Retour au clivage droite-gauche

Retour au clivage droite-gauche

Le désespoir en politique est une sottise absolue, disait Charles Maurras. L’histoire nous apprend, en effet, que de brutaux et singuliers renversements sont toujours possibles. Songeons à l’improbable succès de Jeanne d’Arc (dont nous fêtons le 6e centenaire).
Certes, donc, le désespoir en politique est une sottise absolue. Mais il ne serait pas moins idiot de prétendre, comme je l’ai parfois entendu dimanche dernier, « qu’il n’y a pas eu de vague rose ».

Reconnaissons-le : nous, électeurs de droite, nous sommes pris une belle claque électorale. Et, faute de le reconnaître nettement, nos « représentants » risquent de s’enliser dans une pseudo opposition parfaitement vaine.
Nous l’avons dit, et redit, dans ces colonnes : cette défaite, qui entérine (et aggrave) la véritable défaite qui eut lieu le 6 mai dernier, à l’élection présidentielle, tient essentiellement à trois facteurs :

1) Le contexte économique très difficile pour les majorités sortantes dans toute l’Europe ;
2) Le fait que Nicolas Sarkozy et le gouvernement de François Fillon n’aient pas mené une politique assez nettement orientée à droite (« l’ouverture » fut le symbole de cette confusion politique) ;
3) Le refus de toute alliance électorale entre les droites françaises.

Le premier point est désormais une écharde dans la nouvelle majorité. On voit mal comment la situation économique pourrait s’améliorer dans les prochains mois. D’autant moins que les « remèdes » socialistes sont particulièrement funestes. Si une nouvelle élection nationale avait lieu dans un an, il est probable que, mécaniquement, la gauche subirait à son tour un revers électoral – à moins qu’elle ne change d’ici là les règles du jeu électoral (ce qui est probable) ou qu’elle ne lance une de ces manipulations politico-médiatico-judiciaires si familières aux années Mitterrand…

Cependant, la nouvelle opposition aurait tort de se reposer sur ses lauriers et d’attendre sereinement que la roue tourne.
La gauche dispose de tous les pouvoirs, pour la première fois depuis 1944. Mais le plus important, le pouvoir intellectuel, la droite n’a jamais vraiment songé à le lui disputer depuis cette date. Peut-on espérer que ces quelques années d’opposition soient une occasion pour combler cette lacune incompréhensible (et plus incompréhensible encore aujourd’hui qu’hier, quand on voit le niveau de l’intelligentsia de gauche, qui n’évoque que de fort loin Sartre ou Camus !) ?

Malheureusement, j’en doute fort. La droite persiste à considérer que l’idéologie, c’est le mal et qu’un responsable politique se doit d’être « pragmatique ». Il va de soi qu’il vaut mieux s’adapter à la réalité que de s’aveugler comme un socialiste. Mais il ne serait pas inutile non plus d’avoir quelques principes clairs.

Les électeurs auraient pu comprendre que la crise avait compromis les résultats attendus d’une vraie politique de droite. Ce qu’ils n’ont pas compris, c’est le caractère confus de la politique de Nicolas Sarkozy. Ainsi, les électeurs de droite ont-ils approuvé les lois fiscales de 2007 et n’ont pas compris pourquoi les ténors de l’UMP avaient eu honte du « bouclier fiscal », ni pourquoi Nicolas Sarkozy l’avait finalement abandonné.

Pour reconquérir durablement le pouvoir, la seule solution est de revenir à ce qui distingue la droite de la gauche.

Trop souvent, les électeurs ont eu l’impression que droite et gauche, c’était « bonnet blanc et blanc bonnet ». Je persiste à penser que c’est faux. Ne serait-ce que pour cette simple raison : ce que nous reprochons aux élus de droite, c’est de ne pas tenir leurs promesses et de ne pas être en phase avec leurs électeurs, alors que ce que nous reprochons à la gauche, c’est, au contraire, de trop bien tenir ses promesses !

Tout, y compris l’alliance souhaitable entre toutes les droites, découle de la définition claire de ce qui nous sépare de la gauche. Nous y reviendrons dans les semaines qui viennent, mais voici déjà donner quelques pistes de réflexion : pour moi, un homme de droite considère que nous ne pouvons rien changer à la nature humaine (et c’est pour cela que je m’oppose au mariage gay) ; un homme de droite ne considère pas que l’État soit le seul acteur légitime de la vie sociale (ce qui pousse à une profonde remise en cause de l’État-providence et de la fiscalité) ; un homme de droite considère, enfin, qu’il existe un lien profond entre nationalité et identité : on peut certes choisir de devenir français, mais ce choix ne peut être que largement minoritaire. Voici au moins trois axes sur lesquels droite et gauche s’opposent radicalement, et sur lesquels UMP et FN devraient pouvoir trouver des points d’accord.

