Retraites : les impasses du rapport Moreau

Retraites : les impasses du rapport Moreau

Madame Yannick Moreau, après de solides études (HEC, doctorat en droit et ENA), a occupé des postes importants dans l’administration française. Elle a notamment été directrice du cabinet de Jean-Pierre Chevènement. Depuis 2011, elle est membre du Conseil d’État.

Il ne faut pas la confondre avec M. Yannick Moreau, député de la troisième circonscription de la Vendée, fortement opposé aux propositions du rapport que Mme Moreau a remis, le 14 juin 2013, au Premier ministre.

Cette étude longue de 187 pages est intitulée : « Nos retraites demain : équilibre financier et justice ». Le gouvernement et les partenaires sociaux pourront faire leur choix dans les nombreuses solutions proposées dans le rapport.

Le 18 septembre, dans moins d’un mois, le gouvernement va présenter au conseil des ministres son projet de loi sur les retraites. Les parlementaires vont l’examiner début octobre.

Parmi les nombreuses propositions du rapport Moreau, nous retiendrons seulement les 8 propositions suivantes :

1) Allonger la durée des cotisations. La durée de cotisation est actuellement de 41,5 ans. Elle devrait passer à 44 ans.

Il faut cependant noter que la retraite des fonctionnaires a actuellement pour base de calcul tous les revenus qu’ils touchent dans les 6 derniers mois qui ont précédé leur départ à la retraite. La retraite d’un salarié du privé se calcule sur une durée bien plus longue, pouvant aller jusqu’aux 25 dernières années de travail. Les revenus augmentant en général avec la durée du travail, les retraites touchées par des salariés du privé sont ainsi bien inférieures aux retraites perçues par les fonctionnaires. Il faut que fonctionnaires et salariés du privé utilisent les 12 dernières années de travail comme base de calcul de leur retraite.

2) Augmenter les impôts que payent les retraités. Actuel­lement, avec la Contribution Sociale Généralisée (CSG), les retraités payent un impôt de 6,6 % sur leurs retraites. La CSG va passer à 7,5 %.

3) Imposer les revenus provenant des allocations familiales, allocations qui jusqu’à maintenant n’étaient pas imposées.

4) Prévoir la prise en charge des retraites complémentaires par les entreprises. Jusqu’à présent, ces retraites complémentaires étaient le plus souvent payées par les salariés.

5) Instituer un impôt progressif sur les retraites. Ceux qui ont une retraite très faible, en dessous du seuil de pauvreté, toucheront une allocation spéciale (un impôt négatif). Ceux qui ont de petites retraites ne seront pas imposés et, plus les retraites seront élevées, plus elles seront imposées.

6) Permettre à ceux qui ont un emploi pénible de cotiser moins longtemps et de prendre leur retraite plus tôt.

7) Tenir compte des arrêts maternité ou des arrêts maladie pour le calcul des retraites – périodes qui ne sont pas prises en compte dans le système actuel.

8) Enfin, il existe en France des centaines de systèmes de retraite. Un salarié de la SNCF a un système de retraite différent de celui d’un salarié de la RATP. Et, au sein même de la SNCF, un salarié restant à un poste fixe au sol a une retraite inférieure à un salarié qui roule. Un médecin du secteur privé a un système de retraite différent de celui du médecin qui travaille dans un hôpital. Le gouvernement a déjà calmé de nombreux fonctionnaires en leur disant qu’il ne modifierait pas leur système de retraite

Mais le rapport Moreau ignore totalement de nombreuses réalités.

Il semble ne pas vouloir tenir compte de l’augmentation rapide de la durée de vie. Et, parfois, certains salariés ont maintenant une retraite plus longue que leur temps de travail !

Tandis que, dans de nombreux pays européens, l’âge moyen de départ à la retraite augmente en général jusqu’à à 67 ans, le gouvernement français décide de ramener l’âge de la retraite à 62 ans.

