Dangereuse pénurie de médecins

Dangereuse pénurie de médecins

La médecine est un des plus beaux métiers du monde, mais les jeunes Français ne veulent plus l’exercer. Les facultés de médecine ont de moins en moins d’étudiants français et la pénurie de médecins devient chaque jour plus dramatique.

C’est dans les campagnes que ce vide médical est le plus fortement ressenti. Quand le médecin en place prend sa retraite, il ne trouve pas de successeur. Dans certaines spécialités, comme l’ophtalmologie, il faut parfois six mois d’attente pour obtenir un rendez-vous.
Plusieurs causes sont à l’origine de ce déficit médical :

Un médecin peut être dérangé jour et nuit, 24 heures sur 24, et 7 jours sur 7. Il vaut mieux être cadre à la SNCF. Heureusement, le médecin peut s’associer à d’autres médecins. Quand deux médecins travaillent en association, ils peuvent alors se remplacer et se reposer un dimanche sur deux.
Les études médicales sont très longues et durent souvent plus de 10 ans après le bac. Il faut donc trouver des solutions pour financer ces longues études.
La Sécurité sociale contrôle les revenus des médecins. Et ces revenus progressent bien moins rapidement que ceux des ingénieurs ou des administrateurs. Il vaut mieux sortir de Polytech­nique ou de l’ENA que de l’internat des hôpitaux de Paris ou de Lyon.
– Mais il semble que la cause essentielle de ce déficit médical soit la « judiciarisation » de la médecine. Au pénal et au civil. Les soins que donne un médecin ne sont jamais assurés de réussir. Quand un médecin prescrit un médicament, il le fait pour que le malade guérisse. Mais il sait aussi que certains malades ne le supportent pas. Même l’aspirine peut tuer.

Or, de plus en plus, les personnes qui ont été rendues malades attaquent en justice le médecin responsable de leur maladie. Le médecin est donc livré à la justice. Et, même si un non-lieu clôt l’affaire, après appel le plus souvent, sa réputation est entachée. D’autant plus que les médias locaux diffusent sans hésiter le procès en cours contre un médecin : ceci augmente leur audimat. Quitte à oublier, quel­ques années plus tard, de signaler le non-lieu.

Par ailleurs, le médecin peut aussi être attaqué au civil. Ceux qu’un médicament a rendus malade peuvent obtenir de l’argent de l’assurance du médecin qui n’a pas commis de faute. Ces attaques au civil sont de plus en plus nombreuses.
Ainsi, on trouve de moins en moins de médecins en France.

Quand le médecin qui va prendre sa retraite ne trouve pas de successeur, certaines municipalités offrent de l’argent à des médecins pour les attirer dans leur commune. Elles font, par exemple, venir des médecins roumains qui trouvent en France un niveau de vie merveilleux, comparé à celui qu’ils auraient trouvé dans leur pays.

De son côté, le gouvernement français vient de rendre le concours sélectionnant les étudiants en médecine plus facile.
Malheureusement, toutes ces mesures abaissent la qualité de la médecine pratiquée en France. Un chiffre permet de le mesurer cette grave évolution en obstétrique. Le nombre des enfants mourant à la naissance a baissé en France jusqu’en 1990 environ et il augmente depuis cette date.

Telle est la triste réalité, la dangereuse réalité. Il faut en sortir et l’on peut en sortir, si on en a la volonté.
Il faut avant tout que la Sécu ne soit plus financée par les entreprises. Il faut qu’elle le soit par la TVA, comme en Allemagne et pratiquement dans tous les autres pays européens. Alors, les gouvernements ne seront plus obligés de faire pression sur les médecins pour réduire le plus possible la progression de leurs revenus.

Cette mesure est facile à prendre, et rapidement.
Mais il n’est pas interdit de rêver. On peut imaginer que le gouvernement rende aux Fran­çais tout l’argent qu’il leur prend (j’allais écrire « vole ») pour financer leurs dépenses de santé. Et qu’avec cet argent, les Français gèrent eux-mêmes ces dépenses de santé. Comme ils gèrent leurs dépenses de voiture ou de vacances.

