Un esprit pétainiste

Un esprit pétainiste

Tous les Français ne ressemblent pas à ce que j’entends décrire ici, fort heureusement.

Mais bien trop de Français ressemblent à ce que j’entends décrire, et cela me semble consternant.

J’aurais pu penser que la guerre déclenchée par le dictateur russe Vladimir Poutine contre un pays démocratique, l’Ukraine, susciterait une large et presque unanime indignation.

Un dictateur d’un côté, une démocratie de l’autre. Un agresseur et un agressé.

Comment aurais-je pu imaginer que des Français défendent et soutiennent le dictateur et montrent de la sympathie pour l’agresseur ?

Au temps de Joseph Staline, les communistes français se plaquaient du côté de l’Union soviétique, mais c’étaient des communistes, des gens imprégnés d’une mentalité totalitaire et prêts à penser que tuer des ennemis de classe est acceptable.

Mais le communisme est quasiment mort et n’a plus beaucoup d’adeptes.

La démocratie agressée a un Président qui se conduit de manière digne et courageuse et qui devient l’incarnation du courage de son peuple soumis au pire, et ce Président parvient à mobiliser le monde.

Il a été humoriste, certes, mais il ne l’est plus.

Comment aurais-je pu penser que ce Président recevrait un torrent d’insultes ironiques et serait décrit comme un pantin méprisable, et que son peuple lui-même, à travers lui, serait trait avec indifférence et sur un mode relevant du dédain ?

Comment aurais-je pu penser que les discours tenus par ce Président pour mobiliser le monde seraient tournés en dérision ?

Des actes atroces relevant du crime de guerre ont été commis par l’armée du dictateur.

J’aurais pu penser, là, que des crimes de guerre commis sur le sol européen auraient suscité une indignation morale unanime.

Je dois constater que cela n’a pas été le cas.

Mon analyse face à cela me conduit à dire que la propagande russe est décidément très efficace.

La Russie de Poutine y consacre en moyenne, selon les services de renseignement occidentaux, un milliard de dollars par an.

Cela permet de diffuser de fausses nouvelles et de rémunérer des agents d’influence.

Mais, pour que cela fonctionne, il faut une population réceptive et, à l’évidence, il y a en France une population réceptive.

Le service chargé de la propagande au temps de l’Union soviétique était le KGB.

Aujourd’hui, le service s’appelle le FSB : le nom a changé, l’efficacité est restée la même.

Il existe des éléments expliquant la réceptivité de la population.

L’antiaméricanisme primaire est en France un sentiment très largement partagé qu’on retrouve au sein de la gauche et de l’extrême gauche anti-impérialiste et anti-capitaliste, mais aussi au sein du gaullisme et de la droite nationaliste.

Recourir à l’antiaméricanisme est, dès lors, en France, toujours payant.

Dire que la Russie lutte contre « l’impérialisme » de l’OTAN, que Volodymyr Zelensky est une marionnette des États-Unis, et que l’Ukraine devenait une pointe avancée de l’agressivité américaine contre la Russie ne pouvait que fonctionner.

Le relativisme moral, en outre, règne en France et attendre des positions éthiques était sans doute trop demander à certaines personnes.

Se sont ajoutés à cela les effets d’une ignorance de l’histoire de la Russie, de l’Ukraine, de l’Union soviétique et de la Deuxième Guerre mondiale et un esprit de soumission que j’appelle l’esprit pétainiste.

Dire que, si aucune arme n’était fournie a l’Ukraine, la paix viendrait plus vite et des vies seraient épargnées est typique de cet esprit.

Se rendre à l’ennemi en baissant la tête peut effectivement parfois permettre de survivre, dans la soumission.

La myopie géopolitique a joué aussi, et des discours disant que « cela ne nous concerne pas » sont venus de gens qui n’ont pas encore compris que la planète est de plus en plus petite et que ce qui se passe à Kiev a des conséquences à Paris.

En tout cas, j’ai eu, au cours des trois mois écoulés, toutes les raisons d’être consterné.

Et dire que j’ai été consterné est bien en deçà de la réalité. Je suis toujours consterné en cet instant. Pourrais-je dire qu’il m’est arrivé de ressentir du dégoût ?

Je n’ai en tout cas, souvent, en lisant certains journaux, en écoutant certaines émissions de radio ou en regardant certains programmes de télévision, pas été fier d’être français.

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Comments (5)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    depuis le temps que je dis sur ce blog que Guy Millière est un ” valet ” !
    quand ” Les 4 Vérités ” ,si elles sont indépendantes, se sépareront elle de ce pigiste ?

    1 juin 2022 à 17 h 20 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      encore une ” reductio ad hitlerum ” décidément les ” pigistes ” des ” 4 Vérités ” sont en manque d’ arguments
      remplacez les par des gens intelligents

      2 juin 2022 à 18 h 48 min
  • BAINVILLE Répondre

    Nous sommes consternés et dégoûtés par votre parti pris outrancier pour le régime de Kiev corrompu et dirigé par un pantin exécutant le plan criminel des USA, séparer la Russie de l’Europe occidentale.
    Le comportement criminel est celui de l’armée Ukrainienne, se retranchant dans les immeubles d’habitation, les écoles, les hôpitaux; l’armée russe progresse lentement afin d’éviter la destruction générale du pays, à l’inverse de ce qu’ont faits vos maîtres US en Irak, ou en Syrie par terroristes interposés.
    Nous n’avons pas de leçons à recevoir de quelqu’un qui s’est tellement abaissé en soutenant une politique US insensée et grandement criminelle. L’Ukraine de Porochenko et de Zelensky, celle de la haine et de l’exclusion, de tous les trafics, est celle que défendent les Rotschild, Soros Gates et autres…

    31 mai 2022 à 21 h 17 min
  • thibault mortier Répondre

    M. Millière, ce n’est pas parce que vous ne comprenez pas les opinions différentes des vôtres qu’il faut mépriser ceux qui les portent, à moins que vous ne soyez certain d’être la Vérité à vous tout seul, ce qui sur ce cas compliqué serait difficile à soutenir.

