Valls II : le pire est à craindre !

Valls II : le pire est à craindre !

Le remaniement ministériel de la semaine dernière est, tout à la fois, un coup de maître politicien, un coup de poker, et un risque pour les libertés des Français.

Un coup de maître politicien d’abord. Avec l’évacuation d’Arnaud Montebourg et la double nomination de Najat Vallaud-Belkacem et d’Em­manuel Macron, le tandem Hollande-Valls a, tout d’abord, affirmé son autorité.

Il est peu probable que cela impressionne beaucoup, mais, pendant quelques heures, le public (car c’est une pièce de théâtre, bien sûr !) a pu croire que la cohérence politique, la fermeté et le courage étaient des vertus chères au couple exécutif.

Est-il besoin de dire que rien n’est plus improbable ? D’ailleurs, la valse-hésitation sur les 35 heures, peu après la nomination d’Emmanuel Macron à Bercy, suffirait, à elle seule, à montrer qu’il n’y a aucune ligne politique à la tête du pays.

Le coup de maître profite, dans un premier temps, principalement à Manuel Valls.

Il a imposé sa volonté à François Hollande, qui a été forcé de valider la ligne plus ou moins social-démocrate de son Premier ministre – et, surtout, de désavouer la gauche du PS, alors que le « président normal » n’aime rien tant que les combinaisons obscures entre courants du parti. Et Manuel Valls s’est débarrassé d’Arnaud Mon­tebourg, à qui il devait largement sa nomination à Matignon : c’est un vieux classique de la politique que d’assassiner les personnes à qui l’on doit trop !

Mais, surtout, au plan politicien, ce remaniement est un coup de maître, car il ne peut que renforcer le Front national et mettre mal à l’aise l’UMP – ce qui, dans la perspective de 2017, est évidemment une bonne chose pour le PS.

La nomination de Najat Vallaud-Belkacem (idéologue de la théorie du genre possédant la nationalité marocaine) au ministère de la prétendue Éducation nationale, ainsi que la no­mination du banquier d’affaires Em­manuel Macron, donneront naturellement des arguments au FN. De son côté, l’UMP hésite à se féliciter du « tournant social-libéral » que révélerait la nomination de M. Macron.

François Hollande étant toujours dans la perspective d’un deuxième tour face à Marine Le Pen en 2017 ne peut donc y trouver que des avantages.

Seulement, c’est aussi un coup de poker. D’abord, parce que, si Manuel Valls gagne son pari, il y a des chances qu’il soit tenté de se présenter en 2017, ce qui ne ferait pas du tout les affaires de François Hollande.

Mais, aussi et surtout, parce que, pour que le pari soit gagné, il faut que les « frondeurs » du PS obtempèrent au diktat de leurs chefs. Or, avec la popularité en berne de l’exécutif et la perspective de nouvelles bérézinas électorales, les députés socialistes seront de moins en moins enclins à soutenir Manuel Valls.

Pire, si l’ultra-gauche est capable de s’unir, son candidat pourrait fort bien dépasser celui du PS en 2017.

Et, là, nous quittons le jeu politicien pour toucher à l’avenir de la France.

François Hollande joue un jeu dangereux, en nourrissant d’un côté la traditionnelle démagogie socialiste, et en interdisant, de l’autre côté, à ceux qui l’ont cru de parler : il ne peut que faire monter un ressentiment d’extrême gauche très fort.

Au demeurant, ce ressentiment sera de moins en moins policé. Il suffit de lire ce qui se publiait sur l’internet d’extrême gauche après la nomination d’Emmanuel Macron, et de rapprocher ces critiques des émeutes de Barbès et de Sarcelles pour deviner que l’extrême gauche française re­vient doucement à sa doctrine d’avant l’affaire Dreyfus contre le « capitalisme apatride » et la « banque juive ».

On peut se réjouir que l’équivoque de l’antifascisme, sur laquelle la gauche française a prospéré depuis les années 1930, s’achève, mais il n’est pas certain que tous les observateurs soient tout à fait prêts à ce radical changement de politique…

En attendant, il existe un risque plus immédiat. Le discours de Manuel Valls à La Rochelle l’a d’ailleurs montré clairement. Puisque le Premier ministre souhaite mener une politique dite « sociale-libérale », sa seule possibilité pour tenir sa majorité est de donner des gages à gauche sur les sujets non économiques.

C’est-à-dire que les lois « sociétales » vont proliférer ; que la prétendue « Éducation nationale » sera, plus que jamais, une machine de propagande socialiste ; que les libertés, déjà fort réduites, vont encore reculer (notamment sans doute sur internet) ; que les attaques contre l’identité française vont s’accentuer…

Il y a donc tout lieu de craindre que le gouvernement Valls II soit pire que les précédents.

Guillaume de Thieulloy

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Comments (5)

  • HOMERE Répondre

    Le concept de “social libéralisme” est,de nouveau,une invention fantasmée par ceux qui font le grand écart entre les deux notions totalement incompatibles.
    Quoi su’il en soit,jamais le vocabulaire n’a inspiré la réalité concrète d’une situation vraie,seules les circonstances font associer au gré des évènements des termes sans relations réelles.
    Prenons le cas de la “social démocratie” qui ne veut strictement rien dire non plus puisque l’on peut associer le terme “démocratie” avec n’importe quel autre terme.En fait on veut,par ces associations,tenter de qualifier ce que l’on attribue au centrisme qui ne veut également rien dire…..

    7 septembre 2014 à 12 h 02 min
  • BRENUS Répondre

    Ne vous faites aucune illusion sur le petit génie Macro : en bon membre du parti, il appliquera les recettes foireuses que lui demanderont ses patrons socialistes. N a t il pas déjà rétropédalé , tout comme Valls d’ailleurs dont seules les valseuses Tautau et Belkacem font ce qu’elles veulent : les autres ont bien trop peur de se faire traiter de racistes ou xénophobes pour faire connaitre leurs limites et par là même l’anomalie de leur position. Pariez que si on découvrait une magouille comme celle de Thévenot, l’informateur se retrouverait en taule et la situation enterrée.

    7 septembre 2014 à 1 h 14 min
  • Roban Répondre

    ” Et Manuel Valls s’est débarrassé d’Arnaud Mon­tebourg, ”
    Mais il n’a pas su se débarrassé de la taupe !

    6 septembre 2014 à 0 h 14 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      il ne s’ est surtout pas débarrassé de lui-même et c’ est bien là tout le problème

      6 septembre 2014 à 18 h 31 min
  • DESOYER Répondre

    Pourquoi les socialistes, même social-démocrates, deviendraient-ils compétents tout d’un coup?
    Ils viennent chatouiller les centristes. Mais les centristes sont-ils eux-mêmes compétents?

    4 septembre 2014 à 13 h 01 min

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