Les funérailles de Johnny Halliday

Les funérailles de Johnny Halliday

Je voudrais revenir ici, avec le recul que donne une dizaine de jours, sur les funérailles de Johnny Hallyday.

Ces funérailles ont eu une légitimité en ce que Johnny Hallyday était un très grand artiste et qu’au cours d’une carrière qui a duré près de six décennies, il a touché le cœur de trois générations de Français.

Dans la foule qui s’est rassemblée à Paris, il y avait des gens de soixante-dix ans, des gens de quinze ans, et tout un ensemble de gens dont les ages se situaient entre quinze et soixante-dix ans.

Il y avait même des gens plus jeunes ou plus vieux.

Ce qui m’a frappé est que, dans cette foule, il y avait uniquement, ou presque, ce qu’on appelle ici ou là des Français de souche, et quasiment pas de gens composant ce que le politiquement correct appelle la France « black, blanc, beur ».

Les membres de la France « black, blanc, beur » ont d’au­tres choix musicaux, c’était une évidence.

Ce fut un signe supplémentaire qu’il existe désormais deux peuples sur le territoire français.

Ce qui m’a frappé aussi est que, derrière l’émotion de millions de gens, il y avait, en filigrane, davantage que la tristesse face à la disparition d’un très grand artiste : le sentiment, je pense, qu’une page est en train de se tourner, qu’il n’y aura plus d’artistes de la stature de Johnny Hallyday en France, mais qu’il n’y aura plus, non plus, d’artistes incarnant ce que Johnny Hallyday avait pu incarner : trois générations, certes, mais surtout une génération (celle des années 1960) qui a grandi quand la France était encore optimiste, certaine d’avoir un avenir, ouverte au monde, sans renier son identité.

Ce qui m’a frappé, enfin, est que, dans les multiples commentaires lus ou entendus, des points importants ont été laissés de côté, ou minorés.

Johnny Hallyday était très français, mais d’une époque en laquelle l’anti-américanisme était peu ou prou absent de l’air du temps.

Le rock était une musique qui apparaissait libératrice, symbole de liberté.

Le rêve américain était encore vivant en France, et il incarnait une aspiration à la grandeur et aux espaces immenses.

Johnny Hallyday a été toute sa vie un vecteur de ce rêve. Or, ce rêve me semble en être à son crépuscule.

Le fait que les États-Unis ne fassent plus rêver en France me semble incarner davantage que la fin du rêve américain : la fin du rêve tout court.

Johnny Hallyday était, par ailleurs, un ami d’Israël et le contraire absolu d’un antisémite. Or, la propagande a fait que la France est désormais hostile à Israël et qu’y monte un nouvel antisémitisme, islamique et gauchiste.

En se tournant contre Israël, la France penche du côté du ressentiment.

Johnny Hallyday était du côté de l’accomplissement.

Je puis ajouter que Johnny Hallyday était fondamentalement un homme de droite, sans ostentation, avec maladresse parfois, mais un homme de droite néanmoins. Et il était d’une droite libérale, ouverte aux États-Unis et à Israël, qui n’existe quasiment plus aujourd’hui.

Il était aussi chrétien. Il ne le cachait pas, et portait sans cesse un crucifix très ostensible.

La cérémonie de ses funérailles s’est déroulée dans une église catholique.

Je doute, peut-être à tort, que d’autres cérémonies importantes en France, et d’autres funérailles grandioses se déroulent dans une église catholique.

Les églises en France sont vides. L’athéisme et l’islam, quant à eux, avancent.

Emmanuel Macron n’a pas eu le courage élémentaire de parler à l’intérieur de l’église de la Madeleine et il a reçu de la foule des huées amplement méritées.

Quand il s’est agi pour lui de rendre un dernier hommage au disparu en prenant un goupillon et en faisant un signe de croix, Macron a refusé, tout comme François Hollande.

Ce fut, pour l’un comme pour l’autre, un manque de respect envers un homme qu’ils prétendaient respecter.

Je pense qu’on ne reverra pas des centaines de motos défiler sur les Champs-Élysées, car l’heure en France est à l’asphyxie de la circulation au nom de lubies néo-communistes.

Une page est en train de se tourner.

Oui. J’ai eu le sentiment en regardant les funérailles de Johnny Hallyday, qu’une France que j’aime était en train de participer à ses propres funérailles, et cela m’a rendu tout aussi triste que la mort d’un très grand artiste.

