La norme et l’inversion

La norme et l’inversion

Un lecteur me faisait récemment le reproche d’utiliser le vocable « inverti » pour qualifier le « mariage » homosexuel, en y voyant une marque de mépris à l’égard des personnes concernées, ce que je récuse.

Le dictionnaire donne, du mot « inverti », la définition : « Homosexuel ». Il indique, au verbe « inverser » : « Renverser la direction, la position relative de… » ; quant à l’« inversion », il s’agit de l’« action d’inverser, fait de s’inverser », ou encore, en linguistique, de la « Construction par laquelle on donne aux mots un ordre autre que l’ordre normal ou habituel. »

Je ne vois là aucun mépris, mais la constatation d’un fait : l’homosexualité procède par rapport à « l’hétérosexualité » d’une inversion du choix, qui se porte sur un semblable, homme ou femme, plutôt que sur le différent.

Sous ma plume, d’ailleurs, le mot « inverti » ne qualifiait pas les personnes, mais le mariage : il s’agit donc d’une inversion du sens de cette institution et des valeurs qui lui sont attachées. Le mariage unit un homme et une femme qui s’aiment, mais il ne célèbre pas seulement la reconnaissance de leur amour, il ouvre aussi sur l’engendrement et la filiation, comme le montre le livret de mariage délivré aux nouveaux conjoints : après les rubriques consacrées à l’époux et à l’épouse, suivent celles prévues pour les enfants.

Il s’agit bien d’une prévision, puisque le livret de famille aménage même une rubrique dédiée au décès des époux, auxquels la morale laïque et républicaine rappelle par ce biais qu’ils sont poussière et retourneront à la poussière – à moins qu’il ne s’agisse, à cet instant où la vie leur sourit, d’une référence stoïcienne au triomphe des généraux victorieux de la Rome antique : « Souviens-toi que tu es mortel ». D’une certaine manière, le livret de famille ouvre donc déjà les portes du caveau familial, ce qui nous ramène aussi à l’idée de la filiation et de la succession des générations – la terre et les morts dont parlait Barrès.

Revenons à nos invertis. Ce qui dérange, au fond, dans ce terme, c’est qu’il gomme tous les efforts déployés par le lobby homo, depuis plus de 30 ans, pour abattre les notions de norme et de normalité. En effet, l’inversion suggère l’existence d’un état antérieur qui sert de repère et désigne la norme. Or, le lobby nie l’existence de cette norme : c’est à cette négation que tendent l’équivalence entre les notions d’ « homosexualité » et d’ « hétérosexualité » (un terme nouveau venu dans le paysage linguistique), l’inscription de l’idéologie du genre au programme des écoles, et aujourd’hui le projet de légalisation du « mariage » homosexuel que je persisterai donc à appeler « mariage inverti », non par mépris des personnes, mais par souci de rappeler qu’il existe une norme, à la fois au regard de notre civilisation et de la pratique majoritaire parmi nos concitoyens. Et qu’on le veuille ou pas, le « mariage » homosexuel est bien une inversion de cette norme.

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Comments (19)

  • Rachel Répondre

    Coluche : “Ce n’est pas parce-qu’ils sont nombreux à avoir tort, qu’ils ont raison. “

    24 janvier 2013 à 18 h 34 min
    • Lach Répondre

      mais Rachel, ils ne sont pas nombreux. Ils ne sont que deux et ce sont toujours les deux mêmes : AZ et jaures

      24 janvier 2013 à 23 h 26 min
      • Rachel Répondre

        Lach, oui, ici ils ne sont que deux mais leurs réponses sont celles de millions de personnes.

