Une campagne sans candidat de droite

Une campagne sans candidat de droite

On est bien obligé de juger les hommes politiques sur ce qu’ils disent, même si l’on sait qu’ils ne disent pas toujours ce qu’ils feront, et ne font pas souvent ce qu’ils disent.
Et même s’il arrive que les devins aient raison ! Ceux qui savaient que le général De Gaulle abandonnerait l’Algérie… Ou que Sarkozy augmenterait les impôts…

Mais, d’une façon générale, les hommes politiques s’efforcent de tenir leurs promesses. On a pu calculer que François Mitterrand avait mis en œuvre 80 % de ses 110 propositions de 1981. Et l’Institut Thomas More, avec son 9e baromètre, crédite Nicolas Sarkozy d’une réalisation à 50 % de ses promesses.

C’est la raison pour laquelle il faut noter soigneusement tout ce qu’ils promettent, sur le chapitre des réformes, des changements, ou bien des objectifs. Y compris des objectifs aussi incertains que ceux portant sur l’emploi, les prix, la croissance, les grands équilibres…
Sur ce critère – leurs déclarations, leurs engagements –, on voudrait tout d’abord classer l’ensemble des candidats sélectionnés sur l’axe droite/gauche.

Et là, stupeur ! aucun candidat ne se réclame de la droite. Strictement aucun !
En 2007, Nicolas Sarkozy s’était lui-même présenté comme un candidat « de droite ». En 2012, ce n’est plus le cas.
Je ne me souviens plus si, en 2007, Jean-Marie Le Pen se disait « de droite ». Mais personne n’en pouvait douter. Tandis qu’avec sa fille Marine, on peut non seulement s’interroger, mais aussi remarquer que ses références sont de plus en plus souvent « à gauche », voire très « à gauche » (Cf. « Pour que Vive le France », 256 pages, 15 €, Grancher Éditions).

On ne s’étonnera pas que François Bayrou ne se dise jamais de droite. Mais on est surpris que Nicolas Dupont-Aignan, au nom de son gaullisme souverainiste, refuse lui aussi cette étiquette. Ce serait pourtant une façon intelligente de se distinguer…
Je sais qu’il est de bon ton, dans les médias dominants, de nier ce clivage droite-gauche. Ce qui ne les empêchera pas, dès le lendemain du 22 avril, de considérer qu’il y aura un candidat « de gauche » et un candidat « de droite », distinction qui sera immédiatement endossée, si ce n’est par le candidat dit « de droite », en tout cas par ses électeurs. Car, de tout temps, les électeurs, au moment crucial de voter, savent très bien se situer sur cette échelle droite-gauche.

Comment expliquer qu’aucun candidat ne cherche à parler ouvertement à cette fraction de l’opinion qui représente pourtant entre 50 et 55 % du corps électoral ?

Je propose l’explication suivante : comme les journalistes sont eux-mêmes très « à gauche », les candidats, pour se concilier leurs bonnes grâces, préfèrent apparaître comme faisant partie du même monde intellectuel. Qui partage une forme ou une autre de détestation de « la droite ».

Bien sûr, au-delà de ce constat nominal, on peut se demander si les thèmes abordés et les propositions faites sont plutôt « de droite » ou « de gauche ».

Mais, si l’on veut « retraiter » le positionnement de chaque candidat sur cet axe droite-gauche, il faut faire très attention, car la plupart des thèmes politiques ont été tour à tour « de droite » ou « de gauche ». C’est vrai de la préférence nationale (longtemps magnifiée par la gauche, comme le montre Pierre Milloz dans son dernier ouvrage, « Le cosmopolitisme ou la France », 236 pages, 24 €, éditions Godefroy de Bouillon). C’est vrai du libre-échange (valeur « de gauche », jusqu’à la première guerre mondiale). Ou de la défense de l’environnement, plutôt « à droite », avant que les verts-pastèques ne s’en emparent.

Quant au critère de la liberté individuelle, pour entreprendre ou simplement s’exprimer, pour important qu’il soit, il ne saurait être accaparé par un camp ou par l’autre.

D’autres proposent d’apprécier les discours politiques sur une échelle conservatisme-révolution. Ce qui reviendrait à mettre « à droite » toutes les forces du conservatisme social, syndicats compris…

Le plus simple et le plus honnête, selon moi, reste donc de considérer comme « de droite » ceux qui se disent tels.

