Jean-Claude Trichet entre Omer Simpson, les Gremlins et autres Shadocks

Jean-Claude Trichet entre Omer Simpson, les Gremlins et autres Shadocks

Les jours se suivent et se ressemblent : on fait bonne impression pour sauver l’euro en nous ruinant théoriquement de mille milliards ; comme les vieux drogués, les marchés rebondissent et puis ils rechutent. Pour sauver l’euro, il faut mettre cinq millions d’Espagnols au chômage, cesser de payer les retraites et les soins de Grecs, il faut aussi asphyxier les Grecs, et il faut s’endetter encore plus, toujours plus. La France des triples buses va perdre son triple A.

Evidemment, Trichet a déclaré, avec le ton agacé et l’anglais de bande dessinée qui le caractérisent, que la réaction de son équipe avait été impeccable. Impeccable c’est-à-dire parfaite et irréprochable : il n’y a rien à dire. C’est Giscard qui parlait jadis à son propos d’incompétence offusquée… Le plat de nouilles de la BCE, paronomase d’abysse, en aura même choqué le prix Nobel d’économie Krugman… ce dernier devrait relire son compère Stieglitz, qui explique très bien dans ses livres le rôle catastrophique des technocrates français à la tête des institutions internationales. Trichet, Lagarde, DSK, La Rosière jadis, Camdessus surtout, l’effarant Camdessus, tout cela offre en effet un panel des plus alléchants.

L’arrogance de nos élites devient aussi affichée que leur incompétence est universelle et tapissée : voyez Obama. Nous verrons avec Draghi, ancien de Goldman Sachs, la banque spécialisée dans l’art de couler les pays qu’elle conseille (aussi bien la Russie d’Eltsine que la Grèce ou la Thaïlande), à quelle sauce nous serons mangés. On ne pourra pas dire qu’on ne nous avait pas prévenus…

Comme il faut rire un peu en attendant de savoir quoi faire des euros qui nous restent (acheter de l’immobilier ailleurs ? En Allemagne même ?), je pense aux Shadocks, vous savez ceux qui pompaient et pompaient à l’époque de Pompidou, quand la France était encore bien gérée. Les Shadocks avaient un livre de proverbes comme tous les grands peuples, et ce livre disait notamment : « quand il n’y a pas de solution c’est qu’il n’y a pas de problème ».

Il me semble que tout est dit : il n’y a pas de solution au problème de l’euro, donc il n’y a pas de problème de l’euro, cette considération dût-elle ne pas faire que des heureux… On peut en dire de même de l’immigration, de l’insécurité, de la destruction de l’environnement et du reste : le problème est dans la conscience d’un fou, nommé électeur, citoyen ou contribuable, qui s’inquiète pour rien. La solution consiste à nier le problème, comme en Afghanistan, en Libye libérée ou ailleurs.

Continuons : je voyais récemment sur une paire de pantoufles la célèbre position philosophique d’Omer Simpson, certainement plus instructive qu’un énième édito haineux et belliqueux de BHL. Et cette citation donnait en mauvais français : donnez-moi une autre dernière chance !

Eh bien, Omer Simpson est le maître des bras cassés et des fous de Bruxelles qui nous commandent : ils nous demandent chaque semaine une autre dernière chance, comme les socialistes en Espagne qui rêvent de se faire réélire alors qu’ils ont aplati leur pays et mis au chômage un Espagnol sur quatre ! Une autre dernière chance, another last chance ! C’est d’ailleurs votre dernière chance, pas la nôtre !

Il est amusant de penser que, comme souvent dans les temps de catastrophe, de vrai basculement des civilisations (Aristophane, Pathelin, Beaumarchais, même Molière), ce sont les humoristes qui ont raison. Revoyez la pochade intitulée Gremlins, qui date du début des années 80 et qui annonce sous la plume et la caméra du talentueux Joe Dante le crépuscule américain : la montée de la Chine, le triomphe tatillon des avocats, les écarts exorbitants de salaires, l’obsession babélienne des centres commerciaux et des tours, le flicage politiquement correct de la société, le retour de l’orient, mais d’un orient qui n’a vraiment rien de bien spirituel, tout y est. Il y a même le monstrueux tyran, le directeur de revue, le Gremlin travelo qui annonce notre idole mondiale et nationale Lady Gaga.

Quand la tragédie menace, c’est sous la forme auguste de la comédie que la providence prend le soin de nous avertir. De toute manière, comme dirait un Shadock ça sert à quoi de s’affoler avant sur le Titanic ?

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Comments (3)

  • Shadoks Répondre
    Les Shadoks contre les ShadoCks !c’est pourtant simple; les Shadoks (sans C) existent depuis plus de 40 ans, les Shadocks (avec un C) n’ont jamais existé ! une fois sur deux nos amis journalistes se trompent… Mes amis facebookiens si un jour vous croisez un Shadock dites lui par pitié qu’il n’existe pas et qu’il arrête de nous pomper l’air !
    7 novembre 2011 à 10 h 32 min
  • François Répondre

     @ MINUX75
     Vous semblez avoir une dent contre la TVA. Voici une histoire ( véridique) la concernant.
     Il y a quelques siècles, notre bon roi, Philippe IV " le bel", toujours à la recherche d’argent, eut l’idée d’une taxe sur toutes les transactions marchandes qui se feraient dans son royaume. Vous avez compris que c’était exactement la TVA qu’il venait d’inventer. Il dût renoncer à son projet devant la révolte qu’elle suscitait.
     Petite précision: La taxe envisagée était de … 0,5%!…
     Cela fait rêver, non?

    6 novembre 2011 à 16 h 03 min
  • MINUX75 Répondre

    Bonjour Compétence ou incompétence, dans une société socialiste, cela revient au même. Chaque société socialiste se comporte comme un robot sans capteur. Ce robot suit aveuglément les instructions pour lequel il a été programmé. Le destin d’une société socialiste est donc toujours de faire faillite avec à la clé une probable guerre civile. Tous les discours politiques relèvent de la méthode d’émile Coué et ne font que masquer la réalité. Bien sûr, le triple A de la france va sauter mais ce n’est qu’une formalité. Idem pour l’euro qui va suivre le même destin que le serpent monétaire ou le franc fort. Je suis à peu près persuadé qu’une fois que l’euro aura sauté, nous aurons à faire à une forte inflation…avec un taux de croissance entre -3 % et zéro. On peut donc conclure de tout cela que toute l’europe va faire faillite comme un jeu de dominos. C’est pour cela que le cas de la grèce est intéressant, cela préfigure ce que sera la France dans deux ans. Dernièrement j’ai vu aux actualités que le gouvernement allait augmenter la TVA or à chaque fois que l’on a augmenté la TVA, cela s’est toujours traduit par une augmentation du chômage et une diminution concomitante de la croissance. Détail intéressant, dès que la TVA est augmentée, dans les 24 heures, le chômage augmente instantanément idem pour la croissance qui est scotchée à zéro.Il n’y a pas d’effet retard. On peut donc viser les 12% de la population active au chômage pour fin 2012

    6 novembre 2011 à 1 h 02 min

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