Contribuables, usagers, citoyens : nous sommes tous pris en otage !

Contribuables, usagers, citoyens : nous sommes tous pris en otage !

Cette année 2005, n’en déplaise à notre président de la République (voir l’édito page une), s’ouvre dans un contexte économique peu favorable. Alors que l’économie mondiale ne s’est jamais si bien portée, avec une croissance en volume de l’ordre de 4 % en 2004 (un record), elle n’a été chez nous que de l’ordre de 2 %. On dira que les résultats sont pires en Allemagne. C’est vrai, notamment parce que nos voisins continuent à payer les conséquences des conditions de la réunification de leur pays. Mais, partout ailleurs, on fait mieux, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis, où le taux de croissance de l’économie est proche du taux mondial. Du coup, là-bas, on crée de nouveaux emplois, le solde est positif, même après comptabilisation des emplois supprimés, alors que, chez nous, c’est l’inverse : la situation de l’emploi ne s’est pas améliorée en 2004, elle a même continué à se détériorer pour les jeunes de moins de 25 ans (qui sont au chômage dans la proportion de 25 %, un vrai scandale !).

Quand tous les économistes s’attendent à un ralentissement de la croissance économique en 2005, on peut facilement pronostiquer que la situation de l’emploi va, à nouveau, se dégrader, qu’on risque fort de franchir une nouvelle fois la barre des 10 % de demandeurs d’emplois et des deux millions de chômeurs officiellement enregistrés.

Or, la situation de notre pays n’est différente de celle des autres pays également développés que sur le seul point de sa gouvernance politique. Nos responsables politiques, s’appuyant principalement sur une administration pléthorique, continuent à faire confiance au dirigisme, tandis que, partout ailleurs où les choses marchent mieux, les politiciens font confiance aux entrepreneurs pour créer richesses et emplois. Y compris dans les pays à majorité socialiste, comme en Grande-Bretagne ou dans les pays du nord de l’Europe.

Le 31 décembre 2004, Jacques Chirac, en promettant aux entreprises françaises une nouvelle augmentation de leurs charges – sous forme d’une nouvelle revalorisation du SMIC – s’est clairement aligné sur le modèle économique cher à nos syndicats, en particulier FO (organisation dont il a été très proche, du temps où elle était dirigée par André Bergeron), pour laquelle toute augmentation des salaires est bonne pour la consommation, donc pour la croissance économique.

En vérité, le début de cette année 2005 est marqué par une vague d’augmentions de charges et de tarifs publics :

Avant que de voir les effets supposés bénéfiques de la énième réforme de l’assurance maladie, les mutuelles et les compagnies d’assurances commencent par augmenter leurs tarifs, parfois de plus de 10 % !

On ne coupera pas, avant peu, à un nouveau renchérissement des cotisations obligatoires de l’assurance chômage : non seulement parce que le nombre des bénéficiaires va s’accroître, mais aussi parce que les dettes de l’Unedic viennent de franchir la barre des 10 milliards d’euros…

France Télécom fait le forcing auprès du gouvernement pour obtenir une augmentation de 20 % sur trois ans du prix de son abonnement au téléphone fixe.

EDF, avant de perdre complètement son monopole de distribution, implore également une hausse de tarif…

La Poste a, elle aussi, augmenté ses tarifs au 1er janvier. Non seulement le timbre est passé de 50 à 53 centimes d’euro, mais, pour la presse, les augmentations vont jusqu’à plus de 32 % ! (dans le cas des « liasses à trier », « toute France »). Or, cette augmentation faramineuse s’appliquera principalement aux petits éditeurs, dont le nombre d’envois en « liasse directe » – ou pré-triés – est forcément limité.

(Dans le cas de notre publication, une rapide simulation nous donne à penser que le surcoût entraîné par cette décision unilatérale sera de l’ordre de 30 000 euros par an, soit une somme supérieure à notre marge nette…)

En ce qui concerne La Poste, EDF et France Télécom, on peut espérer que ce sont les derniers feux de monopoles en voie d’extinction. Les derniers prélèvements exceptionnels de ces entreprises publiques, réclamant une dernière rançon avant la libération de leurs « usagers ». Mais a-t-on déjà vu – en Irak ou ailleurs… – des preneurs d’otages ne réclamant pas de rançon ?…

L’ennui est que cette mentalité de preneurs d’otages est toujours aussi répandue dans l’ensemble de la sphère publique, aussi bien du côté des politiciens, des chefs syndicalistes que des agents fonctionnaires.

Tout est prétexte à nouvelle rançon. Même les catastrophes naturelles. Jacques Chirac, puis Bernard Kouchner, ne viennent-ils pas de profiter du tsunami du 26 décembre 2004 pour suggérer, le premier que l’on efface les dettes de tous les pays concernés du golfe du Bengale, et le second que l’on instaure une taxe mondiale sur les transactions financières, chacune de ces propositions s’analysant comme du rançonnement des contribuables, au profit principalement des nantis du tiers-monde dans le premier cas, des technocrates internationaux (défiscalisés) dans le deuxième cas ?…

 

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Comments (5)