    J’entend bien votre argumentation : vous défendez la démocratie envahie, contre la dictature envahissante, au contraire de ces français selon vous dégoûtants, victimes de la propagande russe.

    De mon point de vue, la démocratie est seulement une forme possible de gouvernement, mais elle ne possède rien qui pourrait justifier de mourir pour elle. Tout particulièrement en Ukraine, cette démocratie était corrompue à tous les étages, au dernier degré. Sur Zélensky lui même, ancien histrion, d’origine non-ukrainienne, je n’ai pas d’avis : héros, ou valet des américains ? L’histoire jugera.

    Le mérite de Pétain fut de reconnaître que la première phase de la guerre était perdue pour la France, et d’arrêter un massacre inutile avec une position de négociation qui lui a permis d’en retirer quelques avantages, eu égard à notre défaite cuisante, et de préparer la seconde phase, menée par De Gaulle. Ce n’était pas du défaitisme, mais du réalisme, et un réalisme courageux, qu’il a payé de sa vie.

    Zelensky, lui, s’entête à envoyer ce qui reste de son armée se faire massacrer par des forces beaucoup plus puissantes, tant en volume qu’en qualité : l’issue de la guerre est inéluctable, il est impossible que les Russes la perdent. Pour moi, c’est l’équivalent des généraux qui envoyaient les Cyrards en gants blancs face aux mitrailleuses : très joli, mais absolument criminel. Au début, les exigences Russes étaient “raisonnables” : finlandisation de l’Ukraine, reconnaissance de Lugansk et Donetsk, suppression d’Azov. Plus Zelensky attend, plus les Russes seront fondés à formuler des exigences infiniment plus fortes.

    L’attitude de l’Europe, au lieu d’envoyer des armes aux belligérants (souvent des armes de rebut qui permettent de renouveler les arsenaux) aurait du être de les obliger à négocier, au lieu de pousser les Ukrainiens à continuer une guerre sans issue à l’évidence, dans l’objectif américain de “saigner la Russie”.

    Certes, aucune agression n’est bonne en elle même : mais vous ne pouvez pas rejeter les motifs de cette agression d’un revers de main. Si l’Ukraine n’était pas à elle seule une menace pour la Russie, elle le devenait par son rapprochement envisagé avec l’OTAN (organisation qui aurait du disparaître après l’écroulement soviétique). Et elle envisageait, paraît-il, un assaut final contre le Donbass séparatiste (et un accès aux armes nucléaires ? Et que faisaient ces labos OTAN sur le territoire Ukrainien ?). Mauvais prétextes ? Dieu seul le sait.

    Quand vous parlez des effets supposés de la propagande Russe, je vous rappelle que RT et Sputnik sont censurés dans notre beau pays phare de la liberté d’expression, tandis que prospèrent les agences de presse US, et une vision du conflit totalement contrôlée, et qu’on entend le glorieux Zelensky raconter à peu près n’importe quoi à chaque occasion en France, mais pas Poutine. Donc s’il y a propagande, elle est Ukrainienne et US, mais pas Russe.

    Pour moi, je ne fais pas grand cas des indignations assymétriques : je veux bien qu’on pleure sur les morts du Donbass, victimes de l’armée Russe, mais je ne reconnais ce droit qu’à ceux qui se sont indignés des morts du Donbass victimes de l’armée Ukrainienne depuis 2014. Cela fait déjà moins de monde…

    Je fais effectivement partie de ces français qui éprouvent une sympathie naturelle pour Poutine, bien qu’ayant des amis Russes qui lui sont opposés : je n’ai que faire des protestations de dictature qui lui sont faites, car j’estime ce même procès peut être fait à nos propres dirigeants. La dictature que nous vivons dans nos pays, pour être plus confortable, est plus pernicieuse, car elle s’attaque aux âmes. Et j’ai l’impression de vivre maintenant dans un pays occupé.

    Aussi, ce qui se joue dans ce conflit n’est pas la lutte de la démocratie contre la dictature, mais la lutte des US contre les Russes : nous autres pauvres citoyens qui n’avons pas pu empêcher le massacre d’un million d’Irakiens par les Américains, ni le bombardement de la Serbie par l’OTAN, nous avons seulement pour intérêt à ce que le monde soit le plus multipolaire possible, pour que les puissances s’équilibrent. Et en ce sens, il est bon que l’empire Russe, puisque l’empire Européen refuse de le faire, équilibre les prétentions extravagantes de l’empire US.

    Aussi, je n’irai pas mourir pour Kiev, même si cette opinion peut vous paraître difficile à soutenir, ce qui ne m’oblige pas à mépriser les mercenaires étranger qui s’y rendent, ou même à soutenir que les gens qui comme vous sont des soutiens de Zélensky mériteraient les opprobres que vous me jetez à la tête.

    31 mai 2022 à 21 h 07 min
    • Rolland Répondre

      M. Mortier, permettez-moi de vous féliciter pour cette remarquable réponse, tant dans le style que pour le contenu !
      Bravo !

      1 juin 2022 à 10 h 10 min

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