Si bien que, dans cette campagne de premier tour, tout se passe comme si nous n’avions que des candidats « de gauche » ou « d’extrême gauche » et aucun « de droite ».

Ce qui laisse fort perplexe une grande partie d’entre nous. Au point d’envisager de s’abstenir, ou de voter blanc, le 22 avril 2012…

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Comments (11)

  • HOMERE Répondre

    On a perdu de vue que le chouchou des socialos,hors course because biroute en folie,of course,le sus nommé DSK avait donné lieu à une parodie de primaires au cours de laquelle le Capitaine de pédalo fut déclaré vainqueur…..le Flamby flambeur,aparatchik de l’appareil du PS,consensuellement compétent et décisionnairement incompétent,ne parlait il pas de lui,soi même, en déclarant "le futur Président de la République qui est devant vous…" se prenait alors pour Cicéron devant le Sénat romain qui déclamait ainsi " vous que le peuple romain n’a pas choisi ne pouvez élire votre maître dont la dictature serait sont unique sort.."

    De programme ? que nenni….je suis moi même le programme !!  tout un programme !!

    De stratégie ? que diable….l’anti Sarko est soi même la stratégie…le boulet du bilan…voilà une stratégie que nous allons rabâcher à l’usage des neuneus qui en sont encore au Fouquets….

    Mon Dieu sommes nous tous des neuneus ?

    Priez pour notre démocratie chewing gum qui s’aplatit sous la dent et s’étire mollement jusqu’à la rupture !!

     

    25 mars 2012 à 12 h 31 min
  • François Répondre

      Jaures, au cas où cela vous aurait échappé, M. Dumait parlait de l’élection présidentielle. Mais c’est vrai que vous avez l’habitude de répondre à côté de la question posée…
      Pour en revenir aux candidats socialistes à la dite élection et de leur haute opinion d’eux même, que disait Audiard à propos de ceux qui osaient tout déjà?…

    24 mars 2012 à 8 h 56 min
  • Jaures Répondre

    "Tout n’est pas perdu, nous avons l’ éternité devant nous…" dit Raynaud.
    Le problème est que, comme dit Woody Allen, l’éternité c’est un peu long, surtout vers la fin.

    François, on peut ne pas se sentir taillé pour être président. Dans ce cas, on s’engage à la mesure de ses compétences: à la mairie, aux cantonales, plus haut si l’on veut. Mais si personne ne vous satisfait et que l’on se contente de râler on est qu’une trompette.

    23 mars 2012 à 15 h 25 min
  • Toni Répondre

    Jaures par rapport au commentaire du 21 mars à 17:04, les gens ont autre chose à faire que de vous entendre vous et vos collègues syndicaux racontés des débilités et des anneries. Les gens ont peut être des clients et des fournisseurs à gérer au plan national et au plan international … Et ils n’ont peut être pas forcément de temps à vous consacrer.

    De même soi vous vouliez vraiment empêcher les délocalisations et l’expatriation des riches, vous seriez à un poste frontière en éssayant de demander aux frontaliers les raisons du départ des "riches" et de plus en plus de classes moyennes. Je veux dire que vous chercheriez à vraiment comprendre en vous rendant le terrain pourquoi coté France vers annemasse il n’y a pas d’usines alors que coté Suisse, ça se construit et ça marche relativement bien. Parce que voyez vous … Les riches familles Françaises se sont déjà tirés à cause de gens comme vous. Elles se sont tirés parce qu’elles ne sentent pas bien avec des gens comme vous qui composent 66% de la société Française hélas …

    Même moi étant loin d’être un privilégié je préfère vivre célibataire sans conjoint sans enfants dans un pays comme la France pour pouvoir me détacher rapidement si un redresseur de tort de votre genre s’approche de moi trop près.

    23 mars 2012 à 10 h 39 min
  • RAYNAUD Répondre

    De droite, il n’ y a aucun. Pourquoi ? Il faut du courage et de la ténacité pour se déclarer Catholique sachant les déviances du catholicisme depuis Vatican II. La religion de Dieu est fortement contestée par la religion de l’ homme. Alors regrouper des hommes vraiment catholiques, fidèles à leurs engagements qui pensent que nous avons été des lâches tant en 56 pour la Hongrie, qu’ après avec le Viet-nam , l’ Algérie, la Tchécoslovaquie… et j’en passe. Alors , réunissez ces hommes, j’en serais, qui soient capables de réunir 500 signatures avec ces références, qui ne se déchirent pas pour des querelles de personne, de pouvoir… qui aspirent au bien commun sous le regard de Dieu. Tout n’est pas perdu, nous avons l’ éternité devant nous, mais nous pourrions aussi accélérer l’ éternité.

