Sarkozy : retour à droite, mais confusion mentale

Sarkozy : retour à droite, mais confusion mentale

Jeudi 24 avril, Nicolas Sarkozy s’est expliqué sur sa politique, un an après son élection. 11,7 millions de téléspectateurs ont suivi cette émission « En direct de l’Élysée ».
Et environ un Français sur deux a été convaincu par la prestation du Président – ce qui représente une nette amélioration par rapport aux sondages des jours précédents (où, généralement, moins de 40 % des Français approuvaient l’action gouvernementale).

Il faut dire que la prestation a été bonne. Un Président prêt à reconnaître ses erreurs. Un retour aux discours de campagne sur la diminution des dépenses publiques, sur la sécurité ou encore sur l’immigration.
Malgré cela, l’intervention présidentielle laisse un goût d’inachevé – qui ne laisse pas d’être inquiétant, après un an de présidence, et après deux mois de réflexion suivant l’échec aux municipales…

Sur la forme de la prestation présidentielle, tout d’abord : à plusieurs reprises, les journalistes ont dû revenir à la charge deux ou trois fois pour obtenir une réponse à leurs questions.
Ce qui donnait globalement l’impression d’un « show » parfaitement maîtrisé par un artiste du débat médiatique, mais qui, sur le fond, paraissait étrangement peu sûr de lui…

Sur l’organisation des réformes, ensuite. Nicolas Sarkozy a clairement rejeté toute hiérarchisation des réformes.
Pour une bonne raison d’ailleurs : le chef de l’État veut se démarquer des précédents gouvernements qui, sous prétexte de « hiérarchisation des réformes » ont mené à bien, dans le meilleur des cas, une seule réforme, ce qui était très insuffisant.
Et d’ajouter que toutes les réformes se tiennent et qu’il faut avancer sur tous les fronts en même temps. Soit. Mais cela ne dispense pas de définir un but clair, des objectifs intermédiaires bien identifiés et des moyens appropriés à la poursuite de ces fins.

Pour ne prendre qu’un exemple, une bonne hiérarchisation des réformes aurait permis de dire qu’en matière de finances publiques, le but du quinquennat était d’annuler le déficit dès le budget 2008 et de réduire la dette de tant de pour-cent en cinq ans ;
les objectifs intermédiaires auraient pu consister en suppression de tel budget, non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, privatisation ou délégation de service public pour tel service ;
et les moyens appropriés auraient pu être, selon les cas, le référendum (par exemple, dans l’hypothèse d’une suppression pure et simple du statut de la fonction publique), la loi ou la négociation contractuelle…

Ne pas hiérarchiser les réformes permet peut-être de les mener toutes de front, mais ne permet pas de savoir où l’on veut aller. Et, par conséquent, ne permet pas d’expliquer la logique aux Français. Quand le Président plaide coupable sur des problèmes de communication, il dispose là d’un axe de réelle amélioration…

Par ailleurs, le retour aux thèmes de campagne qui devrait réjouir les électeurs de droite n’est pas aussi rassurant qu’il pourrait l’être. Ainsi, Nicolas Sarkozy a-t-il défendu le « paquet fiscal », dénoncé la spoliation des héritages par l’État… Bravo !

Mais comment ne pas s’inquiéter de l’autosatisfaction qui laisse croire que la spoliation serait derrière nous. Le Président fait mine d’ignorer que le « bouclier fiscal » est troué et laisse passer beaucoup de prélèvements obligatoires.

De même, il maintient l’objectif de la réduction du déficit public. Mais cet objectif se traduit désormais ainsi :
« Le déficit sera réduit à l’horizon 2012 ». On peut encore espérer que ce soit une réduction à zéro, mais ce n’est pas dit. Et, surtout, pourquoi 2012 ? Le déficit public n’est pas une donnée liée au contexte international : si nous voulons voter un budget à l’équilibre, nous pouvons le faire sans demander la bénédiction des Chinois, des Américains ou de Bruxelles !
En écoutant Sarkozy, on en vient presque à se demander s’il ne confond pas dette et déficit.

Et cette confusion devient tout à fait certaine sur la question de l’immigration.
À la question de savoir s’il faut « massivement » régulariser les clandestins qui travaillent dans la restauration, le chef de l’État a répondu par la négative, en justifiant :
« On ne devient pas Français parce qu’on travaille dans la cuisine d’un restaurant.
» Ce qui est parfaitement vrai, mais complètement à côté de la question : on l’interrogeait sur la régularisation, il répond sur la naturalisation.