        25 janvier 2013 à 9 h 27 min
  • Sancenay Répondre

    Récit :
    Et le Tribunal des docteurs de la religion du “progrès contre l’humanité prononça la sentence:
    “Citoyen Menou ,vous avez contrevenu à la loi en parlant un français prohibé, parce que trop parfait.Votre attitude est inégalitaire .Vous êtes condamné , d’autant que vous apparaissez sur nos fiches comme un multirécidiviste”
    Attention cher ami, nous avons déjà sur les bretelles Les docteurs-anthropologues Léonetti et Sicard, sans oublier les Chatel et autre Peillon, authentiques chirurgiens (ou charcutier , selon ) du néo-humanisme, voilà que par votre audace, vous provoquez le retour des “Docteurs-philosophes” des obsucres Lumières, Cabanis, Marat, voire Guillotin !
    Vous allez vous faire égaliser à ce train-là , et nous tous, solidairement !

    22 janvier 2013 à 19 h 16 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    que ne vous avais je dit ?

    vingt et une lignes d’une écriture serrée ( je n’ai pas dis que la pensée était dense , mais que l’écriture en était serrée ) sur le sujet du jour ; trop long aurait dit mon prof de français !

    à décourager le lecteur ( même de bonne volonté )

    22 janvier 2013 à 14 h 08 min
  • JEAN PN Répondre

    De toutes les façons: Le mariage a été inventé pour l’union d’un homme et une femme. Un point c’est tout !
    Maintenant, il existe des homos nés ( je ne parle pas des détraqués sexuels qui sont à banir ), ils sont comme ça, il faut trouver une solution pour ceux qui veulent s’unir. Ils en ont bien le droit. Pour moi, il n’est pas question que l’on modifie le mariage hétéro pour une minorité !!!

    22 janvier 2013 à 12 h 29 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      en effet simple question de bon sens
      le combat ” religieux ” que mènent certains est contre-productif… amen ita missa est !

      22 janvier 2013 à 17 h 36 min
      • Lach Répondre

        il y a inversion : à la fin de la messe, le prêtre dit “Ita missa est” (= ainsi est la messe) puis ensuite les fidèles concluent par “amen” (=ainsi soit-il). C’estdéjà assez compliqué comme ça pour ne rien INVERSER !

        24 janvier 2013 à 10 h 06 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Jaures y va de nouveau avec ses arguments éculés. Le refrain est connu et la musique insipide.
    Suspendez le barde au plus du chêne séculaire et mettez lui le baillon, qu’on puisse enfin déguster le sanglier en paix.
    Depardieu sera la bienvenue au festin.

    22 janvier 2013 à 12 h 12 min
  • Josette GAZU Répondre

    Au lecteur qui s’insurge de l’emploi du terme “inverti”:

    Certes ce terme s’applique à des individus. Mais ni le dictionnaire ni le code civil ne prévoyaient l’INVERSION DES GENRES!
    Que ceux qui s’attaquent aux fondements d ‘une société pour bouleverser ses institutions s’en prennent à eux-mêmes!!
    Les révolutionnaires de 1789 y avaient réfléchi depuis longtemps, et ils n’étaient pas minoritaires!

    22 janvier 2013 à 11 h 21 min
  • Elsaesser Répondre

    “…si, démocratiquement, on décide que la société évolue”.
    Tout est résumé dans cette fin de phrase et justement, rien, les protestations de ceux qui sont contre mises à part, n’est démocratique dans ce changement qu’une minorité dans une minorité veut imposer à tous.
    Il y avait, et y a toujours, des problèmes autrement plus importants, cruciaux et urgents à traiter avant de lancer cette polémique qu’on savait d’avance stérile.
    Et tous les bons arguments de fond n’y changeront rien, la forme a fait plus de dégâts que la meilleure plaidoirie ne pourra jamais corriger. On ne force pas la main aux “gaulois” sans les briser avant et ça, c’est rare qu’ils se laissent faire sans se battre jusqu’au bout.
    L’autre manière, c’est de les convaincre avec des arguments. Le problème, c’est qu’il faut que ceux-ci tiennent la route et là, on est loin du compte, le mensonge et la provocation n’ont jamais durablement convaincu qui que ce soit.
    Trompettes, de la perversité (politique), vous êtes bien mal embouchées.