Ils verront alors que la médecine « gratuite » coûte, en réalité, très cher. Ils auront à nouveau des médecins de bonne qualité, ce qui est très important.
Et il leur restera en prime, dans la poche, une bonne petite somme d’argent qui leur permettra d’offrir de beaux ca­deaux pour Noël…

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Comments (10)

  • pierre Répondre

    bonjour a tous! je suis d’accord avec tous ce qu’il dit mais j’ai un petit probleme de compréhension avec cela: ►Il faudrait que la Sécu ne soit plus financée par les entreprises. Il faut qu’elle le soit par la TVA, comme en Allemagne et pratiquement dans tous les autres pays européens. Alors, les gouvernements ne seront plus obligés de faire pression sur les médecins pour réduire le plus possible la progression de leurs revenus , les etudiants seront plus encouragés . ► On peut imaginer que le gouvernement rende aux Fran­çais tout l’argent qu’il leur prend pour financer leurs dépenses de santé. Et qu’avec cet argent, les Français gèrent eux-mêmes ces dépenses de santé. Comme ils gèrent leurs dépenses de voiture ou de vacances .ainsi il y aura une prise de conscience que la médecine « gratuite » coûte en réalité très cher; Ils auront a nouveau des medecins de bonne qualité , ce qui est très important En quoi les médecins seraient a nouveau de bonne qualité? et la relation entre avec la TVA aussi ..

    8 janvier 2012 à 13 h 34 min
  • Anonyme Répondre

    @ BCM
    et vice et versa  !
    beaucoup de " Polytechniciens " n’auraient pas pu faire des études médicales
    croyez moi , il est  intellectuellement plus facile de ramener un problème à une exercice que l’on connait , que de monter un diagnostic et sa thérapeutique … ce en quoi la médecine reste qu’on le veuille ou non un ART  !
    quant à la responsabilité , je connais peu d’ingénieurs qui soient passés devant les tribunaux , des médecins si ( chirurgiens , obstétriciens , anesthésiste-réanimateurs etc…)

    26 décembre 2011 à 14 h 54 min
  • BCM Répondre

    Je suis en désaccord avec plusieurs points de cette analyse : – “les Français ne veulent plus l’exercer” : alors pourquoi toujours autant de demandes d’inscriptions en première année ? – “un médecin peut être dérangé jour et nuit” : de moins en moins vrai (voire plus du tout), et de toute façon une solution est proposée : les regroupements de médecins. La nuit les gens n’appellent plus leur médecin, qui ne travaille plus, mais SOS médecins ou vont aux urgences. – “les études médicales sont très longues” : il ne faut pas exagérer : en moyenne 7 ou 8 ans , contre 5 ans pour un ingénieur mais 8 s’il fait une thèse, et couramment 6 avec une année de master à l’étranger. D’ailleurs il faudrait s’interroger : est-ce vraiment indispensable de faire 7 ou 8 ans d’études pour traiter dans 95% des pathologies très courantes et parfaitement connues. Avec la progression de l’informatisation n’y a-t-il pas moyen d’optimiser leur efficacité plus rapidement ? – “les revenus progressent moins que ceux des ingénieurs” : à voir, sources = ?, de toute façon j’espère que les étudiants ne choisissent pas ce métier pour le seul profit. Si c’est le cas et qu’ils pensent gagner plus en faisant Polytechnique, et bien qu’ils le tentent (mais la très grande majorité ne le pourra pas …). – “judiciarisation” : effectivement quand on fait des erreurs il faut les assumer, mais c’est pareil dans beaucoup d’autres professions. Les excès judiciaires cités touchent également les entreprises. Au final cette profession a-t-elle vraiment cherché à s’améliorer ? sans concurrence, sans doute pas. Les politiques (mais les médecins y sont bien représentés, pas les ingénieurs …) ont aussi cherché à limiter le nombre de médecins en espérant ainsi réduire les coûts …

