Dis-moi où vivent tes parents… je te dirai où tu es né(e) !

Dis-moi où vivent tes parents… je te dirai où tu es né(e) !

Autrefois, les enfants naissaient dans la maison maternelle et le père faisait illico la déclaration à la mairie de la commune. Mais c’était jadis !

Les enfants « appartenaient » d’abord à la collectivité de résidence des parents. Plus tard, lorsque les contraintes de la vie les avaient éloignés de leur village, ils se remémoraient avec émotion et probablement nostalgie leur filiation, dans l’extrait de naissance qu’ils réclamaient  pour une opération légale, anodine ou déterminante, de leur vie d’adulte.

« Né à Bussière-Galant » ou encore « Né à Monboudif » pouvait déclencher une posture d’expectative chez le fonctionnaire sourcilleux en charge de l’acte administratif et une fierté difficilement contenue du citoyen-solliciteur qui devait l’éclairer sur le département de sa célébrissime bourgade inconnue…

Lorsque ces circonscriptions ancestrales auront disparu, comme ceux qui les identifiaient par jeu et avec joie sur les plaques d’immatriculation, tous les bambins seront nés en ville, voire dans les chefs-lieux des grands territoires, compte-tenu de l’avance inexorable du désert médical !

Né à…” signifie indéfectiblement pour l’état-civil français le lieu réel de naissance. On peut donc avoir des parents vivant à La Cluse-et-Mijoux, aller à l’école dans cette ville et être né administrativement à Besançon ou Belfort, voire Montpellier si l’accouchement prématuré intervient durant des vacances estivales…

C’est ainsi également qu’un petit Comorien né à Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte, est déclaré sur place et acquiert de ce fait la nationalité française « à l’insu de son plein gré », sans que son père resté à Moroni en soit réellement affecté…

Le droit du Sol, ce privilège inexpugnable et tabou sacré, prive  ces errants de la maternité du droit de naître chez eux et d’y partager les félicités des us et traditions coutumières. Cette « OPA » sur des rejetons, aux relents d’esclavagisme post-colonial, constitue un véritable préjudice moral à leur encontre ! Le phagocyté doit procéder à une démarche volontaire à sa majorité s’il souhaite se libérer de la nationalité française ! 

Je m’interroge en même temps sur l’exception à la règle qui consiste, avant une éventuelle légalisation proche, à « faire naitre » au lieu de résidence des parents (1 et 2) un bébé né d’une gestation pour autrui (GPA) ? Conçu et livré « biberon-en-mains » en Californie ou à Bucarest, mais officiellement né dans le 1er arrondissement de Paris, après passage en douane ?…

Deux personnalités, Jean-Cyril Spinetta et Jean-Pierre Versini-Campinchi, militent pour cette idée révolutionnaire d’enregistrer toute  naissance au lieu de résidence des (ou du) parents.

Leur motivation est mystérieuse, qui n’a rien de politique, mais elle est totalement légitime et d’une logique imparable.

L’abrogation du diktat administratif allouerait de précieux jalons de vie aux villages qui s’éteignent, là où les actes de décès supplantent ceux de naissance, et où le cimetière est le dernier vestige de la postérité locale…

 Henri Gizardin

http://target2007.typepad.fr/hgizardin/

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