Entretien avec Anatoly Livry

Entretien avec Anatoly Livry

Docteur de l’Université de Nice-Sophia Antipolis, Professeur-invité à l’Université d’État de Russie Anatoly Livry est philosophe et homme de lettres. Il a reçu sept prix internationaux. Il est par ailleurs l’auteur de la pétition pour la non-reconnaissance des diplômes et titres universitaires français en Suisse.

1° Vous attaquez au tribunal administratif le Conseil National des Universités (CNU). Pouvez-vous d’abord nous dire ce qu’est cet organisme?

La procédure de qualification du CNU permet de sélectionner pour des postes universitaires ses concubins, ses enfants ou ses camarades syndiqués (en échange de sa propre promotion), voire de récompenser des services sexuels occasionnels (j’ai des dizaines d’exemples de ce que j’avance). Le fameux principe de l’excellence républicaine est donc couramment bafoué !

Ensuite, cette procédure amène à qualifier une piétaille récemment doctorisée qui ne concurrencera jamais scientifiquement au sein de l’Université les membres du CNU. On a d’ailleurs doctorisé ces nullités dans le but exclusif de gagner de l’argent pour l’encadrement de leur thèse (que, souvent, l’on fait durer le plus longtemps possible pour piller l’Université au maximum – certains professeurs slavistes français, qui n’ont d’ailleurs ni thèse de doctorat ni HDR, font durer les « thèses» de leurs étudiants entre 10 à 12 ans, volant ainsi ouvertement l’Université française). Puis, de façon soviétique, l’on « fait du chiffre » au CNU en annonçant fièrement un nombre de qualifiés destiné à faire monter les statistiques.

Enfin, et c’est sa principale utilité, la procédure de qualification du CNU sert à éloigner de l’Université française des concurrents, tout en profitant de cette procédure républicaine dont le coût fut, pour la seule année 2012,de 18,62 millions d’euros (ce chiffre, avancé par l’ancienne présidente du CNU, a mystérieusement disparu du site du ministère le lendemain du jour où je l’ai utilisé dans une correspondance avec un conseiller du ministre !). Par ailleurs, la procédure de qualification favorise aussi grandement un accès paisible aux travaux d’adversaires plus doués à des fins de pillage de leurs thèses. Plusieurs de mes travaux furent, à tour de rôle, l’objet de tentatives de plagiat par des « professeurs » régnant sur les sections du CNU gérant mes dossiers de qualification. Le fait inaccoutumé de résister à ces razzias institutionnalisées me vaut l’acharnement des corrompus, friands de piller mes découvertes et cependant protégés par l’administration républicaine.

C’est le fiasco de l’Université française, un fiasco rendu public internationalement, jusque dans les académies étrangères ! La procédure de qualification du CNU empêche totalement le renouvellement de l’Université française : les gérontocrates séniles et hystériques transmettent le pouvoir universitaire à leurs semblables. La Science française meurt par étranglement.

2° Que reprochez-vous à la procédure de qualification du CNU?

Auteur de six monographies et de onze livres entrés dans des programmes académiques, lauréat de sept prix internationaux, littéraires et scientifiques, … je n’ai même pas le droit de chercher un poste de maître de conférences, chez moi, en France. J’ai dû m’expatrier en Suisse et en Russie à cause de cette procédure de qualification du CNU ! Pire encore, la fameuse procédure de qualification, au lieu d’apporter une « expertise » sur mon dossier, est devenue une authentique plaque tournante de diffamation à mon égard, diffamation répétée par ds rapporteurs du CNU.

En 2015, suite à ma demande, un député des Français de l’étranger, Mme Claudine Schmid, a interrogé le ministre Belkacem sur la procédure de qualification du CNU. Dans leur réponse, enregistrée le 4 août 2015  au Journal Officiel sous le numéro 71227, les mandarins du stalinisme français qui entourent Belkacem glorifient la procédure de qualification du CNU qui leur permet d’abrutir, progressivement, les Français :