  • Thierry Orlowski Répondre

    Cher Lecteur, Cher SAS, Il y a des réponses aux formes de muselages dont je parle plus haut ainsi qu’aux problématiques qu’elles posent. Quelques exemples : A chaque changements de gouvernements, jusqu’aux années 80, s’opérait en France un changement de directions des chaînes nationales. Par exemple, lorsque la droite arrivait au pouvoir, on virait les gens de gauches qui dirigeaient la télévision publique pour y mettre des gens de droite. Il y avait ainsi adéquation entre les décisions gouvernementale et les explications qui en été faites par les médias nationaux. Il faudrait reprendre se genre de choses….pourquoi a-t’on cessé : ça fait 15 ans que France deux et France trois ont des lignes éditoriales de gauche… Dans l’éducation, Mitterrand a institué les IUFM au lieu des universités pour former les maîtres d’écoles, toutes les directions de ses établissent et profs ont été sélectionné en fonction de leurs couleurs politique : A gauche toute !!! De plus, l’université a été volontairement coupé des besoins du marché : On a crée des universités « de l’entreprise » que l’on traite encore aujourd’hui comme parias : les IUT. Comment se fait-il que cela ne soit pas été réformé ??? Dans la plupart des pays occidentaux existe l’équivalent du « Wagner Act ». Il s’agit d’une loi qui interdit l’existence de plusieurs syndicats au sein d’une même entreprise. Conséquence ? Les syndicats ne sont pas dans la rue tout le temps car il n’y a pas de concurrence au sein du service public. La manifestation ne se fait donc uniquement lorsqu’elle est nécessaire. La 5eme république, écrite pendant une période de guerre, restreint a mort les pouvoirs du parlement : Voila 10 ans que Madelin pousse vers une réforme constitutionnelle pour rendre au parlement un pouvoir comparable aux autres pays occidentaux. Je pourrai donner encore beaucoup d’exemples de décisions qui permettraient d’arranger les choses….Les politiciens savent tout cela ; Mais ces réformes demande du COURAGE POLITIQUE. La plus rare des qualités du milieu politique français plutôt réputé pour son carriérisme.. Peut-être est-ce la que se trouve l’origine de la fascination de certains pour Mr. Sarkozy ? Cordialement Thierry Orlowski

    14 janvier 2005 à 22 h 25 min
  • Moi je Répondre

    Ben si t’es pas content de ce pays, pourquoi tu te tires pas ailleurs, aus USA par exemple, où on te demandera ta carte bleue si tu arrives agonisant aux urgences, où tu te retrouveras en retraite sans un rond après avoir travaillé toute ta vie chez un Enron quelconque, où tes enfants se feront flinguer à la sortie de l’école (si toutefois tu as les moyens de les y envoyer, pour y apprendre la création du monde (en 4004 avant JC), quelques prières et le Stars and stripes. A moins que tu ne sois milliardaire et que tu puisses y vivre comme tel… évidemment, dans ce cas c’est le paradis…

    14 janvier 2005 à 16 h 28 min
  • SAS Répondre

    cqfd , et aLors après ce constat préçis ????? SAS

    12 janvier 2005 à 13 h 49 min
  • Thierry Orlowski Répondre

    Cher lecteur, La vraie problematique, face a cette montée en force de l’impots et des augmentations est que la contestation est une institution. La premiere tactique de muselage résulte dans le controle de la rue. Les manifs sont systematiques, planifié, orchestrés et dirigé par des syndicats qui sont eux-même, souvent, des cadres d’entreprises publique. D’une certaine maniere, les syndicats sont une mafia dont la structure est intégré a l’état. Dans ces condition pas de VRAIE contestation est possible car les contestataire font partie des bénéficiaires de nos impots…. La deuxieme tactique de muselage consiste dans la parodie de liberté que l’état nous accorde: L’on nous demande de voter a des referendum sur des sujets sans interets, comme le quiquénat par exemple…En revanche, quant un sujet nous concerne vraiment, comme les 35 heures par exemple, la population n’est absolument pas consulté. La trosieme tactique de muselage resulte dans la constitution présente de la 5eme république. Grossierement, notre constitution (crée dans l’urgence de la guerre d’Algérie) donne beaucoup de pouvoir au president de la republique, et tres peu au parlement qui sont finalement les vrais representant du peuple….Ne parlons pas du senat qui n’est qu’un dortoir pour politicien a la pré-retraite… La France est un pays en voie de sovietisation. Simplement, au lieu d’être une repression ouverte, le sovietisme francais est fiscale….On ne voit rien sauf la note a payer. L’excellent article de Mr. Dumait dit qu’elle s’alourdit ? Ce n’est pas grave: Personne ne dira rien…personne ne peut plus rien dire depuis deja bien longtemps…. Bon courage… Cordialement Thierry Orlowski

    11 janvier 2005 à 21 h 55 min
  • reacteur Répondre

    Tout à fait d’accord. Mais on ne peut pas dire que les Français se bousculent au portillon pour refuser un masse ces augmentations. Comme d’habitude, ils vont rouspéter, mais payer. Le Français frondeur de l’histoire n’existe plus. Alors que faire ? Essayer d’ouvrir les yeux de vos amis, parents, collègues et ils vous traiteront de “réac”, d'”ultra-libéral”, d'”excité”, etc. Cesser de payer ses impôts et le fisc vous pourrira la vie pendant des années. Il n’y a vraiment aucune solution en dehors de l’expatriation, et encore, ce n’est pas une solution facile à mettre en place (déménagement, trouver une école pour ses enfants, adaptation culturelle, trouver un travail…)

    9 janvier 2005 à 11 h 31 min

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