Revue de presse : La boîte de Pandore de l’identité nationale

Revue de presse : La boîte de Pandore de l’identité nationale

Le Parisien du 31 décembre évoquait le « débat sur l’identité mal maîtrisé » qui serait, avec l’annulation de la taxe carbone, à l’origine de la baisse de la cote de popularité du président de la République :

« Lancée par le ministre de l’Immigration Eric Besson avec l’aval du président, cette vaste consultation atourné à la confusion avec une incroyable série de dérapages verbaux, dont certains carrément racistes. La communauté musulmane s’est sentie visée. Et de nombreuses voix à droite comme à gauche ont demandé l’arrêt du débat. »

« Dans un pays où il n’est permis de rien dire, même les ministres qui ont fait la preuve de l’esprit le plus "républicain", c’est-à-dire le plus totalitairement correct, sont pris au piège de deux ou trois libres propos qui ont pu leur échapper », confirme Hilaire de Crémiers dans le numéro de Politique Magazine de janvier 2010. « Et les voilà mis d’en l’obligation de s’en défendre ou d’en faire repentance ! Il faut donc faire vite. Début février, tout sera clos. »

Clos, mais comment ? Sur quelles bases ? Avec quelles arrière-pensées ?

« Le débat, dit-on, est mal enclenché », analyse encore Hilaire de Crémiers. « (…) Les Français et les non-Français sont invités à dire ce qui constitue l’identité nationale française. Mais il ne fait aucun doute, dans le "kit", que c’est le mot "valeurs" qui décide de tout, ce mot si mal choisi mais qui est de mode dans tous les discours ; le voici mis à toutes les sauces de cette identité ! (…) L’essentiel dans l’enquête est là, qu’il faut méditer pieusement comme "nos valeurs" constitutives : la démocratie, la République, la Liberté, l’Egalité, la Fraternité superbement majusculaires, l’égalité homme-femme, les services publics, la solidarité, bref, "tout le tremblement" connu, archiconnu qui fait les choux gras de la rhétorique politicienne et journalistique, sans qu’à aucun moment un seul de ces mots soit exactement défini ou compris. »

Nicolas Sarkozy y recourt lui aussi, comme le soulignent dans Le Monde du 2 janvier Sophie Landrin et Arnaud Leparmentier : dans ses vœux aux Français, le président n’a pas hésité « à reprendre le concept de "fraternité", scandé au Zénith en septembre en septembre 2008 par la socialiste Ségolène Royal », un mot « nouveau dans le langage du chef de l’Etat », relèvent les journalistes, qui commentent : « Après avoir droitisé son discours pour rassembler son camp, M. Sarkozy entend maintenant donner des gages au centre gauche », dans la perspectives des élections régionales.

En lançant ce débat sur l’identité nationale, avait-il mesuré à quel point cette question est piégée ? La poser, ce n’est pas seulement souligner la contradiction des deux France, d’une part celle héritée de l’histoire, forgée par la royauté et modelée par le catholicisme, de l’autre celle issue de la Révolution, vecteur de son idéologie et de ses « immortels principes » ; c’est aussi et surtout poser la question du devenir français, désormais indissociable de celle de l’immigration, du métissage et du cosmopolitisme.

C’est ce que veut signifier Martine Aubry lorsqu’elle déclare : « La France est un pays qui s’apprend plus qu’il ne s’hérite ». Nicolas Sarkozy et Eric Besson pensent-ils différemment ?

Selon Le Monde, Nicolas Sarkozy aurait confié à ses proches qu’il ferait des « propositions » le 4 février, date de la clôture du débat et qu’il y aurait des « surprises ». Il y a de quoi s’inquiéter.


Pierre Menou

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Comments (7)

  • IOSA Répondre

    Rappel d’histoire…..

    Lorsque les romains envahirent la Gaule, les gaulois n’ont pas convertis les romains et l’esprit même des gaulois fut anéantit par l’envahisseur, ainsi furent remplacés les Dieux Gaulois par les Dieux Romains.

    Ce scénario est exactement le même avec les immigrés musulmans sur le sol français et l’Esprit Français se meurt parce que d’autres préconisent l’intégration à outrance…… de la France à l’Islam.

    Ne l’oublions surtout pas ami Jaurès@…. et une rivière canalisée est le souhait de bon nombre de français.

    IOSA

    7 janvier 2010 à 10 h 56 min
  • françois Répondre

     Encore des postulats avec votre cours d’eau. Mais , image pour image: Si je vous suis, un mur n’est en rien concerné par ses fondations puisque c’est la dernière couche qui compte…Supprimez les après l’avoir construit, et vous verrez l’identité de votre mur! La vérité est que cela vous fait mal d’admettre qu’une identité est un tout indivisible et que lorsqu’on parle de peuple ou de pays l’échelle de temps n’a rien à voir avec notre petite espérance de vie. Cela vous fait mal que les rois et la religion chrétienne aient fait la France que nous connaissons et que sans eux elle serait tres différente, cela vous fait mal d’admettre que le "mur" n’a été fait qu’à 10% par la république et à 90% par d’autres! Dernier point à propos de votre cours d’eau: Il s’est fait tout seul, ce qui n’est pas le cas de la France qui a été faite par des hommes, et ceux qui ont mis la main à la pâte il y a des siècles n’ont pas à être oubliés dans le produit fini.