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Comments (11)

  • G De Sorne Répondre

    Monsieur Halliday était-il un grand artiste ?
    Je dirais plutôt qu’il a su durer sur des rythmes américains…, enfin, américains selon son idée qu’il a plantée en Europe à l’aide de mauvaises reprises américaines de valeurs inégales !
    Le rêve américain serait donc de se balader sur une Harley ? Les vrais Américains sur Harley ne sont pas très nombreux et font de la frime le week-end. D’aucun même les traitent de plouc… On souri aussi de ces Français qui font flotter la bannière étoilée sur leur machine copiant les « vrais ». N’ai-je pas vu des mains sur le cœur pour saluer la Marseillaise ?
    Être populaire est une chose, être un artiste (grand?) en est une autre. L’histoire des arts me rassure là-dessus.
    Mais il est vrai que l’homme a réussi, sans le chercher, à démarquer deux Frances, celle des souchards yéyés et celle des beures.
    C’est déjà pas si mal ! Je l’en remercie.

    25 décembre 2017 à 21 h 35 min
  • Emmanuel BUTHIAU Répondre

    ce Johnny à qui les foules attribuent “un immense talent” a été un des nombreux chevaux de Troie de la sous-culture rock américaine à base de “do-mi-sol-do” et de “I love you babe” répétés en boucle…. mais c’était le bon temps, c’était (encore!) en français… et il savait “gueuler” dans un micro.! heureusement qu’il y a encore “des poètes” de cet acabit, sinon comment faire un pied de nez à Brel ou Brassens, hein? …

    23 décembre 2017 à 13 h 39 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      un poète ! et quel poète !

      sur un blog où les intervenants se lamentent à qui mieux mieux de la décadence culturelle de la France votre jugement prend toute sa valeur et toute sa vigueur

      enfin si tel est votre appréciation …

      23 décembre 2017 à 16 h 55 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    le meilleur des commentaires vient de cette vieille ” gaucho ” d’ Anémone ***

    ” Johnny qu’ a t il fait à part se …. déguiser ? … un pantin ! ”

    *** laquelle traite Mélenchon de dernier des … staliniens ; sait se faire aimer de tous celle qu’ on a toujours considéré comme une gauchiste alors qu’ elle est une ” anarchiste ” grand teint post-soixante-huitarde … et elle me plait assez ainsi … anti-conformiste même à son ” milieu ” du spectacle cela change un peu

    23 décembre 2017 à 8 h 41 min
  • Jean Pierre Gérard Devloo Répondre

    Attristé par les décès de Jean d’Ormesson et Johnny Hallyday ? Oui, je le suis comme tout le monde. Mais au-delà de cette perception individuelle, ce qui m’a frappé le plus à la suite de ces deux morts cruellement ressenties, surtout celle du chanteur qui a touché le plus grand nombre, c’est l’émotion collective qu’elles ont suscitée au point de déclencher un déferlement exceptionnel de réactions à tous les niveaux, à commencer par les réseaux sociaux. Cette lame de fond a alimenté ma réflexion et je crois qu’elle devrait inspirer les sociologues soucieux de comprendre les mécanismes subtils ou grossiers qui l’ont engendrée.

    Pour ma part, à l’heure où, même inconsciemment, les gens ont l’impression que tout f… le camp, je pense que cette double disparition n’a fait que réveiller des sentiments liés à un passé qui n’en finit pas de s’éloigner, à une époque désormais révolue où la France pouvait encore rêver, propager sa culture et cultiver sa fierté. Je vois dans cette émotion justifiée, mais peut-être disproportionnée, la nostalgie d’une insouciance disparue au profit d’une inconscience soutenue, si pas d’un bonheur qui s’est enfui, enfoui aujourd’hui sous les scories de plusieurs décennies au cours desquelles les abandons sont devenus capitulation.

    Je constate donc que, sous le coup d’une émotion habilement attisée, les abandonnés se réfugient dans les célébrations vivement encouragées par ceux qui ont tout intérêt à les organiser, conscients du fait qu’ils vont ainsi assouvir un besoin de souvenir chez les sans-dents unis provisoirement par l’événement et l’illusion qu’il procure. Et, par la même occasion, de détourner leur attention d’une réalité désormais très éloignée du monde écrit par Jean d’Ormesson et chanté par Johnny Hallyday. C’est à de tels émois à la mesure de leur désarroi que l’on reconnaît une société, un pays, une civilisation en danger.

