Vers une nouvelle spoliation des Français ?

Vers une nouvelle spoliation des Français ?

Le monde médiatique bruisse de rumeurs à propos d’un rapport destiné aux ministres de l’Économie français et allemand.

Disons d’abord que ce rapport, personne ne l’a encore vu, si ce n’est un journaliste du « Spiegel ». Il faut donc prendre tout cela avec mesure et prudence.

À ce stade, ce qui est sûr, c’est que les économistes (plutôt de gauche, tous les deux) Jean Pisany-Ferry et Henrik Hender, respectivement français et allemand, doivent remettre un rapport aux deux ministres de l’Économie, Emmanuel Macron et Sigmar Gabriel, en prévision du sommet franco-allemand du 2 décembre prochain.

Le « Spiegel », repris en boucle par tous les gros médias français, annonce avoir eu une version de ce rapport. Est-ce la version définitive ? Ces annonces sont-elles un ballon d’essai pour préparer l’annonce de mauvaises nouvelles ? Je ne sais.

En attendant d’y voir plus clair, voyons ce que le « Spiegel » annonce avoir découvert dans ce rapport.

L’idée générale serait de profiter du sommet franco-allemand pour obtenir de l’Allemagne un assouplissement de ses règles d’investissement public. En échange, la France s’engagerait sur un assouplissement de son droit du travail.

C’est naturellement les hypothétiques engagements français qui font couler le plus d’encre de notre côté du Rhin.

Il semble qu’il soit question de revenir sur les 35 heures, au moins dans certains secteurs, et de geler les salaires pendant 3 ans pour redonner de la compétitivité aux entreprises françaises.

S’agissant de l’abrogation des 35 heures, j’ai dit maintes fois dans ces colonnes qu’elle s’imposait : il n’est pas admissible de dépenser des milliards d’argent public pour brider les entreprises. A fortiori quand cela n’a pas le moindre impact sur le chômage.

Il est urgent de redonner au travail toute sa place dans l’économie et de cesser de rêver à un monde sans compétition et consacré aux loisirs éternels. Dans ce cadre, l’abrogation des 35 heures me semble hautement souhaitable, même si elle ne suffira évidemment pas à relancer la machine économique française, ni même à rendre du pouvoir d’achat aux Français et de la compétitivité à nos entreprises.

Les 35 heures sont, en effet, un funeste symbole des utopies socialistes hostiles à toute liberté d’entreprise et à tout travail. Quand bien même cela ne nous rapporterait rien (et cela nous rapportera !), il faut abattre ce symbole désastreux.

Je suis, en revanche, extrêmement dubitatif, pour ne pas dire plus, sur cette histoire de gel des salaires.

D’abord, je note qu’une nouvelle fois, on demande aux citoyens de régler la note des erreurs des politiciens socialistes. C’est une profonde injustice et une faute politique.

Ensuite, juridiquement, je ne vois pas comment l’État pourra décider ce gel des salaires. Jusqu’à preuve du contraire, ce sont les conventions collectives et les contrats individuels qui règlent ces questions dans les entreprises privées. Va-t-on nationaliser toutes les entreprises et tous les syndicats pour mener cette « négociation » ?

Enfin, tout cela révèle une conception totalement biaisée du droit de propriété. Ce gel des salaires, outre qu’il impose une bien curieuse conception de la responsabilité dans l’entreprise, est une nouvelle forme de spoliation, qui s’ajoute aux spoliations fiscales (et prépare peut-être les spoliations massives de nos patrimoines qu’ont réclamées le FMI et le gouvernement socialiste).

J’ajoute que la « contre-partie » que l’on essaie de nous « vendre » me paraît fort inquiétante.

Certes, l’Allemagne a sous-investi dans ses infrastructures et elle doit désormais songer à se remettre à niveau.

Mais lui forcer la main, exiger d’elle 20 milliards d’euros d’investissements d’ici 2018, exiger qu’elle cesse de faire attention à son déficit public n’est une bonne nouvelle ni pour elle, ni pour nous.

L’Allemagne est, pour le moment, l’un des seuls pays d’Europe à faire un tant soit peu attention à ses finances publiques, se souvenant que vivre à crédit se paie un jour ou l’autre (et elle se souvient l’avoir payé fort cher voici quelques décennies).

Ce n’est pas parce que nous sommes dans une mauvaise situation qu’il faut rêver que l’Allemagne nous y rejoigne et jette avec nous l’argent public par les fenêtres.

Quand les dirigeants politiques et économiques français auront compris que notre survie exige du sérieux et des efforts, et non des réformes absurdes ou une communication délirante, nous aurons fait un grand pas !