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Comments (16)

  • Bainville Répondre

    L’UMP, il faut le constater,  c’est le parti du mensonge permanent.

    Son chef enfin remercié a tout dit et son contraire, c’était un politicien de la plus belle espèce qui détruit la confiance et gâche toutes les occasions.

    La fin d’un adversaire catastrophique n’était pas un but mais un simple préalable.

    Certains parlent beaucoup mais ne disent pas grand chose.

    26 juin 2012 à 20 h 09 min
  • HOMERE Répondre

    VOZUTI

    Quels actes ? ceux de MLP ? ceux du FN ? vous parlez de quoi ? qui va s’opposer au PS à l’assemblée lorsqu’il s’agira de combattre contre le vote des étrangers ? qui ?

    Bonsoir

    26 juin 2012 à 12 h 34 min
  • F Répondre

      Homere, vos explications expliquent certaines choses.
      Mais comment se fait il alors que l’UMP s’étonne et hurle à la trahison quand le FN appelle à ne pas voter pour eux?
      D’après vos explications, et celles des grosse têtes de l’UMP, il y a autant d’incompatibilité entre l’UMP et le FN qu’entre l’UMP et le front de gauche… Pourtant, personne chez vous ne hurle à la trahison quand le front de gauche appelle à voter contre l’UMP…

      Que l’UMP n’ait pas besoin du FN pour retrouver le pouvoir, rien n’est moins sûr. Sauf s’il émerge dans ses rangs un chef qui reprenne à son compte et sans complexes les " valeurs sociétales" (comme on dit) du FN. Wait and see…

      Cela dit, l’UMP est aujourd’hui un parti centriste mou qui a honte de se dire de droite, le FN est un truc bizarre à droite pour les affaires de société et ( très) à gauche pour les affaires économiques.
      Il n’y a pas de droite en France. Les seuls qui pourraient s’en approcher sont la sensibilité "droite populaire" de l’UMP. Encore qu’il leur reste beaucoup de potion libérale à ajouter à leur discours économique pour y prétendre…

    26 juin 2012 à 9 h 54 min
  • vozuti Répondre

    homere,les discours de sarkosy étaient très proches du fn.si l’on votait pour des discours j’aurais voté pour lui sans probleme;mais on vote pour des actes,et dans les actes il a fait le contraire pendant 5 ans.et depuis 1975 l’UMP a toujours fait le contraire de ce que sarkosy disait dans ses discours.lorsque je vous lis il me semble que nos sommes d’accord sur le fond,notre seule différence étant que vous votez pour des discours alors que moi je vote pour des actes.

    26 juin 2012 à 3 h 52 min
  • HOMERE Répondre

    Je vais répondre globalement aux différents intervenants…..

    L’UMP n’a jamais eu besoin du FN pour gouverner : les dernières élections montrent qu’un grand nombre des membres,ou sympatisants du FN ont voté pour Sarkozy malgré les appels de la Chef en Chef de s’abstenir…..il en sera de même à l’avenir !!

    Deux : les partis, et leurs mentors développent des programes incompatibles, ne permettant plus d’alliance possible, ni de discussions tant les idées et les stratégies divergent,

    Trois : les attaques ad hominem confortent ceux qui sont opposés au rapprochement et notamment le Chef en Chef JMLP qui voue une haine farouche à la droite et ses dirigeants sa stratégie étant de surenchérir en permanence à chaque esquisse de rapprochement….ce n’est pas une critique,c’est un fait.A ce titre,je pense qu’une personnalité comme Collard pourrait peser sur l’appareil familial, mais j’ai des doutes tant celui ci s’est construit sur une opposition systématique à la droite….nous avons vu les sorts réservés à Mégret, Bompard et beaucoup d’autres encore ….Golnisch est rentré dans le rang vite fait.

    En conclusion, l’UMP aurait peu de raison d’esquisser un mouvement ver le FN alors qu’il reste un parti de pouvoir et d’alternance.Il peut, par contre, développer et faire sienne les idées patriotiques et nationale comme par exemple refuser le droit de vote des étrangers que le FN soutient…vous remarquez tout de même que les critiques les plus vives viennent de l’UMP elle même dont beaucoup de ses membres estiment que ce serait la droitisation du parti qui seraiit cause de sa défaite…paradoxal non ?

    Sur les appréciations de Vozuti nous voyons bien où se situe le problème…….

    25 juin 2012 à 14 h 01 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    <<F>>
    D”ordinaire le pragmatisme devrait l’emporter. L’ennemi commun du FN et de l’UMP n’est-il pas le PS?
    Si aucun contact n’est établi entre ces deux partis, autant qu’ils se dissolvent pour toujours et laissent la voie royale libre au PS.
    Parfois il faut sauter par dessus son ombre même si cela ne plait pas à certains.