Toutes ces propositions ne tiennent absolument pas compte des réalités économiques et humaines dans lesquelles vivent les Français. Elles déplaisent fortement aux partenaires sociaux, aux syndicalistes qui se mettent en grève, comme aux responsables d’entreprises qui déposent leur bilan ou délocalisent. Ces propositions ne peuvent que perturber encore un peu plus notre vie. 

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Comments (9)

  • mirc Répondre

    Personne ne parle des retraites de nos chers sénateurs et députés et de plus l’ENA (école nationale des ânes) ,aussi
    les HEC qui la plus part non jamais produis du travail pro
    ductif . Il faudrais suprimer le Sénat et la moitié des députés .
    Les déficit serait vite résorbé.

    29 août 2013 à 23 h 42 min
  • Sancenay Répondre

    à Jaurès,
    y a-t-il des métiers pénibles ou des circonstances plus pénibles que d’autres ?
    Croyez-vous qu’ un cadre qui subit 3 ou 4 fusions- acquisition dans l’anarchie totale du droit social, couverte par l’inspection, voire même le ministre du travail , ne peut pas se trouver lui auusi accablé par des situations des plus “pénibles” qui conduisent même certains de ses collègues au suicide ?
    Là encore le sujet n’est abordé que sous l’angle qui fonctionne si bien de la démagogie et de la division .C’est d’un cynisme absolument écoeurant.
    Là encore , il s’agit surtout de faire du fric avec la misère que l’on crée de toute pièce au nom de la Religion totalitaire du Progrès contre l’humanité.

    29 août 2013 à 15 h 17 min
  • Sancenay Répondre

    Le seul problème qui soit et qui n’est pas abordé et pour cause c’est que quelques soient les recettes prodiguées par quelque apprenti-sorcier que ce soit c’est le massacre des enfants de France dans le ventre de leurs mères ou sur les paillasses des labos qui conduit nécessairement à cette faillite (ou pillage, au choix) parmi tant d’autres qui est celle des retraites.
    Mais dans le fond cela participe du premier dogme de la Religion du Progrès contre l’humanité qui invite à concentrer chaque jour davantage les richesses entre les mains des camarades nantis naviguant off shore , porte-avions à l’appui semble-t-il à présent, on ne sait jamais. ..
    Pour autant cela ne semble pas choquer les Jean-va-tout-debout-soumettre-la -loi naturelle-à- référendum entre autre Janfume, Jambrouille ou Janfiche des sites cathodiques des gens bienches.
    De même ceux-là tairont-ils de même , censure à l’appui, le sujet de la Loi Léonetti qui eût donné de l’urticaire aux quelqes rares élus se présentant comme “catholiques” , sauf le dimanche, et penchant si héroïquement pour “l’ognon des droites”.
    N’a -ton pas glorifié sur un tel site hier l’un d’entre eux qui , écrit-on toute honte bue, se “sacrifierait ” pour “sauver Madame Bompard” !
    Il est sûr qu’on se demande pourquoi Sainte Blandine et tant de d’autre martyrs n’ont pas choisi de faire ainsi sous- traiter leur sacrifice, authentique celui-là.

    29 août 2013 à 15 h 07 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    je ne lis jamais les rapports car ils n’ont rien de vraiment … ” excitants “

    28 août 2013 à 18 h 59 min
  • Jaures Répondre

    “Ces propositions ne peuvent que perturber encore un peu plus notre vie.” Votre vie M Tremeau. Si vous aviez été carreleur, manutentionnaire, ouvrier des travaux publics, couvreur,… Si vous aviez été contraint de travailler la nuit, de respirer de l’amiante ou autres poussières nocives, de porter des charges lourdes, de supporter de larges amplitudes d’horaires et des cadences soutenues. Si vous aviez été exposé au plomb, aux hydrocarbures, au bruit, au froid, à la chaleur,…vous considèreriez de manière moins désinvolte l’âge de la retraite.

    28 août 2013 à 17 h 21 min
    • Oeildevraicon Répondre

      Si vous aviez été contraint de travailler la nuit, de respirer de l’amiante ou autres poussières nocives…..Si vous aviez été exposé au plomb, aux hydrocarbures, au bruit, au froid, à la chaleur.

