Une guerre économique menée par les anglo-saxons ?

Une guerre économique menée par les anglo-saxons ?

La Grèce est au plus mal et vous, vous vous focalisez sur le
Royaume-Uni…

La Grèce ne pouvait plus continuer ainsi, c’est évident, et ce qui lui arrive
maintenant sera à terme salutaire pour le pays. Mais tout le monde le savait depuis longtemps, et ses chiffres ne sont pas si désastreux. Il faut donc se demander «pourquoi maintenant»
?

Tout a, en fait, commencé par une série d’articles en début d’année, publiée dans le Financial Times, la voix de la City, qui soulignait les problèmes du pays, laminait et laminait en parlant du danger que représentait sa
situation économique. Il y a eu un travail de sape de longue haleine, qui a évidemment poussé les autres médias à couvrir ce thème. La crise de la Grèce est avant tout née d’une
guerre psychologique : c’est une crise de confiance, une prophétie auto-accomplie.

 

Pourquoi le Royaume-Uni s’amuserait-il à faire cela
?

 

Parce que, suite à la crise, les Etats sont en situation de guerre
économique.
En Suisse, vous avez été les premiers à en prendre
conscience
, puisque les Britanniques et les
Américains s’en sont pris à votre place financière très vite et très violemment, pour protéger et avantager les leurs. Les Européens commencent tout juste à comprendre ce qui leur
arrive.

 

La Suisse était en concurrence directe avec ces deux pays, mais pourquoi s’en prendre à la Grèce
?

Ce n’est pas la Grèce qui est visée, mais la zone euro et sa monnaie. La Grèce est une
cible facile
parce que son économie n’est pas très importante – elle n’a donc pas les mêmes moyens pour se défendre que l’Allemagne ou la France. Couler l’euro, c’est intéressant pour la
livre et le dollar. Créer cette diversion, c’est aussi un moyen de cacher ses problèmes.

 

C’est-à-dire ?

Le Royaume-Uni et les Etats-Unis sont dans une situation d’endettement privé et public
insoutenable
. Or, il y a actuellement trop de pays qui veulent se financer – d’ici décembre, il va falloir trouver entre 150 et 200 milliards d’euros – et pas assez d’argent à
disposition.
Ça ne va donc pas être simple pour les Anglo-Saxons. D’autant plus qu’une partie des emprunts arrive à maturité pour les Etats-Unis, qui vont devoir les refinancer. Dans ce
contexte de forte concurrence, vous avez tout intérêt à apparaître comme un bon candidat, et à couler les autres candidats. (…)

 

La prochaine
catastrophe, c’est quoi ?

Le Royaume-Uni. Ce qui
va se passer prochainement dans ce pays, en termes de révélations sur la réalité économique, va définitivement ouvrir les yeux des Européens. Des chiffres commencent à sortir
dans la presse.
Le
Guardian a, par exemple, titré le 5 mai
sur le fait que le déficit budgétaire du Royaume-Uni
risque bien d’être plus élevé encore que celui de la Grèce, comparativement à
leurs PIB respectifs. Les gens ne sont pas idiots : ils savent que si le pays a des soucis, c’est que sa place financière a de plus gros soucis… Extraits du journal Le Matin, interview de 
Franck Biancheri.

 

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