suffira il faudra encore d’autres accessoires pour empêcher ce gouvernement de pieds nickelés et de voleurs patentés de sévir.

    20 novembre 2013 à 14 h 47 min

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