      Si ce n’est pas le cas de Mr Trémau et sans doute pas le votre, c’est bel et bien le mien, car tout ce que vous décrivez là je l’ai subit durant pratiquement 38 ans et ce depuis l’age de 14ans.
      Quand aux cadences d’aujourd’hui c’est du pipi de chat, pour ma part je ne peux compter le nombre de mois ou
      j’ai fait plus de postes qu’il ne comportait de jours.

      Or lorsque je suis partis à la retraite (forcée), celle-ci a été
      amputée de 14 trimestres jusqu’à l’age de 60ans.
      C’est seulement à partir de là que j’ai eu ma retraite complète, calculée sur les 25 dernières années, à un taux de 55% .

      Cependant et peut-être à cause de cela, je suis pour la retraite par points et l’alignement de tous les régimes (régimes spéciaux et hauts fonctionnaires compris) sur celui du privé. 1 Euro de cotisation doit rapporter la même retraite à tout le monde, libre à celui à qui cela ne suffit pas de cotiser pour une retraite complémentaire.

      Avec cette soit disant réforme de gauche, c’est encore une fois nos enfants et petits enfants qui vont trinquer…
      A la bonne votre jeunesse de France!

      28 août 2013 à 21 h 19 min
      • Jaures Répondre

        Justement, cher ami, à la lumière de votre expérience vous devez vous réjouir que les conditions de travail soient prises en compte dans le calcul des trimestres.
        Vos conditions de travail furent sans doute pires que celles d’aujourd’hui mais elles étaient meilleures que celles de ceux qui vous ont précédées quand on travaillait dés 7 ans et que n’existait ni code du travail, ni sécurité sociale. Il importe que le progrès social persiste quand certains voudraient un retour aux conditions d’antan.
        Le système par points n’a pas que des avantages, notamment pour ceux qui ont eu votre parcours professionnel.

        29 août 2013 à 9 h 53 min
  • GODICHEAU Répondre

    Cet article appellerait de nombreuses observations.
    Je m’en tiendrais à quelques-unes:
    1) Pour ce qui est de l’ENA, je ne crois pas qu’une école qui fabrique à la chaîne des socialistes soit encore une “grande école”;
    2) Quant à HEC, école pour laquelle j’ai eu longtemps une grande révérence, sa propension à fabriquer des socialistes (Stauss-Kahn, Madame Moreau, etc…) ou des chiraquiens (Madame Pécresse, etc…) m’inquiète.
    Quand à Madame Moreau ses “solides études” ne l’empêchent pas de dire de “solides conneries”: imposer les prestations familiales ou encore plus les retraités montre qu’elle est à côté de la plaque. Parle-telle une seule fois de l’immigration?
    Quant à moi, pour rester dans le positif, je me suis rallié au système de la retraite par points, défendu en France notamment par Jacques Bichot, et appliqué sous des formes diverses en Suède et en Allemagne, pays qui, à ma connaissance, ne se portent pas plus mal que la France.

    28 août 2013 à 13 h 04 min
    • Jaures Répondre

      Godicheau, la Suède a mis 20 ans pour réaliser sa réforme et possédait pour cela une cagnotte de 240 milliards d’euros de réserves cumulées sous l’ancien régime de retraite. Ce système par points, tout à fait respectable, n’est pas exempt de problèmes. Ainsi, il privilégie les carrières “pépères” à celles qui ont produit des revenus variables. Le système prend en compte l’espérance de vie moyenne et pénalise ainsi les catégories qui ont effectué des métiers pénibles et usants. Le niveau des pensions est immédiatement dépendant de la situation économique: les pensions ont ainsi augmenté de 5% en 2002 mais baissé de 4,4% en 2010.
      On le voit: si on veut instaurer un système par point en France, il faudra être patient et prendre en compte les problèmes mis en lumière par l’expérience suédoise.

      28 août 2013 à 21 h 44 min

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