    25 décembre 2011 à 22 h 12 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    On sent ( ou l’on sait ) que l’auteur ( de cet article ) est comme un poisson dans l’eau dans le milieu médical et cependant son texte fourmille d’erreurs et d’approximations qui sont pour la plus part courantes ( dans ce milieu) voire même convenues ( au sens légal de jugement d’expédient )
    En voici deux ou trois :
      La pénurie actuelle de médecins Français n’existe pas : il y a davantage de médecins en France qu’il y a 20/30 ans ( les chiffres sont là pour le dire)
      Les "déserts" médicaux  ont pour causes de multiples facteurs :
      – l’Hospitalocentrisme ( depuis l’enseignement en Facultés jusqu’à la multiplication des postes hospitaliers qui ne se justifient pas mais qui sont "pénalement" et financièrement sûrs puisque l’hôpital publique est  juridiquement responsable de l’activité de ses médecins qui y trouvent toutes les béquilles (ruineuses et  le plus souvent  non CLINIQUEMENT justifiées) à leur exercice
      – la féminisation de la profession
         – travail à mi-temps
         – exercice en "remplacements"
         – limitation à certaines pathologies "confortables"
      – la désertification des services publiques dans nos campagne 
      – l’insécurité dans nos "cités"
     Le mode de sélection et les critères d’enseignement :
       – abandon de la clinique au profit des examens para-cliniques et de l’imagerie médicale  et le recours systématique au spécialiste hospitalier pour les pathologies les plus banales
       – pauvreté de l’enseignement des matières fondamentales à l’EXERCICE de la médecine familiale citons par exemple les méconnaissances abyssales chez les étudiants de l’anatomie , de la physiologie , de la physiopatholgie , de la pharmacologie etc…
     L’abandon de l’esprit d’indépendance  , de prise de risques  :
       – toujours être couvert par un "supérieur"
     Les charges entrepreneuriales qui sont celles de toute profession libérale sauf que le prix de la consultation est imposée par l’état
     
    Enfin pour finir ce petit tour ( incomplet ) de notre médecine tant enviée  je cite l’auteur :
    "le nombre d’enfants mourant à la naissance a baissé en France jusqu’en 1990 environ en réalité jusqu’à ce que le nombre de pédiatres "de proximités" diminue et que les soins postnataux soient dans le même temps "réorganisés" et " professionnalisés au niveau C.H.U."
    Quant aux médecins "étrangers" je connais des praticiens roumains , polonais , voire Bulgares ,parfaitement francophones et dont les qualités professionnelles n’a rien à envier à un Interne sélectionné à coup de Q.C.M. et mais sans esprit d’observation , de synthèse et parfois même de simple humanité

    Quant a la consommation compulsive de médicaments par le "malade" Français ( ou immigré) il suffirait de nationaliser les officines de pharmacie  comme en Suède

    P.S. à la Rédaction : pourriez vous faire paraître ce texte dans la version papier
    je vous en remercie

    23 décembre 2011 à 20 h 50 min
  • grepon Répondre

    Galea, notez que, il n y a pas que des etudiants francais et medecins francais dans l’equation.

    D’aillieurs, l’etat super-centralise ne se limite pas ses interventions stupidissime a fixer le nombre de places.    Il reglemente la vie des medecins au enieme degre(prix, moyens, lieu du travail), c’est bien connu, ce qui influence quand meme les etudiants les plus brillants.   Ils peuvent avoir une vie meillieur aillieurs.  Alors ceux(brilliants etudiants francais s’entend) qui entre tout de meme le font en depis du sacrifice de leur potentiel aillieurs.   

    Bien sur que, de moins brilliants etudiants francais, ou des etrangers(brillants ou pas) voulant absolument plus vivre dans le tiers monde, peuvent tres evidemment voir l’interet de devenir medecin en France, car leurs possibilites de succes aillieurs sont moindre.   

    Voila que l’etat, par la planification centralisee du secteur, vient chasser la qualite et la productivite de tout le secteur.