    22 janvier 2013 à 10 h 07 min
  • AZ Répondre

    Remarques

    – L’autre jour, on avait, sur ce site, une référence à Maurras (à propos de la distinction éculée – et spécieuse – entre pays légal et pays réel), aujourd’hui, c’est Barrès ! Décidément, certains auteurs, ici, ne craignent pas le poussiéreux…

    – On a l’impression qu’ici certains font tout pour nier le changement, comme ceux qui, après l’introduction du système métrique, continuaient à parler en toises ou en lieues, ou ceux qui, en 2013, continuent à calculer en anciens francs (je dis bien les francs d’avant 1963, pas ceux d’avant l’euro !).

    – On s’étonne même de ne pas voir reparaître les termes de “fille-mère” ou de “bâtards” ou “d’enfants légitimes”, ou d’autres termes remontant à l’ordre moral du duc de Broglie ou aux dames patronnesses de la IIIe République.

    – En réalité, il se passe ici ce qui s’est passé lors de la révolution copernicienne : certains sont révulsés à l’idée de ne plus représenter “La” norme (bien entendu blanche, mâle, chrétienne, droitière – au sens “opposé à gauchère” – capitaliste, colonialiste, hétérosexuelle et propre sur elle), de ne plus être “Le” centre du monde, de n’être qu’un type particulier, et, pour reprendre un terme qui horripile sur ce site, qu’un type relatif…

    – On mesure l’étendue du retard en ce que certains auteurs, sur ce site, n’ont toujours pas dissocié la procréation du mariage, ni le mariage de la sexualité, ni la sexualité de l’hétérosexualité ! C’est comme si, en cosmologie, certains professaient un système antérieur même au système ptoléméen…

    – L’auteur se fait des illusions en imaginant que l’emploi du terme inverti “gomme” quoi que ce soit : personne, aujourd’hui, ni à l’UMP ni au Figaro – ni même au Front National – n’ose plus l’employer. Dans n’importe quel média de grande diffusion, le journaliste qui l’emploierait se ferait virer séance tenante et le “responsable” politique qui l’oserait – même à droite – serait renvoyé à trier des paperasses. En réalité, pour la droite, c’est un combat idéologique perdu : un de plus, depuis 1789…

    – J’en profite aussi pour répondre à une remarque de Quinctius Cincinnatus sur ce même sujet. J’ai, en effet, à propos du mariage pour tous, été renvoyé à Moscou (entendre au communisme), ce qui ne manque pas de sel, compte tenu :

    – Que le sujet en question traite non pas du système économique ou politique mais d’une évolution normale de la société qui ne touche pas seulement la France mais aussi nombre d’autres pays, comme l’Espagne, le Portugal, la Belgique, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède, le Danemark, l’Afrique du Sud, l’Argentine, voire certains Etats des Etats-Unis comme New York, le Massachusetts, le Vermont, etc., dont aucun n’est ou n’a été communiste.

    – Que sur les questions de moeurs ou de sexualité, les Soviétiques comme les communistes français étaient souvent aussi ringards, aussi attardés, aussi réactionnaires que les manifestants lambda du 13 janvier dernier.

    – Que, pour ma part (mais, ça, personne n’est censé le savoir), je n’ai jamais été communiste ni même n’ai jamais voté communiste, y compris pour une cantonale, et que la chute du Mur de Berlin a représenté un des moments les plus heureux de ma vie.

    22 janvier 2013 à 9 h 47 min
  • BORDENAVE Répondre

    Enfin, qui décide de ce qu’est la norme ? Et en quoi ce qui est hors norme devrait être interdit ? nous dit Jaures.
    Avec cette façon de voir alors Léo Ferré aurait pu se marier avec sa guenon Pépée http://apocalypsohomobetonus.wordpress.com/2008/10/30/leo-ferre-et-pepee/

    22 janvier 2013 à 8 h 47 min
    • Rachel Répondre

      AZ, votre tirade est un modèle du genre. Vous mettez plus bas que terre certains commentateurs sur leur vocabulaire trop ancien, qui disqualifierait leurs arguments. Vous êtes le pur produit de la propagande des 45 dernières années, vous répétez tout ce que la Babylonie de ce temps nous a martelé dans le crâne.