    22 mars 2012 à 19 h 42 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    il est certain que Jaurès serait enseveli sous une montagne de " signatures " … moi certainement pas !

    22 mars 2012 à 13 h 41 min
  • François Répondre

      Ah, Jaures!
     Il fut une époque où un certain Pierre Mesmer refusa d’être candidat à la présidentielle car, selon ses propres dires, " il ne se sentait pas taillé pour la fonction".
     Peut être que Monsieur Dumait a cette même modestie qui est l’apanage des grands.
     C’est vrai que quand on voit le candidat PS aujourd’hui ( et celle de la dernière fois), on ne peut qu’être ou bien admiratif de ce genre de position ou bien ne pas comprendre…

    22 mars 2012 à 12 h 13 min
  • sélène Répondre

    On ne juge pas les gens sur ce qu’il dise ou pense,d’ailleurs on ne juge pas les gens tout court.On juge juste les actes. De plus,comme je l’ai dit dans une autre discussion:s’abstenir ou voter blanc ne sert pas à nous faire avancer.Si,par exemple,vous votez tous Marine ou Sarko(qui doit user votre clavier à force de lui envoyer des fleurs),ce candidat aura plus de chance de passer. Et lorsqu’il ou elle sera à l’Élysée vous pourrez prendre votre plume et lui écrire pour soumettre vos idées pour faire une France meilleure.Si on ne répond pas,faite alors le blocus(comme pour Cuba et l’affaire des missiles)) en rédigeant chaque jour une missive:vous pouvez bien le faire,vue le nombres d’heures que vous passez tous sur votre clavier.

    22 mars 2012 à 9 h 38 min
  • Jaures Répondre

    Que Dumait, comme Millière, cesse de se lamenter. Si aucun candidat ne trouve grâce à ses yeux, s’il estime que la "droite" n’est pas représentée, que ne s’est-il présenté ! Obtenir les signatures ne semble pas si difficile quand on les veut vraiment: Jacques Cheminade peut en témoigner. Et si "tous les medias sont de gauche", au moins durant 5 semaines vous bénéficierez du même temps de parole que les autres.
    Mais non. Je croise beaucoup, hélas !, de ces individus qui chaque jour se plaignent et se lamentent, qui prédisent la catastrophe pour demain et la régression généralisée, et qui, devant le moindre engagement renâclent, louvoient et finalement s’abstiennent.
    C’est qu’il y a dans la critique permanente sans engagement un confort intellectuel appréciable. On aura jamais à vous reprocher que vos propos. Et on ne tient guère rigueur aux fabricants de courants d’air.

    21 mars 2012 à 17 h 04 min
  • dissident Répondre

    cher mr Dumait que j approuve souvent, je pense que marile le pen est la moins pire des candidats malgre ses errances en matiere economique, limitation drastique de l immigration invasion, retablissement de la securite c est deja beaucoup, quant aux promesses du sortant en ce domaine on a deja donne, de plus sitot elu il appelera des personnaltes de gauche dite d ouverture pour completer son gouvernement genre Dray, Taubira etc ce qui lui interdira bien sur toute mesure touchant l immigration, selon Claude Allegre bien informe ce scenario est deja prevu

    enfin et surtout apres les presidentielles il y a les legislatives, les cjhoses etant ce qu elles sont plus m le pen aura de voix, plus il y aura de chances que des deputes nationaux ou conservateurs entrent ou fassent leur retour a l assemblee

    GOLLNISCH, PEYRAT, BOMPART a l assemblee nationale !

    21 mars 2012 à 13 h 34 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    Comme à son habitude , excellent article de Monsieur Alain Dumait
    Risquons un pronostic à 45 jours du scrutin :
    Nicolas le Grec : tout juste au-dessus de 50 % des suffrages exprimés
    François de Sisyphe : tout juste au-dessous de 50% des mêmes

    21 mars 2012 à 13 h 31 min

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