    20 décembre 2017 à 10 h 50 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      d’ Ormesson et Johnny étaient les représentants de deux … conformismes et qui avaient chacun leur ” clientèle ” habilement constituée par le Media …. comme rebelles on repassera … vive Céline et Kérouac …

      serez toujours cocu

      23 décembre 2017 à 10 h 55 min
  • Laudance Répondre

    Je suis encore triste aujourd’hui. Parce qu’avec la mort de Johnny Hallyday la chanson française est désormais privée de l’un de ses plus beaux fleurons ? Oui, bien sûr. En partie. Mais je le suis surtout parce que la France a perdu l’un de ses plus beaux esprits en la personne de Jean d’Ormesson. Amputée de celui-ci voici donc la France que j’aime diminuée, amoindrie par rapport à ce qui fit d’elle un grand pays, ce qui ne fera qu’accentuer le déséquilibre entre elle et celle qui, petit à petit, fait son lit à la lueur des bougies et que j’ai d’emblée haïe.

    Il s’agit, vous l’aurez compris, de la République bananière actuelle, de la Macronie héritière en pire de la Mitterrandie, de la Chiraquie, de Sarkoland et de la Hollandie en comparaison desquelles la France précitée, tant appréciée, n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut, un souvenir qui s’estompe et pour qui la disparition de Jean d’Ormesson creusera davantage la tombe. En effet, les beaux esprits comme lui, Jean-François Revel et compagnie, ne sont plus là pour préserver ce qui restait de l’éclat des Lumières. Il ne reste plus que des réverbères.

    Hélas oui, leurs places ont été prises par des marchands de soupe, des carriéristes, des illusionnistes, des marionnettistes auxquels le déni, les mensonges, les compromissions et les trahisons servent de ficelles, eux qui par lâcheté et idéologie ont abandonné la France à la chienlit. Voilà des décennies que l’Education nationale ne cherche plus à former des têtes bien faites, des esprits éclairés comme ceux que je viens d’évoquer. Au contraire, elle a relégué le pays au rang des cancres européens qui ne maîtrisent même plus la lecture !

    Bien que je sois enclin à le déplorer, ce déclin n’a rien pour me surprendre, car je l’ai vu arriver dès les années quatre-vingts, quand les retombées de mai 68 ont produit leurs premiers effets radio… inactifs, exception faite de leurs métastases. Celles-ci ont mis sur le marché des esprits non plus formés mais formatés dans des usines à gaz parmi lesquelles l’ENA et les écoles de journalisme ont eu la part belle : celle accordée aux gens mandatés pour nous enfumer. La succession de Jean d’Ormesson à la pensée si bien structurée est donc loin d’être assurée.

    20 décembre 2017 à 10 h 43 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      nous n’ avons pas les mêmes … étalons ! sans vous l’ avouer , vous êtes un éternel gogo !

      24 décembre 2017 à 8 h 43 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    aux ” 4 Vérités ” tant que vous aurez des penseurs politiques de l’ acabit de Millière vous irez de désillusion en désillusion

    18 décembre 2017 à 20 h 08 min
    • BRENUS Répondre

      @ QC Que Millière ne soit pas votre tasse de thé, soit. C’est votre affaire. Mais, de grace, cessez de lui passer chaque fois une volée de bois vert alors que vous vous goinfrez continuellement cet arsouille de Jojo, maitre de l’inversion accusatoire, roi du déni, menteur comme un arracheur de dents. Et qui, de plus, se croit autorisé a se la jouer de haut en affichant à chaque occasion une arrogance qui est la marque profonde des vrais cons. Au moins, Millière, lui, alimente le site et si l’on n’aime pas cela ce n’est pas une raison pour tenter d’en dégouter les autres. Bien à vous, monseigneur……

      18 décembre 2017 à 23 h 35 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        lorsque vous vous rendrez compte, enfin, que Millière est un ” faux prophète ” qui vous mène à la servitude israélo-américaine , c’ est à dire à celle que rêvent les puissances d’ argent, vous serez comme moi : férocement anti-Millière !

        24 décembre 2017 à 8 h 46 min

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