UMP en échec, le retour des droites

UMP en échec, le retour des droites

D’Eric Zemmour dans Le Spectacle du Monde :

Sarkozy fit de l’UMP une machine de guerre hyperprofessionnelle, hyperpersonnalisée, un
mélange détonant de bonapartisme et de berlusconisme médiatique. Il n’hésita pas à renouer avec les envolées patriotiques des gaullistes, les injonctions assimilationnistes des vieux
républicains; il mania le bâton du policier au plus près des besoins sécuritaires des classes populaires. Sur le plan économique, il promit aux élites l’adaptation – cent fois retardée – de
notre vieux pays colbertiste égalitaire au vent libéral et inégalitaire venu des pays anglo-saxons. Il osa même rompre avec l’anti-américanisme et se fit atlantiste vibrant. Ce composite
hétéroclite lui permit de rassembler un électorat à la fois bourgeois et populaire : pour la première fois depuis des décennies, l’UMP retrouva les couleurs, magnifiées par Malraux, du « métro
à six heures du soir ». Ce mélange des genres, des idéologies et des électorats permit à Sarkozy de rassembler plus de 31 % des suffrages au premier tour de la présidentielle de 2007.
D’arracher une partie des électeurs du FN. Une puissance de feu qui le rendit irrésistible pour le second tour.

Après, vint le temps de la théorisation. Comme disait Napoléon: « on avance et on voit. »
Sarkozy s’efforça de systématiser son heureuse surprise de la présidentielle. Il fit grossir l’UMP de centristes qui avaient abandonné Bayrou, de socialistes ralliés, et puis, à droite, des
chasseurs et de quelques villiéristes. Mais la magie fut rompue. L’UMP avait pris du poids, pas de la force. Aux élections européennes et plus encore régionales, l’abstention
massive bouleversa les plans de l’état-major sarkozyste. Les électeurs de droite refusèrent leurs votes en masse. Dans ces conditions, les canons de l’UMP ne peuvent plus
tonner. La puissance devient solitude. L’UMP, désarmée, se retrouve sans alliés. La gauche divisée retrouve les avantages de la coalition. Les stratèges de
l’UMP rêvent du scrutin majoritaire à un tour qui rendrait les alliances inutiles. Les centristes veulent s’émanciper pour retrouver un rôle et des postes. La droite de l’UMP pleure ses
électeurs perdus et crie à la trahison du discours de 2007. Chaque droite retrouve ses racines, ses couleurs, ses drapeaux. Le parti unique a-t-il vécu ? ” lu dans le Salon Beige

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