Une majorité n’a connu que le socialisme…

Une majorité n’a connu que le socialisme…

Mes activités font que je me déplace beaucoup. Je suis souvent en avion, ce qui me donne l’occasion d’avoir de longs moments de lecture.
Lisant récemment, lors d’un vol, l’hebdomadaire « Valeurs Ac­tuelles », j’ai pu me plonger dans un dossier détaillé consacré aux mille et un tracas infligés par le gouvernement à la population française, et portant un titre utilisé dans les « 4 Vérités » voici peu : « Arrêtez d’emmerder les Français ! »

J’y ai découvert un certain nombre de délires administratifs que seuls des énarques peuvent imaginer.
Je me suis dit, une fois de plus, qu’être entrepreneur dans ce pays relevait décidément de l’héroïsme.

J’ai compris les réactions de désespoir, parfois aveugle, qui peuvent saisir, à des moments successifs, diverses catégories de la population, comme dernièrement les agriculteurs.
J’ai observé aussi, sur un téléviseur, les départs en vacances et j’ai été imprégné d’un sentiment de tristesse et de révolte.
Tristesse face à ces cortèges de voitures jetées dans de longs encombrements le même jour, à la même heure, qui seront suivis d’encombrements identiques un mois plus tard, le même jour, à la même heure.

Révolte face à la vision des contrôles omniprésents et des policiers postés partout au bord des routes, et condamnés à exercer une activité de racket au service d’un gouvernement qui n’en finit pas de vider les caisses et de cumuler les déficits.
Il y a des réactions de désespoir. Il y a aussi, hélas, une immense soumission.

Dans un livre que j’ai consacré à ce sujet voici quelques années, j’évoquais une stratégie que d’autres que moi ont évoquée, et qui se trouve appelée « stratégie du homard » : si on plonge un homard dans l’eau bouillante immédiatement, il se débattra, tentera d’échapper à la casserole. Il ressentira instinctivement que la mort l’attend à très brève échéance. Si on le plonge dans l’eau froide et qu’on fait réchauffer l’eau, il percevra la montée de la tiédeur, s’accoutumera, perdra ses défenses instinctives, et cuira jusqu’à la mort, sans se débattre.
Les gouvernements français successifs pratiquent la stratégie du homard. La population française n’est pas encore tout à fait cuite ; elle se débat encore. Mais, dans son ensemble plus vaste, elle semble résigner. Elle accepte. Elle semble ne pas voir d’issue.

Il m’arrive de craindre qu’il n’y ait pas d’issue. Je citais « Va­leurs Actuelles » : c’est désormais le seul hebdomadaire de grande diffusion qui me semble lisible. Quasiment tous les journalistes, ailleurs, semblent penser de manière identique et avoir le cerveau essoré.

Si je me contentais de la presse française, je ne saurais rien de ce qui se passe sur la planète. Je ne saurais rien, même, de ce qui se passe en France.
Dès qu’il se passe quelque chose sur terre que la presse française ne peut ignorer, je songe à l’avance à ce que seront les gros titres. Je n’ai, ensuite, plus qu’à jeter un coup d’œil pour confirmer.

Je pourrais parler de l’offre politique, car elle ne vaut pas mieux que l’offre journalistique : j’ai écrit, il y a quelques années, que tous les partis politiques français étaient socialistes et étatistes à des degrés divers.

Je me souviens d’une époque où il y avait encore un peu de pluralisme médiatique et politique en France. Cette époque est révolue.
Je partage mon temps entre la France et les États-Unis. Je peux, dès lors, percevoir une différence. Je reviendrai ici sur cette différence. Je sais que nombre de gens ne peuvent percevoir la différence. Voyager outre-Atlan­tique coûte cher ; percevoir la différence implique de parler une autre langue.
Je me souviens d’une affiche du parti qui est devenu les Républicains, il y a trente ans. On y voyait un enfant poser une question consternante, je ne sais plus laquelle. La réponse, navrée, était : ils n’ont connu que le socialisme.

Une majorité de Français, aujourd’hui, en est là : elle n’a connu que le socialisme.
Parce que j’aime ce pays où je suis né, où ma mère repose et où mon père s’éteint doucement, parce que, malgré tout, j’aime ce peuple, c’est pour moi un spectacle pathétique et qui serre le cœur…

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Comments (13)

  • Jaures Répondre

    Millière nous chante sempiternellement la même chanson.
    Mais il en adapte les paroles selon son humeur.
    On se souvient que quelques mois avant l’élection d’Obama, il nous expliquait toute la différence entre le peuple français, passif, asservi, décérébré, et les Américains dont, disait-il, un simple paysan avait du monde une vision plus claire qu’un universitaire français.
    Bien entendu, après l’élection d’Obama, le discours fut tout autre, les Américains étaient envahis par la “contre-culture”, avaient perdu tout discernement, ce serait bientôt la fin des Etats-Unis.
    Millière pourrait au moins rendre grâce à la France qui permet à un simple chargé de cours d’accumuler assez de “capitaux”(sic) pour s’installer aux Etats-Unis et y percevoir sa retraite garantie sur les plages de Miami.