      Donc, comme VOUS acceptez les changements de langage destiné à travestir la réalité, vous ridiculisez ceux qui ont refusé cette sémantique, très habile, à faire prendre au peuple des vessies pour des lanternes.

      Et vous êtes aussi de mauvaise foi : si ça vous arrange, demain, après-demain, vous citerez un auteur de n’importe quel siècle pour asseoir une argumentation.

      Je ne reprends pas tout votre texte parce-que je connais par coeur ce genre de discussion. Vous n’osez plus écrire ou prononcer le mot d’inverti ? Qui vous en empêche ?

      Par contre, NOUS devrions parler comme Vos maîtres le décident ? Certainement pas. Un chat est un chat et ce n’est pas un lapin et un chien est un chien et ce n’est pas un chacal.

      23 janvier 2013 à 22 h 33 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    l’homosexualité c’est ” vice-versa et son … inverse ”
    enfin moi ce que j’en dis… ” entre adultes consentants ” comme dit la Loi … ils font bien ce qu’ils aiment !

    P.S. : mais le risque sur le site est bien que sur ce sujet le ” bon père ” @ Jaurès va nous pondre une rhétorique aussi interminable qu’elle sera pesante et que je … ne lirai pas , mais qui suscitera , n’en doutons pas , un tsunami ” philosophique ” , pour ne pas dire une controverse théologique digne de Nicée

    21 janvier 2013 à 16 h 16 min
    • Lach Répondre

      comme aurait dit Pierre Dac : vice et versa et réciproquement

      24 janvier 2013 à 10 h 08 min
  • Jaures Répondre

    Tout d’abord, si l’homosexuel procédant par inversion, selon la logique de P.Menou, devient un inverti par rapport à l’hétérosexuel, réciproquement, l’hétéro devient lui-même un inverti par rapport à l’homo. Tous des invertis ?: il n’y a dés lors, il est vrai, plus aucun mépris. Dont acte.
    Pour le reste, on en revient à l’argumentaire habituel. Il est vrai qu’actuellement le mariage unit un homme et une femme. Mais rien n’empêche qu’une loi évolue et, de fait, le mariage n’a cessé d’évoluer depuis l’institution du mariage civil en 1792. C’est le législateur élu qui décide au nom du peuple quand s’arrête l’évolution d’une institution.
    Le fait de rattacher ses arguments à un simple document administratif montre la pauvreté de la démonstration. Un livret de famille intègre la possibilité du mariage et de l’enfant mais ne l’oblige en rien. Il existe des couples mariés non-désireux d’enfanter comme des couples non-mariés peuvent avoir des enfants et donc un livret de famille.
    Enfin, qui décide de ce qu’est la norme ? Et en quoi ce qui est hors norme devrait être interdit ? Un mariage entre un juif et une musulmane serait hors-norme. Devrait-on l’interdire ? De même que les mariages inter-ethniques ou entre membres de différentes classes sociales ?
    Un état antérieur ne désigne que la norme antérieure. Rien ne nous oblige à nous y conformer si, démocratiquement, on décide que la société évolue. Le mariage civil était une rupture avec la norme du mariage exclusivement religieux comme furent des ruptures la reconnaissance de l’union libre, le partage de l’autorité parentale ou le divorce par consentement mutuel.
    Enfin, je rappelle qu’il y a aujourd’hui une majorité d’enfants qui naissent hors mariage. C’est donc aujourd’hui l’union libre et le Pacs qui sont la norme et, selon P.Menou, les personnes mariées qui sont des “invertis”.

    21 janvier 2013 à 15 h 41 min

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