François Chérèque préfère le Medef au Parlement!

François Chérèque préfère le Medef au Parlement!

Lundi 29 août, débutait l’université d’été du Medef. À cette occasion, François Chérèque, dirigeant de la CFDT, déclarait sur France Info qu’il attendait de Laurence Parisot, nouvelle présidente du Medef, qu’elle rejoigne la table des négociations sociales désertée par son prédécesseur. Et il ajoutait qu’il n’était pas opposé par principe à une réforme du Code du travail (priorité de Laurence Parisot), mais qu’elle ne devait pas se faire par voie législative, mais par voie contractuelle.
Une telle déclaration est importante. Tout se passe comme si nous jouions dorénavant “à fronts renversés”. Car, d’ordinaire, ce sont les syndicats qui réclament la voie législative et les représentants du patronat qui préfèrent la voie contractuelle – comme nous le vîmes lors de la “négociation” des 35 heures.
Mais, pour que la voie contractuelle puisse être explorée, encore faut-il des puissances contractantes. Or, de toute évidence, les syndicats dits “représentatifs” depuis la Libération ne peuvent en aucune façon représenter les salariés, puisque moins de 5% des salariés du privé adhèrent à l’un des cinq syndicats retenus comme “représentatifs” par… le législateur!

Prétendue représentativité
En d’autres termes, c’est le législateur de naguère qui a désigné les parties en présence (et de façon totalement arbitraire). Pour être cohérent, si François Chérèque renonce à la voie législative pour réformer le droit social en France, il devrait également renoncer au statut de son syndicat – ce qui reviendrait, concrètement, à le condamner à mort.
Dans l’état actuel des partenaires sociaux, accepter de discuter avec telle ou telle organisation revient à lui prêter une représentativité qu’elle n’a pas et donc à gonfler artificiellement son poids.
Mais, en outre, Mme Parisot serait assurée, si elle acceptait ce type de négociations biaisées, de voir ses interlocuteurs désavoués par leur “base” – c’est-à-dire par des salariés manipulés par des organisations syndicales, non répertoriées comme “représentatives” et obéissant à une double logique de démagogie et de subversion révolutionnaire, comme SUD.
Accessoirement, il est rien moins qu’évident que le Medef soit considéré par les patrons comme une instance les représentant légitimement…
Bref, ce nouveau dialogue social auquel invite M. Chérèque a de bonnes chances d’être un dialogue de sourds ou de dupes!
Il reste que la position de François Chérèque contient un double aveu, dont nous aurions tort de ne pas tenir le plus grand compte.
D’une part, il manifeste que la politique d’Ernest-Antoine Seillière, claquant la porte des négociations sociales, a été d’une redoutable efficacité. Ce qui revient à dire que, contrairement au vieil adage, la politique du pire n’est pas nécessairement la pire des politiques – et qu’elle fut même, en l’occurrence, la meilleure des politiques.
D’autre part, François Chérèque manifeste également que les organisations syndicales se rendent progressivement à l’analyse de l’ensemble des Français: pour elles, comme pour ces derniers, les élites politiques sont totalement “dévalorisées”.
En effet, si la CFDT renonce à la voie législative, c’est probablement aussi parce que, pour les militants et sympathisants de ce syndicat, il vaut mieux discuter avec le patronat (même honni) qu’avec le législateur, c’est-à-dire avec les hommes politiques, dont on s’aperçoit bien qu’ils n’ont aucun pouvoir réel sur l’économie, sinon un pouvoir de nuisance.
Cette déclaration de François Chérèque en dit long sur le niveau où est tombé la classe politique dans l’esprit des Français.
Il n’y a pas lieu de s’en réjouir: les confrontations, inévitables dans toute société, se passeront dorénavant d’arbitre et n’en seront que plus violentes. Mais rien ne peut être pire que la cécité volontaire et, plus vite les Français se débarrasseront de ces faux arbitres, moins ce sera douloureux…

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Comments (3)

  • camarade Gandalf Répondre

    Les syndicats ne sont pas représentatifs. La CGT représente à peine 0.5% DES TRAVAILLEURS, alors comment lui faire confiance et pourquois lui demander son avis? pour ne citer qu’elle.

    6 septembre 2005 à 21 h 09 min
  • tl Répondre

    les syndicats qui ne représentent qu’eux même discutent avec le medef qui ne représente au mieux qu’une partie des plus grosses entreprises de france, sous l’égide de partis politiques qui représentent 1/5ème des electeurs au mieux… Celà pour le régime général, passons aux régimes particuliers avec l’enseignement et l’agriculture où les syndicats gèrent carrément les ministéres, avec les résultats positifs que l’on sait. Elle est chouette la France des “travailleurs”. Après on s’étonne que des français extrémistes deviennent ultra libéraux; les salauds ! De quel moyen légal dispose un travailleur ( excusez de l’ambigüité du terme) pour défendre le fruit de son travail des charognards qui le lui disputent sous pretexte d’intêret commun et de solidarité avec des types au mieux qui ne foutent rien et au pire qui lui crachent à la gueule ! Une brute qui bosse va plus loin que 2 syndicalistes qui négocient. Merci à audiard.

    5 septembre 2005 à 21 h 14 min
  • Jean-Claude Lahitte Répondre

    Non seulement les syndicats ne sont pas représentatifs de la France qui travaille et a envie de s’en sortir en travaillant de plus en plus, non seulement ils coûtent cher à la France avec leurs journées dites d’action, mais encore il coûtent de l’argent aux contribuables puisqu’ils vivent davantage des subventions attribuées par le Gouvernement avec notre argent qu’avec les cotisations de leurs adhérents de moins en moins nombreux. Que penseraient les athées, ou même les agnostiques et les “non-pratiquants”, si le Gouvernement donnait des subventions à des religions officiellement reconnues (comme il y a des syndicats “officiels”) ? Le seul moyen pour un Gouvernement digne de ce nom, s’il veut pouvoir un jour discuter à armes égales et constructivement avec les les Syndicats serait de “taper à la caisse” en leur demandant des dommages & intérêts devant les tribunaux chaque fois que, sous une forme ou sous une autre, ils empêchent de travailler ceux qui le veulent, chaque fois qu’ils “cassent” … Chaque fois qu’ils bafouent les lois !Ainsi, la plupart des grèves sont – et personne ne s’en étonne ! – décidées à mains levées (ce qui est contraire à la Loi) et arrêtées à bulletins secrets. Sans que cela “interpelle” un quelconque Ministre du Travail… En conclusion, j’attends des Syndicats qu’ils comprennent que l’heure est aux remises en cause, aux Réformes (les vraies, à commencer par celle des mentalités !) et que, avant qu’une nouvelle Révolution éclate – celle des braves et honnêtes gens qui refusent tout assistanat et en ont plein le dos (à tous les sens du terme !) des “assistés” – et qu’ils décident une “Nuit de l’abolition des Droits acquis. L’avenir de la France, que dis-je ? sa pérénnité, est à ce prix ! Cordialement, Jean-Claude Lahitte

    5 septembre 2005 à 16 h 20 min

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