Décidément, cette prestation présidentielle nous ravit en ce qu’elle révèle un président resté proche du candidat de droite décomplexée, mais nous inquiète fort quant à la confusion mentale qui règne autour de Sarkozy, et probablement en lui aussi…

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Comments (7)

  • Albert Répondre

    Confondant !

    Il y en a encore pour le croire. Poutant avant mai 2007 c’était déjà évident

    4 mai 2008 à 22 h 50 min
  • Jean-Claude THIALET Répondre

    03/05/08    – "Les 4-Vérités" –

    Encore un bel exemple d’incohérence SARKÖZIENNE : dans son "show" télévisé du 24 avril, il remarque avec bon sens, à propos des travailleurs "clandestins tirés de la clandestinité par la CGT et l’Association de Jean-Claude AMARA (1), et qui réclament leur "régularisation" sous prétexte qu’ils ont un salaire déclaré, qu’il paient des cotisations et même des impôts (2), que 22% des immigrés régulièrement déclarés sont eux-mêmes au chômage. Ce qui devrait inciter le Gouvernement, SON Gouvernement, à exiger que les entreprises qui utlisent des "clandestins", accordent leur préférence à ces immigrés légaux. Même s’ils n’ont pas la formation requise : à ce sujet, on le sait, particulièrement dans la restauration et le Bâtiment, les "sans papiers" sont eux-mêmes formés sur le tas ! Oui mais voilà, les immigrés déclarés, parce qu’ils bénéficient d’allocations chômages, ou  du RMI et de toutes les aides et assistances qui vont avec, préfèrent s’installer dans le chômage et l’assistanat, surtout quand ils peuvent arrondir leurs "revenus" avec le "travail au noir", ou les trafics en tous genres, les chapardages, etc. sans courir le risque, EUX, de se faire expulser !

    Alors, un Gouvernement cohérent, un Gouvernement digne de ce nom, après ce constat fait par le Président, prendrait les mesures qui s’imposent :

          – quelle que soit la compassion que l’on peut avoir pour ces travailleurs clandestins, quel que soit la qualité de leur travail (3), la seule mesure qui s’impose à leur égard est L’EXPULSION. Avec, pour corollaire, une sanction pour leurs employeurs, mais aussi pour les focntionnaires qui, nécessairement au courant de la situation, ont fermé les yeuxx !

           – la suppression des indemnités de chômage et/ou du RMI et des aides, à tous les "travailleurs" immigrés qui ne viennent en France que pour se transformer en parasites,

    au lieu de commencer à "régulariser" CAS PAR CAS (4) ces "clandestins"

    Et je conseillerai à tous ceux qui se sont, une nouvelle fois, laissés séduire le 24 avril par le one-man show sarközien de paser ainsi au crible de ses actes les propos de leur idole.

    Aussi bien au sujet des "35-heures" qu’il se refuse à abroger (alors qu’il avait fait abroger la "DOUBLE PEINE" !), que de la TURQUIE. Une TURQUIE qu’il prétend ne pas vouloir entrer dans l’UNION EUROPEENNE, et pour l’entrée de laquelle il assure vouloir qu’elle soit soumis à referendum (5), sans pour autant avoir le courage de demander à ses partenaires de l’UNION EUROPENNE d’arrêter toutes les négociations avec la TURQUIE… Pire, comme s’il voulait permettre à son successeur (lorsque sera venu le moment d’intégrer la TURQUIE), il lui laisse le libre choix,  par une revision constitutionnelle, entre un vote du Congrès et un referendum pour l’élargissement de l’UNION EUROPENNE !

    Ainsi, dans tous les domaines (particulièrement celui de la sécurité, je devrais dire de l’insécurité !), les propos et les promesses du Préisident de la République sont contredits par ses réalisations, et/ou par les faits.  Même là où il prétend "réformer" ! Même quand il propose des mesures d’économies (ses 166 propositions !) qui sont une goutte d’eau dans l’océan des pertes et des déficits. Ce qui n’empêche d’ailleurs pas, j’en conviens, 52 % de téléspectateurs de l’avoir trouvé "convainquant", et 38 % de Français de continuer à lui faire confiance !

