Victoire du FN, victime de 30 ans de déni de démocratie

Victoire du FN, victime de 30 ans de déni de démocratie

Le 6 décembre 2015 au soir, le Front national, tout seul, est devenu le premier parti politique de France.

Il arrive en tête dans six régions continentales sur douze. Il est majoritaire dans plus de la moitié des communes de France.

Et quelle est la réaction conjointe du Parti socialiste et des Républicains ?

Non pas élargir autant qu’ils le pourraient, d’un tour sur l’autre, le poids de leurs représentations au sein des assemblées régionales, mais, d’abord et avant tout, « faire barrage républicain » contre le « monstre » FN, afin que celui-ci, le 13 décembre, n’obtienne, si possible, aucune présidence de région !

Rappelons que ce monstre, à trois têtes Jean-Marie, Marine et Marion Le Pen, la gauche et la fausse droite ont tout fait pour en favoriser le développement. Non seulement en menant sur la période (depuis 1972) une politique souvent désastreuse, mais encore en pratiquant à l’égard de cette famille politique un déni permanent de démocratie.

Le ton est donné dès les élections municipales de mars 1983. Jean-Marie Le Pen est candidat dans le 20e arrondissement de Paris. Il se qualifie pour le 2e tour. Il propose à Jacques Chirac une fusion de sa liste avec celle du maire de Paris dans cet arrondissement, comme le permet la loi électorale. L’enjeu pour lui est de pouvoir siéger au conseil municipal.

Refus catégorique du maire de Paris. JMLP ne sera que conseiller d’arrondissement… Même scénario dans la ville de Dreux.

Le discours est rodé. De part et d’autre. Le FN se construira donc d’abord sur sa dénonciation de la fausse droite et de ses choix.

Mars 1986 : grâce à un scrutin à la proportionnelle intégrale voulu par François Mitterrand, le FN entre à l’As­semblée nationale avec 35 parlementaires et près de 10 % des voix.

À partir de 1988, le Front devient la cible commune des partis de gouvernement, avec le résultat que l’on voit aujourd’hui.

S’agissant des élections régionales, on se souvient qu’elles se faisaient au scrutin proportionnel jusqu’en 1998, année où plusieurs présidents de droite acceptèrent, pour gouverner, le soutien des voix des élus du FN. Indignation générale des politiques et des médias… Le mode de scrutin fut donc modifié à trois reprises depuis lors, toujours au nom de ce « front républicain »…

La classe politique dominante, surtout celle de droite – car François Mit­terrand et JMLP se parlaient cordialement…, longtemps emmenée par Jacques Chirac, éprouvait à l’égard du FN une allergie irrationnelle.
Du coup, il suffisait que celui-ci enfourche un thème pour que ses propositions soient tenues pour diaboliques.

Or, force est de reconnaître aujourd’hui que JMLP eut plusieurs fois raison avant les autres : sur l’immigration, la montée de l’islamisme, la technocratie européenne, l’affaiblissement de nos armées et des forces de sécurité intérieure, le laxisme de la justice, le communautarisme… Avant que la fausse droite s’efforce de récupérer une partie de ces thèmes, avant que la gauche façon Valls en fasse autant…

Aujourd’hui, Marine Le Pen et son parti sont les héritiers de ce long combat.

Trente années d’ostracisme et de manœuvres ont, jusqu’à présent, empêché le FN de gouverner. Ce qui ne serait grave, et injuste, que pour ses dirigeants, si, dans le même temps, les politiques menées par tous les gouvernements n’avaient pas, de ce fait, tourné le dos à plusieurs évidences.

Le plafond de verre contre lequel butte la progression constante du Front national est toujours là. Mais il est plus haut à chaque nouvelle élection et, de ce fait, plus fragile. Prêt à craquer.

Le Parti socialiste vient d’abandonner la notion de front (républicain) pour celle du « barrage », invitant toute la classe politique à s’arc-bouter pour résister, avec lui, sous sa conduite. C’est-à-dire celle de François Hollan­de, plus que jamais décidé à être celui qui, au deuxième tour des élections présidentielles de 2017 empêcherait, fût-ce sur le fil, Marine Le Pen d’entrer à l’Élysée.

Tel est son scénario. Simple et cyni­que. Catastrophique pour la fausse droite, mais surtout pour la France.

Les barrages politiques, tout comme leurs équivalents hydrauliques, ne peuvent résister qu’à des quantités données de flots. Les éléments dé­chaînés n’obéissent pas toujours aux ingénieurs… Comme les électeurs aux partis politiques qui ne savent pas gouverner. La révolte du peuple l’expression a été cent fois employée lors de cette soirée électorale fera sauter ce barrage, et l’emportera comme un fétu de paille…

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Comments (10)

  • Claude Roland Répondre

    Comme me disait un ami qui m’a bien fait rire : “Les Français ont sorti une couille pour ce premier tour, mais je doute fortement qu’ils sortent la deuxième pour le second tour”…
    Et je ne dirais pas qu’il a tort. mais qui sait, un sursaut des Français pour sortir du marigot politique peut relever du miracle…

    11 décembre 2015 à 16 h 41 min
  • BRENUS Répondre

    JOJO confond “coalition” avec “collusion” en vrai partisan des spécialistes en la matière. Au fait, la formule “mon honneur s’appelle fidelité “, n’était ce pas une formule chère aux SS ? Il est vrai qu’avec des méthodes qui s’avancent de plus en plus vers un certain fachisme, les hurleurs au charron de gauche risquent de rattraper les autres, eux qui savent si bien faire des comparaisons pleines d’élégance avec le FN et leurs opposants.