    19 août 2015 à 9 h 40 min
    • Raoul Villain Répondre

      Jaurès Va bosser feignasse.

      19 août 2015 à 10 h 32 min
  • HERVE Répondre

    Cher Monsieur Millière,
    La plupart de vos articles m’exaspèrent par leur pro-américanisme et pro-israël inconditionnels.
    Mais je suis obligé de vous féliciter pour votre article “Une majorité n’a connu que le socialisme” (voir le trotskisme dans bien des domaines) car il n’y a pas un mot ou une phrase avec lequel je ne suis pas à 200% d’accord avec vous.
    Une fois n’est pas coutume, mais je vous félicite.

    13 août 2015 à 13 h 43 min
    • troudemoustic Répondre

      pourquoi être pro-USA, et pro-Israel ? Mais bon sang, soyons d’abord pro-français de souche et de culture chrétienne !

      13 août 2015 à 21 h 55 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      et si la ( bonne ) réponse était tout simplement :

      les Français AIMENT le socialisme

      17 août 2015 à 17 h 42 min
  • betsynette Répondre

    Je viens de lire votre article, et je vous dis merci, les Français sont endormis et quand ils ont un…petit sursaut….vite on donne à celui qui bouge une petite compensation pour qu’il se rendorme, la France n’a plus de niack, j’aime mon pays, mon grand père est mort pour cette belle France, et je dis honte à ces dirigeants qui la brade comme on brade les filles dans certains pays, j’espère que les Français vont se réveiller.

    13 août 2015 à 8 h 52 min
  • Wàng Répondre

    Guy : la question n’était elle pas “Papas, c’est quoi la dignité humaine ?”

    Toutes mes condoléances pour votre chat.

    12 août 2015 à 22 h 28 min
  • vozuti Répondre

    En France,dès l’enfance, l’esprit critique et l’esprit d’initiative sont réprimés au profit de l’obéissance. Les français attachent une importance démesurée à la hiérarchie,ceux qui dirigent peuvent donc sans risques abuser de leur pouvoir,et les rares qui se rebellent sont écartés et piétinés.
    Après la guerre en Irak,on posait la question de savoir pourquoi la démocratie ne fonctionne pas chez les arabes,et on peut poser la même question pour les français : pourquoi la démocratie n’a amené au pouvoir en france que des profiteurs extrêmement nuisibles? probablement parce que les français sont trop obéissants et dénués d’esprit critique.

    12 août 2015 à 17 h 02 min
    • Pascal Blaize Répondre

      C’est un vrai bonheur de lire vos lignes car c’est TELLEMENT vrai !…

      Et malheur à celui qui dit la vérité, il doit être exécuté.

      (La peine de mort en démocratie étatiste est remplacée par la peine de vie, où aucune reconstruction n’est possible.)

      12 août 2015 à 17 h 25 min
    • Philiberte Répondre

      Les Français ont perdu leur esprit gaulois. On les conditionne pour en faire de bon petits consommateurs endormis.

      13 août 2015 à 9 h 19 min
      • Pascal Blaize Répondre

        Entre culture de l’obéissance et accoutumance à la soumission, la frontière est ténue.
        Eût-elle été animée d’un esprit militaire de cette facture, il est probable que Jeanne d’Arc n’aurait pas beaucoup contribué à nous débarrasser de l’occupation anglaise. Alors, pour repousser le socialisme hors des lieux où nos politiques n’auraient jamais dû ni le faire ni le laisser entrer, la vertu à insuffler n’est-elle pas plutôt et tout simplement l’amour de la France ?

        13 août 2015 à 9 h 26 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      on ne peut que vous approuver !

      17 août 2015 à 17 h 44 min
  • Pascal Blaize Répondre

    “La stratégie du homard” peut être comparée à celle de la grenouille :
    Selon cette historiette, si l’on plonge subitement une grenouille dans de l’eau chaude, elle s’échappe d’un bond ; alors que si on la plonge dans l’eau froide et qu’on porte très progressivement l’eau à ébullition, la grenouille s’engourdit ou s’habitue à la température pour finir ébouillantée.
    Nous en sommes là : ENGOURDIS !…

    12 août 2015 à 9 h 57 min

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