Le décret n° 84-431 du 6 juin 1984 indique que la « qualification est appréciée par rapport aux différentes fonctions des enseignants-chercheurs mentionnées à l’article L. 952-3 du code de l’éducation et compte tenu des diverses activités des candidats ». Les fonctions des enseignants-chercheurs identifiées par l’article L. 952-3 précité sont les suivantes : « 1° l’enseignement incluant formation initiale et continue, tutorat, orientation, conseil et contrôle des connaissances ; 2° la recherche ; 3° la diffusion des connaissances et la liaison avec l’environnement économique, social et culturel ; 4° la coopération internationale ; 5° l’administration et la gestion des établissements […] les professeurs ont la responsabilité principale de la préparation des programmes, de l’orientation des étudiants, de la coordination des équipes pédagogiques ». Dans le respect de ce cadre réglementaire, chaque section du Conseil national des universités (CNU) peut arrêter les critères d’appréciation des candidatures à la qualification qui doivent être rendus publics comme le prévoit l’article 1er du décret n° 92-70 du 16 janvier 1992 relatif au Conseil national des universités. Ces données sont consultables par les candidats via le site internet du CNU. Les sections prennent généralement en compte, en plus de la qualité des productions scientifiques (thèse, habilitation à diriger des recherches [HDR]), l’investissement des candidats dans des activités constitutives du métier d’enseignant-chercheur ainsi que les responsabilités collectives menées au profit de la communauté universitaire. L’appréciation de chacun de ces critères peut varier en fonction du parcours universitaire et/ou professionnel du candidat et de son âge. Il est généralement attendu des candidats à la qualification de professeur des universités une expérience d’encadrement ou de co-encadrement de thèse et/ou de stage de DEA/master. L’expérience professionnelle est naturellement privilégiée pour les candidats à titre professionnel qui ne justifient pas des diplômes exigés pour la qualification (doctorat ou HDR). Enfin, il est précisé que par une lettre de mission du 20 février 2014, la présidente de la commission permanente du Conseil national des universités (CP-CNU) a demandé de conduire une réflexion collégiale du conseil portant, notamment, sur les conditions d’une harmonisation des critères et des taux de qualification et de lui soumettre des propositions en ce sens. Ce rapport doit être remis prochainement par cette instance.

Cependant, quand on les étudie, les dossiers rendus dans le cadre de la procédure de qualification du CNU se résument – dans mon cas depuis 2011 – à des calomnies ou des absurdités, comme, par exemple, lorsque mes « rapporteurs » m’attribuent les opinions de mes biographes académiques cités dans mes lettres de motivation, soupçonnent les membres du jury de ma thèse, agrégés de lettres classiques, de méconnaître le grec ancien, ou (c’est la perle de la section 13, il y a un an) m’accusent « d’avoir des tensions avec des slavistes ». Cette « expertise » fut rendue par une fonctionnaire de la Sorbonne qui s’était saisie de mon dossier du CNU bien que, quelques années auparavant, elle eût contribué à constituer une plainte pénale (classée sans suite) contre moi. Mieux, elle m’a accusé, moi, Juif et petit-fils de victimes d’Auschwitz, d’être un admirateur de Hitler ! Tout cela, je le répète, dans son rapport officiel rédigé dans le cadre d’une procédure républicaine… Le ministre Belkacem sait parfaitement que ce chef-d’œuvre est attaqué au Tribunal Administratif de Paris, mais ne réagit pas. Pire encore : lorsque, dans trois mois, je me retrouverai devant « l’ultime recours » de la procédure de qualification du CNU, le conglomérat d’« experts indépendants » sera composé de mes anciens « rapporteurs », de leurs fidèles larbins, de leurs camarades syndiqués ou de leurs partenaires sexuels. Cette procédure corruptionnelle coûtant environ 20 millions d’euros par an à une France ruinée, couverte par tous les ministres de l’enseignement, est l’incarnation même de la forfaiture.

3° Votre cas est-il une exception ou avez-vous connaissance d’autres cas semblables?

La procédure de qualification du CNU est un authentique bulldozer qui anéantit des milliers de docteurs français, mon cas étant loin d’être unique. Il suffit que, dans l’Université française, vous ayez le malheur de marcher sur les pieds d’un minable syndicaliste, de la compagne d’un apparatchik ou simplement d’un psychopathe obsédé par vous ou vos thèses, alors ce fonctionnaire utilisera ses « camarades » ou partenaires pour vous calomnier au niveau national.

