Intoxication et illusions médiatiques

Intoxication et illusions médiatiques

Les programmes de la télévision constituent l’un des signes les plus évidents de la décadence morale du monde occidental et en particulier, de la France. C’est le panem et cirsenses du Bas-Empire.

Les téléspectateurs qui ont un peu de jugement, et il y en a encore, ne peuvent être que choqués, je devrais dire horrifiés, par le spectacle quasi quotidien de faits divers généralement sordides, sanglants, en tout cas écœurants que nous présentent sans exception les chaînes de télévision françaises.

Il suffit qu’un déséquilibré égorge sa femme dans le fin fond de la province pour que les journaux télévisés s’en emparent aussitôt et nous infligent images et commentaires pendant la moitié du journal télévisé. On en a pour son argent : le pédophile récidiviste, la mère qui a tué ses nouveau-nés et les a placés dans son congélateur – audimat assuré – la jeune fille séquestrée par un fou et j’en passe.

Tout ceci n’est pas anodin car ces shows de très mauvais goût créent un climat d’angoisse qui, pour être souvent inconsciente, est cependant de nature à créer une psychose collective. C’est aussi, d’une certaine façon une banalisation du mal. Pourquoi ne laisse-t-on pas ces faits divers minables et scandaleux au journal local du département ? Pourquoi toujours éclabousser l’écran national de perversions criminelles d’une société malade ?

La publicité quant à elle – le nerf de la guerre – est, bien sûr, de même acabit et de plus en plus envahissante. Le produit miracle de nettoyage instantané des fosses d’aisance précède de quelques secondes la présentation du jambon vendu sous la signature d’un grand chef de cuisine, pour aiguiser notre appétit je suppose !

Quant aux documentaires, pour quelques-uns instructifs, on est gratifié de nombreux autres assez bien choisis portant sur les pulsions amoureuses de la langouste des Kerguelen, ou l’accouplement des tortues sous-marines dans le Pacifique occidental. S’agissant d’accouplements, il est vrai qu’il n’est pas la peine d’aller aussi loin. La télévision nous présente quasiment chaque jour, y compris aux heures d’écoutes les plus fréquentées notamment par les enfants, des créatures de rêve largement dévêtues qui nous apprennent ce qu’elles savent faire horizontalement et verticalement avec leurs partenaires du moment.

C’est dire qu’avec un peu de chance nous avons droit, à l’heure des repas, aux produits détergents ultra-puissants, nouvelle formule, pour toilettes récalcitrantes ; au coq au vin en promotion ; aux belles blondes ou brunes se dandinant langoureusement (ou vigoureusement) devant les caméras, pour nous présenter le dernier shampoing lumineux garanti anticalcaire. Nous sommes comblés. C’est ce qu’on appelle le marketing.

Et bien, en politique, c’est la même chose et c’est là où je veux en venir. Il est strictement impossible à un politicien de parvenir aux plus hautes fonctions sans maîtriser l’art de paraître et de parler à la télévision. Nicolas Sarkozy en est un cas exemplaire. Toute la fortune de notre Président qui est un communicant hors pair, disons plus simplement un excellent avocat, résulte de l’image et de la parole télévisuelles car le côté concret de son programme qui tiendrait sur une page d’un cahier d’écolier avec en marge l’annotation du maître : « paraît faire tout ce qu’il peut mais pratiquement peut peu », ne changera pas grand-chose à notre vie quotidienne, les finances publiques sont dans un état lamentable – François Fillon a eu le courage de le reconnaître – les impôts sont de plus en plus lourds et l’insécurité s’aggrave partout. Mais l’image qu’accompagne un discours publicitaire de talent constamment renouvelé, crée l’espérance constamment entretenue, c’est-à-dire l’illusion.

L’exécutif que dirige Nicolas Sarkozy, d’ailleurs de plus en plus apprécié par la presse « people » fonctionne comme une chaîne de télévision. Français, Françaises, entre nous soit dit, vous aimez vraiment beaucoup les contes de fée.

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Comments (6)

  • Charles E Répondre

    Votre propos est sur certains points tres interessant, dommage de le voir gacher par des amalgames imbeciles. Votre analyse sur l’obsession de nos media pour les crimes crapuleux et sordides qui ne meritent pas d’occuper nos antennes pendant des heures est lumineuse. Notre societe s’empoisonne par la contemplation perpetuelle de fait revoltants mais marginaux, qui finissent pourtant par devenir la norme televisuelle.  Mais vous gacher cette analyse par des considerations dignes de la menagere de plus de 70 ans du genre : "vous avez ces devergondees a la tele!! a ma bonne dame c’est pas de mon temps qu’on aurait vu des choses pareilles!!! c’est comme la fille machin avec sa minijupe!! les jeunes ont plus de moral!!!"
    Que les enfants, dans le temps dans les campagnes, voyaient le taureau monter sur la vache, croyez vous vraiement que ca leur en montrait moins sur la sexualite que les scenes auxquelles vous faite allusion. "Aux heures de grande ecoute", comme vous dite, les scenes que l’on peut voir a la tele restent pour le moins tres elusives. Des epaules denudees, une vague embrassade, et c’est tout. Il faut avoir de l’imagination pour y voir une demonstration du kamasutra "horizontal et vertical" comme vous dites.
    Mais il est vrai qu’on vit dans une societe ou un film erotique sera interdit au moins de 18 ans, quand une scene de torture monstrueuse sera tout juste decommandee au moins de 12 ans. C’est a mon sens de la pudeur bien mal placee, et une drole de vision de la vie.
    Si je vous ai bien compris, vous etes indigne par le fait que les faits sordides montres a la television donne de la vie une vision glauque et injustifiee, qui caricature le visage de la societe dans laquelle nous vivons. De la meme facon, le fait de faire un parallele entre ces faits divers violents et insupportables infliges au 20 heure et les sequences erotiques (tres relatives) de certains programmes , temoigne je crois aussi d’une vision de la sexualite glauque et injustifiee. La sexualite fait aussi parti de la richesse de la vie, ce qui n’est pas le cas d’une mere qui egorge et congele ses nouveaus nes, je crois.