            Bon dimanche à toutes et à tous, cordialement, Jean-Claude THIALET

    (1) il faudra bien qu’un jour on se demande qui finance ces Associations, de quoi vivent leurs dirigeants que l’on voit rgulièrement manifester dans les rues. Tous n’ont pas le statut du professeur Jacquard, lequel, curieusement, a disparu de la circulation

     (2) ils doivent confondre "déclaration de revenus" avec "paîment d’impôts", d’autant que la plupart  – et ils oublient de le mentionner – continuent à percevoir aides et assistance 

    (3) je veux bien croire ces clandestins lorsqu’ils assurent qu’eux, contrairement aux salariés "normaux" s’appliquent particulièrement dans leur travail, se tiennent à carreau, par crainte d’être licenciés sans préavis ni indemnités, et d’être découverts par les Autorités. Comme le font les dizaines de milliers de conducteurs qui conduisent sans permis et qui s’efforcent particulièrement de respecter le Code, particulièrement les limitations de vitesse, pour éviter un accident alors qu’ils ne sont pas assurés, et pour éviter d’être pris … On le sait, surtout pour un immigré, la crainte est le commencement de la sagesse…

    (4) un "CAS PAR CAS" qui devrait aboutir à un quasi 100% ! En attendant que, enhardis par cette régularisation, et l’absence de toute sanction, de toute expulsion, des dizaines de milliers de travailleurs clandestins sortent à leur tour de l’ombre …

    (5) échéance qui se situera dans dix ans, à une époque où Nicolas SARKÖZY ne sera probablement plus au pouvoir, et où les Français auront, de toute façon, oublié sa promesse. Comme tant d’autres, d’ailleurs !

    3 mai 2008 à 17 h 37 min
  • Jean-Claude THIALET Répondre

    02/05/08    – "Les 4-Vérités" –

    On croit rêver quand on découvre sous la plume de Pierre BADOUIN le titre "SARKÖZY, RETOUR A DROITE…". Il est vrai que, en lisant en détail son article, lui-même ne semble pas avoir trop d’illusions sur ce "retour à droite…".

    En réalité, comme il en est coutumier, Nicolas SARKÖZY s’est contenté de retrouver ses accents – ses trémolos  –  droitiers. Ceux  qui lui avaient permis, au printemps 2007,  de s’attirer les voix de la droite traditionnelle (aux dépens de Jean-Marie LE PEN lors de la Présidentielle, et même du FRONT NATIONAL lors des législatives), et même de la partie du "peuple de gauche" resté très cocardier… Dans son "one man show" télévisé (parfaitement mis en scène et orchestré au demeurant)  du 24 avril, le Président, conscient d’avoir déçu cet électorat, ainsi d’ailleurs que l’électorat UMP, s’est même payé le luxe de reconnaître ses "erreurs".

    Mais lorsqu’on décortique ses soi-disantes "erreurs", seuls les éternels "gogos" qui peuplent l’électorat, n’ont pas vu qu’il s’agissait ni d’erreurs politiques, ni d’erreurs de casting (notamment dans le choix de ministres comme Bernard KOUCHENER, Fadela AMARA ou Rama YADé, ou dans l’ouverture à gauche), mais seulement, comme cela se pratique aussi chez les socialistes, ‘"d’erreurs de … communication" ! Venant de la part du "grand communicateur" qu’est assurément l’époux de Carla BRUNI, un tel aveu est d’ailleurs étonnant !

    Les preuves que Nicolas SARKÖZY se refuse à tenir comte de ses véritables  erreurs :

       – dans la droite ligne de son ouverture à gauche, il vient de désigner la pire des gauchistes  – Christiane TAUBIRA –  comme responsable d’une mission française destinée à relancer le processus de négociations d’accords de partenariat entre l’UNION EUROPEENNE et les Pays d’Afrique, des Caraïbes (pourquoi ne pas utliser l’appellation française d’Antilles ?) et du Pacifique. Une "mission" qui s’inscrit dans la droite ligne de l’UNION DE LA MEDITERANNEE et qui consistera, selon un processus solidement établi, à renforcer les aides en tous genres que l’UNION EUROPENNE, particulièrement la FRANCE, apporte aux Pays des zones concernées, et à accueillir, sous des prétextes divers, encore davantage d’immigrés en provenance de ces mêmes pays…

        – lors de son voyage en TUNISIE, le Président de la République, comme pour se dédouanner des contrats commerciaux qu’il n’ a d’ailleurs fait qu’entériner, s’est engagé à faciliter l’attribution de pseudos "visas" de tourisme, de soins hopitaliers, etc. dont on sait qu’ils aboutissent le plus souvent à la création de soit-disants "SANS PAPIERS"

         – pendant son show télévisé, il s’est bien gardé de faire le véritable "ETAT de LA FRANCE" et de dresser le bilan catastrophique de lustres de malgouvernance en alternance par la "Droite" (à laquelle il appartient, et dont il a été Ministre !) et la Gauche.