Guillaume de Thieulloy

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Comments (8)

  • Hilarion Répondre

    Dans une économie qui se veut ouverte à tous les vents, je ne vois pas comment la résorption du chômage pourrait se faire sans une baisse drastique et des salaires et des charges, c’est à dire aller vers une régression sociale de plusieurs décennies. Prenons deux usines produisant des autos de gammes équivalentes. L’une a une main d’œuvre payée 100 l’autre une main d’œuvre payée 25, ayant de surcroît bénéficié de transferts technologiques issus d’une expérience de 80 ans permettant de faire l’économie des coûts de recherche et développement. Eloignez ces deux usines de 2000 km et vous avez l’exemple de Renault en France et Dacia en Roumanie dont les productions reviennent largement sur notre sol. Même en ajoutant les coûts de transport, les prix de revient sont incomparables, permettant de mettre sur le marché des produits similaires sans concurrence possible en production française. Le Prix Nobel d’économie Maurice Allais (voir l’un de ses derniers ouvrages “La Mondialisation, la destruction des emplois et de la croissance”, éditions Clément Juglar) constate dans son études la “cassure” de 1974 à partir de laquelle les politiques libre échangistes mondialistes ont été mises en œuvre et qui ont coïncidé avec la montée continue du chômage conjointement à la disparition de pans entiers de notre industrie. Dans un cadre mondialisé sans protection douanière, les économies se calent inévitablement sur le plus petit commun dénominateur par effet de concurrence. L’endettement de la France vient en conséquence de la nécessité pour les gouvernements successifs de préserver artificiellement un niveau social acceptable, dans la mesure ou une brutale décroissance provoquerait de graves troubles sociaux, mais compensant par l’emprunt des ressources que l’économie ne produit plus. A ce fondamental, s’ajoute des pesanteurs tels qu’une gestion exécrable dans de nombreux domaines ( l’exemple de la police qui court cinquante fois après les mêmes malfaiteurs relâchés par la justice dès qu ‘arrêtés en est l’exemple caricatural), ou bien une immigration de travail qui n’est en réalité qu’une immigration de chômage et de prestations sociales. Cette situation financière met aux abois un gouvernement qui ne sait plus ou trouver des ressources, l’endettement étant surveillé par Bruxelles. Il ne lui reste donc plus qu’à mettre le pays en coupe réglée pour pallier les conséquences de son incurie.

    2 décembre 2014 à 11 h 48 min
  • euréka Répondre

    Je ne vois pas en quoi exiger des Allemands 20 milliards d’investissements arrangerait les affaires de la France ou alors des investissements à faire sur le territoire français.

    Et pourquoi parler de spoliation ? Qui peut vraiment croire que nous pourrons assainir la situation économique sans demander un nouveau petit effort aux contribuables ?
    Le gros des économies se fera sur le train de vie de l’état, le gaspillage insensé à l’EN et la réduction du nombre de fonctionnaires et d’élus qui se gavent sur le dos du privé.

    Je propose qu’on mette en taule tous ceux qui se sucrent
    en étant au pouvoir. Le nouveau délit d’impécuniosité doit être mis en place. Marre de l’impunité.
    Nous attendons toujours que Chirac paye pour ses emplois fictifs de la Mairie de Paris.
    La rectitude n’est pas le fort des Français. Honte !
    Quant à la dette que Mélenchon ne veut pas rembourser parce que “too big to fall”, c’est de la signature de la France dont il est question.

    1 décembre 2014 à 1 h 25 min
  • goufio Répondre

    La note à payer pour les dirigeants-politiciens, doit l’être sur leurs prébendes, autrement c’est trop facile.

    28 novembre 2014 à 9 h 30 min
  • CURT Répondre

    Citation de Churchill

    “Le vice inhérent au capitalisme consiste en une répartition inégale des richesses. La vertu inhérente au socialisme consiste en une égale répartition de la misère. “

    28 novembre 2014 à 6 h 54 min
  • Pernollet Répondre

    Il faut que le citoyen français comprenne qu’il ne faut plus aller voter! Nous pourrions avoir un système gouvernemental très réduit, avec moins de fastes et de privilèges. Madame Merkel habite son appartement et paie. Prend les transport publics comme les dirigeants en Suède etc Cela marche. Les syndicats sont des vrais négociateurs , personne a besoin ou est obligé par eux d’aller manifester dans la rue.
    Les gouvernants devraient avoir une solide connaissance de gestion et de travail et non être issus de la haute administration qui ne connait rien de la réalité sur le terrain.

    27 novembre 2014 à 16 h 21 min
  • David Répondre

    “HOLLANDE et sa clique ===> DEMISSION”
    Voici ce qui pourra sauver la France.
    Se débarrasser de ces fumistes et fiers gauchistes.

    27 novembre 2014 à 13 h 27 min
  • Hervé Boismery Répondre

    Depuis 2012, nous avons assisté à une régression sociale sans précédent depuis la guerre.
    Les résultats, nous les connaissons et nous les vivons au quotidien: la stagnation des productions, l’aggravation des déficits, la paupérisation des classes moyennes, le démantèlement cynique de la politique familiale, le matraquage fiscal, une irréversible montée de la misère…
    La mort lente de la France…
    Puisse le sinistre “Parti socialiste” être précipité dans les poubelles de l’Histoire !

    27 novembre 2014 à 9 h 13 min
  • JEAN SANS PEUR Répondre

    C’est un raisonnement parfait. Mais les socialos communistes Français, fromage rouge en tête, vont mettre 3 décennies avant de le comprendre. Ils préfèrent la gabegie, ne pas travailler et faire payer la note aux contribuables… qui deviennent de plus en plus rares…

    26 novembre 2014 à 18 h 44 min

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