    23 décembre 2011 à 19 h 57 min
  • Edmond 98 Répondre

    Il y a en effet une énorme contradiction.On nous dit qu’il y a de moins en moins de candidats à la profession de médecins et on voit tous les ans les bancs des facs de médecine remplies d’étudiants  , totalement surchargées .La première année de médecine est délirante tellement l’écrémage par les maths est devenu sévère au point de faire redoubler un étudiant sur deux .
    Petite parenthèse , cette sélection par les maths  nous prive  potentiellement de bons  praticiens qui seraient certainement plus  psychologues .
    Cette contradiction sur le manque de médecins et l’avalanche d’étudiants en médecine me rappelle cette vieille rengaine sur le pseudo manque de vocations pour le métier d’enseignants  alors que pour chaque concours d’IUFM ou du Capes , il y a  pléthore de candidats surdiplômés qui restent sur le carreau .
    Désinformation syndicale pour l’enseignement et désinformation gouvernementale pour la médecine ??? allez savoir …

    23 décembre 2011 à 17 h 43 min
  • Galea Répondre

    Deux arguments contradictoires : 1/ pas assez de médecins français parce cette profession attire de moins en moins les jeunes 2/ on a fixé un quota qui élimine des étudiants français alors que leurs notes sont bonnes. Il faut répondre sérieusement et de façon quantifiée à cette question.

    23 décembre 2011 à 11 h 06 min
  • OLIVIER Répondre

    Il se trouve qu’ il y a beaucoup d’anglais dans ma région, et donc beaucoup de patients. Le dernier date de ce jour-même, et présente de graves lésions pulmonaires liées à une exposition à l’amiante dans la marine marchande. Ce patient est obligé de se payer, à ses frais, un avocat pour faire reconnaitre sa maladie professionnelle, dans une procédure des plus aléatoires. En France c’est une procédure habituelle automatique, prévue par la loi, et gratuite. La-bas, ce patient à mis 4 mois pour une prise de sang, 6 mois pour un accès à un médecin et aucun accès à un spécialiste. La clinique de la Louvière dans le nord opère toutes les prothèses de hanche du sud de l’Angleterre. A tous ceux qui se lamentent de la médecine Française, je propose deux ans d’installation complète en Angleterre avec prise en charge santé par le NHS. Pour les anglais débarquant en France, la médecine française est la plus performante et la meilleure du monde.

    22 décembre 2011 à 21 h 00 min
  • LAURANCEAU GEORGES Répondre

    Le drame de la Médecine française remonte à l’époque de Simone Weil.

    Il était de bon ton de penser, à cette époque , que si l’on diminuait l’offre  médicale, on diminuerait par là -même la demande médicale. Bien entendu, ce raisonnement d’une grande pertinence se trouvait contre-dit chaque jour par tous ceux qui disaient que les français étaient très en retard sur le plan de la " Santé publique".

    Dans un sens, on poussait  les français à se soigner de plus en plus et de mieux en mieux, dans un autre, totalement opposé, on se plaignait que les dépenses de santé augmentant , les français risquaient de ne plus changer de voiture tous les ans et de ne plus acheter de gadgets électroniques toutes les semaines !

    La réalité de ces raisonnements, c’est que depuis les années 1914 et suivantes , les politiciens sont dans la main de l’industrie mécanique et sidérurgique. Il est hors de question, cela est encore vrai aujourd’hui, que les chimistes et les pharmaciens puissent prendre le pouvoir en détronant  les sidérurgistes.

    Quant-aux  médecins étrangers, il y a malheuresment des tas de choses à dire à ce sujet, mais ceci est un autre débat…..

    22 décembre 2011 à 12 h 46 min
  • grepon Répondre

    L’etatisme frappe toujours tres dur.   La planification centrale, l’effort impossible de fixer offre et demande sans tout detruire, combien de fois doit-on observer de telles tragedies facilement previsible se derouler avant qu’on constate que l’etat central, est, et ne peut-peut que etre, CON.   Les marches, l’intelligence distribuee, produit miracles d’organisation et innovation, partout ou on les laisse courir.

    21 décembre 2011 à 17 h 55 min

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