          – il s’est abstenu de prendre l’engagement de rompre toutes les négociations avec la TURQUIE pendant sa future présidence de l’UNION EUROPEENNE.

          – il n’a pas tiré les leçons de l’aggravation de la délinquance allogène (1) et décidant de réinstaurer la "DOUBLE PEINE" qu’il avait fait abroger.

    etc. etc.

    Il faut reconnaître que si, au lendemain du 24 avril, 52 % des spectateurs avaient trouvé bonne la prestation du Président, quelques jours plus tard, sa côte qui ne cesse de décliner était à 38%. Et même qu’une large majorité ne souhaite pas qu’il se représente en 2012 … Sans doute, en dehors de toutes les erreurs commises par Nicolas SARKÖZY, de tous ses manquements à une véritable politique de droite, une majorité de Français commencent à comprendre que "leur" Président  – celui qu’ils ont élu le 6 mais 2007 – était atteint de "CONFUSION MENTALE" comme le relève lui-même,Pierre BAUDOUIN. La "confusion mentale", que je sache, se soigne en dehors de l’Elysée….

        Cordialement, Jean-Claude THIALET

    (1) comme je viens de l’apprendre à mes dépens en allant porter plainte au Commissariat du XVème Arrondissement de Paris, après avoir été victime – la semaine dernière en plein midi, dans le hall de mon immeuble – d’une sauvage agression de la part de deux jeunes "Maghrébins" qui m’on dévalisé après m’avoir neutralisé proprement !

    2 mai 2008 à 18 h 23 min
  • Anonyme Répondre

    “On ne devient pas Français parce que l’on travaille dans la cuisine d’un restaurant”. Questions de base: c’est quoi être Français?, et : la France est elle toujours Française ? Pour l’instant c’est du racisme anti- français que de faire baisser leurs salaires en embauchant des nouveaux français à bas prix (Merci Mr DAGUIN!) Les français ne veule pas se soumettre ,voilà ce que l’on peu faire sans délocaliser ;La CGT se rend elle compte qu’elle scie la branche sur laquelle elle est assise en faisant la politique des patrons qui sont parmis ceux qui embauchent le plus de travailleurs au noir(je ne parle pas de la couleur des intersectés)

    1 mai 2008 à 8 h 59 min
  • dolf Répondre

    en fait, sarkozy est le parfait representant de la france actuelle, des français actuels; il veut, mais il y arrive pas. Il voudrait, mais il y arrive plus.

    C’est pas grave, les arabes et les noirs eux, veulent , et ils y arrivent.

    Les valeurs aussi bien a l’echelle du peuple que de l’inteligentsia ou de la classe dirigeante ont trop été diluées , resorbées, depuis trop longtemps, pour que quiquecesoit aie encore suffisement de justesse et de courage pour être lui même sur de ce qu’il fait.
    Les doutes, les illusions, la paresse, n’ont fait qu’engendrer l’incertitude, la trouillardise et la faiblesse. Non, vraiment, sarkozy est parfaitement a l’image des français, les français qui conchient sarkozizi, ce sont les français qui se conchient eux même de leur propre miserabilité spirituelle, intelectuelle, psychologique et sociale.

    30 avril 2008 à 14 h 53 min
  • Dombert Répondre

    Les faits tendent à prouver que non seulement on a toutes les chances de devenir Français quand on travaille dans la cuisine d’un restaurant mais qu’en plus il en sera de même pour les proches en vertu des lois sur le regroupement familial. Et même si la première génération ne demandait pas la naturalisation, la progéniture l’obtiendrait par la suite quasiment automatiquement.

    30 avril 2008 à 6 h 08 min
  • Florin Répondre

    "On ne devient pas Français parce que l’on travaille dans la cuisine d’un restaurant".

    C’est un raccourci. Les gens ne sont pas imbéciles et l’ont compris : on ne rejoint pas la communauté nationale par la porte de derrière, fût-elle celle du Fouquet’s …

    Le Président réfléchit plus vite que les autres : il sait que "régulariser" aujourd’hui revient à octroyer la nationalité demain. ET sait que les Français ne sont plus d’accord avec ce schéma. Aucune erreur – mais bien au contraire, un raisonnement complet.

    30 avril 2008 à 3 h 18 min

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