Retraites : le PS s'oppose sans proposer

Retraites : le PS s'oppose sans proposer

 

Avec la question épineuse des retraites, le PS retrouve ses vieilles habitudes d’opposition systématique. Quant
aux propositions, peu de choses concrètes, sinon le retour des impôts en tout genre.

Un observateur fait remarquer les divisions internes du parti socialiste et la faiblesse de ses arguments
:

 

Le PS et
les retraites ou le retour du refoulé

poingetrose-600.1271451425.jpgLa montée en charge
du débat sur les retraites au PS
offre un tableau assez instructif de l’état de la pensée socialiste en matière économique et sociale. Logiquement, c’est autour de la mesure la plus
emblématique – l’éventualité d’une augmentation programmée de la durée de cotisation – que se cristallise le clivage le plus tranché. D’un côté, ceux qui jugent cette perspective
inévitable même si elle doit s’intégrer dans un ensemble de contreparties (modulation selon la pénibilité des professions exercées, mise à contribution des revenus financiers et non-salariaux,
voire des entreprises). Dans cette catégorie on trouve, outre François Hollande, Manuel Valls ou encore Jean-Marie le Guen. Et Ségolène Royal ? Plutôt du genre « strict » sur les questions
de protection sociale, elle ne monte pas vraiment au créneau. La présidente de la région Poitou-Charentes attaque la réforme du gouvernement sur sa méthode, évitant de se prononcer sur les
instruments à mettre en œuvre.

On trouve sur l’autre rive ceux qui haussent les épaules devant les travaux du Cor, le
Comité d’orientation des retraites, et 730840.1271451391.jpgrécusent l’impératif d’un allongement de la durée de cotisation. L’ensemble des représentants de la motion Hamon-Emmanuelli, Laurent Fabius mais aussi
Vincent Peillon se retrouvent sur cette ligne, celle du retour du refoulé. Et ce sont eux qui parlent le plus fort. Ils assurent que l’augmentation des ressources (sous forme de suppression des
niches ou du bouclier fiscal) doit permettre d’éponger au moins une bonne part des besoins de financement.

Le raisonnement de Laurent Fabius est un modèle du genre. Selon lui, « la crise est
responsable d’une dégradation très forte des prévisions financières » concernant les régimes de retraite. Or, comme « la crise est essentiellement due aux banques » il faut alors
envisager  « une contribution importante, de plusieurs milliards d’euros par an, sous721695.1271451380.jpg forme d’une taxation ». CQFD.
Question : qui fera-t-on payer pour financer l’assurance-maladie, en pleine panade elle aussi ? Les assurances ? Cela permettrait de ne pas poser les questions qui fâchent : celle du maintien
ou non du paiement à l’acte, celle de la répartition des médecins libéraux comme des hôpitaux sur le territoire ou celle de l’évaluation des pratiques médicales au regard de leur coût.
   
Hardie mais prudente, Martine Aubry préfère attendre voir comment vont se nouer les discussions avec les syndicats. Pour l’instant, elle privilégie par souci tactique
l’argument de l’augmentation des recettes. Et lorsque dans son pré-rapport sur la convention sur le « Nouveau modèle de développement » Pierre Moscovici met en évidence les divergences au sein
du PS autour de la prise en compte des contraintes économiques liées à la crise, il se fait tancer… Pour faire bonne mesure et se forger un supplément d’âme, la première secrétaire a lancé le
concept de la « société du soin », lointain écho à la « fra-ter-ni-té » made-in-Ségolène. La société du « care » – big-aubry.1271451415.jpgconcept généreux et imprécis
qui, en tout état de cause, nécessite un sérieux effort de financement – s’inscrit dans la même veine que le slogan omniprésent de la « gauche qui protège ». Avec un parfum de socialisme
régional ou municipal. Le « socialisme de production » cher à DSK est relégué au second plan. Et si Martine Aubry, plutôt que de devenir présidente de la République française, aspirait en fait
à devenir maire de la France ?

Autre exemple de ce glissement (régression ?) sur les questions économiques ; la sortie
de Benoît Hamon refusant par avance qu’un « Papandréou français » soit élu en 2012, allusion à peine voilée à DSK. Outre que ce commentaire est emprunt d’un bel esprit de
solidarité avec le dirigeant du Pasok qui doit gérer un héritage épouvantable, il passe par pertes et profit le fait qu’avec un déficit public glissant vers les 8% du PIB, la France
pourra difficilement faire l’économie d’un certain nombre de choix douloureux.
A moins de finir par lancer, elle aussi, des SOS pour éviter de passer sous la coupe du FMI. Fait
révélateur, cette perle du porte-parole a suscité peu de réactions dans le petit monde socialiste.

712164.1271451359.jpgBref, faute d’avoir tranché la
question de la réforme des retraites
– et ce ne sont pourtant pas les occasions qui ont manqué – mais aussi quelques autres chantiers, le PS en est toujours à adopter des postures
tactiques sur des questions dont dépend sa crédibilité. Devant un sujet délicat, la tentation est comme toujours de « gauchir » artificiellement le discours. Car lorsque l’on discute avec
certains dirigeants socialistes, leur analyse de l’avenir des retraites est nettement plus prudente que leurs déclarations.

Enfin, on remarquera que la première secrétaire nourrit l’intention de confier à Laurent
Fabius la présidence de la convention sur les questions internationales et à Benoit Hamon celle sur « l’égalité réelle » où il sera, si l’on a bien compris, indirectement question des
retraites. Voilà qui donne une indication sur l’influence politique de la motion Hamon-Emmanuelli et du courant fabiusien. Surtout au regard du poids militant, en fait assez modeste, de ces
deux sensibilités.”

 

Avec une telle politique, c’est l’anémie économique assurée et un(e) prochain(e) président(e) qui sera bien
un Papandréou Français !

 

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