    Quant-a votre conclusion sur sarkozy,  souhaitiez-vous vraiment qu’il transforme la france en 4 mois?  Il serait plus honnete d’attendre l’annee prochaine avant de lui reprocher son bilan.

     

    1 octobre 2007 à 17 h 35 min
  • sas Répondre

    A gérard……..marchand du temple …..s’entend…..

    sas

    30 septembre 2007 à 13 h 21 min
  • Gérard Pierre Répondre

      

       Que d’amertume chez Christian Lambert !

     

       Si son téléviseur ne contient que les trois chaînes nationales, je lui conseille le journal de Jean-Pierre Pernaut. Asepsie intellectuelle garantie ! Les enfants peuvent regarder, c’est pour familles. Pas de reportages choquants ou horrifiants chez ce « grand journaliste d’investigation », accroc au témoignage authentique dont les sujets puisent toute leur finesse dans la vie fière et joyeuse de Jean-Marie Grubier, citoyen Lambda sentant tour à tour la glaise, la lavande ou le fournil ! … Un gamin a des problèmes pour lacer ses mocassins dans la cour d’une école maternelle à Grosbliederstroff, Jean-Pierre envoie aussitôt sur place une équipe de cameramen et de journalistes pour interroger la directrice de l’établissement, les parents d’élève et la contractuelle qui assure la sécurité aux heures de sortie. Ca, … ce sont de grands moments de télévision ! … je pense que les reportages auxquels fait référence Christian Lambert sur, je cite : « les pulsions amoureuses de la langouste des Kerguelen, ou l’accouplement des tortues sous-marines dans le Pacifique occidental » sont des prêts effectués à d’autres chaînes par la maison de production de Jean-Pierre Pernaut. C’est déjà un peu « osé » pour son 13h00’. De surcroît, pour ce qui est des créatures de rêve, Jean-Pierre a la sienne ! … on l’a vue une fois, depuis, il ne la montre plus. De ce côté-là aussi nous sommes tranquilles.

     

       Trêve de billevesées ! il existe un moyen de casser tout cela en s’en prenant à l’audimat. Il suffit pour cela d’acheter chaque semaine un programme de télévision détaillé, d’y sélectionner quelques émissions de qualité car dans l’ensemble des bouquets proposés il y en a (c’est statistiquement inévitable) et, soit de ne regarder que celles que l’on a choisies, soit de les enregistrer pour les visionner aux moments les plus opportuns. Ca s’appelle se comporter en adulte ! Le fait qu’on ne nous propose que de la m…e ne justifie pas le fait que nous acceptions de la consommer.

     

       Excellent rapprochement de Christian Lambert entre la publicité et le métier de politicien, à un détail prêt : la publicité a pour finalité de nous faire acheter quelque chose, les politiciens en revanche n’ont depuis bien longtemps plus rien à nous vendre d’où la conclusion fort à propos : « Françaises, entre nous soit dit, vous aimez vraiment beaucoup les contes de fée. » … au réveil, nous ne trouvons toujours qu’un prince … marchand !

    29 septembre 2007 à 12 h 03 min
  • Anonyme Répondre

    Cirque médiatique.
     
    C’ est de cela qu’ il s’ agit quand notre président fait ses shows médiatiques.
       Quelques grandes phrases, des promesses, des visites sur le terrain (au demeurant parfaitement inutiles pour le bon traitement des dossiers). Il y en a pour plaire à tous. Au point de dire tout et son contraire dans la foulée.
       Quant aux faits divers exploités de façon raccoleuse, il faut bien remplir les grilles de programmes quand on n’ a rien à dire, à moins que l’ on ne réponde à ce que l’ on suppose être la demande des téléspectateurs. Je constate que les programmes intéressants sont de plus en tardifs ou nocturnes, ou sur les réseaux câblés, autrement dit non accessibles au plus grand nombre notamment les plus défavorisés.Peut-étre y-a-t’ il une volonté d’ abêtir la population ou de vendre des espaces publicitaires?
       

    29 septembre 2007 à 10 h 47 min
  • doucet Répondre

    Ça me rappelle Louis XIV, qui, encore adolescent, s’inquiétait des conséquences des engagements qu’on lui demandait et à qui le Grand Condé répondit, superbement désinvolte; “promettez, promettez Majesté, il sera toujours temps de ne pas tenir”.

    27 septembre 2007 à 13 h 51 min
  • Dagmar Répondre

    Non Monsieur Lambert

    cela ne s’appelle ,pas le marketing. Cela s’appelle "451 Farenheit"

    Dagmar

    26 septembre 2007 à 15 h 25 min

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