Un nouveau logiciel pour la France

Un nouveau logiciel pour la France

À chaque changement de majorité, on nous promet des réformes, qui ne sont d’ailleurs jamais réalisées. Mais est-ce bien la solution ? La France est-elle réformable ?

Réformer une situation signifie le plus souvent, et surtout en ce qui concerne les institutions : modifier. On modifie quelque chose qui ne donne pas entière satisfaction. Modifie-t-on quel­que chose qui ne donne pas du tout satisfaction ? Non, on le change pour autre chose : par exemple un nouveau logiciel.

Au sortir de la seconde guerre mondiale, l’Europe, sous la perfusion du plan Marshall, s’est retrouvée contrainte, à la fois, de se reconstruire et de mettre en place des institutions susceptibles de venir en aide à ceux qui avaient le plus souffert.

Cela s’est passé différemment selon les pays. L’Angleterre bénéficiait d’une monarchie constitutionnelle et d’un gouvernement bien en place qui avaient montré leur détermination à se défendre contre l’ennemi. L’Allemagne était totalement dépendante des États-Unis. Par contre, la France, déchirée après le triste épisode de Vichy, ne comptait plus que sur celui qui avait conquis ses galons en s’installant de l’autre côté de la Manche. De retour en France, sur qui le Général De Gaulle pouvait-il s’appuyer, sinon sur une résistance hétérogène constituée à la fois de communistes plus ou moins reconvertis à l’atlantisme et de quelques démocrates de retour d’Angleterre, d’Afrique du Nord et du maquis ?

J’arrête là ce retour en arrière, en rappelant simplement que le Général n’a alors rien eu de plus pressé que de rassembler les morceaux d’une France déchirée. Il a mis en place tout une architecture propre à réunir, en les centralisant, les pièces du puzzle politique et administratif (communes et départements), en y ajoutant des institutions susceptibles de venir en aide aux plus démunis.

Ce fut la confirmation du monopole de la Sécurité sociale et, un an plus tard, celui des organisations syndicales dites « représentatives ».

Deux tentatives de décentralisations ont ensuite échoué, tant et si bien que nous en sommes toujours à la France de 1945 et 46. Pour notre malheur, depuis, le poids de l’administration a atteint un volume tel qu’il ponctionne plus de 56 % du revenu national.

Quant à la centralisation, elle s’est assortie d’un millefeuille inextricable dans lequel, par exemple, un permis de construire déposé en mairie doit comporter 5 ou 6 exemplaires pour satisfaire la commune, la communauté de communes, le département, la région et bien évidemment l’État.

Alors, je répète la question : la France est-elle réformable ?

Ma réponse est bien évidemment, non ! Rien ne peut être entrepris pour nous arrêter dans notre chute inexorable, si tout n’est pas remis sur la table.

Il nous faut déjà des communes responsables, si nous voulons que les citoyens redeviennent responsables. Qui mieux qu’un maire et son conseil municipal savent ce qui est bon pour leur commune ?

Commençons donc par organiser au niveau communal des élections avec un système uninominal à un tour, afin que les candidats soient élus sur leurs compétences locales et non sur leur appartenance politique.

Espérons qu’au-dessus, toute la pyramide s’effondre. Un département, qui n’a plus la responsabilité de ce que les communes peuvent très bien décider avec leurs concitoyens et leurs budgets votés localement et démocratiquement, pourra s’intéresser aux seules compétences dévolues par le niveau inférieur. Cela s’appelle la subsidiarité ascendante.

Pour le moment, ça n’existe pas, ça doit donc être expliqué, et créé de toutes pièces. Combien de fonctionnaires, de matériels, de locaux pourraient être libérés pour d’autres activités ?

Dans ce contexte de mise en place d’un nouveau logiciel pour la France, il est facile de comprendre que l’État, au sommet de cette pyramide de construction consensuelle, n’aura plus sous son contrôle que des compétences dites régaliennes (police, justice, armée, pour l’éducation les programmes et les diplômes, mais surtout pas la pédagogie).

Pour faire cela, est-ce que des réformes suffiront ? Ne faut-il pas prévoir une remise en cause totale ?

Avec une vision pour l’avenir de la France, c’est possible. Cela peut se faire d’autant plus facilement que les citoyens sont aussitôt impliqués dans la construction de cette nouvelle France qui donne enfin toute sa place à l’individu libre et responsable.

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Comments (5)

  • JULES ET JIM Répondre

    Assemblée Nationale = 82 Fonctionnaires ,52 enseignants,38 avocats,15 permanents politiques !
    Le politburo en action!

    9 novembre 2012 à 11 h 57 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      Le rapport Jospin est ( comme il fallait s’y attendre ) IM-PI-TOY-ABLE ( avec la fonction publique )
      En effet il n’ est nullement question pour ” moraliser ” la vie politique française de faire COMME au Royaume Uni ( pour combien de temps ? ! ) où un fonctionnaire ( qui SE PRESENTE donc qui n’est pas certain d’être ELU ) DOIT démissionner de la Fonction publique sans espoir d’être REINTEGRE … c’est à ce genre de petits détails , sans importance , que l’on distingue les véritables démocraties des non moins véritables oligarchies !

      9 novembre 2012 à 20 h 52 min
  • Prudhomme Répondre

    “Tant que l’on a pas bien compris la liaison de toutes choses et l’enchainement des cause et des effets on est accablé par l’avenir”nous dit Alain
    A l’heure actuelle où règne”l’émotionnel” où le raisonnement rationnel a pratiquement disparu, où l’ignorance des faits économiques les plus simples sont ignorés par la multitude….demander dans ces conditions, aux citoyens de s’exprimer pour une idée comme celle exprimée ci-dessus, cela s’apparente soit à une chimère soit comme à une manipulation . IL est inconcevable que les politiques dignes de ce nom laissent se développer cette ignorance des réalités.

    8 novembre 2012 à 15 h 17 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Quand le degré d’asservissement de l’individu atteint le niveau constaté en France, il est illusoire de vouloir tout remettre à plat, d’ailleurs avec qui, avec ceux qui asservissent?
    Croire un seul instant que cette clique jouerait le jeu de la remise à plat, est un tantinet naïf.
    Le seul langage compris très rapidement et sans l’aide de traducteurs est celui de la force, fut-elle “clausewitzienne”.

    8 novembre 2012 à 9 h 56 min
  • QUINCTIUS CINCINNATUS Répondre

    il existe un obstacle infranchissable : depuis son ” asservissement au ” tout Etat ” l’individu libre et responsable est une espèce encore plus menacée que le lynx , le loup , l’abeille etc … aux quels il ressemble tant !

    7 novembre 2012 à 16 h 56 min

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