Sale temps pour les libertés

Sale temps pour les libertés

Les nouvelles ne sont pas réjouissantes pour la santé des liberté publiques en France.

Le ministère de l’Intérieur a récemment publié une circulaire visant à demander aux préfets de faire interdire toutes les manifestations de « l’ultra-droite » – suite au défilé d’un certain « Comité du 9 mai » dans les rues de Paris (pour commémorer la mort du militant nationaliste Sébastien Deyzieu, mort en marge d’une manifestation du GUD en 1994).

Ne demandez pas ce qu’est l’ultra-droite, il n’en existe pas de définition autre que celle qu’en donne l’extrême gauche (et qu’accepte sans discussion M. Darmanin) : ce qui dérange ladite extrême gauche (Mme Tondelier vient d’affirmer que Cnews relevait de cette mouvance !).

Il est déjà absurde de prétendre renvoyer dos à dos « ultra-droite » et extrême gauche : que je sache, les violences en France relèvent massivement de la seconde et fort peu de la première. Et, quoi que l’on pense des idéologies, ce n’est pas tout à fait la même chose de défiler avec des drapeaux et de transformer des policiers en torches vivantes.

Mais, à supposer qu’effectivement, au cours de cette manifestation, des néo-nazis aient perpétré des violences dans Paris (ce qui est hautement douteux d’une part parce que la presse, prompte à dénoncer cette manifestation, n’a guère évoqué de violence concrète et d’autre part parce que je n’ai vu aucun symbole néo-nazi sur les photos de ce défilé), il aurait suffi de sanctionner les responsables de ces actes ou de dissoudre l’organisation concernée.

En déduire une interdiction générale de toutes les manifestations dites d’ultra-droite est inique. Naguère, le principe était que la liberté était la règle et l’interdiction l’exception. Désormais, il semble que le principe général du « droit » soit devenu : tout ce qui n’est pas obligatoire est interdit !

Mais M. Darmanin, dont on connaît le merveilleux bilan en termes d’immigration et d’insécurité (bilan qui lui permet de donner des leçons à Giorgia Meloni !), ne s’arrête pas là.

Il vient de présenter un projet de loi visant à « sécuriser l’espace numérique » et à lutter contre « l’insécurité numérique » (c’est beau comme l’antique !).

C’est-à-dire la possibilité de bloquer des sites internet sans passer par la justice. Bien sûr pour lutter contre la haine.

Le seul problème, c’est que la notion de haine est fluctuante et que, dans la pratique, cela revient à donner au gouvernement le pouvoir de faire taire toute personne ayant le malheur de lui déplaire.

Bien sûr, les ministres concernés jurent leurs grands dieux qu’il n’en sera rien, qu’ils tiennent aux libertés publiques comme à la prunelle de leurs yeux. Mais, outre que les promesses de politiciens ne valent pas bien cher, le gouvernement disposera bel et bien de ce pouvoir légal – comme du pouvoir de décider qui est « haineux » et qui ne l’est pas. C’est le rétablissement de la censure préalable !

L’histoire a parfois d’ironiques façons de nous enseigner. Alors que le gouvernement présentait ce projet de loi, tout en expliquant son attachement indéfectible à nos libertés, dans la nuit du 11 au 12 mai, toutes les adresses de la messagerie Telegram ont été bloquées pendant plusieurs heures.

Concrètement, le ministère de l’Intérieur a envoyé une liste d’adresses à bloquer aux principaux fournisseurs d’accès français. Officiellement, les adresses de Telegram figuraient « par erreur » dans la liste (pas très rassurant sur la procédure !). Mais des esprits chagrins pourraient y voir un premier test sur cette procédure extra-légale.

En tout cas, les libertés publiques sont en de bonnes mains sous « Jupiter » !

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Comments (2)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    Le paradoxe, si on peut parler de paradoxe , puisqu’ il s’ agit en l’ occurence d’ un paradoxe qui, curieusement, n’ est pas tel qu’ on voudrait qu’ il soit, c’ est bien que ce sont ceux là mêmes qui se réclament de la Démocratie, qui rognent et retranchent les libertés de l’ INDIVIDU en France comme aux U.S.A. ou … ailleurs et cela au nom de l’ intérêt général, de la … Sécurité et de la Morale qui garantiraient les libertés individuelles ( rappelons que le Conseil d’ Etat a autorisé et validé, le fichage politique et syndical des personnes, même relâchées sans inculpation, prises dans les ” nasses ” de la Police lors des manifestations contre la ” réforme ” des retraites )
    Le ” politiquement correct ” et la ” bien – pensance ” … sur les seuls critères d’ un moment dans le cours de l’ Histoire, deux formes de pensée que peut prendre l’ hypocrisie, ne disparaitront jamais chez l’ homme qui vit en Société
    C’ est la Raison pour laquelle il faut être ” philosophiquement ” un Cynique ( comme Diogène ) et / ou une Anarchiste comme L.-F. Céline ou … être le Christ
    Ou bien alors vivons une Vie sans Vie dans l’ ouate chaude et moelleuse de la Pensée Unique

    16 mai 2023 à 16 h 35 min
  • Sansillusions Répondre

    Ce gouvernement tiens plus aux “libertés” de regroupement et de manifestations faites par le clan Traoré, manifestations en plein COVID durant lequel vous ne pouviez même pas aller faire pisser votre chien dehors, qu’à celles légales, déclarées et respectueuses de l’Action française. Je suggère à cette dernière de changer de nom et s’appeler l’action africaine : à tous les coups ça marche car il faut brosser vos vaches sacrées dans le sens du poil.

    16 mai 2023 à 16 h 29 min

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