In memoriam, Dominique Venner

In memoriam, Dominique Venner

Je ne connaissais Dominique Venner que de nom et de réputation, donc de très loin. Or, ayant acheté par hasard La Nouvelle Revue d’Histoire, qu’il dirigeait, je suis tombé sur un article de lui qui a attiré mon attention, concernant l’anniversaire de l’exécution du lieutenant-colonel Bastien-Thiry par De Gaulle. Tout un tas de souvenirs occultés me sont alors revenus en mémoire.

Or que dit Dominique Venner dans cet article, annonçant de manière prémonitoire son geste ?

« Seul celui qui met sa vie en jeu échappe à l’imposture fréquente du discours moral. Le discours peut mentir, l’acte ne ment pas. Et seul celui qui répond de son honneur sur sa vie est authentifié dans sa vérité. La mort de Jean Bastien-Thiry atteste qu’il existe des valeurs plus hautes que la vie elle-même. » N’est-ce pas là la définition même du chrétien, ainsi que l’attestent les martyrs, et même si Dominique Venner ne l’était pas lui-même ?

Alors, quand immédiatement après son suicide lui a été accolée l’image infamante dans notre pays d’ancien de l’OAS, au nom d’une pensée marxiste dominante qui imprègne toute notre société, y compris malheureusement l’Église, occultant au passage la carrière de l’ancien officier parachutiste qui mit ses idées et sa vie au service de son pays, ne devons-nous pas nous interroger sur ce sigle, nouvelle étoile jaune, qui nous ramène plus de 50 ans en arrière ?

Or, pour celui qui, en dehors de tout esprit partisan, s’applique au discernement pour tenter de comprendre, en relisant l’abondante littérature sur cette période, il est évident que l’OAS est la conséquence directe d’un parjure, ce qu’au nom de la pensée unique et marxiste il est interdit de dire.

« Une prêtresse parjure a enfreint ses vœux, trahi sa patrie, outragé les dieux de ses pères » (Th. Gautier).

Cette définition n’est-elle pas l’illustration de ce qu’a fait De Gaulle en Algérie, dont on peut dire sans exagération qu’il a été le père spirituel de l’OAS, qui n’aurait jamais existé sans son parjure ? Alors, il ne s’agit pas de remettre en cause l’indépendance de l’Algérie, contre laquelle comme tant d’autres Dominique Venner a été un opposant acharné, mais la manière dont elle a été conduite, en remettant en perspective le problème général des valeurs, puisque son suicide, il le dit, en est tragiquement la conséquence. De ce point de vue son geste, à un moment clé de notre Histoire, a sans doute une portée symbolique considérable. Le suicide de Dominique Venner, que je désapprouve même si j’en respecte les raisons, méritait cette mise au point.

Jean-Manuel Richier

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Comments (8)

  • Sancenay Répondre

    Certes, il convient de respecter comme tel le geste explicitement sacrificiel, du défunt , quand bien même et même justement, parce que notre Espérance et notre foi, nous interdit à nous-mêmes un tel choix.
    Pour autant, de grâce, évitons de retomber dans le débat désormais osbsolète du “gaullisme”, si difficile au demeurant à cerner en terme de “doctrine”, et de “l’anti-gaullisme ” qui ravissent sans doute ceux qui voudraient faire perdurer le mythe ou son contraire, mais qui , ni l’un ni l’autre ne correspondent exactement à l’exigence primordiale d’aujourd’hui , à savoir le combat vital pour rétablir la primauté de la Loi naturelle dans la Cité.
    La poursuite de telles querelles ne peut que profiter aux tenants et aboutissants du Système si empressés de ne pas sortir des vieux schéma afin d’éviter l’éclaircissement de fond qui s’impose et, faut-il s’y arrêter , ne nous a jamais été proposé depuis des lustres , en dehors du cas de l’école libre en 1984.
    Hors, c’est justement parceque cette fois là le peuple de France avait choisi de laisser au vestiaire les vieilles querelles que l’objectif visé, le retrait de la Loi, avait été atteint.
    Si nous visons le bien commun dont l’atteinte seul peut réconcilier le peuple de France conduit à la guerre civile permanente depuis plus de deux siècles, il faut arrêter l’abonnement aux vieilles querelles stériles.
    L’ indispensable solidarité pour faire triompher le bien commun passe nécessairment par la réconciliation.
    Nous avons le devoir impératif de vaincre , alors ne nous écartons pas du seul chemin.