    24 juin 2012 à 23 h 42 min
  • F Répondre

      Homère

     Je ne sais pas où est l’aveuglement, mais vous ne pouvez nier que depuis 30 ans, l’UMP traite le FN en ennemi. C’est u_ne constatation et pas un reproche.
     Donc, le FN est pour vous un ennemi. C’est votre position et elle peut être recevable, mais alors, pourquoi vous étonnez vous qu’il ne vous soutienne pas?… Ceci est à la fois une constatation ET un reproche. Car c’est une position illogique…
     

    24 juin 2012 à 15 h 32 min
  • F Répondre

      Hans, vous avez raison.
      La négociation entre les deux partie provoquerait chez chacun d’eux une fuite d’un certains nombre d’éléments. Fuite qui ne serait pas gigantesque mais aurait le mérite, en contrepartie, de beaucoup assainir la situation de chacun.
      Tant que ces deux partis n’auront pas compris qu’on ne peut avoir tout et son contraire ( se dire de droite pour l’UMP en voulant conserver le centre mou et le centre gauche, se dire de droite pour le FN en ayant un programme économique à la soviet), la négociation n’existera malheureusement pas. Et si on rajoute à cela tous ceux dans les deux camps qui craignent pour leur place et leur influence…
      Bref, la " machine à perdre" a malheureusement encore de beaux jours devant elle.

    24 juin 2012 à 15 h 32 min
  • vozuti Répondre

    homère , depuis 1974 l’UMP(avec quelques intermèdes PS) a transformé la france en un pays multiculturel ,  désindustrialisé, au bord de la faillite et ou les taxes sont les plus élevées du monde. comment des patriotes pourraient s’allier avec un parti aussi mauvais dont la seule idéologie est la corruption poussée à l’extrème ? faites alliance avec le PS ,vous avez la meme idéologie.

    24 juin 2012 à 3 h 15 min
  • doris Répondre

    YESS à wanadoo.fr !

    22 juin 2012 à 22 h 33 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    <<F &Homère>>
    D’ordinaire quand deux partis ne sont pas d’accord sur certains points, il serait logique de négocier. Mais il est difficile de négocier si les deux partis ou l’un des deux ne veulent / ne veut se parler. Pensez-vous que cette situation peut perdurer éternellement?

    22 juin 2012 à 13 h 05 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    @ Homère ou la colère de Zeus qui chante le retour du " Grec " !



       

    22 juin 2012 à 12 h 59 min
  • HOMERE Répondre

    Oui vous avez raison F……..l’UMP ne veut de rapprochement qu’avec lui même et les formations qui ont des convictions proches des siennes….ce qui n’est pas idiot !! parmi ces formations ne se trouve pas le FN…..ce qui n’est pas idiot non plus !!! sauf pour vous peut être !!

    Vous devez être un peu normand monsieur F …..et sourd !! et ceà depuis 30 ans !!

    Mon Dieu sont ils aussi aveugles ?

    22 juin 2012 à 10 h 26 min
  • F Répondre

      Allez, Homere, je vais me lâcher aussi.
     Si pour pouvoir faire alliance avec l’UMP, il faut que le FN en adopte les idées, cela veut dire que l’UMP ne veut de rapprochement qu’avec lui même. Ce qui est idiot.
      Quand à la stratégie de destruction de l’UMP, je ne l’approuve pas, comme je désapprouve la stratégie de destruction menée par l’UMP à l’encontre du FN depuis 30 ans…
      Tout cela pour dire qu’il est particulièrement irrationnel d’exiger de quelqu’un que l’on traite en ennemi qu’il se comporte en allié…

    21 juin 2012 à 18 h 30 min
  • HOMERE Répondre

    Je vais me fâcher tout bleu……!!!! Grrrrrr

    "Tant que Marine Le Pen maintiendra son programme politique et sa stratégie de destruction de l’UMP qui sont voués à l’échec , IL N’Y AURA JAMAIS,JAMAIS,JAMAIS….. de rapprochement entre ce parti et le FN….JAMAIS !!!  d’ailleurs…le veut elle ? non ? alors…..!!!!!!!!!

    Après elle fait comme elle veut…….

    Si elle considère que d’avoir 2 députés lui assure la maîtrise de la droite, alors son arrogance est sans limites…..

    Après elle fait comme elle veut ……..

    21 juin 2012 à 12 h 28 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    Sartre : " l’agité du bocal " ( L.-F. Céline )

    Camus : "un philosophe pour classes de collèges " ( disait je ne sais plus  trop qui )

    pour une fois nous pouvons donc " relativiser " en bonne intelligence Monsieur (de) Thieulloy *

    * pourquoi ( de ) et pas de ?

    20 juin 2012 à 16 h 19 min

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