    9 décembre 2015 à 19 h 47 min
  • David Dom972 Répondre

    Je soutiens l’auteur de cet article, sur le fait que face au FN, on a souvent brandi le drapeau de la peur et de la diabolisation.
    On n’a jamais réussi à combattre leurs arguments par d’autres arguments que celui de la stigmatisation, de la caricature. Il y a bien eu un déni de démocratie de la droite et de la gauche française. En quoi sortir de l’euro serait un danger ? Pour les possédants peut-être, mais pas pour la relance économique. Au moins on garderait la souveraineté de notre monnaie, ce qui nous permettrait de s’en servir comme de levier économique, à l’exemple de la Chine, du Japon et surtout des USA. Avec L’Europe, la France s’est finalement embrigadée, et a perdu sa liberté de gestion. Comment être fier d’être sous administration ?

    8 décembre 2015 à 13 h 56 min
    • Jaures Répondre

      Pourquoi dire que l’on ne partage pas les idées et valeurs d’un parti serait un déni de démocratie ?
      Si vous pensez que sortir de l’euro ne serait pas un danger, au contraire, vous avez bien le droit. Comme on a le droit de penser différemment. Si pour ce désaccord important je décide de ne pas m’allier avec vous, en quoi est-ce un déni de démocratie ?
      Surtout qu’à présent, le FN prétend qu’il ferait un référendum sur la sortie de l’euro. C’est invraisemblable: Si on est élu sur un programme qui intègre cet élément clef qui, pour le FN, relancera l’économie, fera baisser le chômage et permettra d’augmenter les salaires, baisser l’âge de la retraite, etc…, on applique son programme.
      Si la politique économique se décide par référendum, inutile de présenter un programme: on fait un référendum sur le niveau de fiscalité, de salaire, des pensions, l’âge de la retraite, le code du travail, les horaires hebdomadaires,… Bref, une politique à la carte.
      Je souhaite bien du courage à ceux qui se chargeront de la mettre en oeuvre.

      8 décembre 2015 à 15 h 03 min
  • Jaures Répondre

    Il n’y a jamais eu de déni de démocratie.
    Pour gagner une élection, il faut soit obtenir plus de 50% des suffrages, soit monter une coalition sur la base de compromis.
    Or, le FN n’a jamais pu jusqu’alors créer les conditions pour gagner une élection majeure (il a tout de même gagné plusieurs villes lors d’élections municipales).
    Concernant J.Marie Le Pen, ses propos qui lui ont souvent valu d’être rejeté par les autres partis ont conduit sa propre fille à l’exclure du FN. Ce qui montre que ceux qui l’avait alors dénoncé n’avaient pas tort (même si Marine affirmait à l’époque n’avoir “aucun désaccord” avec son père).
    Aujourd’hui, le FN dénonce conjointement “l’UMPS”. Comment dés lors prétendre conduire une coalition avec l’une ou l’autre de ces formations ? D’autant que le programme du FN propose des mesures rejetées par les autres partis (sortie de l’euro, retraite à 60 ans, contrôle des prix, …).
    Il n’y a donc pas de déni de démocratie. Même avec une proportionnelle intégrale, le FN ne pourrait créer une coalition sauf à manger son chapeau sur ce qui lui permet de fédérer les mécontentements.

    8 décembre 2015 à 11 h 21 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      mais si les mécontents devenaient ( courageusement ) majoritaire s’ agirait il toujours d’ un état démocratique ?

      en tout cas une chose est certaine mes bons amis étrangers ( anglais, allemands, italiens, canadiens , polonais … ) se délectent des combinazione dans la farce du second tour que nous jouent Valls, les peoples et l’ inévitable Media

      8 décembre 2015 à 12 h 36 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        ” Mon Honneur s’ appelle Fidélité ” ( un sic à l’ attention du divin Jocrisse )

        Rendons un vibrant et sincère hommage à Léonidas MASSERET , Grand Baron P.S. de Lorraine qui avec une poignée de fidèles hoplites socialistes défend avec dignité ses convictions et se refuse à …” COLLABORER ”

        N.B. les ” manipulateurs ” trouveront bien au final un moyen pour empêcher à sa liste de se présenter

        8 décembre 2015 à 13 h 26 min
  • frei Répondre

    Plus que de déni de démocratie , il me semble qu’il faut constater que les Français ont décidé , par cette élection , de commencer à lever les nombreux dénis et tabous dans notre pays : la question de l’islam , les dérives “sociétales” , la destruction méthodique de l’enseignement scolaire , le sabordage de la Justice , les migrations imposées . Bien plus que sa tante , c’est d’ailleurs Marion Maréchal Le Pen qui a commencé à effleurer ces questions .Les résultats sont sous nos yeux .

    8 décembre 2015 à 8 h 27 min
  • Md'O. Répondre

    …Sans compter le comble que fera de toute tentative du FN pour se défendre, un motif d’accusation d’auto victimisation …

    7 décembre 2015 à 22 h 27 min
  • Md'O. Répondre

    Un acharnement systématique sans arguments crédibles , véritable persécution à coups de procès d’intention n’est-il pas sans rappeler le phénomène de “Bouc émissaire” révélé par René Girard ? …Alors quelle que soit sa sensibilité politique, on se prend à réagir a cette injustice flagrante si peu démocratique…Et l’on finit par retourner le phénomène contre les ” persécuteurs” eux-mêmes, tant il est vrai également que tout “système” induit, à plus ou moins brève échéance, sa propre perversion/ contradiction….Non ?

    7 décembre 2015 à 22 h 11 min

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