    7 janvier 2010 à 10 h 07 min
  • Jaures Répondre

    Cher françois, si la shoah est un des fondements de  l’identité juive, dois-je comprendre que les juifs n’avaient pas d’identité avant la shoah ? Ou bien n’amenez-vous pas de l’eau à mon moulin en montrant qu’une identité est mouvante, plurielle, sensible à son environnement comme elle influe elle même son environnement ?

    Heraclite disait qu’on ne se baigne jamais 2 fois dans le même fleuve.
    L’analogie peut être rapportée à l’identité nationale.
    Si vous plongez la main dans une rivière, elle vous paraitra froide, sale ; le courant, peut-être vous y semblera dangereux ; sa faune et sa flore riche et prospère. Puis, selon que vous vous y pencherez lors d’une autre saison, la même rivière vous offrira un visage totalement différent.
    Ce sera la même rivière mais, pour la définir, vous utiliserez des mots différents qui dépendront non seulement de l’état de la rivière mais également de votre état à vous d’observateur.
    La seule permanence sera le lieu géographique où se situe le cours d’eau.

    L’identité nationale est à l’image de cette rivière: vous pouvez cerner votre observation à un pays mais ce que vous en analyserez dépendra de l’époque où vous vous situez et de votre propre statut d’observateur (êtes-vous biologiste, éthologue, poète, pêcheur,…).

    De ce fait, en lisant vos propos sur l’identité nationale, si un historien se penche sur ceux-ci dans quelques années, il pourra les situer dans le contexte de la France d’aujourd’hui et dire que, à notre époque, un courant portait ces idées sur l’identité nationale.
    Et on pourra dire alors que l’identité nationale de la France de 2010 était également formée, en proportion de son impact, par ce courant d’idées.

    7 janvier 2010 à 9 h 10 min
  • françois Répondre

      Il aurait été étonnant que jojo ne nous assène pas un de ses postulats sur le sujet . La caractéristique d’un postulat, c’est qu’il s’admet et ne se démontre pas. La particularité de ceux de Jaures c’est qu’en plus ils vont contre l’évidence, la réalité et le bon sens. Si l’histoire ne forge pas l’identité nationale, pourquoi bassinez vous les Français avec la repentance? Pourquoi la Shoah est elle un des fondements de l’identité Juive? Et qu’est-ce qui dans votre histoire vous a rendu d’aussi mauvaise foi?  

    6 janvier 2010 à 16 h 11 min
  • Jaures Répondre

    Quelle France est-elle issue de la royauté et du catholicisme ? La France du XVIIIème siècle était à 80% rurale et paysanne, les ordres nobles et cléricaux ont disparu. La France de l’Ancien Régime est révolue et les quelques nostalgiques de cette époque (quelques prélats intégristes, quelques aristocrates vermoulus) font plus figure de pièces de musées que de témoins d’une identité.

    L’identité nationale est un état instable dont la définition relève d’observations subjectives, à l’instar de la conscience. Seule l’Histoire nous permet de cerner les différentes idéologies qui ont participé à une identité nationale durant un contexte donné. Une identité national est le carrefour de fluxs idéologiques identifiés à une époque et non une seule de ces idéologies.

    Dire que la royauté et le catholicisme font partie de l’identité nationale est un contresens: l’Histoire d’un pays ne forge pas une identité stable, et les églises ne sont plus aujourd’hui que des coquilles vides pour touristes, tout comme les châteaux féodaux ou les grottes de Lascaux.

     

    6 janvier 2010 à 11 h 28 min
  • OrangeOrange Répondre

     Les mensonges d’Eric Besson sur les "Mariages Gris": qui stigmatise ?

    Ce pourrait être la conclusion d’une analyse précise des données chiffrées disponibles (INED, Ministère de l’Immigration, …) réalisée par "Solal" sur le site sur Pnyx.com

    Pour voir le détail: http://www.pnyx.com/fr_fr/sondage/480

    Soyons précis ! Vise-t’on en réalité la mixité de la société française ?

    4 janvier 2010 à 20 h 08 min
  • Nasser Répondre

    Bonjour M. Pierre menou,

    J’ai trouvé votre article tout simplement excellent et je vous en félicite.

    Né à Paris de parents kabyles, je vis et travaille à Rome depuis plus de 20 ans auprès d’ une agence des Nations unies, en qualité d’expert en communication pour le développement..Sincèrement, je vous avoue que je n’aurai pas défini autrement  – à quelques passages près – mon appartenace à mon idéee de la France.

    Pour finir, je vous invite à lire mon roman " LA MéMOIRE DE L’ANCHOIS"  (Meilleure vente à Rome, en 2008) leuel parle aussi d’identité.

    Bonne continuation,

    Nasser de Rome

    4 janvier 2010 à 15 h 28 min

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