    29 mai 2013 à 12 h 25 min
  • mariedefrance Répondre

    ******Alors que tant d’hommes se font les esclaves de leur vie, mon geste incarne une éthique de la volonté.
    Je me donne la mort afin de réveiller les consciences assoupies.
    Je m’insurge contre la fatalité.
    Je m’insurge contre les poisons de l’âme et contre les désirs individuels envahissants qui détruisent nos ancrages identitaires et notamment la famille, socle intime de notre civilisation multimillénaire.

    Alors que je défends l’identité de tous les peuples chez eux, je m’insurge aussi contre le crime visant au remplacement de nos populations.******

    Hommage public à Dominique Venner : vendredi 31 mai à 15h30

    http://www.bvoltaire.fr/jeanyveslegallou/hommage-public-a-dominique-venner-vendredi-31-mai-a-15h30,24734?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=78a67ed101-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-78a67ed101-20987221

    29 mai 2013 à 9 h 42 min
    • patrhaut Répondre

      Tout ce que vous dites est très vrai mais il n’y a aucune raison pour perpétrer cet acte devant l’autel dans la cathédrale Notre Dame de Paris. Bastien-Thiry, lui, a essayé de tuer de Gaulle, geste autrement plus efficace, s’il avait réussi, que de suicider en profanant et blasphémant outrageusement un Dieu et une Eglise auxquels, en plus, ce Venner ne croyait pas … S’il tenait absolument à en finir en “témoignant” (du manque de réaction vis à vis de la décadence de ce pays) et en “avertissant” (du grand remplacement de population qui s’opère en France), il y avait bien autre chose à faire que cette action qui n’est, en dehors du cercle restreint des gens qui le connaissent, devenu qu’un minable fait divers, déjà dépassé et oublié, n’en déplaise à la poignée qui se retrouvera le 31 mai.
      Je suis très en colère qu’une personne, avec laquelle j’ai tant de raisons d’être d’accord, fasse un geste aussi inutile et qui ne pouvait, à l’heure actuelle, qu’être déformé et minimisé par la Grosse Presse !

      29 mai 2013 à 15 h 29 min
      • mariedefrance Répondre

        voilà qq ‘un qui vous explique son choix de la Cathédrale Notre Dame de Paris :

        “”””Et pourtant…

        Pourtant, Dominique Venner a choisi l’autel de Notre Dame pour cette décision.
        C’est sur l’autel qu’il a posé une dernière lettre. Vraiment je ne crois pas que, s’il a fait cela, c’est pour attirer l’attention, pour que Manuel Gaz vienne sur les lieux.

        Il n’avait que faire de ce genre de reconnaissance “médiatique”.

        Son acte n’est pas médiatique, il est symbolique.

        Quel symbole ?
        Celui de la Vierge Mère, celui de l’éternel féminin, lui qui, dans son dernier blog professe “respecter les femmes alors que l’islam ne les respecte pas”.
        Sans doute. Mais il ne faut pas oublier qu’outre sa culture païenne, Dominique Venner possédait une solide culture chrétienne, avant que son entrée en délicatesse avec une Eglise qu’il voyait comme absurdement pro-FLN ne l’ait détourné de Dieu.

        Je crois que ce suicide-avertissement, que Dominique a voulu comme une sorte d’analogie frappante avec le suicide de notre civilisation, était aussi, pour lui, la seule manière qu’il ait trouvé de passer par l’Eglise une dernière fois sans se renier.

        Une sorte de prière sans parole, pour ce coeur inassouvi jusqu’à la dernière seconde.
        Dieu ? C’était trop compliqué pour lui.

