Des syndicats de défense des privilèges

Des syndicats de défense des privilèges

Les 300 000 personnes, environ, qui sont descendues dans la rue pour protester contre les modestes aménagements de la loi sur les 35 heures représentent moins d’un tiers des syndiqués, moins de 2 % des salariés, et moins de 1,2 % des actifs, car moins de 10 % des salariés sont syndiqués (contre 80 % environ au Danemark !)…
Ils se sont mobilisés à la demande de l’ensemble des cinq syndicats, dits représentatifs (par une loi datant de plus de 50 ans). Or, chaque syndicat ne représente en moyenne que 2 % des salariés.
Ils sont financés pour 80 % par des subventions des contribuables, des locaux gratuits, le patronat et des émoluments de sociétés publiques ou d’organismes paritaires.
Ces syndicats, squelettiques, au lieu de provoquer et de défendre le progrès social, parallèlement au développement économique, prennent d’abord la défense systématique des privilèges, dénommés « acquis sociaux ».
Ils provoquent sclérose et improductivité de l’économie nationale dans un contexte de concurrence européenne et mondiale : c’est « l’exception française » qui justifie l’incapacité à quelque évolution que ce soit.
Cette improductivité entraîne faillite et délocalisations et un retour du déficit de la balance commerciale. Les responsables syndicaux réalisent-ils qu’ils sont en train de scier la branche sur laquelle sont assis ceux qu’ils prétendent défendre ?
Si les privilégiés sont minoritaires, ils représentent des voix qui peuvent faire basculer les élections. Faute de grand projet, les politiques en ont peur.
Mais le gouvernement et les médias ont besoin d’interlocuteurs, même s’ils ne représentent pas grand monde.
Le meilleur moyen pour faire parler d’eux, et se donner de l’importance, c’est les manifestations de rue : au nom de la minorité qui défile, ils n’hésitent pas à demander au gouvernement de renoncer à ses projets contre la majorité du Parlement. Est-ce la démocratie moderne ?

Représentation et minorité privilégiée


Le pouvoir politique doit encourager la mise en place de corps sociaux forts et responsables et les laisser s’entendre, au lieu de tout vouloir réglementer alors qu’il doit réguler et arbitrer.
Les causes de cette fragilité syndicale sont multiples :
– Représentativité prioritaire de syndicats imposés du temps de Marcel Paul, après la guerre. Quand donc un gouvernement aura-t-il le courage d’y mettre fin ? Quand verra-t-on des élections avec des élus, issus de la base et non imposés par des hiérarques qui ont fait la preuve de leur impuissance ?
– Politisation plus ou moins grande des syndicats : la CGT, dont certains anciens cadres sont toujours en place, n’était que la courroie de transmission d’un Parti communiste aux ordres de Moscou. À quand la fin du cumul de mandats politiques et sociaux ?
– Ne faudrait-il pas enfin avoir un Conseil Économique et Social qui ne soit plus un point de chute ou de retraite pour certains, mais une véritable Chambre Économique et Sociale rassemblant tous les acteurs de la vie économique pour arriver à des accords, dans la complémentarité, entre syndicats, cadres et patronat, l’État n’intervenant qu’en tant qu’arbitre en cas d’accord impossible ?
Cette nécessité d’avoir une Chambre Économique et Sociale, De Gaulle l’avait déjà ressentie. C’était l’objet du référendum de 1969, cause ou prétexte de son départ, prévoyant la fusion du Sénat et du Conseil économique et social. Mais il n’y eut pas ou peu d’éclaircissements et peu de Français en saisirent la portée…

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Propositions parlementaires

Victorin Lurel (54 ans), député socialiste de la Guadeloupe, a déposé une proposition de loi constitutionnelle visant à supprimer le mot « race » de la constitution.

Christian Philip (56 ans), député UMP du Rhône, a déposé une proposition de loi visant à dépénaliser et à décentraliser le stationnement payant sur voirie.

Pierre Morel-A-L’Huissier (46 ans), député UMP de la Lozère, a déposé une proposition de loi visant à renforcer l’incompatibilité entre les fonctions de président de conseil général et de président de conseil régional

Michel Zumkeller (39 ans), député UMP du Territoire de Belfort, a déposé une proposition de loi visant à imposer aux condamnés récidivistes auteurs d’agressions sexuelles un traitement médical limitant la libido.

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Comments (2)

  • Observateur Répondre

    En France, les syndicats dit représentatifs sont uniquement des syndicats de fonctionnaires chargés uniquement de maintenir les privilèges des fonctionnaires et les leurs. Voilà pourquoi ces syndicats “officiels” défendent tant notre système de prébendes, de rackets et d’avantages acquis “que le monde entier nous envie”. Voilà pourquoi notre classe politique “officielle” de politico-fonctionnaires au pouvoir a tellement d’affinités avec eux, et se garde bien de réformer quoi que ce soit.

    5 mars 2005 à 23 h 37 min
  • Jean-Claude Lahitte Répondre

    Bonjour à Yves Gautier et aux “commentateurs” auxquels j’ouvre peut-être la voie ! Tout à fait d’accord avec l’article. Mais il faudrait qu’un parlementaire courageux (en existe-t-il seulement un seul ? : “parlementaire courageux” est sans doute le contraire d’un pléonasme), suivi par une majorité tout aussi courageuse, ait le courage de proposer une Loi qui :1°) supprime les allocations versées aux Syndicats avec l’argent des contribuables dont ils empoisonnent l’existence en même temps qu’ils sabotent – sabordent aussi – l’outil de production; 2°)permette de condamner à des dommages et intérêts les syndicats qui paralysent les rues ou les routes, empêchent les non grévistes de travailler, etc.; 3°) oblige qu’une grève soit votée non pas à mains levées, mais à bulletins secrets; 4°) stipule expressément que les JOURNEES DE GREVE NE SOIENT EN AUCUNE FACON REMENUNEREES NI MEME COMPENSEES… Toutes les autres considérations qui reviennent dans la presse comme autant de “maronniers” se servent à rien. Cordialement, Jean-Claude Lahitte

    1 mars 2005 à 12 h 12 min

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