Voilà la raison de la baisse catastrophique du niveau des humanités françaises : des illettrés malfaisants ont instauré une véritable terreur dans l’Université française n’y promouvant que leurs semblables, idéologues bornés ayant la culture générale d’un adolescent des années 1940… Les authentiques scientifiques rasent les murs, effrayés de déplaire à un quelconque syndicaliste ou à une fille de joie. Ces terroristes, à leur tour, entourant les ministres – qu’ils soient de « gauche » et de « droite » – massacrent l’ensemble du Verbe français. Si l’on s’étonne, dans les autres pays, du faible niveau d’un Français moyen de nos jours, l’origine de ce désastre se trouve en partie dans le système de sélection des cadres qui élèvent les « élites » françaises.

Pire encore, nous aboutissons à une schizophrénie manifeste chez certains professeurs de ma connaissance  qui se disent pourtant de « droite » : ils « piaffent » lors de leurs cours sur les hordes de bacheliers illettrés qui débarquent dans leurs cours et, simultanément, par une lâcheté stupide, soutiennent la procédure de qualification de ce Conseil National des Universités française sorti des tréfonds du Goulag, car fondé par des ordures « libérateurs » en 1945, lorsque le déserteur Thorez, rentré du Kremlin, a expliqué aux universitaires communistes français comment Staline muselait l’Université soviétique. Staline est mort à Moscou le 5 mars 1953. Mais ses disciples perpétuent sa méthode de sélection des cadres universitaires en 2016, à Paris.

4° Quelles réformes proposeriez-vous pour la sélection des universitaires en France?

A mon avis, le système d’habilitation germanique – qui offre l’accès au professorat – demeure le meilleur type de sélection pour les cadres académiques. Condition sine qua non, les universitaires français doivent cesser d’être fonctionnaires ! Car il est impossible d’être à la fois serviteur de la science française et d’être soumis à n’importe quel chien coiffé promu par le gouvernement ou par un syndicat !

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Comments (5)

  • Marie Répondre

    Disons la Chose comme elle est :
    La gauche n’aime pas Professeur Robert Faurisson, le négationniste.
    Or, Robert Faurisson, tel qu’il se présente lui-même dans son interview, à la sortie de son dernier procès, fut … membre du SNESUP- syndicat tout puissant au CNU dénoncé ici par M. Livry – grâce à quoi R. Faurisson est devenu professeur universitaire : promu à double reprise par le CNU : d’abord maître de conférences, puis professeur !

    En somme :
    Vive le CNU et son SNESUP – berceaux des négationnistes !

    Vos lecteurs doivent connaître cette vérité détestée par la gauche : https://www.youtube.com/watch?v=rm8HMdnZUik

    28 mars 2016 à 11 h 21 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    dans la défunte U.R.S.S. ( et chez ses satellites ) l ‘épreuve reine qui donnait accès aux grades universitaires , même les plus modestes “, était l’ épreuve écrite et orale de connaissance du marxisme … ” scientifique ” …

    on peut dire qu’ on n’ est pas très éloigné de ce schéma de sélection pour sortir en bon rang de Sciences Po. ( ? ) – Paris et / ou de l’ E.N.A. , les mous se contentant eux des premières doctrines de Keynes si vous voulez avoir accès aux plus hautes fonctions administratives ou à celles de entreprises d’ Etat , sans parler des carrières politiques de ” l’ extrême-droite ” ( Philippot ) jusqu’ à la Gauche nationaliste ( Chevènement )

    27 mars 2016 à 9 h 23 min
  • MARTIN DESMARETZ de MAILLEBOIS Répondre

    C’est la promotion de l’incompétence chère au Gvt MITTERRAND-MAUROY-FABIUS depuis 1981… Par ailleurs ils ont fait licencier 90% des cadres supérieurs ce qui décapitent encore aujourd’hui toute l’économie française et favorise les fonctionnaires post soixant’huitards…

    Tout cela est bien connu ! Et il est bel et bon que la sanction tombe par le refus d’honorer les diplômes “RECENTS” depuis 35 ans, à l’étranger, les précédentes années étaient encore bonnes et même souvent supérieures !

    26 mars 2016 à 9 h 16 min
  • Marquais Répondre

    En résumé….on n’a pas fini de bosser pour engraisser les feignasses et les gloutons de toutes sortes qui fleurissent sur le terreau de la ” Démerdocratie”

    26 mars 2016 à 8 h 53 min
  • Valérie Répondre

    Ceux qui s’opposent à la suppression du CNU (et de sa procédure de qualification) sont, pour la plupart, membres du CNU, syndiqués chez “SNESUP” (comme l’était d’ailleurs Robert Faurisson 2 fois qualifié par le CNU …).

    25 mars 2016 à 16 h 46 min

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