        Mais Marie… Une femme, capable – Dieu le sait – d’exaucer enfin le désir de perfection qui a été la grandeur et le drame de sa vie.***********************************

        http://ab2t.blogspot.fr/2013/05/le-dernier-geste-de-dominique-venner.html

        29 mai 2013 à 20 h 42 min
  • Hervé Boismery Répondre

    Tous les chefs historiques de l’OAS et de la Résistance française en Algérie pouvaient se prévaloir de leurs faits d’armes durant la seconde guerre mondiale: Salan, Jouhaud , Bidault (successeur de Jean Moulin à la tête du CNR)…Mais aussi Godard (chef de bataillon FFI aux Maquis des Glières et de Savoie); Degueldre (ancien FTP et compagnon de Roger Pannequin); H. de Saint-Marc (déporté à 18 ans); Château-Jobert (Compagnon de la Libération)…et tant d’autres “soldats perdus” qui refusèrent la trahison, le parjure et le déshonneur, dans les années 40 comme dans les années 60.
    Venner venait certes d’un horizon différent, mais il fut leur compagnon de lutte durant les heures sombres de la guerre impitoyable menée par De Gaulle contre ses compatriotes d’Algérie, dans le but exclusif de livrer ce malheureux pays au pouvoir totalitaire du FLN.
    Enfin, n’oublions pas certains socialistes ou hommes de gauche qui ont dénoncé ou combattu la politique d’abandon menée par la Droite gaulliste en Algérie: Jacques Soustelle, Robert Lacoste, Max Lejeune… Au demeurant, les conditions tragiques de l’Indépendance algérienne , les massacres de l’année 1962 et les pelotons d’exécution ne sont pas imputables à la Gauche mais au seul pouvoir gaulliste.
    Cela, Venner, ancien combattant et d’historien , le savait, ne l’a jamais oublié et l’a souvent rappelé.

    29 mai 2013 à 9 h 36 min
  • Hays Didier Répondre

    Témoignage :
    J’ai rencontré Dominique Venner le 21 mai à 14h50.
    A 16 h il était mort, comme il avait vécu : debout.
    J’espérais depuis longtemps rencontrer cet homme et lui dire combien il nous aidait à tenir depuis tant d’années d’épreuves… lui qui les avait toutes connues, sauf la dernière, qu’il a choisie…
    Dominique Venner au centre de la table ronde était silencieux, la statue était concentrée sur elle-même…
    A cet instant cet homme ressemblait à une statue de marbre, l’image est intacte dans ma mémoire.

    Dominique Venner est un fondateur.
    A travers ses livres, la profondeur de sa réflexion, sa modération stoïque, et à contrario des chiens qui depuis plusieurs jours aboient à “l’extrémisme, etc.” Dominique Venner fût, demeure et sera à l’avenir une source…
    L’acte fondateur de Dominique Venner marque une époque et aura des conséquences même si elles ne sont pas immédiates ou spectaculaires.
    Son acte tragique mais frappé du sceau de la grandeur visait la durée. La longue durée.
    Dominique Venner était un dinosaure, une ultime référence, c’est chez lui et les grands anciens, que nous cherchons (et trouvons) encore du sens dans une époque qui semble ne plus en avoir aucun.
    Il faut voir loin, élever son regard sur l’horizon, c’est ce que Dominique Venner n’a cessé de nous dire.
    Essayons de nous mettre à sa hauteur.
    D. H

    28 mai 2013 à 19 h 56 min
  • mariedefrance Répondre

    Votre article est un bel hommage.
    Les gens de l’OAS auraient pu devenir des Résistants si les vainqueurs de cette histoire de parjure n’en avaient fait que des salauds !

    Je le pense aussi :
    “””’il existe des valeurs plus hautes que la vie elle-même”””

    Tout le monde ne peut pas le comprendre.

    28 mai 2013 à 9 h 33 min
    • Oeildevraicon Répondre

      Et surtout pas la gauche, qui tout au long de son histoire s’est parjurée.

      28 mai 2013 à 18 h 43 min

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